… pour tromper l’attente éternelle
elle chante seule
le chant nuptial
qui vit dans sa rose poitrine
(Jean Follain)
Posted by arbrealettres sur 10 mars 2023
… pour tromper l’attente éternelle
elle chante seule
le chant nuptial
qui vit dans sa rose poitrine
(Jean Follain)
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Posted by arbrealettres sur 18 février 2023
Illustration: Erich Heckel
En travaillant la terre
Le vieux est là
Muet comme une souche
Il attend que le nuage passe
Ses outils sont comme des promesses
Un supplément de force
Malgré les années
Chaque muscle est à sa place
Pour faucher
Bêcher
Ratisser
Je regarde ma main
Pas un pli
La finesse des doigts qui ne trompe pas
Elle n’a donc servi à rien
Le vieux ne me le dit pas
Trop brave
Sa poigne montre l’exemple
Mes pas deviennent les siens
Je suis vite à la traîne
Sans un mot
Le voilà qui porte deux fois plus que moi
J’ai vu la ville de près ses fulgurances
Ses éclats mystiques
Ses passions au rabais
Rastignac du pauvre
J’ai croisé le fer avec elle
Ne blessant que moi-même
Le vieux n’a rien vu lui
Aucune lutte
Une simple ligne d’horizon
Des remparts de forêts sous un ciel vide
Il ne goûtera jamais à l’ennui qui élève
Aux délices de la foule
Son champ sera sa seule ivresse
Et pourtant lui en a palpé de la terre
Sué pour la rendre fertile
Son nom restera une empreinte
Que laisserai-je dans le bitume ?
Des projets froissés
Des rêves léthargiques…
Au loin je vois des tours
Les murs se rapprochent
Que restera-t-il du vieux
Quand même les arbres alentour seront maigres comme mes dix doigts ?
(Grégory Rateau)
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Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023
Illustration: Fred Einaudi
ON SORT ET ON ENTRE…
On sort et on entre
On entre et on sort
On change de ventre
C’est là notre sort.
Maternelle terre
Ventre maternel
Ô double lumière
De notre tunnel.
De ventre je change
L’un l’autre m’aimant
Le dernier nous mange
Maternellement.
D’une nuit en route
Vers une autre nuit
La joyeuse voûte
Trompe notre ennui.
Trop de solitude
Ne m’a pas ôté
Ma vieille habitude
De l’éternité.
(Jean Cocteau)
Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points
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Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022
Illustration: Shan Sa
La course grinçante de la charrette
La vieille charrette pousse ses lamentations stridentes le long du chemin ocre
Et laisse derrière elle des sillons de poussière dans le soir venu.
Un couple l’encadre d’efforts ; il pousse, elle tire.
Où conduiront leurs pas lourds qui les éloignent du foyer ?
La faim ne se laisse pas tromper par les feuilles d’orme que nous mangeons.
Nous espérons une terre qui nous donnera un peu de riz.
La main glacée du vent agite les joncs desséchés.
Mais voilà que surgit au loin une ancienne demeure.
Ils auront peut-être gardé pour l’étranger un coin de table.
La porte est muette, la salle est vide, le feu et la marmite absents.
Ils hésitent sur le seuil ouvert de la route désertée ;
Une pluie de larmes inonde leurs joues creuses.
(Chen Zilong)
(1608-1647)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2022
Tu vas chercher du pain
Tu vas chercher de l’eau
Tu vas chercher des feuilles et des oiseaux pour le jardin
Et du jour pour qu’il soit midi
Et du ciel pour tromper l’hiver
Tu ramènes aussi des fruits des couleurs une rivière
Des paroles ordinaires dites les jours ordinaires
Tous les bruits de la ville et le vent de la mer
Des fleurs un chat des livres
Des enfants
(Bernard Ruhaud)
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Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2021
La joie que donne ce chant
est le signe indubitable de la vraie pureté.
Celui qui l’écoute en estime immédiatement le haut prix.
Son accent ne peut tromper
et rend toute analyse inutile.
(Gérard Bocholer)
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Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2020
La guenon, le singe et la noix
Une jeune guenon cueillit
Une noix dans sa coque verte ;
Elle y porte la dent, fait la grimace… ah ! Certes,
Dit-elle, ma mère mentit
Quand elle m’assura que les noix étaient bonnes.
Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes
Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !
Elle jette la noix. Un singe la ramasse,
Vite entre deux cailloux la casse,
L’épluche, la mange, et lui dit :
Votre mère eut raison, ma mie :
Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.
Souvenez-vous que, dans la vie,
Sans un peu de travail on n’a point de plaisir.
(Jean-Pierre Claris de Florian)
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Claris de Florian), assurer, éplucher, bon, caillou, casser, coque, croire, dent, discours, fruit, goût, grimace, guenon, jeter, jeunesse, manger, mère, mentir, noix, ouvrir, personne, plaisir, ramasser, se souvenir, singe, travail, tromper, vert, vie, vieux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020
Un amateur d’oiseaux avait, en grand secret,
Parmi les œufs d’une serine
Glissé l’œuf d’un chardonneret.
La mère des serins, bien plus tendre que fine,
Ne s’en aperçut point, et couva comme sien
Cet œuf qui dans peu vint à bien.
Le petit étranger, sorti de sa coquille,
Des deux époux trompés reçoit les tendres soins,
Par eux traité ni plus ni moins
Que s’il était de la famille.
Couché dans le duvet, il dort le long du jour
À côté des serins dont il se croit le frère,
Reçoit la béquée à son tour,
Et repose la nuit sous l’aile de la mère.
Chaque oisillon grandit, et, devenant oiseau,
D’un brillant plumage s’habille ;
Le chardonneret seul ne devient point jonquille,
Et ne s’en croit pas moins des serins le plus beau.
Ses frères pensent tout de même :
Douce erreur qui toujours fait voir l’objet qu’on aime
Ressemblant à nous trait pour trait !
Jaloux de son bonheur, un vieux chardonneret
Vient lui dire : il est temps enfin de vous connaître ;
Ceux pour qui vous avez de si doux sentiments
Ne sont point du tout vos parents.
C’est d’un chardonneret que le sort vous fit naître.
Vous ne fûtes jamais serin : regardez-vous,
Vous avez le corps fauve et la tête écarlate,
Le bec… oui, dit l’oiseau, j’ai ce qu’il vous plaira,
Mais je n’ai point une âme ingrate,
Et mon cœur toujours chérira
Ceux qui soignèrent mon enfance.
Si mon plumage au leur ne ressemble pas bien,
J’en suis fâché, mais leur cœur et le mien
Ont une grande ressemblance.
Vous prétendez prouver que je ne leur suis rien,
Leurs soins me prouvent le contraire.
Rien n’est vrai comme ce qu’on sent.
Pour un oiseau reconnaissant
Un bienfaiteur est plus qu’un père.
(Jean-Pierre Claris de Florian)
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Pierre Claris de Florian), aile, amateur, âme, écarlate, époux, étranger, béquée, beau, bec, bienfaiteur, bonheur, briller, chardonneret, chérir, coeur, connaître, contraire, coquille, corps, coucher, couver, devenir, doux, duvet, enfance, erreur, famille, fauve, fin, frère, glisser, grandir, ingrat, jaloux, jonquille, mère, naître, nuit, objet, oeuf, oiseau, oisillon, parent, père, plaire, plumage, prétendre, prouver, recevoir, reconnaissant, reposer, ressemblance, ressembler, s'apercevoir, s'habiller, se croire, secret, sentiment, sentir, serin, soigner, soin, tête, tendre, trait, traiter, tromper, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2020
Amina Saïd
je n’ai pas choisi…
je n’ai pas choisi de naître
mais je dois accepter et la vie et la mort
je n’ai pas choisi le jour l’heure le lieu
ou l’époque de ma venue au monde
ni choisi le nom que je porte
ou mon sexe ou la couleur de mes yeux
mais faire des prédictions cela je l’ai voulu
j’espère et désespère dans le même temps
je fais des rêves étranges qui chassent le sommeil
j’ai des moments de long silence
puis les mots se bousculent sur mes lèvres
il est pénible de ne pas être entendue
ma parole n’est pourtant pas trompeuse
elle est dans la douleur du monde
il me faut garder une vision limpide
parler le langage de l’âme
qui est lumière et sagesse
sans quoi la stupeur et le désarroi
me rendront muette à jamais
je suis née femme ma parole
est dans la douleur du monde
(Amina Saïd)
Posted in poésie | Tagué: (Amina Saïd), accepter, à jamais, âme, époque, étrange, chasser, choisir, couleur, désarroi, désespérernrêve, douleur, entendre, espérer, femme, garder, heure, jour, langage, lieu, limpide, long, lumière, monde, mort, muet, naître, nom, parler, parole, pénible, porter, prdire, rendre, sagesse, sexe, silence, sommeil, stupeur, tromper, venir, vie, vision, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 août 2020
Chanson de la côte
Voici rentrer l’officier de marine,
Il a des favoris noirs.
Le vent de mer a gonflé sa narine,
Il dit combien de vaisseaux il a pris.
Voici rentrer l’officier de marine,
Il a deux beaux galons d’or.
Il veut surprendre, au logis, Mathurine
Sa femme, son plus précieux trésor.
Voici rentrer l’officier de marine,
Il veut revoir sa maison,
Son lard qui sèche et ses sacs de farine,
Ses pommiers lourds de pommes à foison.
Repars bien vite, officier de marine,
Tes pommiers on a coupé,
Tes sacs vidés, ton lard frit. Mathurine,
Avec des gens de la terre, t’a trompé.
Repars bien vite, officier de marine,
Pour un voyage bien long.
Tes favoris seront blancs, ta narine
Sera ridée au troisième galon.
(Charles Cros)
Posted in poésie | Tagué: (Charles Cros), côte, chanson, coupe, farine, femme, galon, lard, logis, marine, mer, narine, pomme, pommier, surprendre, trésor, tromper, vaisseau, voyage | Leave a Comment »