Une mare de soleil
Qui oublie sa source
Répand sa lumière
Sur ses cheveux roux
Qui jouent avec le vent
Les noisettes de ses yeux
Fendent les secrets les mieux cachés
La mer s’annonce par le bruit salé
De ses vagues dans la brume
Elle secoue sa crinière au-dessus de ses yeux de mer
Dans une lueur blonde
Qui leur fait ce regard de velours
En harmonie avec son sourire vagabond
Son regard crépite comme un feu de bois
Et pénètre la matière
Dans une clarté qui se déchire
Sur l’écho superficiel
D’un soleil vertical
Immobilité de la mer
Derrière les tentures
Et les murs se revêtent d’affiches de voyages.
quel est cet être qui s’est logé dans la transparente coquille de ta voix
quel est cet être qui creuse le sable de ton regard
quel est cet être qui balbutie dans tes doigts
quel est cet être qui suinte aux commissures de tes lèvres
quel est cet être qui tète à la mamelle de ton baiser
quel est cet être réfugié dans les arabesques de tes cheveux dans les tentures de ton corps
Je me vis traverser des pièces oubliées
– Les astres, fous, dansaient sur un fond bleu
Et dans les champs hurlaient les chiens,
Et le foehn ravageait sauvagement les cimes.
Et puis soudain : silence ! La sourde ardeur des fièvres
Fait éclore des fleurs vénéneuses à mes lèvres,
Des branches s’égoutte, comme d’une blessure,
La rosée, pâle éclat, et goutte, goutte comme du sang.
Du désert illusoire d’un miroir émerge
Lentement, comme se dirigeant dans le flou,
Une face d’horreur et de ténébre : Caïn !
Tout bas froufroute une tenture de velours,
Par la fenêtre la lune semble fixer le vide
Et puis me voici seul avec mon assassin.
***
DAS GRAUEN
Ich sah mich durch verlass’ne Zimmer gehn.
— Die Sterne tanzten irr auf blauem Grunde.
Und auf den Feldem heulten laut die Hunde,
Und in den Wipfeln wühlte wild der Föhn.
Doch plötzlich : Stille ! Dumpfe Fieberglut
Läßt giftige Blumen blühn aus meinem Munde,
Aus dem Geäst fä llt wie aus einer Wunde
Blaß schimmernd Tau, und fä llt, und äf llt wie Blut.
Aus eines Spiegels trügerischer Leere
Hebt langsam sich, und wie ins Ungefä hre
Aus Graun und Finsternis ein Antlitz : Kain !
Sehr leise rauscht die samtene Portiere,
Durchs Fenster schaut der Mond gleichwie ins Leere,
Da bin mit meinem Mörder ich allein.
L’ouverture de Cora
Le signe de Léda
La denture de Mina
La tenture d’Alida
La cavité d’Elsa
Les replis de Frida
Le col de Virginia
Les secrets de Zina
Tout ça craquera tout ça craquera.
UNE À UNE tombaient
les fausses tentures de la mémoire
jusqu’à la mesure
neuf du Lacrymosa.
Ensuite,
personne sur les gradins vides
où tu applaudissais seul
l’infini défilé
de tant d’ombres lumineuses.
***
Requiem
CAÍAN uno a uno los telones
falsos de la memoria
hasta llegar a la medida
nueve del Lacrymosa.
Después
no había nadie en las gradas vacías
y tú aplaudías solo
el desfile infinito
de tantas sombras luminosas.