Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘tout-puissant’

Malgré la nuit (Saint Jean de la Croix)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2023




    
Malgré la nuit

Chant de l’âme qui se rouit
de connaître Dieu par la foi

Je sais la source qui jaillit et coule
malgré la nuit.

Cette source éternelle est cachée, mais
moi je sais où elle a sa demeure,
malgré la nuit.

Ne sais son origine, car n’en a point, mais
je sais que d’elle toute origine vient,
malgré la nuit.

Je sais que ne peut être chose si belle,
et que cieux et terre boivent en elle,
malgré la nuit.

Je sais qu’on ne peut en trouver le fond,
et que nul ne peut la passer à gué,
malgré la nuit.

Le courant qui naît de cette source, je sais
qu’il est aussi vaste et tout-puissant,
malgré la nuit.

Le courant qui de ces deux procède,
je sais qu’aucun d’eux ne le précède,
malgré la nuit.

Cette source éternelle est cachée, en ce
pain vivant pour nous donner vie,
malgré la nuit.

Elle appelle là ici les créatures,
qui de cette eau s’abreuvent, quoique dans le noir,
car c’est la nuit.

Cette vive source que je désire,
en ce pain de vie je la vois,
malgré la nuit.

***

Aunque es de noche

Cantar del alma
que se huelga
de conocer a Dios por fe

Que bien sé yo la fonte que mana y corre,
aunque es de noche.

Aquella eterna fonte está escondida,
que bien sé yo do tiene su manida,
aunque es de noche.

Su origen no lo sé, pues no le tiene,
mas sé que todo origen della viene,
aunque es de noche.

Sé que no puede ser cosa tan bella,
y que cielos y tierra beben de ella,
aunque es de noche.

Bien sé que suelo en ella no se halla,
y que ninguno puede vadealla,
aunque es de noche.

Su claridad nunca es escurecida,
y sé que toda luz de ella es venida,
aunque es de noche.

Sé ser tan caudalosos sus corrientes,
que infiernos, cielos riegan, y las gentes,
aunque es de noche.

El corriente que nace de esta fuente
bien sé que es tan capaz y omnipotente,
aunque es de noche.

El corriente que de estas dos procede
sé que ninguna de ellas le precede,
aunque es de noche.

Aquesta eterna fonte está escondida
en este vivo pan por darnos vida,
aunque es de noche.

Aquí se está llamando a las criaturas,
y de esta agua se hartan, aunque a escuras
porque es de noche.

Aquesta viva fuente, que deseo
en este pan de vida yo la veo,
aunque es de noche.

(Saint Jean de la Croix)

Recueil: Jean de la Croix L’oeuvre poétique
Traduction: de l’espagnol par Bernard Sesé
Editions: Arfuyen

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’HÔTE (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022



    

L’HÔTE

J’ai découvert mon être profond, sans-mort ;
masqué par la façade mentale, immense, serein
il affronte le monde avec le regard des Immortels,
dieu-spectateur de la scène humaine.

Ni douleur ni tourment du coeur et de la chair
ne peut violer ce sanctuaire silencieux et pur.
Le danger et la peur, lévriers du Destin, rompant leur laisse
déchirent le corps et les nerfs — l’Esprit intemporel est libre.

Éveille-toi, rayon de Dieu et son témoin en ma poitrine,
dans la substance impérissable de mon âme
Hôte tout-puissant, de flamme, impénétrable.
La Mort approche et la Destinée prend son dû ;

Il entend les coups qui fracassent la maison de la Nature :
calme Il se tient, puissant et lumineux.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

J’ai créé l’homme à mon image (Frédéric Jacques Temple)

Posted by arbrealettres sur 10 septembre 2021



Illustration: Brigitte Valin
    
J’ai créé l’homme à mon image,
soupire le Tout-Puissant.
Suis-je donc si laid?

(Frédéric Jacques Temple)

 

Recueil: Par le sextant du soleil
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , | Leave a Comment »

Le départ (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020



Illustration: Edvard Munch
    
le départ
est frère jumeau de l’amour,
ce tout-puissant, ce dieu assassiné.

(Adonis)

 

Recueil: Commencement du corps fin de l’océan
Traduction: Vénus Khoury-Ghata
Editions: Mercure de France

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , | Leave a Comment »

Oh, comme je voudrais (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2019




    
Oh, comme je voudrais,
Insaisissable et lisse,
Suivre en volant le rai
Là-bas où je n’existe.

Le seul bonheur qui t’aille :
Rayonner dans un cercle,
Apprenant chez l’étoile
Le sens de la lumière.

Rayon et clarté pure,
Cela vient seulement
D’un tout-puissant murmure,
D’un chaud balbutiement.

Sache que je murmure,
Et je vais, murmurant,
Au rayon qui perdure
Te confier, mon enfant.

(Ossip Mandelstam)

***

 

Recueil: Les poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

PHILOSOPHIE (Rubén Darío)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2018




    
PHILOSOPHIE

Salue le soleil, araignée, n’aie pas de rancoeur.
Remercie Dieu, ô crapaud, d’être au monde venu.
Des épines de rose parent le crabe velu
et les mollusques ont des femmes en leur coeur.
Sachez être ce que vous êtes, énigmes ayant pris forme ;
laissez-en toute responsabilité aux Normes
qui la renverront à leur tour au tout-puissant Créateur…
(Joue, grillon, et que l’ours danse, sous la sélénite lueur.)

(Rubén Darío)

 

Recueil: Chants de vie et d’espérance
Traduction: Lionel Igersheim
Editions: Sillage

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Viens néant à mon âme comparable (Edward Estlin Cummings)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2018



Illustration: Francis Ray
    
viens néant à mon âme comparable
qui avec l’existence a conversé vainement,
Ô prends ton trivial péage scrupuleusement,
à ces calmes pieds ton coeur frénétique est favorable;
éprouve-moi avec tes parfums qui ont séduit
les narines toutes-puissantes de la fervente mort,
nourris-moi de félicités mangées aux vers
par qui la bouche affamée du temps est nourrie:
et si je n’aime pas ce que tu me donnes laisse-moi
me plaindre à lui,dont le siège se trouve là
où les planètes en orbite luttent pour leur liberté
contre l’air abasourdissant de toute éternité—
mais si j’aime, je prendrai entre tes mains ce qu’aucun
homme ne ressent,ce qu’aucune femme ne comprend.

(Edward Estlin Cummings)

 

Recueil: XLI Poèmes
Traduction: Thierry Gillyboeuf
Editions: La Nerthe

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LE POÈTE PAYSAN (John Clare)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2018



Illustration: Louis-Philippe Kamm
    
LE POÈTE PAYSAN

Il aimait le ruisseau chanteur
Le coup d’aile de l’hirondelle
Le sol vêtu de pâquerettes
La robe pommelée du ciel
Pour lui l’orage fracasseur
Était la voix même de Dieu
Où se dressait le roc du soir
Il voyait Moïse et sa verge
Tout ce qu’embrassait son regard
Jusqu’aux insectes des fougères
Créatures du Tout-Puissant
Il l’aimait pour l’amour de Lui
Homme à respecter le silence
Dans les affaires de la vie
Penseur dès son adolescence
Paysan de par ses soucis
Et poète pour sa joie grande.

***

THE PEASANT POET

He loved the brook’s soft sound
The swallow swimming by
He loved the daisy-covered ground
The cloud-bedapled sky
To him the dismal storm appeared
The very voice of God
And when the evening rock was reared
Stood Moses with his rod
And everything his eyes surveyed
The insects i’ the brake
Were creatures God Almighty made
He loved them for his sake —
A silent man in life’s affairs
A thinker from a boy
A peasant in his daily cares
A poet in his joy.

(John Clare)

 

Recueil: Poèmes et Proses de la Folie de John Clare
Traduction: Pierre Leyris
Editions: Mercure de France

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Dolor ante Lucem (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2017




    
Dolor ante Lucem

Chaque soir, à l’heure où s’éteint le couchant,
Je brûle de mourir et je fais mes adieux,
Mais à peine paraît l’aube froide du jour
Que la vie me submerge et me tourmente encore !

Je fais mes adieux et au bien et au mal,
Et j’espère et j’ai peur d’abandonner la terre,
Cette terre que le lendemain je retrouve,
Pour maudire le mal et me languir du bien!…

Ô Seigneur, ô Seigneur, ô mon Dieu tout-puissant,
Est-ce Ta volonté si nous vivons ainsi,
Si, de rêves comblé à la naissance du jour,
Le mortel se languit de Toi sans répit?…

(Alexandre Blok)

 

Recueil: Le Monde terrible
Traduction:Pierre Léon
Editions: Gallimard

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les âmes tournoient (Henri Cazalis)

Posted by arbrealettres sur 29 août 2017




    
Illustration: Marc Chagall

Les âmes tournoient deux par deux, sont prises de vertige
et tombent dans le tourbillon de l’amour.

Les mondes roulent emportés dans le tourbillon de l’amour.
Les flots se dressent éperdus, rugissant d’amour vers la lune.
Dans les forêts, les grands lions hurlent d’amour vers les lionnes.

Amour, orage tout-puissant, tu fais à tous sentir ta force :
prends-moi donc, embrase-moi, tue-moi,
oh! foudroie-moi de tes éclairs!

(Henri Cazalis)

 

Recueil: Le livre du Néant
Editions: Alphonse Lemerre

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :