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Poésie

Posts Tagged ‘voluptueux’

Odeur d’iris (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2023




    
Odeur d’iris
près de la fontaine
près du mur chauffé au soleil

moiteur de la peau lèvres humides
robe froissée légère
debout contre le mur aux pierres encore chaudes

musique voluptueuse de l’eau
coulant de la nuque aux chevilles
une main savante

odeur d’iris
violente et douce comme
l’extrême pointe du plaisir
le bleu là-haut immaculé

le corps tous les secrets du corps
là près de la fontaine
en cette fin d’après-midi d’été

debout contre le mur
ouverte

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Ce faix voluptueux (Bhartrihari)

Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2023




    
Ce faix voluptueux des seins arrondis,
ces yeux tremblants,
ces lianes mobiles des sourcils
et ce frais bourgeon des lèvres
causent un trouble certain au coeur des hommes,
que le désir aveugle :
mais comment cette ligne impérissable de félicité
que le dieu aux armes de fleurs a dessinée lui-même,
comment est-il possible que ce gazon noir,
semé en son milieu,
allume encore une chaleur plus grande ?

(Bhartrihari) (VIIe siècle)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Les regards des maisons (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022



Les regards des maisons

Les persiennes ferment
les yeux de la maison
qui espionnait la rue

Il y a des maisons borgnes
des maisons aveugles
d’autres qui louchent

J’aime celles
qui ont de beaux yeux
d’abat-jour bleus
et des regards voluptueux
de lits défaits

J’aime celles
qui sourient en ouvrant
les bras de leurs escaliers
celles qui sont myopes
et qui ne voient pas plus loin
que le bout de leur toit.

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration

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LE CHAT (Maurice Rollinat)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    

LE CHAT

Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.

Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,

Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.

Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
De la table à l’armoire et du fauteuil à l’âtre,
Il vague, sans salir l’objet qu’il a frôlé,
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre.

Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue
Où livres et cahiers gisent ouverts ou clos,
Il passe comme un souffle, effleurant de sa queue
La feuille où ma pensée allume ses falots,
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue.

Quand il mouille sa patte avec sa langue rose
Pour lustrer son poitrail et son minois si doux,
Il me cligne de l’œil en faisant une pause,
Et je voudrais toujours l’avoir sur mes genoux
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose.

Accroupi chaudement aux temps noirs de décembre
Devant le feu qui flambe, ardent comme un enfer,
Pense-t-il aux souris dont il purge ma chambre
Avec ses crocs de nacre et ses ongles de fer ?
Non ! assis devant l’âtre aux temps noirs de décembre

Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes
À la face bizarre, aux tétons monstrueux,
Il songe à l’angora, mignonne des mignonnes,
Qu’il voudrait bien avoir, le beau voluptueux,
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes.

Il se dit que l’été, par les bons clairs de lune,
Il possédait sa chatte aux membres si velus ;
Et qu’aujourd’hui, pendant la saison froide et brune,
Il doit pleurer l’amour qui ne renaîtra plus
Que le prochain été, par les bons clairs de lune.

Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve,
Et quand nous en sortons encor pleins de désir,
Il nous jette un regard jaloux et presque fauve
Car tandis que nos corps s’enivrent de plaisir,
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve.

Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte,
Comme pour y cueillir un brin de volupté,
La passion reluit dans sa prunelle verte :
Il est beau de mollesse et de lubricité
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte.

Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante,
Dans le creux où son corps a frémi dans mes bras,
Il se roule en pelote, et sa tête charmante
Tourne de droite à gauche en flairant les deux draps,
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante.

Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule,
Et quand il s’est grisé de la senteur d’amour,
Il s’étire en bâillant avec un air si drôle,
Que l’on dirait qu’il va se pâmer à son tour ;
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule.

Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières
Où, matou lovelace et toujours triomphant,
Il s’amuse à courir pendant des nuits entières
Les chattes qu’il enjôle avec ses cris d’enfant :
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières.

Panthère du foyer, tigre en miniature,
Tu me plais par ton vague et ton aménité,
Et je suis ton ami, car nulle créature
N’a compris mieux que toi ma sombre étrangeté,
Panthère du foyer, tigre en miniature.

(Maurice Rollinat)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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Fantaisie érotique (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2021



Fantaisie érotique

Un rêve de plaisir navigue dans mon crâne :
Une fille dansant sur un vieil air profane
Qui, langoureuse, enlève un par un ses habits
Avec des gestes lents, voluptueux et habi-
Les : d’abord, les boutons de nacre du corsage
Qui, en s’ouvrant, révèle un corps encore sage
Mais qui s’offre déjà dans l’éclat de sa chair
Alors que pointe un bout de sein du plus beau clair.

L’agrafe, qui retient la robe courte, comme
Une ancre de frégate à la voile bien blanche
S’ouvre pour montrer la courbe d’une hanche.
Je voguerai vers elle… et nous croquons la pomme,
Enlacés au milieu d’un immense verger.
Alors que je croyais sommeiller sur la grève
Et vivre sur le sable un si merveilleux rêve :
Tu étais ma fermière et j’étais ton berger.

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration: André Masson

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NE croyez pas (Francis Vielé-Griffin)

Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2020



 

Anne-François-Louis Janmot (11) [1280x768]

NE croyez pas,
—Pour ce qu’avril rit rose
Dans les vergers,
Ou pâlit de l’excès voluptueux des fleurs —,
Que toutes choses
Sont selon nos gais coeurs,
Et qu’il n’est plus une soif à étancher.

Ne croyez pas,
— Glorieux des gloires automnales,
Ivres des vins jaillis que boit l’épi qu’on foule —,
Qu’il n’est plus une faim que rien ne soûle :
Car Décembre est en marche dans la nuit pâle.

Oui, mais ne croyez pas
—Parce qu’autour de vous toute âme est vile,
Et que la foule adore son vice servile,
Parce que, sur la plaine où le Mystère halète
Courbant l’épi, froissant la feuille, d’ailes inquiètes,
Grandit la ville —,
Ne croyez pas,
—Bien que tout coeur soit bas —,
Que le vieil Angelus sonne à jamais le glas,
Croyez, sachez, criez à pleine voix
Que l’Amour est vainqueur et que l’Espoir est roi!

(Francis Vielé-Griffin)

Illustration: Anne-François-Louis Janmot

 

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LE PASSÉ (Henri De Régnier)

Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2019



 

feu 1

LE PASSÉ

Avec des mains de haine et de colère, Amour!
J’ai rompu rudement à mon genou farouche
Le beau cep qui porta la grappe dont toujours
Le goût voluptueux se ravive à ma bouche;

Et j’ai fait, tout ce jour, des treilles de ma vie
Brûler le sarment sec et la feuille séchée
Pour qu’il n’en reste au soir que la cendre et la suie
Qui demeurent après une vaine fumée.

Et c’est ainsi qu’avant que s’éteignît dans l’ombre
Ce feu dont les tisons ont mordu la nuit sombre,
O Passé, j’ai voulu que ta flamme suprême

Couronnât et rougît une dernière fois,
Comme d’un éclatant et pourpre diadème,
Le visage brûlant que je penchais sur toi.

(Henri De Régnier)

 

 

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Mouvements (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 2 mai 2019



Mouvements

Je passe
Une nuit légère et vaporeuse
Après un jour pesant
Sous un soleil de feu

Je me promène
Dans une aube timide
Comme une fille nubile
Et respire des odeurs vivantes

Je vibre
Dans un exil de luxe
Quand le soleil
Chauffe le ciel à petit feu
Et me réchauffe à peine
Dans le sentier griffé
De buissons épineux
Et piqué d’orties

Je gravis les hauteurs
Jusqu’à l’épanouissement
Voluptueux des eaux
Et j’y rencontre le silence
Quand le couchant colore
De rose l’horizon
Que toutes les vitres rutilent
Et que le village flamboie

J’éprouve le frisson
Du soir sur mon épaule
Une lune maussade brille
Sur une mer anxieuse
Et sous les nuages fissurés
La terre s’allonge sous le ciel

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration

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Un silence se fit dans le déclin du jour (Charles Van Lerberghe)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2019



Duy Huynh 2a

 

Un silence se fit dans le déclin du jour.
Une plainte expira, puis un soupir d’amour.
Puis une pomme chut, une autre encore, et d’autres,
Dans l’herbe haute et chaude et l’ombre d’émeraude.

Le soleil descendit de rameaux en rameaux ;
On entendit chanter un invisible oiseau.
Une senteur de fleurs molles et défaillantes
Sur la terre glissa comme une vague lente.

Et pour mieux enchanter celle qui vient, les yeux
Baissés, et comme en songe, et le cour oublieux,
Par les troubles sentiers de ces jardins magiques,

Le soir voluptueux, dans les airs attiédis,
De ses subtiles mains complices étendit
L’insidieux filet des étoiles obliques.

(Charles Van Lerberghe)

Illustration: Duy Huynh

 

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Réfléchis moi (Virginie Greiner)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2019



Illustration: Béatrice Tillier
    
Réfléchis moi

Dans le reflet de tes yeux, je t’ai deviné.
Je vois le corps d’un autre dont je vais disposer.
Examine la langueur de mon regard.
Contemple nos anatomies se donnant au hasard.
Nous deux, amants. Sous peu.
Fin des objets fantasmés.
Rien de plus voluptueux qu’une étreinte embrasée
Par le visible désir de mon autre dualité.

(Virginie Greiner)

 

Recueil: EN MÂLES DE NUS
Traduction:
Editions: Attakus

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