Posts Tagged ‘virer’
Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2020

Qui souffre en moi
Qui souffre en moi, la bête ou l’ange?
Pour mes blessures, je voudrais
Pouvoir cueillir le disque frais
De la lune au sein de la fange.
Comme la chaîne d’un vieux puits,
Les maux rouillés grincent de rage;
Mon corps est un jardin sauvage
Où galopent les loups de la nuit.
Mais quand j’appelle, ou que je crie
Au secours, comme un chat retors
Qui reflète dans ses yeux d’or
Une nonchalante ironie,
Mon coeur a pris la clef des champs,
Libre à son tour, et le navire
Du corps pesant lentement vire,
Dans l’eau bourbeuse jusqu’aux flancs.
(Marie Le Franc)
Illustration: Kathryn Jacobi
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Posted in poésie | Tagué: (Marie Le Franc), ange, bête, blessure, bourbeuse, chaîne, chat, clef, cour, cueillir, eau, fange, flanc, grincer, ironie, jardin, lune, navire, puits, rouille, sauvage, secours, sein, souffrir, virer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2020

Villanelle
Rosette, pour un peu d’absence,
Votre cœur vous avez changé,
Et moi, sachant cette inconstance,
Le mien autre part j’ai rangé :
Jamais plus, beauté si légère
Sur moi tant de pouvoir n’aura :
Nous verrons, volage bergère,
Qui premier s’en repentira.
Tandis qu’en pleurs je me consume,
Maudissant cet éloignement,
Vous qui n’aimez que par coutume,
Caressiez un nouvel amant.
Jamais légère girouette
Au vent si tôt ne se vira :
Nous verrons, bergère
Rosette,
Qui premier s’en repentira.
Où sont tant de promesses saintes,
Tant de pleurs versés en partant?
Est-il vrai que ces tristes plaintes
Sortissent d’un cœur inconstant?
Dieux! que vous êtes mensongère!
Maudit soit qui plus vous croira !
Nous verrons, volage bergère,
Qui premier s’en repentira.
Celui qui a gagné ma place
Ne vous peut aimer tant que moi;
Et celle que j’aime vous passe
De beauté, d’amour et de foi.
Gardez bien votre amitié neuve,
La mienne plus ne variera,
Et puis, nous verrons à l’épreuve
Qui premier s’en repentira.
(Philippe Desportes)
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Desportes), absence, aimer, amant, amitié, amour, éloignement, épreuve, beauté, berger, caresser, changer, coeur, croire, foi, gagner, garder, girouette, inconstance, inconstant, léger, maudire, mensonger, part, partir, place, plainte, pleur, pouvoir, promesse, ranger, saint, savoir, se consumer, se repentir, sortir, triste, varier, vent, virer, volage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2019

Dimanche matin
La neige au-dessus des mimosas, les paquets de
journaux près des flaques, la fontaine dans les bois où le
receveur des contributions nettoie sa voiture.
En bas les bâches bleues et rouges tendues sur les piles
de sacs de ciment et les taches de rouille ou de minium sur
les coques des cargos qui viennent de Limassol ou d’Odessa.
Plus loin quelques fleurs mauves dans les rochers
blancs, les nudistes parcourent le sentier des douaniers,
baisers dans les coins, chiens qui flairent, la mer lape les
galets et les retourne comme des pièces fausses.
Au large les yachts frétillent après une semaine de
somnolence, les mouettes virent à l’assaut, claquent un
peu et plongent vers les épluchures que les cuisiniers
laissent tomber dans leur sillage.
Puis l’heure sonne à travers le frisson des branches
et le tintement des câbles métalliques dans l’accalmie de
la circulation.
Soudain le nid du phénix s’enflamme dans les collines et les mots éperdus, comme lâchés après des mois
de claustration, se cherchent dans ma tête au galop.
Alors je ramasse au bord du chemin les fragments
d’un vieux prospectus vantant les mérites d’une voyante, et
m’appuie sur le dossier d’un banc pour écrire ceci au verso.
(Michel Butor)
Recueil: Collation précédé de HORS-D’OEUVRE scandés par les SOUVENIRS ILLUSOIRES D’UN JAPON TRES ANCIENS
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Michel Butor), accalmie, assaut, au-dessus, écrire, épluchure, baiser, banc, bâche, blanc, bleu, bois, branche, cargo, câble, chemin, chien, ciment, circulation, claquer, coin, contribution, coque, cuisinier, dimanche, dossier, douanier, faux, flairer, flaque, fleur, fontaine, fragment, frétiller, frisson, galet, journal, laper, large, matin, mauve, mérite, mer, mimosa, minium, mouette, neige, nettoyer, nid, nudiste, parcourir, phénix, pièce, pilé, plonger, prospectus, receveur, retourner, rocher, rouge, rouille, sac, sentier, sillage, somnolence, soudain, tache, tendre, tinter, tomber, vanter, venir, verso, virer, voiture, voyant, yacht | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019

RONDEAU DE L’HOMME LAS DE PENSER
Combien de temps, tête sempiternelle,
Te faudra-t-il penser et repenser,
Tel l’aiguilleur reclus dans sa tourelle,
Guetteur raidi du train qui va passer ?
Au roulement des rapides idées
Ouvrant ou non les disques lumineux,
Combien de temps, leviers vertigineux,
Dois-je mouvoir vos tiges recoudées?
Combien de temps?
Combien de temps, radoteuse cervelle,
Dois-je sentir ta roue en moi tourner,
Virer au vent et voleter ton aile,
Et sous ta meule un grain dur s’enfourner?
Combien de temps, machine tyrannique,
De ton tiquant, de ton taquant moulin,
Où toujours entre et d’où sort un sac plein,
Me faudra-t-il servir la mécanique?
Combien de temps?
Combien de temps,
Dans la guérite où je
Me faudra-t-il garder
Tenace Esprit qui ne
nocturne sentinelle,
dois m’enfermer,
ta citadelle,
veux désarmer?
Le poing toujours sur le pommeau du glaive,
Prêt à jeter l’anxieux Qui va là,
Combien de temps, dans le trou que voilà,
Me faudra-t-il attendre la relève?
Combien de temps?
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), aile, anxieux, attendre, cervelle, citadelle, désarmer, disque, entrer, esprit, garder, glaive, grain, guérite, guetteur, homme, idée, jeter, las, levier, lumineux, machine, mécanique, meule, moulin, mouvoir, nocturne, ouvrir, penser, poing, pommeau, prêt, radoter, raidir, rapide, relève, rondeau, roue, roulement, s'enfermer, sac, sempiternel, sentinelle, sentir, servir, sortir, taquer, tête, temps, tenace, tiquer, tourner, train, trou, tyran, vent, vertige, virer, voleter | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2019
Martinet aux ailes trop larges,
qui vire et crie sa joie autour de la maison.
Tel est le coeur.
Il dessèche le tonnerre.
Il sème dans le ciel serein.
S’il touche au sol, il se déchire.
Sa repartie est l’hirondelle.
Il déteste la familière.
Que vaut dentelle de la tour?
Sa pause est au creux le plus sombre.
Nul n’est plus à l’étroit que lui.
L’été de la longue clarté,
il filera dans les ténèbres,
par les persiennes de minuit.
Il n’est pas d’yeux pour le tenir.
Il crie, c’est toute sa présence.
Un mince fusil va l’abattre.
Tel est le coeur.
(René Char)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (René Char), abattre, aile, étroit, coeur, creux, crier, fusil, joie, large, martinet, pause, présence, route, ténèbres, tonnerre, virer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 septembre 2019

Petit linge intime du ciel
Des trouées mauves
dans la toile noire
un scintillement glacé
qui s’installe
du tulle blanc
virant au rose
petit linge intime du ciel
le jour se lève
(Thomas Vinau)
Recueil: Juste après la pluie
Traduction:
Editions: Alma
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Posted in poésie | Tagué: (Thomas Vinau), blanc, ciel, glace, intime, jour, linge, mauve, noir, rose, s'installer, scintillement, se lever, toile, trouée, tulle, virer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 décembre 2018

Midi cisaillé de cigales
et la lumière en embuscade
ciel bleu de mort
ce bleu qui s’assombrit
à l’alambic du corps
vire au noir rauque
là où crépite l’angoisse
au rythme haché menu
d’insectes ivres fous
(Claude Pujade-Renaud)
Recueil: Instants incertitudes
Traduction:
Editions: Le Cherche Midi
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Pujade-Renaud), alambic, angoisse, bleu, ciel, cigale, cisailler, corps, crépiter, embuscade, fou, hache, insecte, ivre, lumière, menu, midi, mort, noir, rauque, rythme, s'assombrir, virer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2018

Destination
C’est ce feu qui rit dans tes yeux et, tant qu’il brûle,
joue froidement, doucement dans mes mains,
rougeoie à travers nos réseaux de résistance,
vire en vagues d’un bleu glacial.
Nous dérivons l’un vers l’autre dans une vague.
Comme l’écume des vagues, nos mains se rencontrent.
Au début, nous ne voulions rien ; à présent,
nous savons tous deux comme cela finit.
Nous dérivons vers quelque chose qui va
nous arriver, nous coûter cher et nous coûter des rêves.
Nous attendons, l’avons su depuis notre rencontre.
Et les mots ne sont ni durs ni tendres.
Nous écoutons. Quelque chose brûle en secret au-dedans.
Comme l’écume des vagues, nos mains se rencontrent.
Nous dérivons vers quelque chose qui va nous arriver :
un feu aussi frais que la mer, tant qu’il brûle.
***
Bestemmelse
Det er den Ild som ler i dine Ojne
og leger koldt og mildt i mine Hænder,
der gloder vores Modstandsnet igennem
og blir til isblaa B&lger, mens den brænder.
Vi driver mod hinanden i en Bolge.
Som Bolgeskummet modes vore Hænder.
Vi vilde ingenting, da det begyndte.
Nu ved vi begge to, hvordan det ender.
Vi driver ud mod noget som vil ske os,
og det skal blive dyrt og koste Dromme.
Vi venter, og har vidst det fra vi moches.
Og Ord er hverken haarde eller omme.
Vi lytter. Og det brænder skjult derinde.
Som Bolgeskummet modes vore Hænder.
Vi driver ud mod noget som vil ske os:
En Ild saa sval som Havet, mens den brænder.
(Morten Nielsen)
Recueil: Guerriers sans armes Krigere uden vaaben
Traduction: Pierre Grouix
Editions: Grèges
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Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2018

Girouette
Beaucoup d’amour, peu d’espoir,
Le vent tourne mal, Gustave.
Mieux vaut glisser dans ton noir,
Dans ta mine, dans ta cave.
Mieux vaut glisser dans ta mine,
La fille a le coeur pourri
Et l’espoir que tu rumines
S’enfuit comme une souris.
Mais le vent tourne, Gustave
Et ce bel épi fauché,
C’est la fille au coeur suave
Qui, près de toi, vient coucher.
— Trop tard ; le vent a viré,
L’amour est mort, dit Gustave,
Est mort de faim dans la cave !
I1 est mort et enterré.
(Norge)
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Posted in poésie | Tagué: (Norge), amour, cave, coeur, coucher, enterré, espoir, faim, fille, girouette, mine, mort, pourri, ruminer, suave, tourner, vent, virer | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2018

Illustration
Furieusement
Vire
Sur un reflet
Tombe
En ligne droite
Blancheur
Affilée
Monte
Le bec sanglant déjà
Sel épars
A peine ligne
Quand tombe
Droit
Ton regard
Sur cette page
Dissoute
(Octavio Paz)
Recueil: Versant Est
Traduction: Yesé Amory,Claude Esteban,Carmen Figueroa,Roger Munier,Jacques Roubaud
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Octavio Paz), affilé, à peine, épars, bec, blancheur, dissoudre, droit, furieux, ligne, monter, page, reflet, regard, sanglant, sel, tomber, virer | Leave a Comment »