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Quand parviendra-t-il à comprendre (Pûran Singh)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2021




    
Quand parviendra-t-il à comprendre

Nuit et jour
Il
Ne cessa de lutter
Avec les briques, le ciment, les pierres
Ne cessa de bâtir les maisons, les palais, les belles demeures des gens
Mais
Jamais il ne put fabriquer sa propre maison
Oui,
Il éleva ses enfants
Avec le blé, le riz et les légumineuses
Qu’il ramenait dans le pan de sa tunique
Il les fit éduquer et
Rêva
De les voir devenir de grands hommes.
Le rêve se réalisa
Ses enfants eurent des maisons, des palais, de belles demeures
En les contemplant
Il
Se mit à vaciller de joie
Et alla au temple
Commença à baiser les pieds
Des divinités qui s’y tenaient.
Je
Pleurai
Sur cette coutume qu’il avait faite sienne
Quand
Parviendra-t-il à comprendre
La différence entre les divinités du temple
Et
Ses efforts?

(Pûran Singh)

 

Recueil: Pour une poignée de ciel Poèmes au nom des femmes dalit (Intouchable)
Traduction: Traduit du Hindi par Jiliane Cardey
Editions: Bruno Doucey

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RÊVERIE EN REGARDANT LA LUNE (Zhang Jiuling)

Posted by arbrealettres sur 16 juin 2021



    

RÊVERIE EN REGARDANT LA LUNE

De la mer sombre, calme,
surgit le clair de lune.
Chez toi, à l’autre bord du ciel,
il s’épanouit aussi, en cet instant.
Que longues sont les nuits solitaires,
quand on aime !
Jusqu’à l’aube
le coeur languit de désir…
Inondé de lumière,
j’éteins la chandelle,
transi de rosée,
je revêts ma tunique.
Mes mains, comme vous êtes vides,
vides sans mesure !
Que le sommeil vienne,
et que nos rêves
nous réunissent…

(Zhang Jiuling)

 

Recueil: Neige sur la montagne du lotus Chants et vers de la Chine ancienne
Traduction: Ferdinand Stočes
Editions: Picquier poche

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Retouche au remords (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2020



 

Roger Suraud_Venise   [1280x768]

retouche au remords

dans la Venise intime
où tant de corps arqués
relient d’autant de ponts
les quartiers de mon coeur
passe une ombre à cheveux blancs
sa tunique
serrée d’une contenance d’or

(Daniel Boulanger)

Illustration: Roger Suraud

 

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TROP A L’ÉTROIT (Anne Hébert)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020



TROP A L’ÉTROIT

Trop à l’étroit dans le malheur, l’ayant
crevé comme une vieille peau

Vieille tunique craque aux coutures,
se déchire et se fend de bas en haut

L’ayant habité à sueur et à sang,
vétuste caverne où s’ébrèche l’ombre du soleil

Ayant épuisé de tristes amours, la
vie en rond, le coeur sans levain

Nous sommes réveillés un matin,
nus et seuls sur la pierre de feu

Et la beauté du jour nous trouva
sans défense, si vulnérables et doux de larmes

Qu’aussitôt elle nous coucha en
joue comme des fusillés tranquilles.

(Anne Hébert)

 

 

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Nue (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 10 septembre 2019




    
Nue

Ôte tes habits, laisse tomber le voile.
Couvre-toi seulement de ta robe de beauté nue,
Tenue d’une demoiselle céleste vêtue de lumière.
Forme plantureuse tel un lotus épanoui,
Un festin de la vie, de la jeunesse et de la grâce.
Apparais et tiens-toi seule dans la merveille qu’est ce monde.
Laisse envahir tes membres par le clair de la lune,
Laisse envahir tes membres par les caresses du zéphyr,
Plonge dans l’infini bleu de ton ciel
Telle la Nature nue toute parsemée d’étoiles.
Atanu’ peut dissimuler sa face dans le pli de sa tunique,
La tête baissée, honteux du corps fleuri.
Invite l’aube immaculée jusqu’à chez l’homme,
Virginité éhontée toute blanche et nue.

***

Nude

Shed your garments, drop the veil.
Be just clad in naked beauty’s robe
Attire of a heaven-lass dressed in light.
The buxom body like a full-blossomed lotus,
A feast of life and youth and grace.
Come and stand alone in the wonder, this world.
Let permeate your limbs with the beams of your moon,
Let permeate your limbs with zephyr’s caress.
Plunge into the infinite blue of the sky
Like naked Nature spangled with stars.
Let Atanu’ conceal his face with his tunic’s fold,
With bended head ashamed of the body’s bloom.
Invite immaculate dawn at men’s abode,
Shameless virginity, white, naked.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: Tantôt Dièse, Tantôt Bémol
Traduction: Prithwindra Mukherjee
Editions: Shahitya Prakash

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LES DANSES AU CLAIR DE LUNE (Pierre Louÿs)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2018



Illustration: William Blake
    

LES DANSES AU CLAIR DE LUNE

Sur l’herbe molle, dans la nuit,
les jeunes filles aux cheveux de violettes ont dansé toutes ensemble,
et l’une de deux faisait les réponses de l’amant .

Les vierges ont dit : « Nous ne sommes pas pour vous. »
Et comme si elles étaient honteuses, elles cachaient leur virginité.
Un aegipan jouait de la flûte sous les arbres.

Les autres ont dit : « Vous nous viendrez chercher. »
Elles avaient serré leurs robes en tunique d’homme,
et elles luttaient sans énergie en mêlant leurs jambes dansantes.

Puis chacune se disant vaincue,
a pris son amie par les oreilles comme une coupe par les deux anses,
et, la tête penchée, a bu le baiser.

(Pierre Louÿs)

 

Recueil: Les chansons de Bilitis
Traduction:
Editions: Gallimard

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LES COMPARAISONS (Pierre Louÿs)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2018



    

LES COMPARAISONS

Bergeronnette, oiseau de Kypris , chante avec nos premiers désirs !
Le corps nouveau des jeunes filles se couvre de fleurs comme la terre.
La nuit de tous nos rêves approche et nous en parlons entre nous.

Parfois nous comparons ensemble nos beautés si différentes,
nos chevelures déjà longues, nos jeunes seins encore petits,
nos pubertés rondes comme des cailles et blotties sous la plume naissante.

Hier, je luttai de la sorte contre Melanthô mon aînée.
Elle était fière de sa poitrine qui venait de croître en un mois,
et, montrant ma tunique droite, elle m’avait appelée Petite Enfant.

Pas un homme ne pouvait nous voir, nous nous mîmes nues devant les filles,
et, si elle vainquit sur un point, je l’emportai de loin sur les autres.
Bergeronnette, oiseau de Kypris, chante avec nos premiers désirs !

(Pierre Louÿs)

 

Recueil: Les chansons de Bilitis
Traduction:
Editions: Gallimard

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IMPATIENCE (Pierre Louÿs)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2018



Illustration: Odilon Redon
    
IMPATIENCE

Je me jetai dans ses bras en pleurant,
et longtemps elle sentit couler mes larmes chaudes sur son épaule,
avant que ma douleur me laissât parler :

« Hélas Ah! je ne suis qu’une enfant; les jeunes hommes ne me regardent pas.
Quand aurai-je comme toi des seins de jeune fille
qui gonflent la robe et tentent le baiser ?

« Nul n’a les yeux curieux si ma tunique glisse ;
nul ne ramasse une fleur qui tombe de mes cheveux ;
nul ne dit qu’il me tuera si ma bouche se donne à un autre. »

Elle m’a répondu tendrement :
« Bilitis, petite vierge, tu cries comme une chatte à la lune et tu t’agites sans raison.
Les filles les plus impatientes ne sont pas les plus tôt choisies. »

(Pierre Louÿs)

 

Recueil: Les chansons de Bilitis
Traduction:
Editions: Gallimard

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Je suis sortie dans la forêt (Pierre Louÿs)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2018



Illustration: Pierre-Auguste Renoir
    
Je suis sortie dans la forêt,
je me suis assise au bord d’une source verte,
j’ai relevé ma tunique et j’ai écarté les cuisses
pour regarder ma vulve dans l’eau et pour la comparer aux choses.

Tout de suite, j’ai vu qu’elle était si belle
que pas une merveille de la forêt n’était merveilleuse autant qu’elle.
Elle semblait flotter sous l’eau comme une bête de chair molle.

En vain j’aurais cherché une fleur aussi douce qu’elle était douce,
aussi rouge qu’elle était chaude.
En vain j’aurais cherché un petit caillou rose
aussi dur qu’était mon bouton.

Mais la source me rendit jalouse.
Et je m’écriai en me couchant dans l’herbe :
« Oh ! qu’il vienne l’amant dont la bouche arrache à mon ventre
plus d’eau ruisselante qu’il n’en bouillonne de cette source. »

(Pierre Louÿs)

 

Recueil: Les chansons de Bilitis
Traduction:
Editions: Gallimard

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Trop à l’étroit dans le malheur (Anne Hébert)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2018



Trop à l’étroit dans le malheur, l’ayant crevé comme une vieille peau
Vieille tunique craque aux coutures, se déchire et se fend de bas en haut
L’ayant habité à sueur et à sang, vétuste caverne où s’ébrèche l’ombre du soleil
Ayant épuisé de tristes amours, la vie en rond, le cœur sans levain
Nous sommes réveillés un matin, nus et seuls sur la pierre de feu
Et la beauté du jour nous trouva sans défense, si vulnérables et doux de larmes
Qu’aussitôt elle nous coucha en joue comme des fusillés tranquilles.

(Anne Hébert)

Illustration: Janusz Orzechowski

 

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