Je creuse un tunnel dans l’air.
Qui me verra partir? dit-elle.
Ca mène au jardin des tigres.
(Mohammed Dib)
Posted by arbrealettres sur 3 juin 2022
Je creuse un tunnel dans l’air.
Qui me verra partir? dit-elle.
Ca mène au jardin des tigres.
(Mohammed Dib)
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Posted by arbrealettres sur 5 avril 2022
À la chatte grise qui sans rien dire à personne
s’est trouvée un jour pleine, la très douce outre duveteuse
puis après soixante jours a mis bas en ronronnant
deux tigrés et deux noir et blanc
qui se collent à ses tétines roses
et boivent en fermant les yeux et pétrissant ses poils
la source de toute vie qui nourrit toutes les bouches
je demande protection…
(Claude Roy)
Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), blanc, boire, bouche, chat, demander, dire, doux, duveteux, fermer, gris, noir, nourrir, outre, pétrir, personne, plein, poil, protection, ronronner, rose, se coller, se trouver, source, tétine, tigre, vie, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022
LE CHAT
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
De la table à l’armoire et du fauteuil à l’âtre,
Il vague, sans salir l’objet qu’il a frôlé,
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre.
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue
Où livres et cahiers gisent ouverts ou clos,
Il passe comme un souffle, effleurant de sa queue
La feuille où ma pensée allume ses falots,
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue.
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose
Pour lustrer son poitrail et son minois si doux,
Il me cligne de l’œil en faisant une pause,
Et je voudrais toujours l’avoir sur mes genoux
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose.
Accroupi chaudement aux temps noirs de décembre
Devant le feu qui flambe, ardent comme un enfer,
Pense-t-il aux souris dont il purge ma chambre
Avec ses crocs de nacre et ses ongles de fer ?
Non ! assis devant l’âtre aux temps noirs de décembre
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes
À la face bizarre, aux tétons monstrueux,
Il songe à l’angora, mignonne des mignonnes,
Qu’il voudrait bien avoir, le beau voluptueux,
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes.
Il se dit que l’été, par les bons clairs de lune,
Il possédait sa chatte aux membres si velus ;
Et qu’aujourd’hui, pendant la saison froide et brune,
Il doit pleurer l’amour qui ne renaîtra plus
Que le prochain été, par les bons clairs de lune.
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve,
Et quand nous en sortons encor pleins de désir,
Il nous jette un regard jaloux et presque fauve
Car tandis que nos corps s’enivrent de plaisir,
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve.
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte,
Comme pour y cueillir un brin de volupté,
La passion reluit dans sa prunelle verte :
Il est beau de mollesse et de lubricité
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte.
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante,
Dans le creux où son corps a frémi dans mes bras,
Il se roule en pelote, et sa tête charmante
Tourne de droite à gauche en flairant les deux draps,
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante.
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule,
Et quand il s’est grisé de la senteur d’amour,
Il s’étire en bâillant avec un air si drôle,
Que l’on dirait qu’il va se pâmer à son tour ;
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule.
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières
Où, matou lovelace et toujours triomphant,
Il s’amuse à courir pendant des nuits entières
Les chattes qu’il enjôle avec ses cris d’enfant :
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières.
Panthère du foyer, tigre en miniature,
Tu me plais par ton vague et ton aménité,
Et je suis ton ami, car nulle créature
N’a compris mieux que toi ma sombre étrangeté,
Panthère du foyer, tigre en miniature.
(Maurice Rollinat)
Posted in poésie | Tagué: (Maurice Rollinat), abriter, accroupi, aiguiser, alcôve, amante, aménité, ami, amour, angora, apporter, ardent, armoire, austère, âme, âtre, été, étrangeté, être, baume, beauté, bizarre, bleu, bondir, bras, brin, bureau, câlin, chair, chambre, charmant, charmé, chat, chaud, clair, clair de lune, clé, cligner, colombe, compagnie, comprendre, consoler, corps, couché, courir, couvrir, créature, creux, cri, croc, cueillir, décembre, désir, doigt, doux, enchanté, encre, enfant, enfer, enjôler, ennui, face, fauteuil, fauve, femme, fer, feu, flamber, fomâtre, fourrure, foyer, frapper, frémir, frôler, gai, gîte, genêt, genoux, gouttière, gras, grâce, homme, humer, jet, jeter, laisser, langue, lourd, lovelace, lubricité, lueur, lustrer, luxure, lynx, magique, matou, membre, miauler, mignon, miniature, minois, mollesse, monstrueux, mouiller, mysticité, nacre, noir, nonne, nuit, objet, oeil, onduler, ongle, panthère, parfum, passé, passion, patte, pause, pénombre, pelote, plaire, plaisir, plastique, pleurer, poêle, poitrail, prunelle, purger, râle, regard, regimber, renaître, ressusciter, revoir, robe, ronfler, ronronner, rose, rouler, s'amuser, s'échapper, s'enivrer, s'incarner, salir, se cambrer, se pourlécher, serpent, silence, singe, solitaire, sombre, somnolent, souris, Sphinx, table, tache, téton, tête, temps, tigre, tour à tour, triomphant, triste, vague, velours, velu, vivre, volupté, voluptueux, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 28 mars 2022
Le chat noir de la palissade
Promène son museau partout,
C’est un pirate en ambassade,
Le chat noir qui s’en vient chez nous.
Dans le jardin ou sur le toit,
En mille et une escapades
De tous côtés, il est le roi.
Il est le tigre du Bengale
Et le prince des maraudeurs,
Sa moquerie est sans égale:
Ce chat-là est un chapardeur.
Il faut le voir, cet escogriffe,
Ce gracile animal ingrat
Qui lacère à grands coups de griffe
Les détritus de papier gras.
Il mène sa vie à sa guise,
Ne faisant que ce qui lui plaît,
Il se complaît dans des bêtises
Qui ne valent pas un couplet.
Et cependant si ce vaurien
Ne commet que des incartades
A la maison, on l’aime bien,
Le chat noir de la palissade.
(Henri Monnier)
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Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2021
Dans la jungle, un jour, s’aventure
Un curé. Le tigre survient.
« Prions », se dit l’abbé.
« Seigneur,je t’en conjure,
Fais que ce tigre soit chrétien. »
Comment le Très-Haut se débrouille,
La chronique n’en parle pas.
Le fauve en tout cas s’agenouille :
« Seigneur », dit-il,
« bénissez ce repas. »
(Jean-Luc Moreau)
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Posted by arbrealettres sur 16 juin 2021
Illustration: Roger Vieillard
JE RENTRE TARD, LA NUIT, À LA MAISON
A la nuit tombée,
je rentre par le sentier
où rôdent les tigres.
La montagne est noire,
le village endormi,
la Grande Ourse
se penche vers le fleuve.
Au-dessus de ma tête
l’éclat de Vénus
illumine le ciel.
Dans la cour,
la chandelle à la main,
je fouille des yeux
les arbustes ténébreux.
De la gorge montagneuse,
monte le cri effrayé
d’un singe.
Vieillard aux cheveux blancs,
je danse et je chante,
appuyé sur ma canne
je veille toute la nuit.
Et pourquoi pas ?
(Du Fu)
Posted in poésie | Tagué: (Du Fu), appuyer, arbuste, éclat, blanc, canne, chandelle, chanter, cheveux, ciel, cour, cri, danser, effrayer, endormir, fleuve, fouiller, illuminer, la Grande Ourse, main, maison, montagne, monter, noir, nuit, pourquoi, rôder, rentrer, se pencher, sentier, singe, tard, ténébreux, tête, tigre, Vénus, veiller, vieillard, village, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2020
Illustration: Nathan Oliveira
Il est difficile au milieu du brouhaha de notre civilisation
qui a le vide et le silence en horreur
d’entendre la petite phrase qui, à elle seule,
peut faire basculer une vie :
«Où cours-tu ?»
Il y a des fuites qui sauvent la vie :
devant un serpent, un tigre, un meurtrier.
Il en est qui la coûtent :
la fuite devant soi-même.
Et la fuite de ce siècle devant lui-même
est celle de chacun de nous.
«Où cours-tu ?»
Si au contraire nous faisions halte – ou volte-face –,
alors se révélerait l’inattendu :
ce que depuis toujours nous recherchons dehors
veut naître en nous.
(Christiane Singer)
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