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Poésie

Posts Tagged ‘ton’

Quiz de grenouille (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2023




    
Quiz de grenouille

Il serait vraiment de bon ton
Que vous revoyiez votre alphabête,
Avant de répondre aux questions
Nous concernant, nous, les rainettes.

Il est en effet très courant
Qu’on nous orthographie reinettes !
Je trouve cela consternant,
Alors qu’existent les lunettes.

Car enfin, même dans un brouil-
lard dense, à couper au couteau,
Comment confondre une grenouille
Avec une pomme à couteau ?

Quoique peut-être, un point commun
Pourrait, qui sait, les rapprocher.
Ne peut-on pas faire sauter
Une pomme et un batracien ?

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte

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QUE C’EST BEAU DE PENSER A TOI… (Nâzim Hikme)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2022




    
QUE C’EST BEAU DE PENSER A TOI…

Que c’est beau de penser à toi
à travers les rumeurs de mort et de victoire, en prison,
alors que j’ai franchi la quarantaine.

Que c’est beau de penser à toi :
ta main, oubliée sur une étoffe bleue,
et dans tes cheveux,
la fière tendresse de ma terre d’Istanbul.
C’est comme un second être en moi
le bonheur de t’aimer.
Au bout de tes doigts demeure
le parfum de la feuille de géranium.
Une paix ensoleillée,
Et l’appel de la chair :
une obscurité dense,
chaude,
striée de rouge.

Que c’est beau de penser à toi,
d’écrire des choses sur toi,
de penser à toi, couché sur le dos en prison.
Un mot que tu as dit tel jour à tel endroit,
pas le mot lui-même,
mais le ton sur lequel il fut dit,
et l’univers qu’il contenait…

Que c’est beau de penser à toi.
Je vais encore te sculpter quelque chose en bois,
un coffret,
une bague,
te tisser trois mètres de soie très fine.
Et tout à coup,
me levant d’un bond,
me collant aux barreaux de ma fenêtre,
vers le bleu clair de la liberté,
je dois te crier de toute ma voix
ce que j’ai écrit pour toi.

Que c’est beau de penser à toi
à travers les rumeurs de mort et de victoire, en prison,
alors que j’ai franchi la quarantaine…

(Nâzim Hikme)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction: Munevver Anday
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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POUR TOI (Touria Iqbal)

Posted by arbrealettres sur 17 mars 2022




    
POUR TOI

Pour un frisson d’eau
et un palmier qui s’étiole
Pour un souffle palpitant
aux brises d’automne
Pour la pluie dans mes tresses
de petite fille
Je prépare mon calame

Pour les orchidées de ces plaines
Pour l’instant où cesse l’orage
Pour cet invisible qui se donne à
la contemplation
Pour le bonheur de soulager
quelques souffrances
j’ouvre mon parchemin

Pour le désir et la connaissance
Pour l’accueil et la tendresse
Pour le trouble délicieux
qui s’empare de moi
et qui ressurgit sans cesse plus fort
à la méditation de tes tons
J’écris un poème

(Touria Iqbal)

 

Recueil: Anthologie des femmes poètes du monde arabe
Traduction: Maram al-Masri
Editions: Le Temps des Cerises

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Le bœuf, le cheval et l’âne (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020




    
Le bœuf, le cheval et l’âne

Un bœuf, un baudet, un cheval,
Se disputaient la préséance.
Un baudet ! Direz-vous, tant d’orgueil lui sied mal.
À qui l’orgueil sied-il ? Et qui de nous ne pense
Valoir ceux que le rang, les talents, la naissance,
Élèvent au-dessus de nous ?
Le bœuf, d’un ton modeste et doux,
Alléguait ses nombreux services,
Sa force, sa docilité ;
Le coursier sa valeur, ses nobles exercices ;
Et l’âne son utilité.
Prenons, dit le cheval, les hommes pour arbitres :
En voici venir trois, exposons-leur nos titres.
Si deux sont d’un avis, le procès est jugé.
Les trois hommes venus, notre bœuf est chargé
D’être le rapporteur ; il explique l’affaire,
Et demande le jugement.
Un des juges choisis, maquignon bas-normand,
Crie aussitôt : la chose est claire,
Le cheval a gagné. Non pas, mon cher confrère,
Dit le second jugeur, c’était un gros meunier,
L’âne doit marcher le premier ;
Tout autre avis serait d’une injustice extrême.
Oh que nenni, dit le troisième,
Fermier de sa paroisse et riche laboureur ;
Au bœuf appartient cet honneur.
Quoi ! Reprend le coursier écumant de colère ;
Votre avis n’est dicté que par votre intérêt !
Eh mais ! Dit le normand, par qui donc, s’il vous plaît ?
N’est-ce pas le code ordinaire ?

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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Les Quatre saisons (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2020



Les Quatre saisons

I

Au printemps, c’est dans les bois nus
Qu’un jour nous nous sommes connus.

Les bourgeons poussaient, vapeur verte.
L’amour fut une découverte.

Grâce aux lilas, grâce aux muguets,
De rêveurs nous devînmes gais.

Sous la glycine et le cytise,
Tous deux seuls, que faut-il qu’on dise ?

Nous n’aurions rien dit, réséda,
Sans ton parfum qui nous aida.

II

En été les lis et les roses
Jalousaient ses tons et ses poses,

La nuit, par l’odeur des tilleuls
Nous nous en sommes allés seuls.

L’odeur de son corps, sur la mousse,
Est plus enivrante et plus douce.

En revenant le long des blés,
Nous étions tous deux bien troublés.

Comme les blés que le vent frôle,
Elle ployait sur mon épaule.

III

L’automne fait les bruits froissés
De nos tumultueux baisers.

Dans l’eau tombent les feuilles sèches
Et, sur ses yeux, les folles mèches.

Voici les pêches, les raisins,
J’aime mieux sa joue et ses seins.

Que me fait le soir triste et rouge,
Quand sa lèvre boudeuse bouge ?

Le vin qui coule des pressoirs
Est moins traître que ses yeux noirs.

IV

C’est l’hiver. Le charbon de terre
Flambe en ma chambre solitaire.

La neige tombe sur les toits,
Blanche ! Oh, ses beaux seins blancs et froids !

Même sillage aux cheminées
Qu’en ses tresses disséminées.

Au bal, chacun jette, poli,
Les mots féroces de l’oubli.

L’eau qui chantait s’est prise en glace.
Amour, quel ennui te remplace !

(Charles Cros)

Illustration: Sophie Vulliard

 

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Aux âmes citoyens (Aldebert)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2020




    
Aux âmes citoyens

Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons

Allons enfants de toutes les patries
Le jour de croire est enfin arrivé
Si alentour, nous semions l’harmonie
L’étendard sanglant serait lavé
Entendez vous dans les campagnes
S’unir nos précoces petits gars
Ils viennent jusque dans vos bras
Vous serrer fort et soulever des montagnes

Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons

Amour sacré de la fratrie
Conduis soutiens nos bras enjôleurs
De la liberté, liberté chérie
Nous voilà les ambassadeurs

Militants du parti des étoiles et du vent
Des tireurs de sonnette et puis des cerfs-volants
Bambins et marmots, gardiens de l’espoir
Sans nos drapeaux que de victoires

Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons

Quand la haine s’élève
Nous allons bienveillants
Sur le sentier de la trêve
Désarmés jusqu’aux dents
Nous livrerons bataille
Sentiments en jalons
Nos sourires pour médailles
La tendresse comme canon

Aux âmes citoyens
Que nos baisers donnent le ton
Aux âmes citoyens
Que les armées désertent nos chansons

(Aldebert)

 

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Totaux (Norge)

Posted by arbrealettres sur 10 février 2020




    

Totaux

Ton temps têtu te tatoue.
T’as-ti tout tu de tes doutes ?
T’as-ti tout dû de tes dettes ?
T’as-ti tout dit de tes dates ?
T’a-t-on tant ôté ta teinte ?
T’a-t-on donc dompté ton ton ?
T’as-ti tâté tout téton ?
T’as-ti tenté tout tutu ?
T’es-ti tant ? T’es-ti titan ?
T’es-ti toi dans tes totaux ?

Tatata, tu tus ton tout.

(Norge)

 

Recueil: Les poèmes ont des oreilles
Traduction:
Editions: Rue du Monde

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Écrire un poème classieux (Josée Tripodi)

Posted by arbrealettres sur 8 mai 2019



Josée Tripodi… Emission France Culture
    
Écrire un poème
Classieux

Avec des mots bien en bouche
Crème et caviar
Des bulles de bon aloi
Qui ne crèvent pas

Des verbes hauts
Comme la tour d’Argent

Des articles de bon ton
Qu’on ne soldera pas

Écrire ou ne pas écrire

Encore une question
À la vie

À la mort

(Josée Tripodi)

Recueil: Le temps court plus vite que moi
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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T’appartient-il, Seigneur (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2019



    

T’appartient-il, Seigneur, de participer à la félicité de ce rythme?
d’être lancé, perdu, brisé dans le tourbillon de cette formidable joie?

Toute chose se précipite, sans arrêt, sans regard en arrière,
sans qu’aucun pouvoir puisse bien retenir,
toutes les choses se précipitent.

Emboîtant le pas au rythme de cette musique inlassée,
chaque saison accourt en dansant, puis passe outre
— couleurs, tons et parfums déversent d’infinies cascades
dans cette surabondante joie qui s’éparpille
et se renonce et meurt à tout moment.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: L’offrande lyrique
Traduction: André Gide
Editions: Gallimard

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Notre langage est élimé (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2018



Illustration: Bernard Bénézet
    
Notre langage est élimé.
Je voudrais creuser chaque mot
pour décrire le jaillissement
solaire, hors de l’argent mat
des oliviers, du campanile pieux.

Pour peindre l’abîme des rues
pleines de petits mendiants bruns,
je ne peux trouver le ton juste, —
ne peux trouver le moindre chant
qui puisse flotter dans cet air.

Tel est le sortilège : trouver de pauvres mots,
leur apprendre tout bas à marcher dans le chant.
Tel est le sortilège : la chevelure ornée
de tilleul, se dresser comme une reine.

Voilà le sortilège : avoir soif de la cruche
de ce délice qui sanctifie l’eau,
tout au fond de la vie éveiller une fugue,
puis contempler l’éternité.

(Rainer Maria Rilke)

 

Recueil: Oeuvres 2 Poésie
Traduction: Jacques Legrand, Lorand Gaspar, Philippe Jaccottet, Armel Guerne, Maurice Betz
Editions: Seuil

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