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Posts Tagged ‘va-et-vient’

Nul ne guérit de son enfance (Jean Ferrat)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023




    
Nul ne guérit de son enfance

Sans que je puisse m’en défaire
Le temps met ses jambes à mon cou
Le temps qui part en marche arrière me fait sauter sur ses genoux
Mes parents, l’été, les vacances, mes frères et sœurs faisant les fous
J’ai dans la bouche l’innocence des confitures du mois d’août

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Les napperons et les ombrelles qu’on ouvrait à l’heure du thé
Pour rafraichir les demoiselles roses dans leurs robes d’été
Et moi le nez dans leurs dentelles, je respirais à contre-jour
Dans le parfum des mirabelles, l’odeur troublante de l’amour

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Le vent violent de l’histoire allait disperser à vau-l’eau
Notre jeunesse dérisoire, changer nos rires en sanglots
Amour orange amour amer, l’image d’un père évanoui
Qui disparut avec la guerre, renaît d’une force inouie

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Celui qui vient à disparaître, pourquoi l’a-t-on quitté des yeux ?
On fait un signe à la fenêtre sans savoir que c’est un adieu
Chacun de nous a son histoire et dans notre cœur à l’affût
Le va-et-vient de la mémoire ouvre et déchire ce qu’il fût

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Belle cruelle et tendre enfance, aujourd’hui c’est à tes genoux
Que j’en retrouve l’innocence au fil du temps qui se dénoue
Ouvre tes bras, ouvre ton âme, que j’en savoure en toi le goût
Mon amour frais, mon amour femme
Le bonheur d’être et le temps doux

Pour me guérir de mon enfance, de mon enfance
Pour me guérir de mon enfance, de mon enfance.

(Jean Ferrat)

Recueil: Des chansons pour le dire Une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (Baptiste Vignol)
Editions: La Mascara TOURNON

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Va-et-vient (Tsubaki Hoshino)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2023




    
Va-et-vient
d’un petit oiseau
qui laisse un peu de bonheur

***

(Tsubaki Hoshino)

 

Recueil: Haïjins japonais
Traduction: Dominique Chipot & Makoto Kemmoku
Editions: Points

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Corazón (Alain Borer)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2022



Illlustration: Pascal Renoux
    
Corazón

Veneur aux menées de l’amour
je conduis l’encolure et l’haleine
les reins pour le progrès du plaisir

Corps à son

Bouche bée d’amour
c’est par ton corps
que passe la musique des sphères

Courbée

Infiniment la main
se confond à l’approche
de l’origine du monde

Je creuse
dans ton corps
mon retour

Dors lovée
pris à mon propre piège
de l’éternel va-et-vient

Je suis dansé
Quand je la quitte elle est en moi
l’amour ne dort jamais
pose ta source sur ma soif
scanne-toi

(Alain Borer)

Recueil: Le désir en nous comme un défi au monde 84 Poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Destin (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2022




    
Destin

Je trace sur le sol un trait, au bord de l’eau :
La marée ne tarde à faire table rase.
Ainsi est le poème. C’est le sort commun
Que sables et poèmes se vaillent
Au va-et-vient de la marée, vient-vient de la mort.

***

Destino

Risco no cháo um traço, à Beira água:
Não tarda que a maré o deixe raso.
Tal e quai o poema. É comum sorte
Que areias e poemas tanto valham Ao
vaivém da maré, vem-vem da morte.

(José Saramago)

 

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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Roulette russe (Roxana Sicoe-Tirea)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2021



Illustration: Ivan Puni 
    
Roulette russe

depuis que je vis en moi à plein temps
j’ai compris que le cœur était un organe
charrié dans un sac à provisions
et déposé à la porte des voisins

ou une meute de chiens errants qui s’acharne
contre l’ennemi caché dans les poumons
une ancre employée pour faire rentrer au port
les jours égarés ou la galère d’un proche

le cœur – notre ceinture de sûreté
toujours prêt à sauter sur une mine
pour donner un coup de main
ou pour retrouver son chemin

en l’an de grâce 2020
nous jouons tout au va-et-vient :
certains s’en vont en séries
certains reviennent à la vie

(Roxana Sicoe-Tirea)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Le blues roumain
Traduction: Traduit du roumain par Radu Bata
Editions: Unicité

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L’éclair des prédicants (Robert Momeux)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2020



L’éclair des prédicants

La machine mangeuse alternait ses sourires et ses élans.
Chaque fois, l’énorme reflet rejetait plus loin
les pauvres gestes étriqués et ridicules des victimes
vers on ne sait quel océan de stupeur et d’espoir.
C’était comme un va-et-vient.

L’inlassable tapis-roulant (était-ce quelque affreuse langue ?)
les charriait, pèle-mêle, hébétés et peureux
jusqu’à cet entonnoir comme un gosier avide
qui les engouffrait tous dans un horrible remugle de dissection malsaine.
Et c’était là-dedans, illuminé de soufre et d’or,
plus haut que le sifflement des courroies et des vapeurs,
la clameur affolée, affolante.
C’était des roues dentées, des axes,
une machine compliquée, inquiétante, des chairs hurlantes,
froissées, dans des lueurs de cavernes.
De ce concassement fusaient des boues et des lambeaux,
tel qu’un volcan éructe.

Puis après, c’était l’immense calme,
une douceur venant d’une tendre musique,
infinie et plus haut, bien plus haut dans l’azur,
de très simples couleurs reposantes et neuves,
un ruisselet candide allant on ne sait où,
la fin comme d’un cauchemar.

(Robert Momeux)



Illustration: Gilbert Garcin

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Peu de chose (Bernard Montini)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2020



Peu de chose
sinon ce va-et-vient
du sang
jusqu’au coeur du monde

(Bernard Montini)

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Entre source et nuage (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020



magritte_cloud

L’infini n’est autre
Que le va-et-vient
Entre ce qui s’offre
Et ce qui se cherche.
Va-et-vient sans fin
Entre arbre et oiseau,

Entre source et nuage.

(François Cheng)

Illustration: René Magritte

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Attraper ce qui fuit (François de Cornière)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2019



Illustration
    
Attraper ce qui fuit

Ombre et soleil
soleil et ombre
ombre et soleil
un vrai défilé de nuages blancs
depuis ce matin.

J’ai noté ça pour un poème
et le grand chêne d’à côté
les lignes droites des avions
les hirondelles en vol plané.

Et j’ai pensé que j’étais là
allongé sur l’herbe très verte
après le déjeuner
toujours vivant
toujours vivant.

J’ai eu envie de je ne sais quoi
sauf fermer les yeux
me rappeler cette phrase
autrefois de passage entre nous :
«Attraper ce qui fuit ».

Je me souviens nous regardions
le va-et-vient des mésanges bleues
qui chaque année
comme aujourd’hui
dans leur petit nichoir
– toujours intact si tu savais -—
recommencent tout
recommencent tout.

(François de Cornière)

 

Recueil: Anthologie Pour avoir vu un soir la beauté passer
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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CHANSON DU VA-ET-VIENT DU VENT (Paul Fort)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2019



Alexander Sulimov

CHANSON DU VA-ET-VIENT DU VENT

Sur ma joue un baiser.
Oui, le vent passe.
Sur ma joue nulle trace
du vent passé.

Sur ta joue un baiser.
Oui, le vent passe.
Sur ta joue nulle trace
de vent glissé

Sur nos joues un baiser.
Oui, le vent passe.
Sur nos joues nulle trace
du vent glacé.

(Paul Fort)

Illustration: Alexander Sulimov

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