Posts Tagged ‘volubile’
Posted by arbrealettres sur 2 avril 2021
Sur ses lèvres vibrent encore tous les avrils
le tremblement des graminées dans le jour volubile
voyelles des sèves corps balbutiant
il se rebaptise au nom du printemps
Sous la peau s’éveille en épis d’eau vive
une enfance aux chevilles vertes aux épaules d’or
truites et cuisses roulent encore
avec les rires de rivières
Corps ruisselant
Corps délié dans la lumière
sphère éphémère éclats de ciel
il tient le monde entre les cils
rond comme une île
(Jacqueline Saint-Jean)
Illustration: Sabin Balasa
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Posted in poésie | Tagué: (Jacqueline Saint-Jean), éclat, éphémère, épi, balbutier, cuisse, délié, enfance, graminées, lèvres, lumière, rebaptiser, rire, rivière, ruisseler, sève, tremblement, truite, vibrer, volubile | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2020

RELÈVE
À notre place
On a posé
Des soldats frais
Pour amorcer
La mort d’en face.
Il a fallu toute la nuit pour s’évader.
Toute la nuit et ses ténèbres
Pour traverser, suant, glacé,
Le bois martyr et son bourbier
Cinglé d’obus.
Toute la nuit à se tapir,
À s’élancer éperdument,
Chacun choisissant le moment,
Selon ses nerfs et son instinct
Et son étoile.
Mais passé le dernier barrage,
Mais hors du jeu, sur la route solide,
Mais aussitôt le ralliement
Aux lueurs des pipes premières,
Dites, les copains, les heureux gagnants,
Quelle joie titubante et volubile !
Ce fut la joie des naufragés
Paumes et genoux sur la berge
Riant d’un douloureux bonheur
En recouvrant tout le trésor ;
Tout le trésor fait du vaste monde
Et de la mémoire insondable
Et de la soif qu’on peut éteindre
Et même du mal aux épaules
Qu’on sent depuis qu’on est sauvé.
Et l’avenir ! Ah ! l’avenir,
Il sourit maintenant dans l’aube :
Un avenir de deux longues semaines
À Neuvilly dans une étable…
*
Ah ! les pommiers qui sont en fleurs !
Je mettrai des fleurs dans mes lettres.
J’irai lire au milieu d’un pré.
J’irai laver à la rivière.
Celui qui marche devant moi
Siffle un air que son voisin chante ;
Un air qui est loin de la guerre :
Je le murmure et le savoure.
Et pourtant ! les tués d’hier !
Mais l’homme qui a trébuché
Entre les jambes de la Mort
Puis qui se relève et respire
Ne peut que rire ou sangloter :
Il n’a pas d’âme pour le deuil.
La lumière est trop enivrante
Pour le vivant de ce matin ;
Il est faible et tout au miracle
D’aller sans hâte sur la route.
Et s’il rêve, c’est au délice
D’ôter ses souliers pour dormir,
À Neuvilly, dans une étable.
(Charles Vildrac)
Recueil: Chants du désespéré (1914-1920) –
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Vildrac), air, aller, amorcer, aube, avenir, âme, épaule, éperdu, étable, éteindre, étoile, ôter, barrage, berge, bois, bonheur, bourbier, chanter, choisir, cingler, copain, délice, dernier, deuil, dormir, douloureux, en face, en fleurs, enivrer, faible, fleur, frais, gagnant, genoux, glacer, guerre, hâte, heureux, homme, insondable, instinct, jambe, jeu, joie, laver, lettre, lire, loin, lueur, lumière, maintenant, mal, marcher, martyr, matin, mémoire, miracle, moment, monde, mort, naufragé, nerf, nuit, obus, passer, paume, pipe, pommier, poser, pré, rallier, rêver, recouvrir, relève, respirer, rire, rivière, route, s'élancer, s'évader, sangloter, sauver, se relever, se tapir, siffler, soif, soldat, solide, soulier, sourir, suer, ténèbres, tituber, traverser, trébicher, trésor, tuer, vaste, vivant, voisin, volubile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 juin 2019

Illustration: Josephine Wall
L’INITIAL
Âditama
Qui en mon for intérieur muet
arpente les brumes de ma pensée,
demeure près du coeur et pourtant
reste distant,
qui habite l’air à jamais inouï?
Mon espérance est de le chanter
mais mon jour passe dans le silence
lancinant
de ne pouvoir dire mon sentiment.
Où sont les mots, les mots
qui me fuient ?
Le monde en pleurs qui ruisselle
dans mon sang
que veut-il
qui connaît le message du primitif
originel ?
Le rayon qui franchit l’orage
perçant le voile des vapeurs
pour venir embrasser la planète
est l’enfant du paradis ;
les mots qu’il lui dit à l’oreille
la terre encore aujourd’hui
en répand le souvenir
parmi les brins d’herbe
et entend,
les yeux sur son passage rivés,
l’air de son chant.
La pulsion première de la vie
palpite dans la moelle des figuiers,
ses harmoniques insonores vibrent .
nuit et jour au fond du ciel
et mes veines jusque dans les fibres
résonnent d’elle ;
et dans les profondeurs du conscient
une danse se compose
de figures invisibles
au chant du feuillage susurrant.
Volubiles sont ces arbres, ces plantes
en feuilles et en fleurs
au fond de l’abysse de silence
où le verbe est roi,
au travers des terres et des eaux
silencieux
j’écoute la respiration première
sacrée,
j’entends la muette rumeur
de la pensée enfouie.
Dans cet univers orphelin de parole
qui s’étend de la poussière terrestre
aux confins stellaires
je prends place
les yeux ouverts emplis d’un chant
sans sonorité.
(Rabindranath Tagore)
Recueil: L’écrin vert
Traduction: Saraju Gita Banerjee
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), abysse, air, arbre, arpenter, écouter, brume, chant, chanter, ciel, coeur, composer, confins, connaître, conscient, danse, demeurer, dire, distant, eau, embrasser, emplir, enfant, enfouir, entendre, espérance, feuillage, feuille, fibre, figuier, figure, for, franchir, fuir, habiter, harmonique, herbe, initial, inouï, insonore, invisible, jour, lancinant, message, moelle, monde, mot, muet, orage, oreille, originel, orphelin, palpiter, paradis, parole, pensée, percer, planète, plante, pleur, poussière, primitif, profondeur, pulsion, rayon, répandre, résonner, respiration, river, ruisseler, rumeur, s'étendre, sacré, sang, sentiment, silence, silencieux, sonorité, souvenir, stellaire, sussurer, terre, univers, vapeur, veine, verbe, vibrer, vie, voile, volubile, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 février 2019

Les paroles de l’eau
La lumière était de plus en plus lumière
clarté pure et sèche froide avec douceur
pendant que nous montions le chemin des alpages
où les clochettes des vaches tintent nonchalamment
Nous avons pris ensuite le sentier de terre
qui longe la forêt de grands sapins noirs
noirs du noir bleuté d’un plumage de choucas
Tout le long de la route une eau secrète nous parle
visible un instant quand le léger ruisselet traverse
le sentier puis de nouveau cachée mais toujours s’enchantant
parole de fraîcheur patience murmurée
l’incessante la volubile l’eau qui avance à notre pas
Toi dans ma vie ma chantante en sourdine
rire caché dans l’herbe source ma continuelle
(Claude Roy)
Recueil: À la lisière du temps suivi de Le voyage d’automne
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), alpage, avancer, caché, cacher, chanter, chemin, choucas, clarté, clochette, continuel, douceur, eau, forêt, fraîcheur, froid, herbe, incessant, instant, léger, longer, lumière, monter, murmurer, nonchalant, parler, parole, patience, plumage, pur, rire, ruisselet, s'enchanter, sapin, sec, secret, sentier, source, sourdine, terre, tinter, traverser, vache, vie, visible, volubile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2018

Illustration: Ivan Renkov
C’était novembre
C’était novembre de tous les vacillements
Le crépuscule n’allumait plus les lampes coutumières
Les mains tendues pour arracher un peu de leur lueur à l’obscurité ramassaient des battements d’ailes
La mère ouvrait les bûches froides avec ses ciseaux comme ventre de volaille pour les farcir de crépitements
on essorait du même geste le seuil et le linge
on s’inventait des voisins grandiloquents avec des feux volubiles
on leur inventait des visages et une vaisselle au tintement solennel
stupeur lorsqu’ils déclinaient leurs noms gavés de pierres et le cimetière comme point de ralliement
(Vénus Khoury-Ghata)
Découvert ici: https://eleonoreb.wordpress.com/
Recueil: Où vont les arbres ?
Traduction:
Editions: Mercure de France
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Posted in poésie | Tagué: (Venus Khoury Ghata), aile, allumer, arracher, battement, bûche, cimetière, ciseau, coutumier, crépitement, crépuscule, décliner, farcir, feu, grandiloquent, grave, inventer, lampe, lueur, main, mère, nom, Novembre, obscurité, ouvrir, point, ralliement, ramasser, solennel, stupeur, tendu, tintement, vacillement, vaisselle, ventre, visage, voisin, volubile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2017

Les liserons mangent des bonbons
et boivent de grands verres d’eau au sirop
ils se lèvent très tôt
tombent à la renverse
avalent l’eau du puits
avec maintes courbettes
puis grimpent sur les bancs
avec des lorgnettes pour voir les passants
ils sont très avenants
se pincent les bras
conversent avec les racines volubiles
ils disent des gros mots
à un tas de crottin hautain
qui dit je suis mondain
et rient d’un grand dindon
avec son hoquet qui bat la breloque
le jour ils font la sieste
en se tournant les sangs
avec des airs absents
le soir ils se bercent car ils sont délicats
puis s’endorment à nouveau comme des chats câlins
ils se croient au château
dans du terreau bien gras
où ils jouent du violon
en écossant des pois
(Huguette Amundsen)
Illustration
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Posted in humour, poésie | Tagué: (Huguette Amundsen), absent, avaler, avenant, écosser, boire, bonbon, câlin, chat, château, courbette, délicat, gras, hautain, liseron, lorgnette, manger, mondain, mot, passant, pois, puits, racine, s'endormir, sang, se lever, se pincer, sirop, terreau, violon, volubile | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2016

Scènes possibles de joie :
Elle l’attendait depuis longtemps,
depuis que la lumière a cessé de battre
comme une sorte de cœur dans les vitres (sa pensée).
Et maintenant elle était sûre que c’était lui,
parce qu’elle reconnaissait son pas, son rythme.
Elle pouvait presque reconnaître son souffle aussi,
bien qu’évidemment elle ne l’entendît pas,
et, pour l’instant, il se contentait de grimper
– vite, très vite – les marches,
mais elle avait la chaleur précise de son souffle dans l’oreille,
elle gardait sa voix et son souffle dans quelque chose
comme un creux que j’ai dans le corps pensa-t-elle et où je vous cultive.
Une dernière fois, elle vérifia sa silhouette dans le miroir.
Sa robe allait, son visage allait, tout allait trouvait-elle.
Elle l’attendait et il frapperait
et elle s’ouvrirait comme une rose, comme une fleur,
comme n’importe quelle fleur,
à qui on redonne la lumière, la chaleur,
et qui veut prendre, qui veut croître et fleurir et s’épanouir,
qui veut être complètement dans la campagne.
Je veux être complètement dans la campagne
pensa-t-elle le long des allées de terre
le visage tourné vers le soleil et abrité du vent par les oseraies, par les saules,
par tout ce qui existe et peut me protéger.
Elle remit une mèche de cheveux,
elle effaça l’ombre d’une poussière sur sa joue
et alors il frappa.
***
– Vous voulez venir avec moi ?
– Oui je veux bien.
Elle l’avait dit trop vite
comme l’oiseau qu’elle était et qui souhaitait quoi ?
picorer un visage sans doute, oui c’est ça,
le sien, un visage d’herbes et de barbe.
Elle se sentait transportée, rayonnante, lumineuse.
Très très légère et l’idée lui était venue :
en sa compagnie, je suis un oiseau, pas autre chose.
C’est-à-dire : quelqu’une d’infiniment heureuse
et débarrassée de tout danger.
Les oiseaux volent, ils échappent aux prédateurs par leurs ailes
et vivent d’une certaine façon une vie presque non risquée.
Voilà l’idée fausse que je me fais des oiseaux pensa-t-elle.
Elle était une fleur et maintenant un oiseau et quoi d’autre ?
mais c’était lui qui la mettait dans tous ses états, littéralement, et provoquait ses métamorphoses
et elle ne pouvait pas résister : elle était à côté de lui
et elle dévalait toutes les formes de la vie,
et pas une ne lui échappait,
parce qu’il m’ouvre de partout pensa-t-elle, je suis devenue toute.
***
… dit-il ; dit-elle ; dit-il ; dit-elle.
Toute une conversation, ils en sont arrivés là, finalement, et c’était sans effort :
il et elle volubiles et jamais gênés,
jamais interrompus, comme dans son enfance
il y avait cette rivière permanente et inaccessible, dans son adolescence en fait.
Et désormais elle regardait les rives depuis le bateau,
depuis la presque barque qu’était, pour elle,
leurs paroles et nous nous les échangeons, et elle se les décrivait :
roseaux, lentes biches, herbes & saules, branches plongées dans l’eau,
pentes de terre, garçons nus sur les pentes de terre,
les garçons nus et juteux de soleil, elle se le disait comme ça,
nous sommes des fruits de toute façon, et il arrive que quelqu’un nous approche et nous cuisons.
Moi aussi j’appartiens à l’ordre des pêches et je coule pensa-t-elle.
Tout désormais prenait ce rythme.
(Stéphane Bouquet)
Illustration: Neila Ben Ayed
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Posted in poésie | Tagué: (Stéphane Bouquet), adolescence, aile, appartenir, approcher, attendre, échanger, bîche, campagne, chaleur, cheveux, coeur, conversation, corps, couler, creux, cuire, fleur, forme, garçon, grimper, joie, joue, juteux, lumière, métamorphose, oiseau, ombre, oseraie, ouvrir, pêche, pensée, possible, poussière, résister, reconnaître, rose, roseau, rythme, s'ouvrir, saule, scène, soleil, souffle, souhaiter, vie, visage, vitre, volubile | Leave a Comment »