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Poésie

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Une essence chasse une autre essence (Lyonel Trouillot)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2022




    
Une essence chasse une autre essence.
Quelle essence vaincra la haine ?

Je te laisse ce coffret vide
où tu rangeras tes trésors.
Et lorsque tu auras trouvé
le doux parfum des temps à venir
tu le cacheras dans le coffret.
Tu iras au sommet
de la plus haute montagne
et tu ouvriras le coffret.

Le paradoxe du parfum,
c’est qu’il libère ce qu’il capture.
Tu ouvriras le coffret
et déverseras sur le monde
cette odeur de fruit pur, de rosée franche,
cette odeur de route à prendre dans le matin clair
avec laquelle tu es née
à laquelle tu ajouteras
toutes les trouvailles de ton fait,
une odeur de bonne semence
pour le triomphe de la récolte,
quand le pain amènera le rire,
quand, de jour comme de nuit,
la rivière arrosera les plantes
qui pousseront partout avec des coquetteries
de jolies filles habillées pour leur première sortie,
dans les cheveux des hommes et des femmes d’État,
dans les mains des nouveau-nés
comme un pari gagné sur leurs lignes de chance,
dans les armoires, entre deux vieilleries
pour appeler les vieux linges à leur vitalité.

(Lyonel Trouillot)

 

Recueil: Le doux parfum des temps à venir
Traduction:
Editions: Actes Sud

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Le rythme (Pierre Dhainaut)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2022


joggeur

Tu ne vaincras pas la pente,
tu inventeras le rythme.

(Pierre Dhainaut)

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L’ arbre à poèmes (Paul Fort)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2021



L’ arbre à poèmes

-Sors de ce vieux bourbier à poésie, poète !
de sa vase gluante aux crapauds endormis.
Soulève-toi d’horreur, mais non plus
à demi, couverts de lieux communs épais,
d’images blettes.

Jarrets gonflés par ton effort, soulève-toi
des eaux croupies du Rêve. -Oui, c’est
fait. Mais pourquoi, resté-je ainsi courbé,
vaincu par mon effort ! Un peuple de
sylvains me nargue sur ces bords ?…

A leurs cris je me dresse en piétinant
d’orgueil. Que fais-je là ? Je prends
racine, je m’enfeuille, et j’entends rire
Pan au cœur de ma feuillée… Je suis
un arbre à poèmes : un poémier.

(Paul Fort)

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Pour réjouir ton cœur (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2021



    

Pour réjouir ton cœur voici dans mes paumes
Un peu de soleil et un peu de miel,
Selon la loi des abeilles de Perséphone.

Nul ne peut détacher la barque à la dérive,
Nul n’entend l’ombre bottée de fourrure,
Nul ne peut vaincre la peur au bois de la vie.

Il ne nous reste plus que des baisers
Aussi velus que les minces abeilles
Qui meurent, à peine enfuies de leur ruche.

Dans les fourrés de la nuit elles bruissent,
La forêt du Taygète est leur patrie,
Leur pâture le temps, la mélisse et la menthe…

Prends pour réjouir ton cœur mon offrande sauvage,
Ce simple collier sec d’abeilles mortes
Qui ont su changer le miel en soleil !

*

Возьми на радость из моих ладоней
Немного солнца и немного меда,
Как нам велели пчелы Персефоны.

Не отвязать неприкрепленной лодки,
Не услыхать в меха обутой тени,
Не превозмочь в дремучей жизни страха.

Нам остаются только поцелуи,
Мохнатые, как маленькие пчелы,
Что умирают, вылетев из улья.

Они шуршат в прозрачных дебрях ночи,
Их родина – дремучий лес Тайгета,
Их пища – время, медуница, мята.

Возьми ж на радость дикий мой подарок,
Невзрачное сухое ожерелье
Из мертвых пчел, мед превративших в солнце.

(Ossip Mandelstam)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé

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DU COTE DU LENDEMAIN (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020




    
DU COTE DU LENDEMAIN

Avec ta bouche tu me cherches
Comme un aveugle cherche une porte.
Ta raison s’est écroulée sous des mots fous
Et je suis tombé, vaincu,
Sous les murs de ta cité.
Pourquoi cette éclipse du soleil ?
Pourquoi les volcans ont-ils éclaté
Bouillonnant et crachant des flammes ?
Neige-t-il des cendres ou des silences
Dans le tumulte de la nuit partagée ?

Ce sont des cendres et des silences à venir.
C’est ce que disent les chouettes et toi
Par le terrestre tremblement
De tes ailes d’oiseau gigantesque.
Et voilà que tu as peur !
Il n’y a personne.
Un enfant a frappé à la porte,
De l’autre côté,
Du côté du lendemain.

(Mihai Beniuc)

 

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UN JOUR (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020



    

UN JOUR

Un jour nous nous appellerons sans nous entendre,
L’un de nous deux ne répondra plus,
L’aile déchirée un oiseau tombera
Et son oeil effrayé cherchera pourquoi
Dans le hallier le chant ne répond plus;
Pour arriver au nid tu bats de l’aile
Et cette aile frappe la terre
Comme une main qui ne peut plus rien,
Et de l’autre tombent de chaudes gouttes de corail.
Tu cours te cacher, mais pourquoi, de qui ?
Et te voilà seul dans ta solitude.
On aurait dit qu’un coeur battait auprès du tien.
Pourquoi plus, maintenant ?
Oh ! si davantage encore nous nous étions aimés,
Alors, peut-être…
Et tout à coup tu t’entends parler seul,
C’est le vide qui te fait place,
C’est le silence qui t’écoute.
Qui a mis ces linceuls noirs sur les miroirs ?
A table tu tarderas
A prendre la cuiller dans ta main
Et la chaise, tu le sais trop,
Restera vide.
Les allées de l’automne seront beaucoup plus longues
Et tu redouteras de les suivre jusqu’au bout
Et tu n’auras plus envie
De revenir à la maison.

(Mihai Beniuc)

 

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LES YEUX (Ernest Delève)

Posted by arbrealettres sur 10 juin 2020



 

Harding Meyer   1964 - Brazilian Portrait painter -   (3) [1280x768]

LES YEUX

Bleus entre le ciel et le bleu de nos eaux
Bleus à notre niveau
Bleus ouverts par les femmes

Bleus à la façon humaine
Bleus joyaux du règne de l’homme
Bleus pour la joie bleus pour la peine

Aussi cristaux des hautes altitudes
Les yeux ces eaux qui pulvérisent l’or
Pierres enfouies des chercheurs de trésors

Regards de la surface regards des profondeurs
Pierres de la mer de la terre et des astres
Pierres donnant aux mondes leurs couleurs

Pierres pour tailler les pierres de lumière
Pierres qui rient pierres qui souffrent
Pierres venant du ciel pierres venant du gouffre

Gris voilés comme nos vies
Comme nos ciels comme nos eaux
Gris de miroirs gris de mélancolie
Gris prometteurs d’azur
Yeux couverts gris d’aurores
Gris de seuils de rosée
Gris de la poussière des choses aimées

Miroirs au tain de fleurs
De larmes d’amour de peur
Miroirs au tain de présence
D’étoiles de jour d’absence

Mais que soient noirs les yeux que j’aime
Comme une seule longue nuit
Progressant par marées noirs de profondeurs noirs d’éclat
Noirs à jamais sans lendemain
Noirs de ne vivre que de ma vie secrète
Noirs de centre autour duquel gravite la lumière
Noirs de sources avant la métamorphose noirs de flammes captives

Noirs de feu intérieur noirs de lucidité
Noirs de plonger en moi d’être moi mieux que moi
De ne répondre a rien qu’a l’inconnu
Noirs de donneurs de rêves et de berceuses
De choses vierges et de visiteurs nocturnes
Noirs de présences latentes noirs de présences éclatantes
Noirs de centre unifiant mes désirs
Noirs de beautés cachées de vérités perdues
Noirs de cils noirs de miroirs parfaits de chasseurs de lumière
Noirs noyaux pour vaincre l’enfer
Noirs pour remonter dans leurs regards sur terre
Noirs d’ombres libérées de leur piquet de feu

Noirs de grottes sacrées
Que les captifs ont creusées pour retrouver le jour
Noirs d’ailes attendant pour porter leurs présages

Noirs d’arbres ouverts
Un hibou dans le coeur
Noirs d’hirondelles en exil au pays des splendeurs
Noirs de licences supprimées
Noirs de chambres condamnées
Noirs d’énigmes suspendues
Comme les bêtes des vieux temples
Noirs de prophéties qui régissent ma vie

Noirs de monts noirs dormant sur mes trésors
Noirs de mines que sonde la lampe que je cherche
Noirs d’ouvriers aveugles travaillant sans relâche
A cacher les secrets que je dois découvrir

Noirs de mes raisons inconnaissables de vivre

Noirs de me contenir

(Ernest Delève)

Illustration: Harding Meyer

 

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MORT DE LA MORT (Gyula Illyès)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2020



 

Boris Taslitzky -peintures-nus

MORT DE LA MORT

Deux visages hagards, l’un vers l’autre en action,
Chacun des deux gémit, mais aucun d’eux ne cède ;
Regards durs implorant que la grâce les aide,
Malédiction, cette lutte, ou bénédiction ?

Chacun des deux, dans ce combat sans rémission,
Voit le bras ennemi plus fort et le souhaite,
Cri de douleur qui est aussi cri de conquête,
« Tu m’as vaincu, je vaincs », sanglots, jubilation,

Lèvres emprisonnées aspirant vie et liesse,
Griffe guettée, coeurs qui se consumant renaissent,
Plaie ou douleur, plaisir vont ensemble croissant,
Eux, pionniers de la vie, c’est ainsi qu’ils combattent
Et c’est ainsi qu’ils tuent, ces superbes amants,
En eux, à travers eux, cette mort qui se hâte.

(Gyula Illyès)

Illustration: Boris Taslitzky

 

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LOIN DES YEUX (Jean-Claude Xuereb)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2020



 

LOIN DES YEUX

Loin des yeux
le coeur constant
continue de battre
dans l’inconscient
d’une chair assoupie

Aux yeux qui vont s’ouvrir
l’affût du réel offre
à vaincre l’apparence
entre refus et audace
pour oser l’affronter

Chaque instant singulier
éclate au quotidien
dans l’éblouissement du neuf
avant de s’effacer
incertain de renaître

L’écrit ou le dessin
sauraient-ils façonner
la trace délébile
de fuyante lumière
dans la trame des jours ?

(Jean-Claude Xuereb)

 

 

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Quels sont ces propos… (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2020



Illustration: Otto Dix
    
Quels sont ces propos…

Quels sont ces propos de tueur et de tué ?
Les glaives ne sont point assez aiguisés ni les flots assez puissants
pour éteindre le feu de notre âme. La mort et la douleur
sont pures conventions d’un plus noble théâtre.
Tel un héros pourchassé par son destin
tombe comme un pilier arraché du monde immense,
ébranlant le coeur des hommes, et que rempli d’effroi
l’auditoire se tait ou pleure, vaincu par le chagrin,
tandis que derrière la scène l’acteur soupire
de soulagement, ôte son masque
et parle aux amis qui l’attendent, ou des coulisses
observe l’accalmie de la scène finale –
de même l’esprit indemne des tués
s’éloignant de nos yeux, ne cesse pas de vivre.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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