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Poésie

Posts Tagged ‘violet’

Au bord du chemin (Pascale Senk)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2023



Illustration 
    
au bord du chemin
l’escargot violet attend
– dois-je traverser?

(Pascale Senk)

Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS

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CHOSES (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Gabriela Mistral
    
CHOSES
A Max Daireaux.

J’aime les choses jamais eues,
avec celles que je n’ai plus.

Je palpe une eau silencieuse,
étale sur des prés frileux,
frissonnant sans la moindre brise,
dans un clos qui fut mon enclos.

Je la vois comme la voyais,
une étrange pensée me vient
et je joue, lente, avec cette eau,
comme avec poisson ou mystère.

Je pense au lieu où j’ai laissé
des pas joyeux que je n’ai plus
et sur le seuil, vois une plaie,
pleine de mousse et de silence.

Je cherche un vers que j’ai perdu
et que m’avait dit à sept ans
une femme faisant le pain,
dont je vois la bouche bénie.

Un parfum défait en rafales
m’apporte bonheur quand il vient,
si ténu qu’il n’est pas parfum,
et c’est l’odeur des amandiers.

Il redonne enfance à mes sens,
je lui cherche un nom et ne trouve
et flaire l’air et les villages,
en quête d’amandiers absents.

J’entends tout près une rivière;
je l’entends depuis quarante ans :
c’est le murmure de mon sang,
ou quelque rythme à moi donné;

ou bien l’Elqui de mon enfance,
que je remonte et passe à gué,
jamais perdu, coeur contre coeur,
nous allons comme deux enfants.

Lorsque je rêve de mes Andes,
j’avance par des défilés
où me parvient un sifflement,
presque une conjuration.

Je vois à ras de Pacifique
mon archipel violet sombre,
avec l’île qui m’a laissé
une âcre odeur d’alcyon mort.

Un dos, un dos grave et paisible
au bout du rêve que je fais
marque la fin de mon chemin;
je m’y repose quand j’arrive.

Tronc d’arbre mort ou bien mon père
est ce vague dos couleur cendre;
je ne l’interroge ni trouble,
je me couche à côté et dors.

J’aime une pierre d’Oaxaca
ou Guatemala; j’en approche;
fixe et rouge, elle me ressemble;
la crevasse en expire un souffle.

Dans son sommeil, je la vois nue,
et ne sais pourquoi la retourne.
Je ne l’ai pas eue peut-être :
c’est mon sépulcre que je vois.

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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Neptune (Aya Cheddadi)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



 

Illustration: Noèla Morisot
    
Neptune

Je m’habille chaque jour d’un bleu nouveau
veste électrique ou indigo
turquoise vase troublée des émaux
fluorescence ou lait de brumes
rage violette cernes de lune

(Aya Cheddadi)

 

Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard

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Physique (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2022



Illustration: Daniele Guido
    
Physique

Je cueille cette lumière solaire autour de moi,
Dans mon prisme je la disperse et la recompose
Rumeur de sept couleurs, silence blanc.

Comme des flèches tirées de leur arc,
Du violet au rouge nous parcourons
L’entier espace qui ouvert dans le soupir
S’arrête convulsé en un cri rauque.

Ensuite la rumeur entière se retransforme,
Les couleurs reviennent au prisme qu’elle définit,
A la lumière solaire de toi et au silence.

***

Física

Colho esta luz solar à minha volta,
No meu prisma a disperso e recomponho:
Rumor de sete cores, silêncio branco.

Como flechas disparadas do seu arco,
Do violeta ao vermelho percorremos
O inteiro espaço que aberto no suspiro
Se remata convulso em grito rouco.

Depois todo o rumor se reconverte,
Tornam as cores ao prisma que define,
A luz solar de ti e ao silêncio.

(José Saramago)

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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On voit ces choses en passant (Philippe Jaccottet)

Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2022




    
On voit ces choses en passant
(même si la main tremble un peu,
si le coeur boite),
et d’autres sous le même ciel :
les courges rutilantes au jardin,
qui sont comme les oeufs du soleil,
les fleurs couleur de vieillesse, violette.

Cette lumière de fin d’été,
si elle n’était que l’ombre d’une autre, éblouissante,
j’en serais presque moins surpris.

(Philippe Jaccottet)

Recueil: L’encre serait de l’ombre
Traduction:
Editions: Gallimard

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J’AIME TA LETTRE (Léopold Sédar Senghor)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2021




    
J’AIME TA LETTRE

J’aime ta lettre, plus douce que l’après-midi du Samedi
Et les vacances, ta parole de songe bleu.

La fragrance des mangues me monte à la nuque
Et comme un vin de palme un soir d’orage, l’arôme féminin des goyaves.

Les tempêtes suscitent les humeurs, le palais blanc s’ébranle dans ses assises de basalte
L’on est long à dormir, allongé sous la lampe sous la violette du Cap.
La saison s’est annoncée sur les toits aux vents violents du Sud-Ouest
Tendue de tornades, pétrie de passions.

Les roses altières les lauriers-roses délacent leurs derniers parfums
Signares à la fin du bal
Les fleurs se fanent délicates des bauhinias tigrées
Quand les tamariniers aux senteurs de citron allument leurs étoiles d’or.
Du ravin monte, assaillant mes narines, l’odeur des serpents noirs
Qui intronise l’hivernage.

Dans le parc les paons pavoisent, en la saison des amours.
Rutilent dessus les pelouses, pourpres princiers, les flamboyants
Aux coeurs splendides, et les grands canas d’écarlate et d’or.
M’assaillent toutes les odeurs de l’humidité primor-diale, et les pourritures opimes.
Ce sont noces de la chair et du sang — si seulement noces de l’âme, quand dans mes bras
Tu serais, mangue mûre et goyave ouverte, souffle inspirant ah ! haleine fraîche fervente…

J’aime ta lettre bleue, plus douce que l’hysope
Et sa tendresse, qui me dit que tu es m’amie.

(Léopold Sédar Senghor)

 

Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
Traduction:
Editions: Points

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Rêverie (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2020




    
Rêverie

Oh ! laissez-moi ! c’est l’heure où l’horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L’heure où l’astre géant rougit et disparaît.
Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
On dirait qu’en ces jours où l’automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.

Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, – tandis que seul je rêve à la fenêtre
Et que l’ombre s’amasse au fond du corridor, –
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d’or !

Qu’elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,
Mes chansons, comme un ciel d’automne rembrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
Et longtemps, s’éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tours de ses palais de fées,
Brumeuse, denteler l’horizon violet !

(Victor Hugo)

 

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Hop! dans ma poche (Suzanne François)

Posted by arbrealettres sur 30 avril 2020



Illustration
    
Hop! dans ma poche

Je trouve un caillou violet
Hop! dans ma poche
Parfois je le sors
Mon petit trésor
Un caillou violet
Hop! dans ma poche

Je trouve un oeillet fané
Hop! dans ma poche
Parfois je le sors
Mon petit trésor
Un oeillet fané
Un caillou violet
Hop! dans ma poche

Je trouve un bouton doré
Hop! dans ma poche
Parfois je le sors
Mon petit trésor
Un bouton doré
Un oeillet fané
Un caillou violet
Hop! dans ma poche

Je trouve un gros clou rouillé
Hop! dans ma poche
Parfois je le sors
Mon petit trésor
Un gros clou rouillé
Un bouton doré
Un oeillet fané
Un caillou violet
Hop! dans ma poche

Je trouve un joli papier
Hop! dans ma poche
Parfois je le sors
Mon petit trésor
Un joli papier
Un gros clou rouillé
Un bouton doré
Un oeillet fané
Un caillou violet
Hop! dans ma poche

etc…

(Suzanne François)

 

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Le perroquet (Jean-Hugues Malineau)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2020



Le perroquet

C’est très coquet
Un perroquet

Des plumes rouges
Bleues violettes
Ça vit ça bouge
Et ça répète

C’est très coquet
Un perroquet

Dans un baquet
Un perroquet
Ça fait trempette
Et ça répète

C’est très coquet
Un perroquet

C’est beau, c’est sec
Après toilette
Et ça répète
Du bout du bec

C’est très coquet
Un perroquet

Tais ton caquet
Vieux perroquet
mais ça répète
Saperlipopette

C’est très coquet
Un perroquet

(Jean-Hugues Malineau)

Illustration

 

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FERMOIR (Géo Libbrecht)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2020



FERMOIR

Tableau transformable
au mobile écran
le prisme des fables
sert les quatre sens ;
l’espace qui bouge
en ta profondeur
filiforme touche
l’esprit créateur
violet et rouge
métamorphoseur,
tout se multiplie
silhouette, l’art,
son et poésie,
le ciel qu’on déplie,
retour et départ :
à chacun son rêve,
oeuvre, liberté
de tout transposer ;
la vie est trop brève,
il faut l’inventer.

(Géo Libbrecht)

Illustration

 

 

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