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Poésie

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LE VENT DU SOIR (Jean-Pierre Lemaire)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2023



    

LE VENT DU SOIR

Des génies habitaient à l’intérieur des arbres
et sortaient le soir, quand il faisait grand vent
par un trou noir dans un noeud du tronc
où l’on ne pouvait passer que deux doigts
Le jardin entier devenait leur domaine
il n’était plus question d’aller dehors
et nous suivions derrière la vitre, anxieusement
les ravages de leur sarabande impalpable
Le matin, le jardin était presque intact
Il fallait se dépêcher, avec des brindilles
et des bouts d’écorce tombés
d’aller boucher le trou mystérieux
Puis on touchait le tronc, à demi rassuré
et l’on pouvait enfin jouer tranquillement

(Jean-Pierre Lemaire)

Recueil: Le pays derrière les larmes Poèmes choisis
Editions: Gallimard

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CONJUGUANT LE VERBE ÊTRE (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
CONJUGUANT LE VERBE ÊTRE

Ce que je suis, étais,
depuis bien longtemps.

Je viens depuis dedans, je viens
depuis que les choses sont.

Je porte mon enfance
dans ma poche :
amulettes,
billes,
anneaux,
un morceau de ficelle
pour attacher ma toupie
un cerf-volant dans la main.

Ma tête de chiffon surgit
en continu et se renouvelle.
Ma tête de chiffon en feu
me suit,
me poursuit
par-derrière les arbres.
Elle me guette depuis les vitres
peintes dans les collines;
dans les maïs,
avec les chevaux somnambules.

Le soir, je rencontre ma tête
dans le fond obscur des citernes.
Je suis moi, se mirant dans l’eau
la première tristesse au visage.
Je suis moi, la nuit douce et terrible
Sous les paupières.

Ce que je suis, étais,
depuis bien longtemps.

Je viens de dedans, je viens
depuis que les choses sont.

***

CONJUGANDO EL VERBO SER

Lo que soy, era,
desde hace mucho,

Vengo desde adentro, vengo
desde que las cosas son.

Traígo mi infancia
en mi bolsillo ;
amuletos,
globos,
anillos,
un pedazo de pita
para amarrar mi trompo,
un corneta de papel en la mano.

Mi cabeza de trapo surge
continuamente y se renueva.
Mi cabeza de trapo ardiendo me sigue,
me persigue
por detrás de los árboles.
Me aguaita desde los vidrios
pintado en las colinas ;
en los maizales,
junto a caballos sonámbulos.

Al anochecer encuentro mi cabeza
en el fondo oscuro de las cisternas.
Ese soy yo, mirándose en el agua,
con la primera tristeza en el restro.

Ese soy yo, con la dulce y terrible
noche bajo los párpados.
Lo que soy, era,
desde hace mucho.

Vendo desde adentro, vengo
desde que las cosas son.

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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Le chat (Danièle Duteil)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2023



Illustration: ArbreaPhotos

    
le chat
à travers la vitre
je l’observe il m’observe

(Danièle Duteil)

Recueil: Un haïku chaque jour
Editions: Points

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LE CABARET DES COMPAGNONS (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 28 mars 2023



Illustration: Gustave Doré
    
LE CABARET DES COMPAGNONS

Plus d’argent, la bouteille est vide ;
Et l’un après l’autre, fourbu
Chacun de sa course intrépide,
Sur le plancher s’est étendu.

L’un pense revoir ce gendarme
Qu’à grand peine il put éviter,
L’autre dans un pré plein de charme
Croit dormir au soleil d’été.

L’autre gars, fixant la chandelle
Où semblent danser des esprits,
Le front dans la main, se rappelle
Le mal secret dont il est pris.

La flamme meurt enfin ; tout rêve ;
Seule une vitre encore luit.
Il prend chapeau, bâton, se lève
Et repart au coeur de la nuit.

***

HAND WERKSBURSCHENPENNE

Das Geld ist aus, die Flasche leer,
Und einer nach dem andern
Legt sich zu Boden müde sehr
Und ruht vom langen Wandern.

Der eine träumt noch vom Gendarm,
Dem er mit Not entronnen,
Dem andern ist, er liege warm
Im Felde an der Sonnen.

Der dritte Kunde schaut ins Licht
Als ob er Geister sehe,
Er stützt den Kopf und schlummert nicht
Und hat ein heimlich Wehe.

Das Licht verlischt und alles ruht,
Nur noch die Scheiben funkeln,
Da nimmt er leise Stock und Hut
Und wandert fort im Dunkeln.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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Papillon collé (Pascale Senk)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2023




    
papillon collé
sur la vitre ailes ouvertes
son dernier voyage

(Pascale Senk)

Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS

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Exil (Grégory Rateau)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2023




    
Exil

Je ne suis plus d’ici
Lieu de transit
Comptoir d’un hôtel
Baie vitrée panoramique
Les silhouettes tournent
Et me reviennent
La ville les appelle
Vivre vite
Ne plus chercher un visage en particulier
J’ai échoué en suivant des ombres
Dans les impasses de l’amitié
Alors je me glisse dans la première valise venue
Retiens mon souffle
Bringuebalé aux douanes du hasard
En passe-muraille de mon époque
Je rentre peut-être chez moi

(Grégory Rateau)

Recueil: Imprécations nocturnes
Traduction:
Editions: Conspiration

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LA CINQUIÈME SAISON (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2022




    
LA CINQUIÈME SAISON

S’il faut nommer le ciel je commence par toi
Je reconnais tes mains à la forme du toit

L’été je dors dans la grange de tes épaules
Les hirondelles de ta poitrine me frôlent

Dressées contre ma joue les tiges de ton sang
Le rideau de ta chevelure qui descend

Je te cache pour moi dans la ruche des flammes
Reine du feu parmi les frelons noirs des âmes

Par l’automne épargnés tes yeux sont toujours verts
Les fleuves continuent de passer au travers

Ton souffle achève au loin le clapotis des plaines
On ne sait plus si c’est le soir ou ton haleine

En hiver tu secoues la neige de ton front
Tu es la tache lumineuse du plafond

Et je ferme au-delà des mers le paysage
Avec les hautes falaises de ton visage

L’étrave du printemps glisse entre tes genoux
Lentement le soleil s’est approché de nous

Tu traverses la nuit plus douce que la lampe
Tes doigts frêles battant les vitres de ma tempe

Je partage avec toi la cinquième saison
La fleur la branche et l’aile au bord de la maison

Les grands espaces bleus qui cernent ma jeunesse
Sur le mur le dernier reflet d’une caresse.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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Bien au chaud (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



Bien au chaud, le chat derrière la vitre
guette un pigeon qui dehors fait le beau
Le danger viendra de l’espace libre
où ne brillera ni regard ni croc

Que dans nos dos soient fermées les fenêtres
si nous risquons l’amour sur les façades
oiseaux roucouleurs et poètes
gibier de ciel et d’embuscade…

(Robert Mallet)

Illustration

 

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Le geste (Belinda Cannone)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2022



Illustration: Belinda Cannone
    
Le geste

Chaque matin, de la fenêtre de mon bureau je regarde mon chêne,
seul hôte du grand champ qui s’étend devant la maison,
de l’autre côté de la route, et qui est désigné au cadastre sous le nom de Paradis.

Durant le jour, quand le ciel versicolore est en fête,
ou quand l’eau perle sur la vitre,
qu’une ombre s’étire, que des traînées de brume flottent
ou qu’un animal passe,
je prends une photo à travers le carreau.

(Belinda Cannone)

 

Recueil: Un chêne
Traduction:
Editions: Le vistemboir

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Un peintre (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022



Un peintre, c’est quelqu’un qui essuie la vitre entre le monde et nous
avec de la lumière, avec un chiffon de lumière imbibé de silence.

(Christian Bobin)

Illustration

 

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