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Poésie

Posts Tagged ‘truc’

Le truc (Jacques Dupin)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2023


into_the_wild

le truc
c’est de bifurquer

(Jacques Dupin)

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Bidon (Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2023




    
Bidon

Elle croyait qu’j’étais James Dean,
américain d’origine – le fils de Buffalo Bill,
Alors admiration

Faut dire qu’j’avais la chemise à carreaux,
la guitare derrière dans l’dos
Pour faire le cow-boy très beau
Mais composition

Elle me parlait anglais tout l’temps
J’lui répondais 2, 3 mots bidon
Des trucs entendus dans des chansons,
Consternation

Elle croyait qu’j’étais coureur,
qu’j’arrivais des 24 heures
Avec mon casque en couleur,
Alors admiration

J’lui disais drapeau à damiers dérapage bien contrôlé
Admirateurs fascinés,
Télévision

Elle me dit partons à la mer, dans ton bolide fendons l’air
Elle passe pas l’80 ma traction,
Consternation

J’suis mal dans ma peau en coureur très beau
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis qu’un mec à frime, bourré d’aspirine
And I just go with my pince à vélo

J’suis bidon, j’suis bidon
Elle croyait qu’j’étais chanteur,
incognito voyageur, tournées, sonos, filles en pleurs,
Alors admiration

Faut dire qu’j’avais des talons aiguilles,
le manteau d’lapin d’une fille
Des micro-bracelets aux chevilles,
Exhibition

Elle me dit chante moi une chanson
J’ai avalé 2, 3 maxitons
Puis j’ai bousillé « Satisfaction »,
Consternation

J’suis mal dans ma peau en chanteur très beau
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis qu’un mec à frime bourré d’aspirine
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon

J’habite chez ma grand-mère, derrière le garde-barrière
And I just go with ma pince à vélo
Je suis bidon, je suis bidon
J’suis mal dans ma peau en chanteur très beau
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon

J’suis mal dans ma peau en coureur très beau
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
Je suis qu’un mec à frime, bourré d’aspirine
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon

J’habite chez ma grand-mère, derrière le garde-barrière
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis bidon

(Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

 

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Il pleut en amour (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
Il pleut en amour

Je ne sais pas ce qui se passe,
mais je ne me fais pas confiance
quand je commence à beaucoup aimer
une fille.

Ça me rend nerveux.
Je ne dis pas ce qu’il faut
ou peut-être que je commence
à examiner,
évaluer,
calculer
ce que je suis en train de dire.

Si je dis : « Tu crois qu’il va pleuvoir ? »
et qu’elle me dit : « Je ne sais pas », je me mets
à gamberger : je lui plais vraiment ?

Autrement dit
je deviens un peu lourd.

Un de mes amis a dit un jour :
« C’est vingt fois mieux d’être ami
avec quelqu’un
plutôt que d’en tomber amoureux. »

Il a raison, à mon avis, et à côté de ça
il pleut quelque part,
ça programme des fleurs
et ça rend les escargots heureux.
Tout ça, c’est réglé.

MAIS

Si une fille m’aime beaucoup
et commence à être vraiment nerveuse
et soudain se met à me poser de drôles de questions
et a l’air triste si je donne les mauvaises réponses
et me dit des trucs du style :
« Tu crois qu’il va pleuvoir ? »
et que je dis : « Je n’en sais rien »
et qu’elle dit : « Oh »,
et prend son petit air triste pour regarder
le ciel bleu clair de Californie,
je pense : Dieu merci, c’est toi, baby, cette fois-ci,
et non pas moi.

***

It’s Raining in Love

I don’t know what it is,
but I distrust myself
when I start to like a girl
a lot.

It makes me nervous.
I don’t say the right things
or perhaps I start
to examine,
evaluate,
compute
what I am saying.

If I say, « Do you think it’s going to rain? »
and she says, « I don’t know »,
I start thinking: Does she really like me?

In other words
I get a little creepy.

A friend of mine once said,
« It’s twenty times better to be friends
with someone
than it is to be in love with them. »

I think he’s right and besides,
it’s raining somewhere,
programming flowers
and keeping snails happy.
That’s all taken care of.

BUT

if a girl likes me a lot
and starts getting real nervous
and suddenly begins asking me funny questions
and looks sad if I give the wrong answers
and she says things like,
« Do you think it’s going to rain? »
and I say, « It beats me »,
and she says, « Oh »,
and looks a little sad
at the clear blue California sky
I think: Thank God, it’s you, baby, this time
instead of me.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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Nous y voilà, nous y sommes ! (Fred Vargas)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2020




    
Nous y voilà, nous y sommes !

Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes.

Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal.
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance.

Nous avons chanté, dansé.

Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine.

Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air,
nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde,
nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche,
nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés.

On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles,
comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre,
déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome,
enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.

Franchement on s’est marrés.

Franchement on a bien profité.

Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses
que de biner des pommes de terre.

Certes.

Mais nous y sommes.

A la Troisième Révolution.

Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie.

« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.

Oui.

On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.

C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies.

La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.

De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau.

Son ultimatum est clair et sans pitié :

Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).

Sauvez-moi, ou crevez avec moi.

Evidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux.

D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance.

Peine perdue.

Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.

Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs,
éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin,
relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, (attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille)
récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines,
on s’est quand même bien marrés).

S’efforcer. Réfléchir, même.

Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.

Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde.

Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.

Pas d’échappatoire, allons-y.

Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante.

Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible.

A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie, une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut être.

A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.

A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

(Fred Vargas)

Fred Vargas – 7 novembre 2008 – EuropeEcologie.fr

Lu mise en musique par Philippe Torreton et Richard Kolinka
https://twitter.com/elsaboublil/status/1253749194910838785?s=20

 

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Le schmilblck (Guillaume Siaudeau)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2019




    
Le schmilblck

C’est pas le genre de truc
à pousser
dans les arbres
ni à tomber du ciel
D’ailleurs on en voit
de moins en moins
traverser les coeurs et
les poèmes

(Guillaume Siaudeau)

 

Recueil: Inauguration de l’ennui
Traduction:
Editions: Alma

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La poésie (Julien Delmaire)

Posted by arbrealettres sur 29 août 2018



Grand Corps Malade   
    
[…]

Ce feu-là nous l’avons perdu
Oublié trahi renié
Parfois lorsque la mélancolie gerce nos habitudes
Un goût de métal froid se mêle à la salive
Les mots s’entrechoquent dans nos bouches
Mais rien ne sort
Rien ou juste un truc
Un truc pas net
Pas correct
Pas propre
Pas poli
Pas convenu
Pas convenable

Ce truc c’est la poésie

La poésie c’est le mot qui brûle
C’est l’enfance rendue à sa révolte…

(Julien Delmaire)

 

Recueil: Turbulences
Traduction:
Editions: Le temps des cerises

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RUE CHOSE (Raymond Queneau)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2017




    
RUE CHOSE

Il y a trois escafilottes
trois escarbeilles
trois escasses
trois escaumes
trois escaupilles
trois esquipots
trois estamenaires
trois éteufs
trois étibois
trois etnettes
trois étresses
trois éventions
soit trente-six trucs
dans la rue de la rue de la rue
qu’on ne parvient pas à nommer

(Raymond Queneau)

 

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Pivoines (Jim Harrison)

Posted by arbrealettres sur 9 juin 2016



Pivoines

Les pivoines, accablées de beauté,
s’inclinent vers le sol. J’avais espéré
qu’elles vivraient toujours mais très lentement
de jour en jour elles deviennent le terreau de leur naissance
et dégagent une faible puanteur déliquescente.
En juin prochain elles se souviendront de renaître,
un petit truc que nous avons appris, ou pas.

***

Peonies

The peonies, too heavy with their beauty,
slump to the ground. I had hoped
they would live forever but ever so slowly
day by day they´re becoming the soil of their birth
with a faint tang of deliquescence about them.
Next June they´ll somehow remember to come alive again,
a little trick we have or have not learned.

(Jim Harrison)

 

 

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Synchronicité (Raymond Moretti)

Posted by arbrealettres sur 5 mai 2016



univers esprit jp

Synchronicité

Tu vois, ce que je trouve encore plus extraordinaire,
c’est quand parfois il t’arrive des trucs aussi énormes,
et c’est au service du rien

c’est juste l’univers qui te montre
comment il fonctionne

(Raymond Moretti)

 

 

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