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Posts Tagged ‘Venise’

Si vous m’aviez connu (Daniel Auteuil)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2021




    
Si vous m’aviez connu

Si vous m’aviez connu
Du temps des matins souples
Quand je marchais sur l’eau
Dans Venise la trouble
Si vous m’aviez connu
Sur ces scènes indicibles
Je lançais des couteaux
Sur de graciles cibles

Si vous m’aviez connu
Madame toute nue
Sans vouloir me vanter
Vous auriez apposé
Sur mes paupières closes
Vos lèvres parfumées
De cistes et de rosée
Et de bien d’autres choses

Si vous m’aviez connu
Dans ce fringant costume
Quand je fondais de l’or
Pour en faire des plumes
Si vous m’aviez connu
Quand j’étais Matador
Tout déchiré dedans
Tout recousu dehors

Si vous m’aviez connu
Madame toute nue
Pendant que je mourais
Auriez Vous déposé
Sur mes paupières closes
Vos larmes parfumées
De cistes et de rosée
Et du chagrin des choses
Si vous m’aviez connu
Du temps des rêves d’or
Quand je dormais encore
Est-ce que vous m’auriez cru ?

Si vous m’aviez connu
Madame toute nue
Sans vouloir me vanter
Auriez-vous apposé
Sur mes paupières closes
Vos rêves parfumés
De cistes et de rosée
Et du regret des choses

(Daniel Auteuil)

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Retouche au remords (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2020



 

Roger Suraud_Venise   [1280x768]

retouche au remords

dans la Venise intime
où tant de corps arqués
relient d’autant de ponts
les quartiers de mon coeur
passe une ombre à cheveux blancs
sa tunique
serrée d’une contenance d’or

(Daniel Boulanger)

Illustration: Roger Suraud

 

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Venise (Anna Akhmatova)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2019


 


Venise

Un pigeonnier d’or près de l’eau
Câline dans ses nuances de vert;
Un petit vent salé balaie
La trace fine des barques noires.

Foules de doux visages surprenants,
Couleurs vives des jouets dans les boutiques;
Sur un coussin brodé, le lion avec son livre,
Au sommet d’un pilier, le lion avec son livre.

Comme sur une vieille étoffe aux couleurs pâles,
Un ciel se fige, un ciel d’azur et terne…
Tout est étroit; mais on se sent au large;
Dans cette touffeur humide, on respire.

(Anna Akhmatova)

Illustration: Roger Suraud

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Que c’est triste Venise (Charles Aznavour)

Posted by arbrealettres sur 3 octobre 2018




    
Que c’est triste Venise

Que c’est triste Venise
Au temps des amours mortes
Que c’est triste Venise
Quand on ne s’aime plus
On cherche encore des mots
Mais l’ennui les emporte
On voudrait bien pleurer
Mais on ne le peut plus

Que c’est triste Venise
Lorsque les barcaroles
Ne viennent souligner que les silences creux
Et que le coeur se serre
En voyant les gondoles
Abriter le bonheur des couples amoureux

Que c’est triste Venise
Au temps des amours mortes
Que c’est triste Venise
Quand on ne s’aime plus
Les musées, les églises
Ouvrent en vain leurs portes
Inutile beauté
Devant nos yeux déçus

Que c’est triste Venise
Le soir sur la lagune
Quand on cherche une main
Que l’on ne vous tend pas

Et que l’on ironise
Devant le clair de lune
Pour tenter d’oublier
Ce que l’on ne se dit pas

Adieu tous les pigeons
Qui nous ont fait escorte
Adieu Pont des Soupirs
Adieu rêves perdus

C’est trop triste Venise
Au temps des amours mortes
C’est trop triste Venise
Quand on ne s’aime plus

(Charles Aznavour)

 

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LE MASQUE (Valéry Larbaud)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2018




    
LE MASQUE

J’écris toujours avec un masque sur le visage;
Oui, un masque à l’ancienne mode de Venise,
Long, au front déprimé,
Pareil à un grand mufle de satin blanc.
Assis à ma table et relevant la tète,
Je me contemple dans le miroir, en face
Et tourné de trois quarts, je m’y vois
Ce profil enfantin et bestial que j’aime.
Oh, qu’un lecteur, mon frère, à qui je parle
A travers ce masque pâle et brillant,
Y vienne déposer un baiser lourd et lent
Sur ce front déprimé et cette joue si pâle,
Afin d’appuyer plus fortement sur ma figure
Cette autre figure creuse et parfumée.

(Valéry Larbaud)

 

Recueil: Les Poésies de A.O. Barnabooth
Traduction:
Editions: Gallimard

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Dans Venise la rouge (Alfred de Musset)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2018



Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l’eau,
Pas un falot.

Seul, assis à la grève,
Le grand lion soulève,
Sur l’horizon serein,
Son pied d’airain.

Autour de lui, par groupes,
Navires et chaloupes,
Pareils à des hérons,
Couchés en rond,

Dorment sur l’eau qui fume,
Et croisent dans la brume,
En légers tourbillons,
Leurs pavillons.

La lune qui s’efface
Couvre son front, qui passe
D’un nuage étoilé
Demi-voilé.

Ainsi, la dame abbesse
De Sainte-Croix rabaisse
Sa cape aux larges plis
Sur son surplis.

Et les palais antiques,
Et les graves portiques,
Et les blancs escaliers
Des chevaliers,

Et les ponts, et les rues,
Et les mornes statues
Et le golfe mouvant
Qui tremble au vent,

Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.

— Ah! maintenant plus d’une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L’oreille au guet.

Pour le bal qu’on prépare,
Plus d’une qui se pare,
Met devant son miroir
Le masque noir.

Sur sa bouche embaumée
La Vanina pâmée
Presse encore son amant,
En s’endormant.

Et Narcisa, la folle,
Au fond de sa gondole,
S’oublie en un festin
Jusqu’au matin.

Et qui, dans l’Italie,
N’a son grain de folie ?
Qui ne garde aux amours
Ses plus beaux jours ?

Laissons la vieille horloge,
Au palais du vieux doge,
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.

Comptons plutôt, ma belle,
Sur ta bouche rebelle
Tant de baisers donnés…
Ou pardonnés.

Comptons plutôt tes charmes,
Comptons les douces larmes
Qu’à nos yeux a coûté
La volupté!

(Alfred de Musset)

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VERS ITALIENS VENISE (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 12 décembre 2017



VERS ITALIENS
VENISE

I
Avec elle, je partais en mer,
Avec elle, je quittais le rivage,
Avec elle, je m’en allais au loin,
Avec elle, j’oubliais mes proches…

O, la voile rouge
Dans le lointain vert !
Les perles noires
Sur un châle sombre !

Il vient de la messe obscure,
Celui qui n’a plus de sang dans le cœur,
Le Christ, fatigué de porter sa croix…

Mon amour adriatique —
Mon dernier amour —
Pardonne, pardonne-moi !

II

Un vent froid près de la lagune,
Des gondoles les silencieux cercueils.
Je suis cette nuit, malade et jeune,
Prosterné près de la colonne au lion.

Sur la tour, d’un chant d’airain
Les géants sonnent l’heure de minuit.
Et Marc a noyé dans la lagune d’argent
Son iconostase ouvragé.

Dans l’ombre de la galerie
A peine éclairée par la lune
Se cachant, passe Salomé
Portant ma tête ensanglantée.

Tout dort, palais, canaux, humains,
Seul vit le pas glissant du spectre,
Seule, la tête sur le plat noir
Contemple tristement les ténèbres ambiantes.

(Alexandre Blok)

Illustration: Roger Suraud

 

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Annaël (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2017



Anaël l.jpg [800x600] 

Hommage aux anges
[15]

Annaël — c’était une autre voix,
à peine une voix, un souffle, un murmure,

et je me suis souvenue du chant des cloches,
Azraël, Gabriel, Raphaël,

comme quand à Venise, l’un des campaniles
parle et qu’un autre répond,

jusqu’à ce que la ville entière (Venise-Vénus)
semble couverte de pollen doré ébranlé

depuis les clochers, lis pillés
par le poids d’abeilles massives…

[16]

Annaël — et je me suis souvenue du coquillage,
et je me suis souvenue de la ruelle vide

et j’ai repensé à ces personnes,
qui bravaient la fureur aveugle

de l’éclair, et j’ai pensé,
il n’y a ni autel, ni temple

dans la ville de cet autre, Uriel,
et je connaissais son compagnon,

compagnon du feu-qui-endure
c’était un autre feu, une autre bougie,

c’était un autre des sept,
nommé parmi les sept Anges,

Annaël,
paix de Dieu.

***

Annael—this was another voice,
hardly a voice, a breath, a whisper,

and I remembered bell-notes,
Azrael, Gabriel, Raphael,

as when in Venice, one of the campanili
speaks and another answers,

until it seems the whole city (Venice-Venus)
will be covered with gold pollen shaken

from the bell-towers, lilies plundered
with the weight of massive bees .. .

Annael—and I remembered the sea-shell
and I remembered the empty lane

and I thought again of people,
daring the blinding rage

of the lightning, and I thought,
there is no shrine, no temple

in the city for that other, Uriel,
and I knew his companion,

companion of the fire-to-endure
was another fire, another candle,

was another of seven,
named among the seven Angels,

Annael,
peace of God.

(Hilda Doolittle)

 

 

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A Venise (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 14 février 2017



A Venise

TOUT s’élargit. Le soir qui tombe est magnifique
Et vaste. Comme un Doge amoureux de la mer,
Parmi l’effeuillement des roses, la musique
Des luths, l’or qui flamboie ainsi qu’un rouge éclair,
Moi, j’irai, dominant le cortège mystique,
Et, somptueusement, j’épouserai la mer.

J’épouserai la mer, la souveraine amante.
Le parfum et le sel de son royal baiser
Irriteront la soif de ma bouche brûlante,
Et, tel un souvenir qui ne peut s’apaiser,
S’élèvera le vent des espaces qui chante
Dans le ciel nuptial l’infini du baiser.

Je verrai tressaillir l’ombre des hippocampes.
Les algues s’ouvriront comme s’ouvrent les fleurs,
Et le phosphore, aux bleus rayonnements de lampes,
Allumera pour moi de vivantes pâleurs :
Afin de couronner mes cheveux et mes tempes,
Les algues flotteront, plus belles que les fleurs.

Ainsi, laissant flotter mon corps à la dérive,
Je mêlerai mon âme à l’âme de la mer,
Je mêlerai mon souffle à la brise furtive.
Se dissolvant, légère et fluide, ma chair
Ne sera plus qu’un peu d’écume fugitive.
Dans la pourpre du soir j’épouserai la mer.

(Renée Vivien)

Illustration: Roger Suraud

 

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Dans une ruelle de Venise un soir de Juin (Heather Dohollau)

Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2016



Dans une ruelle de Venise
Un soir de Juin
Des branches fleuries
Par-dessus un mur
Dressaient de leur parfum
Une barricade mystérieuse
Cette nuit là
Nous avons longuement marché
Pour la traverser

(Heather Dohollau)

Illustration

 

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