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Poésie

Posts Tagged ‘voyageur’

CHANSON DE ROUTE (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2023




    
CHANSON DE ROUTE

Ô soleil, viens briller dans mon coeur,
Vent, dissipe soucis et misère.
Je ne sais joie si pure sur terre
Que partir, se faire voyageur.

Je suis prêt à courir vers la plaine.
Brûle-moi soleil, baigne-moi, mer.
Ouvrez-vous, mes sens et vous ma chair,
Aux saveurs de notre vie humaine.

Que les jours, se suivant, me dévoilent
Nouveaux frères, compagnons nouveaux,
Que je sois, louant tout en repos,
Hôte, ami de toutes les étoiles.

***

REISELIED

Sonne leuchte mir ins Herz hinein,
Wind verweh mir Sorgen und Beschwerden !
Tiefere Wonne weiß ich nicht auf Erden,
Als im Weiten unterwegs zu sein.

Nach der Ebne nehm ich meinen Lauf,
Sonne soll mich sengen, Meer mich kühlen ;
Unsrer Erde Leben mitzufühlen
Tu ich alle Sinne festlich auf.

Und so soll mir jeder neue Tag
Neue Freunde, neue Brüder weisen,
Bis ich leidlos alle Kräfte preisen,
Aller Sterne Gast und Freund sein mag.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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Tristesse au clair de lune (Muhammad al-Maghut)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2023




    
Tristesse au clair de lune

Ô printemps qui vient de ses yeux,
Ô canari voyageur au clair de lune,
mène-moi à elle,
en poème d’amour ou en coup de poignard
je suis dans l’errance et blessé,
j’aime la pluie et le gémir des vagues lointaines,
je me réveille d’un profond sommeil
pour penser aux jambes désirables d’une femme que j’ai vues un jour,
pour m’adonner au vin et composer des poèmes,
dis à Leïla ma bien-aimée
à la bouche d’ivresse et aux pieds soyeux
que je suis malade et en manque d’elle
j’entrevois des traces de pieds sur mon coeur.

***

(Muhammad al-Maghut)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Extrêmement se perdre aux bornes de soi-même (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023




    
Extrêmement se perdre aux bornes de soi-même
Grâce au fil qui nous fut donné
Aboutira peu loin mais c’est le seul extrême
Permis par un monde borné.
Si dans sa propre nuit le voyageur s’enfonce
Il n’en peut atteindre le bout.
Un sphinx garde la porte et ne donne réponse
Autre que ses yeux de hibou.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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NOUVELLES FRAÎCHES (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022




    
NOUVELLES FRAÎCHES

Souvenirs de la mer
Le grand panneau du fond découpé par l’éclair
La vague abandonnée aux démons du parterre
La fumée des étoiles
Aux ras des flots le lustre éteint
Les voyageuses du matin
Plus haut que nous la robe ouverte

Le regard bleu
Les mouches vertes
Une heure après
L’espace blanc
Le beau gaillard est à l’avant
Ses mains mesurent l’entourage
Le vent se lève
Une autre page

Il est trop tôt pour s’attarder
Le monde va par coups de dés
L’étrave blesse les paupières
Creuse la route la lumière
Aucun regret des passeports
C’est l’aventure naturelle
Et plus nouvelle que la mort.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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Cent fois que je vais à la poste (Varlam Chalamov)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022




    
Cent fois que je vais à la poste
Pour aller chercher ta lettre.
À présent la nuit je ne dors plus,
je ne vis plus le jour.

Je crois, je crois à tous les signes,
Aux songes comme aux araignées,
Je crois aux skis, je crois en été
Aux barques étroites qui filent.

Je crois au vrombissement des automobiles,
À leurs orageux diesels,
Aux colombes messagères,
Aux mâts des navires.

Je crois aux sifflets des vapeurs,
Je crois aux trains,
Même à l’été
Je crois parfois.

Je crois dans les traîneaux à rennes,
Dans la boussole du voyageur
Près de ses cartes engivrées
Et dans la désolation de l’heure.

Dans les vaillantes kibitkas
Et dans les chiens d’attelage,
Aux escargots et leur sang-froid,
À l’indolence des tortues.

Je crois comme par enchantement,
Au sang qui se glace,
Je crois aussi à la patience
Et à ton amour.

(Kibitka : traîneau couvert)

(Varlam Chalamov)

 

Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau

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Verte, si Verte, si verte l’herbe… (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022




Illustration: Shan Sa
    
Verte, si Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière
Amples, si amples se déploient les saules du jardin
Belle, si belle cette femme qui se tient en haut des marches
Claire et brillante, elle apparaît dans la fenêtre
Charmant, si charmant son visage poudré
Fines, si fines ses mains blanches qui se découvrent
Autrefois chanteuse, elle ornait la maison de musique
La voilà aujourd’hui à un petit qui délaisse son foyer
Comment se résoudre à voir encore son lit inoccupé ?

Le banquet remplit le jour d’échos hilares
Et les joies délicieuses épuisent encore nos mots.
Comment dire cette merveille que le luth accentue
Son chant m’amène au voisinage céleste
Le génie musical embrase l’écoute de ceux qui s’attardent
Et c’est d’un seul coeur que nous portons l’élan de nos souhaits
Mais la fête entamée garde encore une pensée silencieuse
Les jours des hommes tourbillonnent puis se dispersent
Si peu de temps pour jouir du beau séjour !
Pourquoi ne pas laisser ses ambitions galoper ?
Pour être ainsi le premier arrivé aux commandes du monde
Pourquoi rester pauvre et ignoré,
Enlisé dans les marais aigres du ressentiment !

La première lune d’hiver annonce les courants froids
Le vent du nord s’engouffre cruel et tranchant.
J’endure la peine et sais la nuit longue.
Les étoiles hiérarques s’égrènent dans la nuit claire
Au quinzième jour, la lune est pleine
Et au vingtième déjà ses ombres se brisent.
Un voyageur pâle me tend une lettre seule.
J’ai lu au premier vers « amour immortel »
J’ai lu au dernier vers « douleur infinie d’être encore
J’ai conservé cette lettre dans les plis de ma robe
Trois ans déjà sont passés mais les mots n’ont pas blanchi.
Je m’offre entière à cette unique ferveur
Et je tremble que jamais tu n’en voies la valeur.

(Anonyme)

Les dix-neuf poèmes anciens des Han (ler siècle ap. J.-C.)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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La voyageuse (Luc Bérimont)

Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2022




    
La voyageuse

Les trains du petit jour partent mieux que des salves
Si chaude la dormeuse à l’aube des boulons
Arrachée — arrachée — franchissant les collines
Arrachée de mon corps comme une affiche humide.

Crucifixion des mots d’amour dressés en toi
Je capture la nuit qui te flaire à la trace
Je roule avec le sang qui brûle entre mes bras
Je déroule les bois endormis sous la neige.

À l’heure où le brouillard enroue l’écho des coqs
Mon sommeil a des fils noués à ton visage
Je m’efforce à plonger plus profond que le roc
Plus profond que la mer et plus sourd que ma voix.

(Luc Bérimont)

Recueil: Le sang des hommes
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Pieds et poings liés (Benjamin Péret)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2022




Pieds et poings liés

Quand je serai le cheval de pierre
debout devant l’éternité
je demanderai aux divinités des plantes
le manteau de pluies indispensable aux voyageurs éternels
Aujourd’hui je suis dans un puits glacé
où pleurent les madones noyées par leurs larmes et la pluie éternelle
qui recouvre les pensées des hommes
leurs souvenirs et leurs ambitions déjà flétris
par une main inexperte
et incolore comme l’eau d’une carafe
où vit cependant l’oeil de ma bien-aimée
couleur de citron et d’orage implacable

(Benjamin Péret)

 

 

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FOEHN (Jean-Pierre Schlunegger)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2022



FOEHN

Novembre. Un fin crachin, une buée
Têtue, portant l’hiver
Sur la vitre perdue où les raisins, les fées
Transparentes, les vins rêvent d’horizons clairs.

Lavaux. Plus loin, la limite des vignes.
J’y ai passé quand mon père veillait sa mort,
Avant guerre. La même route vers le nord
Et le même brouillard, les mêmes signes.

Est-ce le monde, ce retour d’images brèves ?
Soudain j’ai peur d’être si lourd, si chaud de rêves.

Je suis hanté d’une longue terreur,
Imprégné d’herbe rousse, de fougères, de bois,
Et j’apparais, un peu hagard, à la lisière
Des forêts, noires sous le foehn, comme autrefois,

Pour m’échouer contre la porte familière
Ouverte sur fa nuit : j’y hume le chevreuil
Le doux retour du fils, la flamme, la lumière
Dans les regards heureux. Mais je suis voyageur.

Je dis bonjour, je dis bonsoir, levant mon verre.
La pluie reprend. On a changé les coeurs.
Je revois la forêt, je vois la route immense,
La sente herbeuse où, pâle, je m’enfuis
Sans retour et pourtant jamais sans espérance,
Et joue à joue avec les larmes de la nuit.

(Jean-Pierre Schlunegger)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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Chanson du Sud-du-Fleuve (Li Yi)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022



Illustration: Chai Qiu Nong
    
Chanson du Sud-du-Fleuve

Mariée jeune à un marchand-voyageur
Jour après jour attendre en vain son retour
Si j’avais su combien fidèle était la marée
J’aurais épousé, pour sûr, un joueur de vagues

(Li Yi)

 

Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil

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