Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘voleur’

Bataille (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023




    
Bataille

La douleur a fondu sur ma chair. La douleur
A passé renversant mon cerveau d’un coup d’aile.
Et je me suis battu seul à seule avec elle
Toute la nuit, sans voir, comme avec un voleur.

Et me voilà gisant mais je ne suis pas mort
Prends garde à toi, douleur, à peine est-ce une trêve
Prends garde à toi, douleur, déjà je me relève
Prends garde à toi, demain, je serai le plus fort.

La douleur m’a jeté garrotté dans sa forge
Elle m’a retourné les deux yeux à l’envers
Pour m’empêcher d’y voir elle a tordu mes nerfs
Pour m’étrangler comme des cordes à ma gorge.

Prends garde à toi ! Je t’empoignerai par les ailes,
Je te les casserai comme un bout de bois sec
Et les petits enfants s’amuseront avec
Je te les briserai ces deux poignets rebelles

Et partout où j’irai tu iras me suivant
Aussi loin qu’à mon gré je voudrai t’y contraindre
et les maisons la nuit t’écouteront te plaindre
Comme un aigle blessé qui lutte avec le vent.

Je brûlerai tes yeux pour éclairer mon livre
Je marcherai sur toi comme sur un chemin
Ton sang j’en ferai boire à tout le genre humain.
Je le lui servirai jusqu’à ce qu’il soit ivre.

Pour m’élever au ciel j’ouvrirai pas à pas
Dans ta chair les degrés d’une échelle vivante,
Je te commanderai, tu seras ma servante
Et quand je te crierai : « Chante ! » tu chanteras. »

(Marie Noël)

Recueil: Quelqu’un plus tard se souviendra de nous
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

TOMBE DE LUMUMBA (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023



Patrice Lumumba
    
TOMBE DE LUMUMBA

Lumumba était noir
Et il ne faisait pas confiance
À ces putains toutes poudrées
De poussière d’uranium.

Lumumba était noir
Et il ne croyait pas
À ces mensonges que les voleurs agitaient
Dans leur tamis « liberté ».

Lumumba était noir.
Son sang était rouge —
Et pour avoir été un homme
Ils l’ont tué.

Ils ont enterré Lumumba
Dans une tombe sans épitaphe.
Mais il n’a pas besoin d’épitaphe —
Car l’air est sa tombe.

Le soleil est sa tombe,
La lune l’est, les étoiles le sont,
L’espace est sa tombe.

Mon coeur est sa tombe,
Et là est son épitaphe.
Demain son épitaphe sera
Partout.

***

LUMUMBA’S GRAVE

Lumumba was black
And he didn’t trust
The whores all powdered
With uranium dust.

Lumumba was black
And he didn’t believe
The lies thieves shook
Through their « freedom » sieve.

Lumumba was black.
His blood was red—
And for being a man
They killed him dead.

They buried Lumumba
In an unmarked grave.
But he needs no marker—
For air is his grave.

Sun is his grave,
Moon is, stars are,
Space is his grave.
My heart’s his grave,
And it’s marked there.
Tomorrow will mark
It everywhere.

(Langston Hughes)

Recueil: La panthère et le fouet
Traduction: Pascal Neveu
Editions: YPSILON

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

CIMETIÈRE (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2023




    
CIMETIÈRE

Concessions échues, tombes abandonnées,
défoncées, à la renverse, forcées, christs
arrachés, passés à l’estrapade, manchots,
bouquets fanés, fleurs saccagées, mousses
et lichens, herbes folles, angelots sans tête,
marbres fendus, pierres grises et ferrailles
mangées par la rouille et la vermine, terre
ultime et sans concession pour nous futurs
morts en train de promener nos dimanches
parmi la charpie de cent regrets éternels
que le soleil en passant ramasse et fourre
dans sa poche comme un voleur de peu.

(Guy Goffette)

Recueil: Petits riens pour jours absolus
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Sans toi (Claude de Burine)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023




    
Sans toi

J’écris comme on perd son sang
Comme on signe une traite
Dans la maison des morts
Comme un soir égaré
Qui lance ses tracts
Au coin des avenues

Il se fait tard peut-être
Là où tu es
Ou très tôt.

Chez nous,
La neige est venue vite
La nuit
Comme un voleur d’enfants.

(Claude de Burine)

Recueil: A Henri de l’été à midi
Editions: Saint Germain des Prés

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Poème long (Yusuf al-Khal)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2023




    
Poème long
(extraits)

I
Je ne vois pas un maître dans la foule.
Les cygnes se déploient sur le lacet
il n’y a pas un aigle à l’horizon.

L’eau est stagnante
et les rives sont plus proches
que le bout de ton nez.

L’air est lourd.
La lumière est lourde.

L’âne parle, mais pas par miracle.
L’aveugle voit, pas par miracle.
Le mort se lève, pas par miracle.
Le miracle est un chiffre dans une machine,
et le ciel est resté dans l’inconnu.

J’étais silencieux tout en parlant.
La femme près de moi est un vêtement déserté.
Je boirai la coupe, et la coupe est vide.
Je sourirai et ma bouche est sans lèvres.
Je récolterai un champ
que j’ai planté dans les ténèbres.

Je suis la nuit,
et les voleurs m’attendent.

***

(Yusuf al-Khal)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA MONTAGNE AIGRIE (Vangelis Kassos)

Posted by arbrealettres sur 2 mai 2022



Illustration: Frédérique Manley
    
LA MONTAGNE AIGRIE

un jour cette montagne aigrie s’ouvrira
et une rivière lumineuse se déchaînera
dans la soif
comme un sanglot ou comme un rire
je ne saurais dire

un jour
le silence s’essoufflera
il appellera ses vagues
il ira se retirer dans les profondeurs
auprès de ses affreux naufrages

un jour
tu auras une coupe à boire
et une voix pour parler
alors tel un voleur
dépêche-toi
car la solitude
cruelle mégère
pourrait rentrer à l’improviste

(Vangelis Kassos)

 

Recueil: Cent poèmes
Traduction: Ioannis Dimitriadis
Editions: http://www.ainigma.net

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les deux voyageurs (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020



    
Les deux voyageurs

Le compère Thomas et son ami Lubin
Allaient à pied tous deux à la ville prochaine.
Thomas trouve sur son chemin
Une bourse de louis pleine ;
Il l’empoche aussitôt. Lubin, d’un air content,
Lui dit : pour nous la bonne aubaine !
Non, répond Thomas froidement,
Pour nous n’est pas bien dit, pour moi c’est différent.
Lubin ne souffle plus ; mais, en quittant la plaine,
Ils trouvent des voleurs cachés au bois voisin.
Thomas tremblant, et non sans cause,
Dit : nous sommes perdus ! Non, lui répond Lubin,
Nous n’est pas le vrai mot, mais toi, c’est autre chose.
Cela dit, il s’échappe à travers les taillis.
Immobile de peur, Thomas est bientôt pris,
Il tire la bourse et la donne.
Qui ne songe qu’à soi quand sa fortune est bonne
Dans le malheur n’a point d’amis.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Chaque soir… (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2020




    
Chaque soir…

Chaque soir revenait l’instant fatidique Il
traînait prenait le pot traînait encore Puis
bandant sa volonté dominant sa peur il se
jetait dans la nuit descendait des marches

ouvrait à tâtons la porte qui grinçait
Il descendait encore La lumière éclairait
à peine la cuve et les tonneaux
Du robinet ne coulait qu’un mince filet de vin

À tout instant pouvait surgir le voleur d’enfant
Dans sa main le pot tremblait
Plus tard il lui a fallu descendre dans une autre cave Il
n’en est remonté qu’après de longues années

(Charles Juliet)

S’il fut un premier jour, 2005.

Recueil: Courage Dix variations sur le courage et un chant de résistance
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Y a-t-il un lieu de silence (Charles Vildrac)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2020



    

– Y a-t-il un lieu de silence
Où je puisse essayer mon chant
Sans que le submerge en moi-même
Le tumulte de ces orages,
Les cris aigus de ce prétoire
Où se proclament par cent voix
Le mensonge des criminels
La cupidité des voleurs
Et la lâcheté des esclaves ?
– Un seul accent vrai de ton cœur
En toi couvrira cent voix fausses.
Ah ! mon cœur n’est-il pas pareil
À un fruit jeté dans la mer :
Quand un batelier le recueille
Il est encore plein et doré
Mais sa chair que l’eau a forcée
N’a plus que l’âcreté du sel.
J’ai regardé bien trop de morts
Avec des yeux secs et distraits ;
J’ai connu trop de paysages,
J’ai pressé pendant ces cinq ans
Trop de mains, vu trop de visages ;
Des flots ont noyé ma mémoire.
– La moisson étouffe et aveugle
L’ample grenier qui la contient
Mais d’où jaillira chaque gerbe
À son tour, avec tous ses grains.
Sur le lourd butin qui t’accable
Penche-toi ! Dans un cœur aimant
Rien n’est perdu, rien ne s’efface
De ce qu’y a mis chaque jour.

(Charles Vildrac)

 

Recueil: Chants du désespéré (1914-1920) –
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’INTERNATIONALE (Eugène Pottier)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020




    
L’INTERNATIONALE

Couplet 1 :
Debout ! les damnés de la terre !
Debout ! les forçats de la faim !
La raison tonne en son cratère,
C’est l’éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !

Refrain : (2 fois sur deux airs différents)
C’est la lutte finale
Groupons-nous, et demain,
L’Internationale,
Sera le genre humain.

Couplet 2 :
Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !

Refrain

Couplet 3 :
L’État opprime et la loi triche,
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche,
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois :
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits ! »

Refrain

Couplet 4 :
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail,
Ont-ils jamais fait autre chose,
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande,
Ce qu’il a créé s’est fondu.
En décrétant qu’on le lui rende,
Le peuple ne veut que son dû.

Refrain

Couplet 5 :
Les Rois nous saoûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Refrain

Couplet 6 :
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
L’oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !

Refrain

(Eugène Pottier)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :