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Poésie

Posts Tagged ‘vagabond’

Le vagabond immortel (Guo Pu)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Le vagabond immortel

Les martins-pêcheurs jouent entre les lotus offerts.
Les teintes et les formes se prêtent leur fraîcheur
Le lierre entrelace ses feuilles sombres aux hautes futaies
Et marbre ainsi la colline de dessins ténébreux.
Sur ses hauteurs, un homme à la retraite paisible
Siffle allègre aux accords des cordes du luth qu’il caresse
Et libère ainsi ses pensées pour les élever au-delà du bleu.
Les étamines des fleurs parfument sa bouche,
Il plonge alors intrépide le long des eaux qui chutent.
Sung l’Immortel apparaît — vagabond des hauteurs.
Il chevauche une cigogne et prend appui sur la brume pourpre
Sa main droite se pose sur la manche de Colline Flottante ;
Sa main gauche accompagne l’épaule de Vaste Falaise.
Permettez-moi de demander à ces vies d’éphémères,
Ce qu’ils peuvent bien savoir des années de la tortue et de la grue.

(Guo Pu)

(276-324)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Les eaux montent (Lu Ji)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Les eaux montent

Mon service prend fin et je descends les marches du palais
Repos du soir — je gagne enfin mes appartements
L’éclair hurlant éclate dans la nuit pleine
Les flèches de lumière vive rayent les ténèbres
De noirs nuages harcèlent les tours vermillonnes
Et le vent frappe le linteau des fenêtres.
L’eau s’écoule bouillonnante par les gouttières du toit
Des flaques jaunes noient les degrés aveugles des terrasses
Les cieux dénués s’engrènent impassibles sans se déchirer
De larges voies d’eau rejoignent abondantes un canal englouti
À Liang et Ying, les cultures meurent sous les flots du ciel
Des paysans vagabonds passent devant les bras furieux du fleuve
Les eaux montent inlassables et changent nos vies en ruine marine.

(Lu Ji)

(261-303)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Sandales vagabondes (Pierre Reboul)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2022



Illustration
    

sandales vagabondes
plus besoin de se soucier
d’un chemin

(Pierre Reboul)

Recueil: Un désir de haïku
Traduction:
Editions: Le Prunier Sully

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Un nuage vagabond traverse l’azur (Sonsu)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2022




    
Un nuage vagabond traverse l’azur

Fin de printemps sur fleuve et lac, vent de la chute des fleurs,
Au coucher du soleil un nuage vagabond traverse l’azur,
À son aune on mesure la vanité du monde,
Dix mille affaires toutes oubliées dans un rires.

(Sonsu)

***

 

Recueil: Ivresse de brumes, griserie de nuages
Traduction: Ok-sung / Anne Baron / Jean-François Baron
Editions: Gallimard

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A un ami qui part (Li Bo)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022



Illustration: Shen Zhou
    
A un ami qui part

Mont bleu côtoyant les remparts du nord
Eau claire entourant la muraille à l’est
En ce lieu nous allons nous séparer
Tu seras herbe, sur dix mille li, errante

Nuage flottant : humeur du vagabond
Soleil mourant : appel du vieil ami
Adieu que disent les mains. Ultime instant :
On n’entend que les chevaux qui hennissent

(Li Bo)

 

Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil

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MON AMOUR, SI JE MEURS… (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2022



Illustration: Marc Chagall
    
MON AMOUR, SI JE MEURS…

Mon amour, si je meurs et si tu ne meurs pas
Mon amour, si tu meurs et si je ne meurs pas
N’accordons pas à la douleur plus grand domaine
Nulle étendue ne passe celle de nos vies.

Poussière sur le blé, et sable sur les sables
L’eau errante et le temps, et le vent vagabond
Nous emportaient tous deux comme graine embarquée
Nous pouvions dans ce temps ne pas nous rencontrer.

Et dans cette prairie où nous nous rencontrâmes
Mon petit infini, nous voici à nouveau
Mais cet amour, amour, est un amour sans fin,

Et de même qu’il n’a pas connu de naissance il
ignore la mort, il est comme un long fleuve, Il
Change seulement de lèvres et de terre.

(Pablo Neruda)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction: J. marcenac et A. Bonhomme
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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LES NUAGES (Michel Lermontov)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2022




    
LES NUAGES

Nuages vagabonds, éternels pèlerins
Par la steppe azurée, en des colliers de perles,
Vos libres flots, sans être ainsi que moi contraints,
Du nord abandonné vers le sud se déferlent.

Qu’est-ce qui vous poursuit: implacable destin,
Secrète jalousie ou haine qui se terre,
Ou portez-vous le poids d’un crime clandestin,
Sentez-vous des amis le souffle délétère?

Vous en avez assez de ces plaines flétries.
Exempts de passions, gardant votre équilibre,
Vous ignorez l’exil, à défaut de patrie,
Eternellement froids, éternellement libres.

(Michel Lermontov)

Recueil: Michel Lermontov Poèmes
Traduction: Igor Astrow
Editions: Du Tricorne

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Les sapins sous la pluie (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2022



Illustration: Théophile Alexandre Steinlen
    
les sapins
sous la pluie

passe un
vagabond

ce subit

si frêle
friable soit-il

à l’instant où affleure
en moi cette sensation

qu’il se fane sitôt né
que la vie s’écoule

m’échappe se perd
une sensation

proprement déchirante
insoutenable

il me faut le planter
dапs des mots

(Charles Juliet)

Recueil: Pour plus de lumière anthologie personnelle
Traduction:
Editions: Gallimard

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J’ai ta main (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



 

Eugeniusz Zak - Tutt'Art@ (22) [1280x768]

J’ai ta main

Nous sommes allongés
Sur l´herbe de l´été.
Il est tard.
On entend chanter
Des amoureux et des oiseaux.

On entend chuchoter
Le vent dans la campagne.
On entend chanter la montagne.

J´ai ta main dans ma main.
Je joue avec tes doigts.
J´ai mes yeux dans tes yeux
Et partout, l´on ne voit

Que la nuit, belle nuit, que le ciel merveilleux,
Tout fleuri, palpitant, tendre et mystérieux.

Viens plus près, mon amour,
Ton cœur contre mon cœur
Et dis-moi qu´il n´est pas de plus charmant bonheur
Que ces yeux dans le ciel, que ce ciel dans tes yeux,
Que ta main qui joue avec ma main.

Je ne te connais pas.
Tu ne sais rien de moi.
Nous ne sommes que deux vagabonds,
Fille des bois, mauvais garçon.

Ta robe est déchirée.
Je n´ai plus de maison.
Je n´ai plus que la belle saison

Et ta main dans ma main
Qui joue avec mes doigts.
J´ai mes yeux dans tes yeux
Et partout, l´on ne voit

Que la nuit, belle nuit, que le ciel merveilleux,
Tout fleuri, palpitant, tendre et mystérieux.

Viens plus près, mon amour,
Ton cœur contre mon cœur
Et dis-moi qu´il n´est pas de plus charmant bonheur.
On oublie l´aventure et la route et demain
Mais qu´importe puisque j´ai ta main.
Mais qu´importe puisque j´ai ta main.
Mais qu´importe puisque j´ai ta main.

(Charles Trenet)

Illustration: Eugeniusz Zak

 

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JE CHANTE (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



 

Charles Trenet

JE CHANTE

Je chante !
Je chante soir et matin,
Je chante sur mon chemin
Je chante, je vais de ferme en château
Je chante pour du pain je chante pour de l’eau
Je couche
Sur l’herbe tendre des bois
Les mouches
Ne me piquent pas
Je suis heureux, j’ai tout et j’ai rien
Je chante sur mon chemin
Je suis heureux et libre enfin.

Les elfes
Divinités de la nuit,
Les elfes
Couchent dans mon lit.
La lune se faufile à pas de loup
Dans le bois, pour danser, pour danser avec nous.
Je sonne
Chez la comtesse à midi :
Personne,
Elle est partie,
Elle n’a laissé qu’un peu d’riz pour moi
Me dit un laquais chinois

Je chante
Mais la faim qui m’affaiblit
Tourmente
Mon appétit.
Je tombe soudain au creux d’un sentier,
Je défaille en chantant et je meurs à moitié
« Gendarmes,
Qui passez sur le chemin
Gendarmes,
Je tends la main.
Pitié, j’ai faim, je voudrais manger,
Je suis léger… léger… »

Au poste,
D’autres moustaches m’ont dit,
Au poste,
« Ah ! mon ami,
C’est vous le chanteur vagabond ?
On va vous enfermer… oui, votre compte est bon. »
Ficelle,
Tu m’as sauvé de la vie,
Ficelle,
Sois donc bénie
Car, grâce à toi j’ai rendu l’esprit,
Je me suis pendu cette nuit… et depuis…

Je chante !
Je chante soir et matin,
Je chante
Sur les chemins,
Je hante les fermes et les châteaux,
Un fantôme qui chante, on trouve ça rigolo
Je couche,
Parmi les fleurs des talus,
Les mouches
Ne me piquent plus
Je suis heureux, ça va, j’ai plus faim,
Heureux, et libre enfin !

(Charles Trenet)

 

 

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