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L’Oreille cassée (Michel Serres)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2019




    
L’Oreille cassée
Le vivant, le vrai

Nos visages ravagés de rides se souviennent des sillons de larmes
et notre colonne vertébrale se voûte sous le poids des tristesses passées.

Un corps vivant ne reste pas longtemps vierge et lisse;
la santé, la joie de vivre n’excluent pas les coups ;

bien au contraire, nous n’existons que de souffrances vaillantes contre l’adversité ;
les bons organismes présentent une tête burinée, un corps las et courageux,
une puissance dévastée, mais toujours debout.

Avant le premier coup de corne,
comment savoir si le torero se conduit avec courage ?

Il n’y a de vrai vivant que déchiré.
Les cicatrices renforcent.

Il n’y a de vérité que falsifiée.
Le faux plaide pour le vrai.

Il n’y a de bonté que tentée.

Quelle vertu sans tribulations ?
Il n’y a de bon système que cassé.
Si tout marche, rien ne marchera.

Chaque épreuve me précipite au devant de ce fétiche :
il n’y a de vrai dieu que blessé.

(Michel Serres)

 

Recueil: Hergé mon ami
Traduction:
Editions: Le Pommier

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COMPTINE DES CIVILISATIONS (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2019




    
COMPTINE DES CIVILISATIONS

Pigeon vole voici voilà
voici la veuve voilée
harpe des douleurs
fleurie et transpercée
Vierge ou Niobé.

Voici voilà en la arena
le taureau qui s’est arrêté
il ne sera pas mis à mort
le public le torero
dans un verre d’eau se sont noyés.

Pigeon hibou vautour vole
vol à l’immensité
un fémur renversé
un osselet de pierre
pour prier pour siffler.

Le Sphinx Janus Uranus
je ne sais quels dieux trouvés
abandonnés oubliés
inconnus mais révérés.

Les ruines l’ossuaire
civilisations éteintes
les cités imaginaires
inhumaine vérité
bien au-delà de la Terre
s’endorment dans les stellaires
monastères ministères
cimetières.

Poussière poussière
poussière lumière
désert étoilé.

(Jean Tardieu)

 

Recueil: L’accent grave et l’accent aigu
Traduction:
Editions: Gallimard

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Deux filles La Lola (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 7 octobre 2015



 

Elle est sous l’oranger,
lavant des langes de coton.
Ses yeux sont verts
et sa voix violette.

Oh, amour
sous l’oranger en fleur!

L’eau dans le canal
débordait de soleil.
Parmi les olives
chantait un moineau.

Oh, amour
sous l’oranger en fleur!

Et quand elle aura
fini son savon,
les petits toreros viendront.

Oh, amour
sous l’oranger en fleur!

***

Dos Muchachas

La Lola

Bajo el naranjo lava
pañales de algodon.
Tiene verdes los ojos
y violeta la voz.
!Ay, amor,
bajo el naranjo en flor!

El agua de la acequia
iba llena de sol,
en el olivarito
cantaba un gorrion.

!Ay, amor,
bajo el naranjo en flor!

Luego, cuando la Lola
gasta todo el jabon,
vendran los torerillos.

!Ay, amor,
bajo el naranjo en flor!

(Federico Garcia Lorca)

 

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