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Poésie

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Elle posa Le caillou de ses peines (Philippe Mathy)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2023




    
Elle posa
Le caillou de ses peines
Dans le petit cuir de sa vie.

Frondeuse,
Elle ne visa
Ni les carreaux
Ni les oiseaux,
Pas même les feuilles
Qui tremblaient
En équilibre au bout des branches.

Elle visa juste,
Et ce petit caillou-là
N’en finit pas de faire des ronds
A la surface claire
Des jours paisibles qui s’en vont.

(Philippe Mathy)

Recueil: L’atelier des saisons

Editions: Cheyne

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BONHEUR (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2023



Illustration  
    
BONHEUR

Tant qu’au bonheur tu veux atteindre,
Tu n’es pas mûr pour être heureux,
Exaucerais-tu tous tes voeux.

Quand d’une perte on te voit plaindre,
Viser ce qu’on n’obtient jamais,
Tu ne peux connaître la paix.

Mais laisse tout désir s’éteindre,
Vis sans but et sans passion,
Au bonheur ne mets plus de nom,

Refluant, la vie à ton âme
Rendra la paix qu’elle réclame.

***

GLÜCK

Solang du nach dem Glücke jagst,
Bist du nicht reif zum Glücklichsein,
Und wäre alles Liebste dein.

Solang du um Verlornes klagst
Und Ziele hast und rastlos bist,
Weißt du noch nicht, was Friede ist.

Erst wenn du jedem Wunsch entsagst,
Nicht Ziel mehr noch Begehren kennst,
Das Glück nicht mehr mit Namen nennst,

Dann reicht dir des Geschehens Flut
Nicht mehr ans Herz, und deine Seele ruht

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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L’Ukraine au corps (Michel Dunand)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023




    
L’Ukraine au corps

Il visait aussi mon jardin,
ce tir d’artillerie,
n’explosant
qu’en apparence
à tant et tant de kilomètres.
Il visait aussi ma fenêtre.

Il visait aussi mon coeur.

(Michel Dunand)

Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Le poète n’est peut-être appelé qu’au silence (Gérard Bocholer)

Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2021




    
Le poète n’est peut-être appelé qu’au silence,
celui de la muette adoration.

Pourtant, dans les paroles du poème,
semblent se lever un astre ou un oiseau, ou le vent,
nous arrachant à la succession des instants et des jours :

quelque chose de vertical
qui sort du temps
et vise l’éternité à la cime.

(Gérard Bocholer)

 

Recueil: Le poème Exercice spirituel
Traduction:
Editions: Ad Solem

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Le Temps (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2020




    
Le Temps

Je bouscule le Temps
Pour qu’il se hâte
Oublieuse de ses marques
Sur mon corps déjà piégé

Je défie le Temps
Souverain il me toise
Tandis que je m’effrite
Année après année

Je dynamite le Temps
Il explose
Je me moque de ses gouffres
J’invente des échappées

J’ai effacé le Temps
Je n’ai plus d’âge
Je suis au présent
Je vise l’inexploré !

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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Raté! (Guy Foissy)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2020




Il avait tout raté dans la vie
Tout
Pas la moindre petite lueur
Rien
Alors las désespéré il prit son revolver
L’arma
Se visa
Se rata.

(Guy Foissy)


Illustration retirée sur demande de l’artiste

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Unité (César Vallejo)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2019




    
Unité

Cette nuit ma montre halète
près de ma tempe assombrie, comme
le barillet d’un revolver qui tourne
sous la gâchette sans trouver la balle.

La lune blanche, immobile, pleure,
et c’est un oeil qui vise… Et je sens comme
estampe sa marque le grand Mystère en une idée
hostile et ovoïde, en une balle vermeille.

Ah, main qui limite, qui menace
derrière toutes les portes, qui souffle
dans toutes les montres, qui cède et passe !

Sur l’araignée grise de ta structure,
une autre grande Main faite de lumière porte
une balle qui a la forme azur du coeur.

(César Vallejo)

 

Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion

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Bonheur, étouffe-moi pendant une seconde (Henri Thomas)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2019



Illustration
    
Bonheur, étouffe-moi pendant une seconde

Bonheur, cause entendue,
Cause perdue,
J’aimerai le premier visage,
Je vous appellerai ma sœur,
Passante, mettez-vous entre le monde et moi,
Je tomberai de rue en rue,
Cueilli dans les filets
Qui me retiendront tout le soir ;
Et dans le buisson des lumières,
Couteaux aigus visant au cœur,
Je dormirai peut-être sur les pierres,
Je dormirai peut-être sur le vide
Je dormirai aux portes du matin,
Une épaule nue glisse avec la nuit,
Est-ce la vague qui se creuse
Et se soulève et prend un corps
Qui doit mourir ?

(Henri Thomas)

 

Recueil: Trézeaux
Traduction:
Editions: Gallimard

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Puis vient l’insondable (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2018



Illustration    
    
puis vient l’insondable
regard fracassé
là-bas tout au fond

y a-t-il de l’âme
autre que ce trou
pour viser le ciel

l’inusable en nous
n’est pas ce qu’on croit
c’est ce vide au coeur

et le sens s’appuie
sur ce vide-là
comme fait panache

la fumée qui sort
de la cheminée
tout et rien toujours

(Bernard Noël)

 

Recueil: Un livre de fables
Traduction:
Editions: Fata Morgana

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Et voici la muraille (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2018



    

Et voici la muraille, elle use le désir,
On ne sait où la prendre, elle est sans souvenirs,
Elle regarde ailleurs, et, lisse, sans pensées,
C’est un front sans visage, à l’écart des années.
Prisonniers de nos bras, de nos tristes genoux,
Et, le regard tondu, nous sommes devant nous
Comme l’eau d’un bidon qui coule dans le sable
Et qui dans un instant ne sera plus que sable.
Déjà nous ne pouvons regarder ni songer,
Tant notre âme est d’un poids qui nous est étranger.
Nos coeurs toujours visés par une carabine
Ne sauraient plus sans elle habiter nos poitrines.
Il leur faut ce trou noir, précis de plus en plus,
C’est l’oeil d’un domestique attentif, aux pieds nus.
Oeil plein de prévenance et profond, sans paupière.
A l’aise dans le noir et l’excès de lumière.

(Jules Supervielle)

 

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