Posts Tagged ‘usé’
Posted by arbrealettres sur 30 avril 2022

Illustration: Salvadore Dali
QUIA HORTULANUS ESSET
Je suis l’ouvrier du silence,
L’au-delà des gestes humains,
L’obole qui contrebalance
L’or des Césars entre vos mains.
Je suis l’innocence de l’aube
Et l’oeuf fragile au fond du nid;
Les replis usés de ma robe
Ont la largeur de l’infini.
Je suis plus vendu qu’un esclave,
Et, plus qu’un pauvre, abandonné;
Je suis l’eau céleste qui lave
Le sang que pour vous j’ai donné.
Les lys et les agneaux, mes frères,
Sont comme moi sans défenseur;
Je revêts tous ceux qui pleurèrent
D’une cuirasse de douceur.
Peu m’importe que l’on me nie :
Je suis l’obscur et l’insulté
Semant sa sueur d’agonie
Aux sillons du futur été.
Je suis la neige qui prépare
La lente éclosion des fleurs;
Deux bras ouverts, vivante barre,
Diamètre de vos douleurs.
La rose à mes côtés relève
Son visage innocent et beau;
Le bois mort s’humecte de sève;
Et la Madeleine au tombeau,
Moite encor des larmes versées,
Reconnaît, dieu qui sanglota,
Le jardinier aux mains percées
Sous l’arbre noir du Golgotha.
(Marguerite Yourcenar)
Recueil: Les charités d’Alcippe
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Marguerite Yourcenar), abandonner, agneau, agonie, arbre, au-delà, aube, éclosion, été, barre, beau, bois, bras, céleste, César, côte, contrebalancer, cuirasse, défenseur, diamètre, donner, douceur, douleur, eau, esclave, fleur, fond, fragile, frère, futur, geste, Golgotha, humain, infini, innocence, innocent, insulter, jardinier, largeur, larme, laver, lent, lys, madeleine, main, moite, mort, neige, nid, nier, noir, obole, obscur, oeuf, or, ouvert, ouvrier, pauvre, percer, pleurer, préparer, reconnaître dieu, relever, repli, revêtir, robe, rose, s'humecter, sang, sangloter, sève, semer, silence, sillon, sueur, tombeau, usé, vendre, verser, visage, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2021
Chanson
Tu me donnes des mots
Pour que je t’invente
Des mots usés et sourds
D’avoir longtemps servi
Ce sont toujours les mêmes
Des mots qui n’ont plus rien
Que leur air de toujours
Et leurs mains bleues pourtant
S’agrippent à des rocailles
Machinalement
Et trouvent des oiseaux
A jeter dans le vent
Toujours le même vent
Et les mêmes oiseaux
Pour faire une musique
Chaque fois différente
(Robert Momeux)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2021

Dans la prison,
il y a des livres
usés par des hommes
qui ne sont plus
emprisonnés.
(Jacques Biolley)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 19 avril 2020

LE TEMPS
Le temps est prisonnier d’une épine, on entend
La fleur rêver sans fin l’énigme de sa pourpre ;
C’est toujours le moment de dire ce qui veille
Sous la paupière close de l’automne.
On ajoute le rire à l’aigu des fontaines,
Une monnaie usée comme l’âme est le prix
De cette solitude aux portes de la rose.
(Marc Alyn)
Illustration: Kristoffer Zetterstrand
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Posted in poésie | Tagué: (Marc Alyn), aigu, ajouter, automne, âme, énigme, épine, clos, entendre, fleur, fontaine, monnaie, paupière, porte, pourpre, prisonnier, prix, rêver, rire, rose, solitude, temps, usé, veiller | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2020

RIVIÈRE
La rive était fraîche encore
Ce matin quand nous passions.
Nous aurons vu bien des herbes
Renoncer à suivre l’eau.
Le geste ancien de boire
Les deux mains sur le bol
Quand l’horloge sonnait
Dans l’odeur de l’étable.
Le bois épais des bancs
Et de la table usée,
Où des mains s’accrochèrent
Qui tremblaient de colère.
(Eugène Guillevic)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugène Guillevic), ancien, étable, banc, boire, bois, bol, colère, eau, fable, frais, geste, herbe, horloge, main, matin, odeur, partir, renoncer, rivière, s'accrocher, sonner, suivre, trembler, usé | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2019

Une fois j’eus besoin d’un certain mot.
Je l’ai fait appeler et je l’ai mis à sa juste place.
Soudain j’ai entendu la clameur des mots en tous genres,
jeunes, âgés, neufs ou usés.
J’ai tendu l’oreille et perçu le brouhaha
de la famille perdue du mot, qui l’avait accompagné.
Oncles, tantes, nièces, frères, compatriotes.
Tous se bousculaient et voulaient rester auprès du mot-père.
Je tentais de me les concilier.
Je leur dis : «Je n’ai pas de place et de toute façon
je n’ai nul besoin d’une aussi nombreuse famille. »
Mais ils s’en sont tenu à leur principe :
tous en même temps ou rien.
Finalement, avec les oncles,
tantes, neveux, beaux-frères et concitoyens du mot,
j’ai dû aligner tout un paragraphe.
Rien à faire pour m’en dépêtrer!
(Moshe Nadir)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Moshe Nadir), accompagner, aligner, appeler, âge, besoin, brouhaha, clameur, compatriote, concilier, concitoyen, entendre, famille, frère, genre, jeune, juste, mot, neuf, nièce, nombreux, oncle, oreille, paragraphe, père, percevoir, perdre, place, rester, se bousculer, se dépêtrer, tante, tendre, tenter, usé, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2019

Le temps est prisonnier d’une épine, on entend
La fleur rêver sans fin l’énigme de sa pourpre;
C’est toujours le moment de dire ce qui veille
Sous la paupière close de l’automne.
On ajoute le rire à l’aigu des fontaines,
Une monnaie usée comme l’âme est le prix
De cette solitude aux portes de la rose.
(Marc Alyn)
Illustration: Salvador Dali
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Posted in poésie | Tagué: (Marc Alyn), aigu, automne, âme, énigme, épine, ceiller, dire, entendre, fleur, fontaine, moment, monnaie, paupière, porte, pourpre, prisonnier, prix, rêver, rire, rose, solitude, temps, usé | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 16 mai 2019
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Posted in poésie | Tagué: (Guy Lévis Mano), arriver, habit, marchand, objet, quelque chose, réclamer, usé | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2018

C’est plein de fleurs ici, disent les enfants sales
Et ils passent une langue triste sur leurs lèvres.
Notre époque se tait et souffre
Et perce de son omoplate brisée
La blouse du ciel usée aux coudes.
(Albert Ayguesparse)
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Posted in poésie | Tagué: (Albert Ayguesparse), blouse, brise, ciel, enfant, fleur, langue, lèvres, omoplate, se taire, souffrir, triste, usé | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2018

LE FIL
Seule la vierge connaît l’histoire de la vie,
Le mythe implicite dans le bourgeon soyeux
Dont les feuilles sont les pages jamais ouvertes du coeur.
Les filandres de son rêve flottent dans la nuit;
Leurs fils fragiles portent la somnambule
(Que nul n’éveille ma bien-aimée, ou elle est perdue).
Quand l’ange est venu elle connaissait son visage
Et à une question étrange de l’étranger
Elle donna la réponse de tout temps prédestinée.
Les jeunes araignées tissent d’abord des toiles parfaites
Puis avec l’âge leur travail devient moins sûr.
La vieillesse tisse des haillons, des lambeaux, des loques.
Mater Dolorosa, à la fin d’un mythe usé,
Se souvenant du passé, mais non du futur,
A perdu son fil, telle une vieille araignée.
Car le temps nous défait, l’obscurité efface
Les figures du rouet nocturne de Pénélope.
Les étoiles qui tournent cassent les fils ténus de la rêverie
Et la vieille fileuse emmêle ses écheveaux de mort.
***
THE CLUE
Only the virgin knows the life story,
The myth implicit in the silk-spun bud
Whose leaves are the unopened pages of the heart.
The gossamer of her dream frets out across the night;
Its fragile thread upholds the somnambulist —
(Let none awaken my beloved, or she is lost)
When the ange’ came, she knew his face
And to the stranger asking a strange thing
Gave the answer predestined before time.
Young spiders weave at first their perfect webs,
Later, less certain, they weave worse.
Old age spins tattered cobwebs, rags and shreds.
Mater Dolorosa, at the end of a spent myth,
Remembering the part, but not the future,
Has lest ber due, like an old spider,
For time undoes us, darkness defaces
The figures of Penelope’s night loom.
Revolving stars wind up the tenuous threads of day-dream
And the old spinner ravels skeins of death.
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
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Posted in poésie | Tagué: (Kathleen Raine), ange, araignée, écheveau, étrange, étranger, éveiller, bien-aimé, bourgeon, coeur, connaître, effacer, feuille, fil, filandre, fileuse, flotter, fragile, haillon, histoire, lambeau, loque, mort, mythe, nuit, obscurité, ouvert, page, parfait, Pénélope, perdu, porter, prédestiné, question, réponse, rêve, rêverie, rouet, somnambule, soyeux, ténu, toile, usé, venir, vie, vieillesse, vierge, visage | Leave a Comment »