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L’ORDRE (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022



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L’ORDRE

L’écolier qui balayait la classe
à tour de rôle était choisi
alors il restait seul
dans la crayeuse poussière
près d’une carte du monde
que la nuit refroidissait
quelquefois il s’arrêtait, s’asseyait
posant son coude sur la table aux entailles
inscrit dans l’ordre universel.

(Jean Follain)

Illustration

 

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Âme dans l’Ignorance (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2021



    

Âme dans l’Ignorance

Âme dans l’Ignorance, éveille-toi de sa stupeur.
Flammèche du feu-du-monde, étincelle de Divinité,
exalte ton mental et ton coeur dans la splendeur.
Soleil dans l’obscurité, recouvre ton éclat.
Une, universelle, embrassant la création,
cesse de tourner sur la roue avec l’inconsciente Nature,
sens-toi née de Dieu, connais-toi immortelle.
Hors du temps, recouvre ton existence éternelle.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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Au terme du temps, dans le naufrage de l’espace que restera-t-il ? (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2021




    

Au terme du temps, dans le naufrage de l’espace que restera-t-il ?

Au terme du temps, dans le naufrage de l’espace que restera-t-il ?
Les coeurs jadis vivants,
le charme et la beauté d’un visage ?
Non, ceux-ci seront saufs au sein de l’Un,
l’homme devenu dieu,
les esprits universels –
rien ne finit, tout n’a que commencé.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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La carpe et les carpillons (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020




    
La carpe et les carpillons

Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l’épervier, plus dangereux encor.
C’est ainsi que parlait une carpe de Seine
À de jeunes poissons qui l’écoutaient à peine.
C’était au mois d’avril ; les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes ;
Le fleuve enflé par eux s’élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! Ah ! Criaient les carpillons,
Qu’en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse ;
Regarde : on ne voit plus que les eaux et le ciel,
Les arbres sont cachés sous l’onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C’est le déluge universel.
Ne croyez pas cela, répond la vieille mère ;
Pour que l’eau se retire il ne faut qu’un instant.
Ne vous éloignez point, et, de peur d’accident,
Suivez, suivez toujours le fond de la rivière.
Bah ! Disent les poissons, tu répètes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s’en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu’arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? Je le sais trop, hélas !
C’est qu’on se croit toujours plus sage que sa mère,
C’est qu’on veut sortir de sa sphère,
C’est que… c’est que… je ne finirais pas.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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HOMMAGE AU SOUFFLE (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2020



 

Harumi Asada  ed3_z

HOMMAGE AU SOUFFLE

Tu t’avances pour lire
et les mots se reflètent sur ton visage
le désir prie toujours
même quand la langue se tait
tu t’avances
comme un frère universel
contre le bourdonnement du Grand Malheur
contre les dressages intensifs
tu le sais
chaque rose est une syllabe
précipitée
depuis le dernier étage de la hauteur
chaque rose
est un hommage
au souffle couleur feu
chaque rose
repousse le noir du monde
tu le sais
le souffle est le fil du chapelet
le souffle avec toi
le souffle devant toi
le souffle derrière toi
contre toutes les flaques de néant
tu inclines ton visage
vers le ciel
tu te laisses chuter
vers les constellations
le verbe en croix
et le désordre divin
la pensée est dans la bouche
dit Tzara
le vide se vide de son plein
dit Luca
tu ne laisses pas la mort
descendre vers l’été
tu ne passes rien sous silence
tu enroules l’alphabet sur lui-même
tu remontes vers ton centre
tu t’entraînes pour l’éternité
tu installes des barricades pour les vivants
les hauts vivants
fenêtres ouvertes sur la voix
neige de New York et cendres de Bénarès
les vivants de toujours
boussoles au coeur battant
les vivants qui rattrapent la lumière
les vivants aux langues d’herbes folles
les vivants
jusqu’à l’extrémité des terres
le tourbillon des exilés de tout
le compte à rebours des précipices
porteurs d’offrandes
renverseurs du coeur
les vivants aux énergies sans nombre
ceux qui prennent refuge dans l’immense
les guerriers à la peau sonore
les allumeurs d’amour

(Zéno Bianu)

Illustration: Harumi Asada

 

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VALSE POUR CAMILLE CLAUDEL (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2020



Camille Claudel
    

VALSE POUR CAMILLE CLAUDEL

Mettre le cap près du soleil…
Ian Curtis

Tu tournes sans relâche
jusqu’à enlacer l’univers
tu cherches

infiniment
cette seconde avant le contact
celle qui nous mène

à l’essentiel vertige
tu tournes et t’en retournes
en suspens continu

en volutes instables
toute une vie en bascule
pour ce seul tourbillon

qui te prend maintenant
ce lent tourbillon de langueur
cette ronde enfantine

qui fait vaciller les siècles
en drapé de nuit
douce et profonde

l’enroulement
l’étreinte
l’ardent abandon

jamais
tu n’interromps
le souffle du vivant

par effleurements
par torsades
par souvenirs renversés

tu avances
petite châtelaine de l’intensité
spontanément universelle

tu avances et tournes
promesse
des plus savants déséquilibres

par sinuosités
par accès de véhémence
par étourdissements

voici le temps
d’offrir toute ta lumière
fol amour

qui tout emporte
tu sombres
et prends les poissons du ciel

dans un flot d’onyx
tu écoutes
ce qui tournoie en toi

pour jaillir
hors de tous les sillons
labourer les nuages

pénétrer la parole
éclairer les atomes
nue

si sauvage et si nue
te laissant submerger
par l’impossible

sous l’emprise d’un amour
qui se déverse
sans fin dans l’amour

bienheureuse
par l’étendue
de ta seule consumation

sous l’emprise d’un tourment
de haute haleine
tu sens

palpiter l’invisible
possédée dépossédée
tu ramasses

les comètes errantes
pour en faire des fagots
allez

allez
entre dans la ronde
jusqu’à son point de rupture

allez
entre dans la ronde
pour recueillir la vie

jusque dans la mort
allez
trois petits tours encore

et puis t’en vas vers le silence

(Zéno Bianu)

 

Recueil: Infiniment proche et Le désespoir n’existe pas
Traduction:
Editions: Gallimard

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Unité des êtres (Pierre Oster)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2020



Illustration: Josephine Wall    
    
Unité des êtres dans l’Un universellement unifiant.
Ma recherche tout entière se nourrit de cette unique certitude.
J’y retrouve la Foi, l’Espérance et l’ Amour.

(Pierre Oster)

 

Recueil: Paysage du Tout
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’aurore s’allume (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020



 

Illustration: William Turner
    
L’aurore s’allume

I
L’aurore s’allume ;
L’ombre épaisse fuit ;
Le rêve et la brume
Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S’ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit.

Tout chante et murmure,
Tout parle à la fois,
Fumée et verdure,
Les nids et les toits ;
Le vent parle aux chênes,
L’eau parle aux fontaines ;
Toutes les haleines
Deviennent des voix !

Tout reprend son âme,
L’enfant son hochet,
Le foyer sa flamme,
Le luth son archet ;
Folie ou démence,
Dans le monde immense,
Chacun. recommence
Ce qu’il ébauchait.

Qu’on pense ou qu’on aime,
Sans cesse agité,
Vers un but suprême,
Tout vole emporté ;
L’esquif cherche un môle,
L’abeille un vieux saule,
La boussole un pôle,
Moi la vérité !

II

Vérité profonde !
Granit éprouvé
Qu’au fond de toute onde
Mon ancre a trouvé !
De ce monde sombre,
Où passent dans l’ombre
Des songes sans nombre,
Plafond et pavé !

Vérité, beau fleuve
Que rien ne tarit !
Source où tout s’abreuve,
Tige où tout fleurit !
Lampe que Dieu pose
Près de toute cause !
Clarté que la chose
Envoie à l’esprit !

Arbre à rude écorce,
Chêne au vaste front,
Que selon sa force
L’homme ploie ou rompt,
D’où l’ombre s’épanche ;
Où chacun se penche,
L’un sur une branche,
L’autre sur le tronc !

Mont d’où tout ruisselle !
Gouffre où tout s’en va !
Sublime étincelle
Que fait Jéhova !
Rayon qu’on blasphème !
Oeil calme et suprême
Qu’au front de Dieu même
L’homme un jour creva !

III

Ô Terre ! ô merveilles
Dont l’éclat joyeux
Emplit nos oreilles,
Eblouit nos yeux !
Bords où meurt la vague,
Bois qu’un souffle élague,
De l’horizon vague
Plis mystérieux !

Azur dont se voile
L’eau du gouffre amer,
Quand, laissant ma voile
Fuir au gré de l’air,
Penché sur la lame,
J’écoute avec l’âme
Cet épithalame
Que chante la mer !

Azur non moins tendre
Du ciel qui sourit
Quand, tâchant d’entendre
Je cherche, ô nature,
Ce que dit l’esprit,
La parole obscure
Que le vent murmure,
Que l’étoile écrit !

Création pure !
Etre universel !
Océan, ceinture
De tout sous le ciel !
Astres que fait naître
Le souffle du maître,
Fleurs où Dieu peut-être
Cueille quelque miel !

Ô champs ! ô feuillages !
Monde fraternel !
Clocher des villages
Humble et solennel !
Mont qui portes l’aire !
Aube fraîche et claire,
Sourire éphémère
De l’astre éternel !

N’êtes-vous qu’un livre,
Sans fin ni milieu,
Où chacun pour vivre
Cherche à lire un peu !
Phrase si profonde
Qu’en vain on la sonde !
L’oeil y voit un monde,
L’âme y trouve un Dieu !

Beau livre qu’achèvent
Les coeurs ingénus ;
Où les penseurs rêvent
Des sens inconnus ;
Où ceux que Dieu charge
D’un front vaste et large
Ecrivent en marge :
Nous sommes venus !

Saint livre où la voile
Qui flotte en tous lieux,
Saint livre où l’étoile
Qui rayonne aux yeux,
Ne trace, ô mystère !
Qu’un nom solitaire,
Qu’un nom sur la terre,
Qu’un nom dans les cieux !

Livre salutaire
Où le cour s’emplit !
Où tout sage austère
Travaille et pâlit !
Dont le sens rebelle
Parfois se révèle !
Pythagore épèle
Et Moïse lit !

(Victor Hugo)

 

Recueil: Les rayons et les ombres
Traduction:
Editions: Bayard Jeunesse

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CONSCIENCE (Gabriel Cousin)

Posted by arbrealettres sur 23 février 2020



Manuel Gil Perez   N [800x600]

CONSCIENCE

Il y a parfois comme de grandes choses achevées.
La table est rangée, la chambre propre.
Tout est calme, paré de quiétude.
Il n’y a plus que des amis. Plus besoin d’attitudes.
Les objets se regardent exister.
ll semble que tout soit prêt, que le repos arrive.
La paix aura la couleur du soleil.
On pourra désirer le sommeil.
Mettre des fleurs dans les vases et comprendre les mots.
Les livres seront des robes de jeunes filles.
Tout sera simple et frais. L’amour, le travail et le corps.
Les songes auront le temps de vivre.
Des nappes sereines entourent les épaules.
Des buées rémittentes se posent sur le front. Le sang rêve.
Les mains s’adoucissent.
Une perception universelle aiguise la conscience.

(Gabriel Cousin)

Illustration: Manuel Gil Perez 

 

 

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AU MIROIR (Moshe Nadir)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2019




    
AU MIROIR

Il se tient devant le miroir et voit sa propre cécité.
Les franges de ses yeux sont lourdes,
comme découpées dans l’acier.

Sa pupille est grise comme le brouillard en suspens de l’idée universelle.
Et le miroir dans lequel il regarde est complètement aveugle,
et il voit sa propre cécité.

Il se tient devant le miroir et regarde si clairement, avec tant d’acuité,
mais il ne peut transgresser du regard sa propre cécité
– elle est si lointaine, illimitée !

(Moshe Nadir)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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