Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘ternir’

Je suis allé me promener (Younous Emré)

Posted by arbrealettres sur 5 avril 2023




    
Je suis allé me promener
Au matin j’ai vu les tombeaux
A la terre noire mêlés

J’ai vu les corps délicats
Certains tristes, d’autres souriants
Couchés mystérieusement dans les tombes
Les veines vidées, le sang tari

j’ai vu les linceuls engloutis.
Des tombes pleines, démolies
Leurs maisons à tous sont en ruines

Je les ai vus libres de tout souci
j’en ai vu tant en piètre état.
Plus de pâture au pâturage
Et plus d’hiver à l’hivernage
Toutes rouillées, rendues muettes

J’ai vu les langues dans les bouches.
Les uns dans les plaisirs et la boisson
Certains dans la musique et dans la fête
Certains dans le malheur et la souffrance

J’ai vu les jours devenus hier.
Ces yeux noirs sont ternis
Ces visages de lune effacés
Dessous la terre noire

J’ai vu les mains qui ont cueilli des roses.
Les uns tête inclinée
Ont à la terre abandonné leur corps
Partis fâchés avec leur mère

Je les ai vus tourner la tête.
Certains pleurent en gémissant
Les démons marquent leur âme au fer
Leur tombeau est en flammes

J’ai vu s’élever la fumée.
Lorsque Younous a vu cela
Il est venu nous l’annoncer
Mon esprit s’émut, ma raison s’étonna
Lorsque j’ai vu tout cela.

(Younous Emré)

Recueil: Poèmes des derviches anatoliens
Traduction: Guzine Dino,Michèle Aquien,Pierre Chuvin
Editions: Fata Morgana

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Il y a une étoile mise dans le ciel pour chacun de nous (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2022



Il y a une étoile mise dans le ciel pour chacun de nous,
assez éloignée pour que nos erreurs ne viennent jamais la ternir.

(Christian Bobin)

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , | Leave a Comment »

Conte d’amour II (Jean Moréas)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



Conte d’amour II

Je veux un amour plein de sanglots et de pleurs,
Un amour au front pâle orné d’une couronne
De roses dont la pluie a terni les couleurs,
Je veux un amour plein de sanglots et de pleurs.

Je veux un amour triste ainsi qu’un ciel d’automne,
Un amour qui serait comme un bois planté d’ifs
Où dans la nuit le cor mélancolique sonne ;
Je veux un amour triste ainsi qu’un ciel d’automne,
Fait de remords très lents et de baisers furtifs.

(Jean Moréas)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 3 Comments »

Lorsque tout disparaîtra au creux de nos paumes (Gaëlle Josse)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2022



Illustration
    
lorsque tout disparaîtra au
creux de nos paumes restera
l’éclat doucement terni d’un
jouet d’enfant

et le souvenir d’une matinée
de soleil

(Gaëlle Josse)

Recueil: et recoudre le soleil
Traduction:
Editions: NOTAB/LIA

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Vous ne saurez point ternir (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2022



Illustration: Akseli Gallen-Kallela  
    
Vous ne saurez point ternir la piété
De ma passion pour la beauté des femmes,
Changeantes ainsi que les couchants d’été,
Les flots et les flammes.

(Renée Vivien)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le Petit Chat (Edmond Rostand)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Le Petit Chat

C’est un petit chat noir effronté comme un page,
Je le laisse jouer sur ma table souvent.
Quelquefois il s’assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.

Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces minets tirant leur langue de drap rouge,
Qu’on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.

Quand il s’amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m’accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.

Tout d’abord de son nez délicat il le flaire,
La frôle, puis, à coups de langue très petits,
Il le happe ; et dès lors il est à son affaire
Et l’on entend, pendant qu’il boit, un clapotis.

Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu’il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.

Alors il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l’air étonné d’avoir déjà fini.
Et comme il s’aperçoit qu’il s’est fait quelques taches,
Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.

Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.

Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,
Et, faisant le gros dos, il a l’air d’un manchon ;
Alors, pour l’intriguer un peu, je lui balance,
Au bout d’une ficelle invisible, un bouchon.

Il fuit en galopant et la mine effrayée,
Puis revient au bouchon, le regarde, et d’abord
Tient suspendue en l’air sa patte repliée,
Puis l’abat, et saisit le bouchon, et le mord.

Je tire la ficelle, alors, sans qu’il le voie,
Et le bouchon s’éloigne, et le chat noir le suit,
Faisant des ronds avec sa patte qu’il envoie,
Puis saute de côté, puis revient, puis refuit.

Mais dès que je lui dis : « Il faut que je travaille,
Venez vous asseoir là, sans faire le méchant ! »
Il s’assied… Et j’entends, pendant que j’écrivaille,
Le petit bruit mouillé qu’il fait en se léchant.

(Edmond Rostand)

Recueil: Les Musardises
Traduction:
Editions:

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’avenir (Guillaume Apollinaire)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2019



    

L’avenir

Soulevons la paille
Regardons la neige
Écrivons des lettres
Attendons des ordres

Fumons la pipe
En songeant à l’amour
Les deux tours sont là
Regardons la rose

La fontaine n’a pas tari
Pas plus que l’or de la paille ne s’est terni
Regardons l’abeille
Et ne songeons pas à l’avenir

Regardons nos mains
Qui sont la neige
La rose et l’abeille
Ainsi que l’avenir

(Guillaume Apollinaire)

 

Recueil: Bris de vers Les émeutiers du XXè siècle
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le coeur repose (Goethe)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2018



Le coeur repose et rien ne peut ternir
Le sentiment de lui appartenir

(Goethe)

Posted in poésie | Tagué: , , , , | Leave a Comment »

SUR MON LIT DE MALADE (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 6 août 2018




SUR MON LIT DE MALADE

Dans la pure lumière de l’aube qui point
je vis l’Univers ceint de la Couronne de Paix.
De leur tête inclinée les arbres lui donnaient leur bénédiction.
Solidement établie au coeur de l’Univers, la Paix
se garde elle-même à travers les luttes et la douleur au long des âges.
Dans ce monde tourmenté, elle se manifeste chaque jour, à l’aube et au crépuscule.

O Poète, héraut du Bien,
tu as sûrement reçu son invitation.
Si, ignorant son appel,
tu deviens le porte-parole du désespoir,
l’émissaire de la difformité,
si tu joues faux sur une harpe cassée,
défigurant l’éternelle vérité de l’Univers,
alors pourquoi as-tu été mis au monde ?
Dans les rizières pourquoi laisse-t-on les chardons prospérer,
pour insulter la faim de l’Homme ?

Si le malade considère la maladie comme l’ultime vérité,
mieux vaut mourir en silence.
Le poète dans l’Homme devrait-il ne devenir qu’objet de disgrâce
en suivant les sentiers d’une imagination sans pudeur,
et mettant un masque éhonté
devrait-il ternir l’éclat de la figure humaine ?

(Rabindranath Tagore)

Illustration: Alex Alemany

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Les voûtes de l’Adieu (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 29 mai 2018



Les voûtes de l’Adieu

Ce qui se dresse devant nous
Arches ou ténèbres
Ne supprime
Aucun rêve
Qui forgea notre vie

Ce qui s’annonce
Plénitude ou néant
Ne ternit
Nul désir
Qui défia l’impossible.

(Andrée Chedid)

Illustration: Stéphanie Dozier

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :