Alors la trompette retentira à toutes les portes de la ville
Et des oiseaux s’envoleront au bruit des fanfares.
Ils voleront longtemps au-dessus de la ville
Et, quand ils se poseront,
Déjà nous reposerons
Heureux, joyeux, le coeur contenté,
Dormant dans la nuit qui précédera le premier lever de soleil du bonheur retrouvé.
En vain, le jour adverse évoque ceux qui tombent
Et dont la chute, au loin, dans l’âme nous répond :
En vain, le fleuve nu prépare sous ses ponts
Un départ, sans adieux, d’irrésistibles tombes ;
En vain, pour dévoyer mon effort qui succombe,
La noire Faim suspend de périlleux balcons
Sur les galets battus de rêves inféconds ;
En vain, l’amer chagrin réprimé vire en trombe ;
Demain paraît ! Demain ! jour où, sur plus d’un front,
Tournants et lumineux, mes pas s’affermiront,
Où d’un geste, arrachant des trompettes à l’ombre
Pour déployer mes cris jusqu’au suprême azur,
Comme une horde dense au milieu des décombres,
Je pousserai mes vers sur le monde futur.
aujourd’hui je vais vous dire
c’est la quarantième nuit d’octobre
je vais vous dire la pluie
elle coule coule coule des yeux d’un enfant
elle renifle elle chuinte elle gargouille
la pluie qui mouille l’intérieur de mes os
la pluie qui trie les chants d’oiseaux
dans les trompettes bouchées de mon cerveau
aujourd’hui je vais vous dire
Un jour j’étais couché sur maigre touffe d’herbe
Naturellement j’imaginais ma mort dans cette posture
Un autre jour j’étais à l’écoute du ciel
Et je riais de ses hôtes et de leurs trompettes pour rien
Sur maigre touffe d’herbe
Parle un fantôme
Tu m’avais dit que je verrais les anges
Au fond du ciel !
Je n’aperçois que d’autres touffes de buée
Puis plus rien
Que peut faire un mortel de sa voix mortelle
Si le gouffre est plein d’ailes que je ne vois pas
O sainte guerre!
Dormir sur l’herbe comme un mort
Voyager dans chaque heure avec l’idée de mon
fantôme
Braver le concert des témoins d’en haut
Manger de l’os sous la pulpe
De la cendre humide sous l’herbe humide de la seule
Rosée!
Ce qui enveloppa le monde pour finir,
ce fut un grand ricanement.
Ricanement d’une résonance profonde.
On sentait que ça venait de loin et que ça irait partout.
Mais savoir qui ricanait : le créateur, le destructeur ?
Absolument impossible à dire.
En tout cas,
ce fut déprimant pour ceux qui attendaient
la juste trompette des anges.
Quand à regarder l’horizon
Ma volonté de crier
Etait le son d’une trompette,
Je sentais que la pierre
Etait mon coeur, le soleil
Bruyant sur ma joue.
Il est plus cher à ma vie à présent
De penser que je suis seul à souffrir:
Plus tard, cette illusion
Passera. A grand peine
Je désespère de mon bonheur,
Un jour comme celui-ci, riche
De fortes sonneries, une heure
Pleine de charité.