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RETOUCHE A LA MÉLANCOLIE (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023



RETOUCHE A LA MÉLANCOLIE

L’amour garde la chambre
et ceux qu’il a mis au monde
observent la pendule
dont les étoiles tombent
prises du haut mal
qui vide le ciel.

(Daniel Boulanger)

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JE NE PEUX VIVRE (Claude de Burine)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023




    
JE NE PEUX VIVRE

Je ne peux vivre sans toi
Exister sans toi
Vider le chemin des perles
Et dire :
«Le coucou dicte ses nouvelles brèves
Il faut déterrer les roses
La pie que tu aimes
A son habit du soir»
La source est trouble
La neige est sale
Même le bouleau ne chante plus
Cette nuit de chouette et de larmes.

(Claude de Burine)

Recueil: A Henri de l’été à midi
Editions: Saint Germain des Prés

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SUR L’AIR DE LA MÉLODIE DES PASSES DU SOLEIL (Kòu Zhùn)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR L’AIR DE LA MÉLODIE DES PASSES DU SOLEIL

L’herbe du défilé sous un halo de brouillard s’étale,
De la Wei en remous s’entend le grondement.
Les vagues de pluie du printemps s’apaisent,
une légère poussière se répand,
On monte en selle pour partir en campagne.
Voyez là si verdoyants les saules,
Dont ici on a tiré et brisé un rameau.
On se met en branle le coeur lourd,
Qui sait en quelle saison nous serons à nouveau réunis ?

Alors, vidons encore un verre,
Chantons encore un air !
On soupire sur l’existence,
Si amer de passer d’une joyeuse compagnie aux adieux, au départ.
Aussi ne nous dérobons pas à l’ivresse profonde,
Prêtons l’oreille aux « Passes du Soleil » jusqu’au bout.
Quand nous repenserons à nos chers vieux amis,
Éloignés de cent lieues, avec eux nous partagerons le clair de lune.

***

(Kòu Zhùn) (961-1023)

 

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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Quand on est amoureux on est ivre (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Quand on est amoureux on est ivre.
Comme cet homme hier dans la rue.

Il avançait, étourdi de boisson.
La voix forte, le geste ample.
Il s’entretenait avec lui-même.

Il a soudain fouillé dans son manteau, en a sorti de l’argent
Qu’il a jeté par poignées sur la route.

Puis s’en est allé.
Dédaigneux de sa fortune. Délié de soi.
Déprit de tout royaume.

Oui l’on est un peu comme ça lorsqu’on est amoureux.
On vide ses poches, on perd son nom.

On découvre avec ravissement la certitude de n’être rien.

(Christian Bobin)

 

 

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Tuez (Michel Besnier)

Posted by arbrealettres sur 29 août 2022



Illustration: Henri Galeron
    
Tuez
Dépouillez
Videz
Coupez
Enflammez
Fendez la peau du cou
Enlacez les pattes
Cordez les ailes
Pilez les foies
Hachez menu
Faites sauter
Faites rôtir
Supprimez la tête
Laissez refroidir

– La cuisine c’est la guerre –
Oui Chef

(Michel Besnier)

 

Recueil: Cuisine au beurre noir
Traduction:
Editions : Møtus

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Les quatre-heures (Charles-Ferdinand Ramuz)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2022




Illustration: Daniel Ridgway
    
Les quatre-heures

A quatre heures, sous un arbre, on boit le café.

Une petite fille bien sage
l’a apporté dans un panier
avec le pain et le fromage;
il n’est ni trop froid ni trop chaud
il est tout juste comme il faut.

Les hommes et les femmes sont assis en rond,
chacun sa tasse à la main; ils parlent
du temps qu’il fait, de la moisson
qui va venir, et des ouvrages
qui changent selon les saisons,
mais sont toujours aussi pressants,
si bien qu’on n’a jamais le temps…

Le temps de quoi?… on se demande.

Un oiseau bouge dans les branches, les
sauterelles craquent dans le foin…
Oui, le temps de quoi?… Et on se regarde.

Mais, dès qu’on a vidé sa tasse, dès
qu’on a mangé à sa faim: «Est-ce
qu’on y va?… » Vous voyez bien: on
n’a jamais le temps de rien.

(Charles-Ferdinand Ramuz)

Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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LES CRUCHES (Paul Celan)

Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2022




    
LES CRUCHES

Aux tables longues du temps
trinquent les cruches de Dieu.
Elles boivent, elles vident les yeux des voyants et les
yeux des aveugles,
les coeurs des ombres efficientes,
la joue creuse du soir.
Elles sont les plus majestueux trinqueurs :
elles portent le vide à la bouche comme le plein
et ne débordent pas comme toi ou bien moi.

(Paul Celan)

Recueil: Choix de poèmes
Traduction: Jean-Pierre Lefebvre
Editions: Gallimard

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Cela (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2022



Illustration
    
cela
comment le nommer
comment l’inscrire
en un poème

cela
qui fissure
chaque instant
me coupe
du quotidien
vide de sa substance
ce qui m’est accordé

cela
qui me porte
me jette en affamé
à la rencontre de la vie
fait monter
au-devant de mes pas
cette lumière
que je ne peux atteindre

cela
qui me tient
en exil
qui m’embrase
brûle mon sang
d’une telle avidité

cela
comment le nommer
le traduire
comment répandre
son feu dans mes mots

(Charles Juliet)

Recueil: Pour plus de lumière anthologie personnelle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Mon amour c’est ma bien-aimée adorée (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2021



Illustration: Carole Cousseau

    

Mon amour c’est ma bien-aimée adorée
et ma bien-aimée est à adorer dans ma bien-aimée
et j’adore l’adorée, l’ardente, la toujours-adorée, la partout-odorante,
je l’adore, j’adore son odeur,
ce tout et ce non-tout éventés par ma bien-aimée partout et cette aimantation adorée
qui est son non-ventre adoré, adorant et amoureusement fabriqué en or fabriqué dans l’âge d’or fabriqué de mon Amour,
comme un grand vide troué dans un grand trou à vider jusqu’à la fin des âges.

(Ghérasim Luca)

 

Recueil: Ne pas détacher le vide du sol
Traduction:
Editions: Gallimard

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Souvent quand il avançait (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2021




    

souvent
quand il avançait
à tâtons dans sa nuit
il a douté s’est révolté
a voulu remonter
vers la vieille lumière

mais une force le tenait
qui lui enjoignait
de poursuivre
de s’aventurer
une fois de plus
une fois encore
au plus épais
de sa ténèbre

un jour
au comble de la détresse
vidé de toute force
acculé à reconnaître
que l’inaccessible se refusait
il admit qu’il lui fallait
renoncer

*

à sa vive surprise
sans qu’il eût
à progresser d’un seul pas
il franchit le seuil
déboucha dans la lumière

(Charles Juliet)

 

Recueil: Moisson
Traduction:
Editions: P.O.L.

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