Posts Tagged ‘tranchée’
Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023

Aux frontières errantes
Variations sur une page de Jean-Jacques Rousseau
L’arbre a des racines, c’est bien
l’homme a des jambes, c’est mieux
GEORGES STEINER
les cartes
mappemondes planisphères
ont des lignes de partage des terres
comparables
aux cartes qu’on peut lire
dans certaines boucheries
découper la viande
selon les pointillés
les limites tracent les tranchées
entre deux morceaux
on se partage la bête
on se réserve la part du lion
on nous fait avaler qu’à chacun
il y a une part de gâteau
un premier
ayant enclos terrain
dit à moi
ce premier fonde
crimes guerres
meurtres misères
horreurs
un premier est
un imposteur
la terre n’est à personne
(Michaël Glück)
Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Michaël Glück), arbre, avaler, bête, boucherie, carte, comparable, crime, découper, enclos, errer, fonder, frontière, gâteau, guerre, homme, horreur, imposteur, jambe, ligne, limite, lion, lire, mappemonde, meurtre, misère, morceau, page, part, partage, partager, personne, planisphère, pointillé, premier, racine, se réserver, terrain, terre, tracer, tranchée, viande, vriation | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022

Ils étaient huit jeunes hommes
Ils étaient huit jeunes hommes, nus, nus et qui tremblaient
ils étaient descendus, gelés, enchaînés,
l’un derrière l’autre, nus, les mains dans le dos
et ils savaient pour sûr, ils se savaient condamnés:
le grand camion, au fond, le long de la grande allée,
l’allée des longs cyprès, longs, hauts, est venu s’arrêter,
et les huit jeunes hommes nus, blancs, sans mot sont descendus
entre des hommes verts, vert clair, qui les font se tenir:
se tenir, blancs, nus, devant la grande tombe,
devant le grand trou, long, profond, tout juste creusé,
là tout le long, là, le long de l’allée,
derrière les tombeaux, tout le long, comme une longue tranchée:
par la mitraillette, d’un coup, ils ont tous plongé
dans la longue tranchée, blancs, nus, avec un peu de sang
sur leurs torses blancs, blancs, nus, aux premières aurores:
ils étaient huit jeunes hommes, nus, dépouillés de lendemains.
(Charles Camproux)
Recueil: Guerre à la guerre
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Camproux), allée, aurore, blanc, camion, condamner, creuser, cyprès, dépouiller, derrière, descendre, dos, enchaîner, geler, haut, homme, huit, jeune, lendemain, long, main, mitraillette, nu, plonger, profond, s'arrêter, sang, savoir, sûr, tombe, tombeau, torse, tranchée, trembler, trou, vert | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022

Ils étaient jeunes
ils étaient beaux
de bleu vêtus
Ils sont partis
fleur au fusil
Il verrait bien de quel bois
on se chauffe
l’ennemi
On le repousserait chez lui
Et puis
on rentrerait chez soi
C’était l’affaire de quelques mois
Dans les tranchées d’en face
ils étaient jeunes
ils étaient beaux
de gris vêtus
Un peu plus blonds peut-être
D’un côté comme de l’autre
tous avaient laissé
leur mère, leur sœur, leur fiancée
leur femme, leurs enfants
et les enfants à naître
Ils leur avaient bourré la tête
les bons apôtres :
ils se battraient pour la Nation
Mais ils n’étaient rien que les pions
d’un échiquier géant
dont les joueurs étaient seuls maîtres
Chair à canon
ils ont été déchiquetés
les bruns, les blonds
les bleus, les gris
Leur sang était le même
Dans leur âme et dans leur corps
à tout jamais meurtris
tous ceux qui ne sont pas tombés
au champ d’horreur
en criant : « Maman ! »
Il y a toujours une guerre quelque part
Quand comprendrons-nous ?
Quand comprendrons-nous ?
(Béatrice Bastiani-Helbig)
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Posted by arbrealettres sur 4 juin 2021
Illustration: Karamba Dramé
AUX TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS MORTS POUR LA FRANCE
Voici le Soleil
Qui fait tendre la poitrine des vierges
Qui fait sourire sur les bancs verts les vieillards
Qui réveillerait les morts sous une terre maternelle.
J’entends le bruit des canons — est-ce d’Irun?
On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu.
Vous mes frères obscurs, personne ne vous nomme.
On promet cinq cent mille de vos enfants à la gloire des
futurs morts, on les remercie d’avance futurs morts
obscurs
Die Schwarze schande !
Écoutez-moi, Tirailleurs sénégalais, dans la solitude de la terre noire et de la mort
Dans votre solitude sans yeux sans oreilles, plus que dans ma peau sombre au fond de la Province
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre vous, comme jadis dans la tranchée jadis dans les palabres du village
Écoutez-moi, Tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles et sans yeux dans votre triple enceinte de nuit.
Nous n’avons pas loué de pleureuses, pas même les larmes de vos femmes anciennes
— Elles ne se rappellent que vos grands coups de colère, préférant l’ardeur des vivants.
Les plaintes des pleureuses trop claires
Trop vite asséchées les joues de vos femmes, comme en saison sèche les torrents du Fouta
Les larmes les plus chaudes trop claires et trop vite bues au coin des lèvres oublieuses.
Nous vous apportons, écoutez-nous, nous qui épelions vos noms dans les mois que vous mouriez
Nous, dans ces jours de peur sans mémoire, vous apportons l’amitié de vos camarades d’âge.
Ah ! puissé-je un jour d’une voix couleur de braise, puissé-je chanter
L’amitié des camarades fervente comme des entrailles et délicate, forte comme des tendons.
Écoutez-nous, Morts étendus dans l’eau au profond des plaines du Nord et de l’Est.
Recevez ce sol rouge, sous le soleil d’été ce sol rougi du sang des blanches hosties
Recevez le salut de vos camarades noirs, Tirailleurs sénégalais
MORTS POUR LA RÉPUBLIQUE !
Tours, 1938.
(Léopold Sédar Senghor)
Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
Traduction:
Editions: Points
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Posted in poésie | Tagué: (Léopold Sédar Senghor), ancien, apporter, ardeur, écouter, épeler, banc, blanc, boire, braise, bruit, camarade, canon, chaleur, chanter, chaud, clair, colère, coucher, couleur, enceinte, enfant, entendre, entrailles, femme, fleurir, fort, France, frère, futur, gloire, hostie, inconnu, larme, lèvres, louer, maternel, mémoire, mort, mourir, noir, nom, nommer, nuit, obscur, oreille, oubliux, palabre, peau, personne, peur, plaine, plainte, pleureuse, poitrine, préférer, promettre, réchauffer, réveiller, remercier, rougir, saison, salut, sénégalais, sec, sol, soldat, soleil, solitude, sombre, sourire, tendon, tendre, terre, tirailleur, tombe, torrent, tranchée, vieillard, vierge, village, vivant, voix, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2020
Une fois grimpées les pentes de la tranchée
Nous fûmes à la hauteur des coupes blanches
Des poteaux télégraphiques et des fils grésillants.
Comme de beaux déliés, ils ondulaient à perte de vue
A l’est et à l’ouest, s’incurvant
Sous leur fardeau d’hirondelles.
Nous étions petits et pensions ne rien savoir
D’intéressant. Nous pensions que les mots parcouraient les fils
Dans les poches scintillantes des gouttes de pluie,
Chacune ensemencée de la lumière
Du ciel, du miroitement des lignes, et de nous-mêmes
A une échelle si infinitésimale
Que nous aurions pu passer par le chat d’une aiguille
(Seamus Heaney)
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Posted in poésie | Tagué: (Seamus Heaney), aiguille, chemin de fer, enfant, ensemence, goutte, grésiller, grimper, infinitésimale, lumière, onduler, parcourir, petit, pluie, poteaux, s'incurver, scintiller, tranchée | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2019
Recueil: Paris … en haïku et en brèves
Traduction:
Editions: La Simarre
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Posted in poésie | Tagué: (Max Olivier Bizeau), bras, fleur, hors, mort, printanier, tranchée | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2019

Illustration
DANS LE DEMI-SOMMEIL
Je veille la nuit violentée
L’air est criblé
comme une dentelle
par les coups de fusil
des hommes
renfoncés
dans les tranchées
comme les escargots dans leur coquille
Il me semble
qu’une ahanante
tourbe de cantonniers
pilonne le pavé
de pierre de lave
de mes routes
et je l’écoute
sans voir
dans le demi-sommeil
(Giuseppe Ungaretti)
Recueil: Vie d’un homme Poésie 1914-1970
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 27 septembre 2019

Illustration
Ce noir qui remonte
Les trous d’obus les fosses
les tranchées et les tombes
sont les lieux de naissance privilégiés
du coquelicot
de même que les blessures les non-dits
les plaies et les silences
sont les nurseries habituelles
du poème
voilà le véritable mouvement
de la lumière
ce noir qui remonte
de tout au fond du monde
et fait pousser les fleurs
(Thomas Vinau)
Recueil: Juste après la pluie
Traduction:
Editions: Alma
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Thomas Vinau), coquelicot, fleur, fond, fossé, lieu, lumière, monde, mouvement, naissance, noir, non-dit, nurserie, obus, plaie, poème, pousser, privilégié, remonter, silence, tombe, tranchée, trou, véritable | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 juin 2017

Histoire de la Nonne
Rebroussée par un vent brutal,
sa chevelure lui tomba
sur le visage,
l’aveugla, l’enivra.
C’était avril,
le temps des rages,
des errances.
La nuit soufflait des spectres,
de grandes mains mouvaient
des ombres de caresses.
Les yeux fermés,
dans le désir,
elle embrassa le vent,
vacante, s’égara,
connut la griffe,
la morsure,
enfin vit se lever
au plus obscur
un oeil géant.
Alors la chevelure fut tranchée,
le front voilé,
le corps serré dans un fourreau de glace.
(Jean Joubert)
Illustration: Paul Hoecker
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Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2016
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Gilbert Langevin), âme, fisc, fraude, humain, jour, poème, préparer, tranchée, tricher | 2 Comments »