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Poésie

Posts Tagged ‘véhément’

Ces instants (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2022




    
ces instants
où un bien-être
t’allège

où une force
t’échauffe

où un rythme
s’ébauche
s’affirme
te prend
dans sa scansion

ces instants qu’inonde
cette lumière que tu connais
et où tu consens
n’es plus coupé de toi-même
n’es plus conscient
de ce qui survient

tu voudrais pouvoir dire
ces instants d’éveil de fusion
ces instants de calme et profuse
et véhémente convergence

quand ce que tu brûles
de vivre
commence
à naître
à s’arrondir
te bercer

(Charles Juliet)

Recueil: Pour plus de lumière anthologie personnelle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Allez, vagabonds sans trêves (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2020



 

Portrait of an Old Man

Allez, vagabonds sans trêves

Leurs jambes pour toutes montures,
Pour tous biens l’or de leurs regards,
Par le chemin des aventures
Ils vont haillonneux et hagards.

Le sage, indigné, les harangue;
Le sot plaint ces fous hasardeux;
Les enfants leur tirent la langue
Et les filles se moquent d’eux.

C’est qu’odieux et ridicules,
Et maléfiques en effet,
Ils ont l’air, sur les crépuscules,
D’un mauvais rêve que l’on fait:

C’est que, sur leurs aigres guitares
Crispant la main des libertés,
Ils nasillent des chants bizarres,
Nostalgiques et révoltés;

C’est enfin que dans leurs prunelles
Rit et pleure -fastidieux-
L’amour des choses éternelles,
Des vieux morts et des anciens dieux!

Donc, allez, vagabonds sans trêves,
Errez, funestes et maudits,
Le long des gouffres et des grèves,
Sous l’oeil fermé des paradis!

La nature à l’homme s’allie
Pour châtier comme il le faut
L’orgueilleuse mélancolie
Qui vous fait marcher le front haut.

Et, vengeant sur vous le blasphème
Des vastes espoirs véhéments,
Meurtrit votre front anathème
Au choc rude des éléments.

Les juins brûlent et les décembres
Gèlent votre chair jusqu’aux os,
Et la fièvre envahit vos membres,
Qui se déchirent aux roseaux.

Tout vous repousse et tout vous navre,
Et quand la mort viendra pour vous,
Maigre et froide, votre cadavre
Sera dédaigné par les loups!

(Paul Verlaine)

Illustration: Adolph Friedrich Erdmann von Menzel

 

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L’appel du tam-tam (Léopold Sédar Senghor)

Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2020



Mains blanches,
Gestes délicats,
Gestes apaisants.

Mais l’appel du tam-tam
bondissant
par monts
et
continents

Qui l’apaisera, mon coeur,
A l’appel du tam-tam
bondissant,
véhément,
lancinant?

(Léopold Sédar Senghor)

Illustration

 

 

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NOTRE-DAME DE RUMENGOL (Paol Keineg)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2020



Notre Dame

NOTRE-DAME DE RUMENGOL

Visage pauvre et véhément
A la conviction de pure nécessité.
On est fier de ses joues rondes
Et des mouvements de son ventre.
Indispensable impériale et rose
Elle se confond avec la cause et l’effet.
On objectera que tant et tant de foi
Ne conduit pas sur les chemins du réel :
A quoi bon lui jeter la pierre ?
Son sourire ne pèse pas plus lourd
Qu’un battement de coeur.

(Paol Keineg)

Illustration

 

 

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L’âpre fureur de mon mal véhément (Philippe Desportes)

Posted by arbrealettres sur 25 mai 2019



 

 

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L’âpre fureur de mon mal véhément
Si hors de moi m’étrange et me retire
Que je ne sais si c’est moi qui soupire,
Ni sous quel ciel m’a jeté mon tourment.

Suis-je mort ? Non, j’ai trop de sentiment,
Je suis trop vif et passible au martyre.
Suis-je vivant ? Las ! je ne le puis dire,
Loin de vos yeux par qui j’ai mouvement !

Serait-ce un feu qui me brûle ainsi l’âme ?
Ce n’est point feu : j’eusse éteint toute flamme
Par le torrent que mon deuil rend si fort.

Comment, Belleau, faut-il que je l’appelle ?
Ce n’est point feu que ma peine cruelle,
Ce n’est point vie, et si ce n’est point mort.

(Philippe Desportes)

Illustration: Robert Liberace

 

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LES ROMANCES IMPOSSIBLES (Carlos Drummond de Andrade)

Posted by arbrealettres sur 19 mai 2017



    
LES ROMANCES IMPOSSIBLES

Au jardin de la vieille place,
le groupe, tel un éventail,
me rappelait, de par sa grâce,
les jeunes filles de Balbec.

En enlever une serait
mon souhait le plus véhément,
s’il n’y avait, dans le soir frais,
présente, la voix du bon sens.

La prière, le cinéma…
La nuit se tapisse déjà
de lumières, de-ci, de-là,
sous le fouet du vent; mais les croix,

tout au sommet du cimetière,
comme elles vieillissent la rue
où peut-être bien l’adultère
avec précaution s’insinue…

C’est ainsi que passent les jours,
les années, l’éternité. Et
les filles, vieilles à leur tour,
dans cette petite cité.

Un halo, visage, mystère
à la porte des maisons hèle,
léger. Quel désir humain erre
en faisant palpiter ses ailes?

Nulle réponse. Le silence
est retombé, carré, complet.
L’ennui, qui arrive, défait
de l’envie l’aimante décence.

(Carlos Drummond de Andrade)

 

Recueil: La machine du monde et autres poèmes
Traduction: Didier Lamaison et Claudia Poncioni
Editions: Gallimard

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L’heure est si grande (Jean Mambrino)

Posted by arbrealettres sur 14 novembre 2016



L’heure est si grande

L’heure est si grande
l’ampleur du jour
saturé de lumière
la cérémonie de l’espace

quelques chants d’oiseaux
soutiennent la voûte ouverte
sur l’ouverture infinie

je vois une nuit
derrière le ciel
et derrière la nuit
un autre ciel
plein d’étoiles
silences sur silences
plus véhéments
qu’un cri

à la mesure
de l’heure grande.

(Jean Mambrino)

 

 

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