Posts Tagged ‘tordu’
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023

Illustration: Auguste Rodin
« LE PENSEUR » DE RODIN
Son menton sur sa main rude,
le Penseur se souvient qu’il est chair vouée à la fosse,
chair de fatalité, nue en face du destin,
chair qui hait la mort, qui a frémi de beauté,
frémi d’amour, tout le long de son ardent printemps
et maintenant, à son automne, sent l’envahir le flot de la vérité et de la tristesse.
Sur son front passe le « il faut mourir »
du bronze, lorsque la nuit tombe.
L’angoisse sillonne ses muscles tendus,
chaque creux de sa chair s’emplit de terreur;
il se fend, telle feuille d’automne, à la voix du Seigneur
qui l’appelle dans le bronze… Et il n’y a pas d’arbre tordu,
sur la plaine au feu du soleil, pas de lion blessé,
crispés comme cet homme qui médite sur la mort.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), angoisse, appeler, arbre, automne, beauté, blesser, bronze, chair, creux, crisper, destin, en face, envahir, falloir, fatalité, feu, feuille, flot, fossé, frémir, front, haïr, homme, lion, main, méditer, menton, mort, mourir, muscle, nu, nuit, passer, penseur, plaine, Rodin, rude, s'emplir, se fendre, se souvenir, seigneur, sentir, sillonner, soleil, tendu, terreur, tomber, tordu, tristesse, vérité, voix, vouer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2022

Illustration
A propos des poèmes
Ce sont les picotements de l’insomnie,
C’est la mèche des cierges tordus,
C’est le premier coup, le matin,
De cent blancs campaniles…
C’est l’appui tiède de la fenêtre
Au clair de lune à Tchernigov
C’est le mélilot et l’abeille,
Poussière, ombre et canicule.
(Anna Akhmatova)
Titre: L’églantier fleurit et autres poèmes
Traduction: Marion Graf et José-Flore Tappy
Editions: La Dogana
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Posted in poésie | Tagué: (Anna Akhmatova), abeille, appui, campanile, canicule, cierge, clair de lune, coup, fenêtre, insomnie, mèche, mélilot, ombre, picotement, poème, poussière, tiède, tordu | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 mars 2022

Illustration: Bing Wright
LE JOUR OÙ TOUT SE BRISE EN TOI
Le jour où tout se brise en toi
est un jour de vacances, ou bien
un jour de bureau, ou encore
un jour de retrouvailles, un jour
de famille, d’amis, de mariage ou de sexe.
Le jour où tout se brise en toi
ressemble aux autres jours de l’année : bien
sûr il y eut des signes de cet effondrement
mais tout est toujours sur le point de
s’effondrer, les immeubles, les piles de
linge propre, les actions en bourse,
alors pourquoi accorder à ces alarmes
quotidiennes la moindre importance ?
Le jour où tout se brise en toi —
je dis bien « tout » car il ne s’agit pas seulement
du coeur cassé comme le cou d’une volaille
la veille d’un dimanche à la campagne,
je parle du corps, de l’os du genou à celui de la mâchoire,
je parle de l’âme dans ses derniers retranchements,
je parle des plaies qui s’ouvrent, toutes en même temps.
Je parle de la raison qui se jette contre les murs,
du crâne mordu du sommet au
menton, des doigts de la main gauche
pliés entre ceux de la main droite.
Le jour où tout se brise en toi,
le pire n’est pas la quantité ahurissante de larmes
que tu bois des paupières à la bouche,
ni la migraine qui paralyse le visage et la nuque,
le pire, le jour où tout se brise en toi,
c’est le langage qu’on abandonne pour
des reniflements, le langage qu’on roue de coups
pour qu’il cesse d’aboyer ses mots d’amour
et de respect, le langage qu’on étouffe
dans la pornographie, le langage auquel on croyait tant
qui s’effondre avec le reste.
Le jour où tout se brise en toi
tu t’en veux si fort d’y avoir cru.
(Cécile Coulon)
Recueil: Noir Volcan
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
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Posted in poésie | Tagué: (Cécile Coulon), abandonner, aboyer, accorder, action, ahurissant, alarme, ami, amour, année, âme, boire, bouche, bourse, bureau, campagne, cassé, cesser, coeur, corps, cou, coup, crâne, croire, dimanche, effondrement, famille, fort, genou, immeuble, importance, jour, langage, larme, linge, mariage, mâchoire, migraine, mot, mur, nuque, os, paralyser, parler, paupière, pilé, pire, plaie, pourquoi, propre, quantité, quotidien, raison, renifler, respect, ressembler, reste, retranchement, retrouvailles, rouer, s'en vouloir, s'ouvrir, se briser, se jeter, sexe, signe, tordu, vacances, veille, visage, volaille | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 juin 2020

Illustration: Mana Neyestani
DONNE-MOI TES DOUTES
Donne-moi tes doutes que je les redresse
Comme des clous tordus,
Donne-moi tes incertitudes, toi qui vas
Sur ce que tu crois être une fausse route.
J’ai assez erré, assez cogné à des portes pour savoir
Qu’il n’y a pas d’autre sagesse,
Depuis l’infini jusqu’au point zéro,
Que d’être à la besogne, entiché de fini.
Versez vos griefs dans ma solitude,
Aussi large qu’un golfe,
Dans mon chantier où l’on répare
Les vaisseaux qui firent naufrage.
Je suis le vieil ami
De ceux qui sont grands dans leurs actions
Et pas dans leurs paroles;
Moi je peux mourir parmi les fourmis
Et que l’on m’oublie.
Dans l’immense nuit du monde; pourtant,
J’ai élevé, aux côtés des autres,
Le jour sous le soleil, la nuit dans les ténèbres,
Efforts douloureux, rêve chimérique
Payé de pleurs dans des bols de terre —
Des foyers pour durer, de hautes pyramides,
Avec la foi qu’un jour
Le ciel partout s’éclairera.
(Mihai Beniuc)
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Posted in poésie | Tagué: (Mihai Beniuc), action, aller, ami, autre, élever, besogne, bol, côte, chantier, chimérique, ciel, clou, cogner, croire, donner, douloureux, doute, durer, effort, entiché, errer, fini, foi, fourmi, foyer, golfe, grand, grief, haut, immense, incertitude, infini, jour, large, monde, mourir, naufragé, nuit, oublier, parole, payer, pleur, point, porte, pyramide, réparer, rêve, redresser, route, s'éclairer, sagesse, savoir, soleil, solitude, ténèbres, terre, tordu, vaisseau, verser, vieux, zéro | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 12 juin 2020

ECCE HOMO
Tout ce qu’on voit est le jeu des reflets
De la grande, incertaine vérité,
Voilée, dévoilée, celle qu’on arrache
A l’infiniment fugace infini.
Mais chacun prend l’attitude qu’il peut,
Volant, couché, se dressant, accoudé
Sur le rocher, orgueilleux ou petit,
Pour contempler ou l’azur ou l’abîme.
Au loin les éperviers tournent et guettent
Et dans l’eau veillent les requins agiles,
Pendant qu’impassible un soleil éclaire
Le monde tordu par tant de tempêtes.
Mais tu es l’homme Et, là-haut, tu dois rompre,
Parmi les loups, un rameau d’olivier
Chargé de fleurs qui appellent la paix.
A toi de décider ce que tu fais.
(Mihai Beniuc)
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Posted in poésie | Tagué: (Mihai Beniuc), abîme, accoudé, agile, appeler, arracher, attitude, azur, éclairer, épervier, chacun, charger, contempler, coucher, décider, dévoiler, eau, faire, fleur, fugace, guetter, homme, impassible, incertain, infini, jeu, là-haut, loup, monde, olivier, orgueilleux, paix, petit, prendre, rameau, reflet, requin, rocher, rompre, se dresser, soleil, tempête, tordu, tourner, vérité, veiller, voiler, voir, voler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 mars 2020

Illustration: Fred Einaudi
La peur de la mort
La Mort à son gré se promène dans nos vies, douce Mort
qui s’affaire à chaque souffle.
Pourquoi la redouter ? Voyez comme elle rit,
son visage est la rose de lumière d’une grâce enjouée !
Une aimante et charmante vierge cueillant des fleurs
dans un jardin embaumé, frais des ondées printanières,
telle est la chose que vous craignez, une jeune et radieuse tourière
qui ouvre à nos âmes les mondes de lumière.
Est-ce parce que la branche tordue doit souffrir
quand les plus tendres mains lui dérobent sa gloire ?
Est-ce parce que la tige sans fleur retombe, ternie
et blême, qui naguère fut si belle ?
Ou est-ce le grincement affreux quand s’ouvre le portail
qui vous ébranle, faibles âmes sans courage ?
La mort n’est que le changement de nos robes pour attendre
en habits de noce à la porte de l’Éternel.
(Sri Aurobindo)
Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust
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Posted in poésie | Tagué: (Sri Aurobindo), affreux, aimant, attendre, âme, ébranler, éternel, beau, blême, branche, changement, charmant, courage, craindre, cueillir, dérober, doux, embaumé, enjoué, faible, fleur, frais, gloire, grâce, grincement, habit, jardin, jeune, lumière, monde, mort, noce, ondée, ouvrir, peur, portail, porte, printanier, radieux, redouter, retomber, rire, robe, rose, s'affairer, s'ouvrir, se promener, souffle, souffrir, tendre, terni, tige, tordu, vie, vierge, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2019

Illustration: Edward Hopper
Tordue est la chose dure, douce et chaude, (la fille)
Polie et mouvante, lance l’air qui brûle
Terre entière qui se lève, et me porte
Étendue fraîche, étendue tiède, forme qui devient
nouvelle sous la force –
Voyage immobile, tendre au bas, du sommet aigu
Pierre exquise, pour boire.
Idée d’être proche, désir de briser, soupir pour se fondre
Et ne pas… Soupir, souffle et idée !
Étreinte toute du bien et du mieux, lutte qui se gonfle,
Mélange ; seul, on redevient ; seul, on s’élève
Seul on ne pense plus, seul on veut, seul on est.
(Paul Valéry)
Recueil: Poésie perdue
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Valéry), aigu, air, étendu, étreinte, bien, boire, bras, brûler, briser, chaud, désir, devenir, doux, dur, entier, exquis, fille, force, forme, frais, idée, immobile, lancer, mélangé, mieux, mouvant, nouveau, penser, pierre, poli, porter, proche, s'élever, se fondre, se gonfler, se lever, seul, sommet, souffle, soupir, tendre, terre, tiède, tordu, vouloir, voyage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2018

REFUGE D’OISEAUX NOCTURNES
Là-haut il est un pin tordu;
aux aguets écoutant l’abîme
le tronc tendu comme un ressort.
Refuge d’oiseaux nocturnes
aux petites heures il retentit
d’un battement d’ailes rapides.
Il a aussi son nid, mon coeur,
suspendu dans le noir, une voix;
lui aussi est à l’écoute, la nuit.
***
RIFUGIO D’UCELLI NOTTURNI
In alto c’è un pino distorto;
sta intente ed ascolta l’abisso
col fusto piegato a balestra.
Rifugio a ucelli notturni,
nell’ora più alta risuona
d’un battere d’ali veloce.
Ha pure un suo nido il mie cuore
sospeso nel buio, una voce;
sta pure in ascolto , la netto.
(Salvatore Quasimodo)
Recueil: Et soudain c’est le soir
Traduction: Patrick Reumaux
Editions: Librairie Elisabeth Brunet
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Posted in poésie | Tagué: (Salvatore Quasimodo), abîme, aguets, aile, écoute, écouter, battement, coeur, heure, là-haut, nid, nocturne, noir, nuit, oiseau, pin, rapide, refuge, ressort, retentir, suspendre, tendu, tordu, tronc, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2018

Où laisser mes yeux,
quand leur présager une saison aimable.
Je veux dire :
ce que je meurs chaque nuit,
mes os tordus d’enlacer une ombre.
(Alejandra Pizarnik)
Recueil: Approximations
Traduction: Etienne Dobenesque
Editions: Ypfilon
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Posted in poésie | Tagué: (Alejandra Pizarnik), aimable, dire, enlacer, laisser, mourir, nuit, ombre, os, présager, saison, tordu, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 12 août 2018

« l’enfer c’est les autres » a été toujours mal compris.
On a cru que je voulais dire par là
que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés,
que c’était toujours des rapports infernaux.
Or, c’est tout autre chose que je veux dire.
Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés,
alors l’autre ne peut être que l’enfer.
Pourquoi ?
Parce que les autres sont, au fond, ce qu’il y a de plus important en nous-mêmes,
pour notre propre connaissance de nous-mêmes.
Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître,
au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous,
nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont,
nous ont donné, de nous juger.
Quoi que je dise sur moi,
toujours le jugement d’autrui entre dedans.
Quoi que je sente de moi,
le jugement d’autrui entre dedans.
Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais,
je me mets dans la totale dépendance d’autrui et alors, en effet, je suis en enfer.
Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer
parce qu’ils dépendent trop du jugement d’autrui.
Mais cela ne veut nullement dire qu’on ne puisse avoir d’autres rapports avec les autres,
ça marque simplement l’importance capitale de tous les autres pour chacun de nous.
[…]
C’est une mort vivante que d’être entouré par le souci perpétuel de jugements
et d’actions que l’on ne veut pas changer.
De sorte que, en vérité, comme nous sommes vivants,
j’ai voulu montrer par l’absurde, l’importance chez nous de la liberté,
c’est à dire l’importance de changer les actes par d’autres actes.
Quel que soit le cercle d’enfer dans lequel nous vivons,
je pense que nous sommes libres de le briser.
Et si les gens ne le brisent pas, c’est encore librement qu’ils y restent.
de sorte qu’ils se mettent librement en enfer.
(Jean-Paul Sartre)
Illustration: Bernard Buffet
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Posted in méditations | Tagué: (Jean-Paul Sartre), autrui, connaître, connaissance, dépendre, empoisonné, enfer, importance, important, jugement, juger, liberté, mauvais, mort, penser, rapport, souci, tordu, vicié | 2 Comments »