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Poésie

Posts Tagged ‘voyelle’

LA STELE (Daniel Birnbaum)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2022



stele 2

LA STELE

Une liste de noms
gravés dans le granite
sur le monument
au carrefour des petites routes

un peu de mousse dans le creux des voyelles
un peu de saleté dans le creux des consonnes

le temps apprend à lire
les souvenirs qui luttent contre lui.

(Daniel Birnbaum)

Illustration

 

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« Soudain, je n’avance pas… » (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2022




Illustration: Giacomo Balla
    
« Soudain, je n’avance pas… »

Soudain, je n’avance pas, et soudain
Le geste vole en éclat, comme le verre.
Des voyelles remoulues à coups de pierre.

Des yeux vivants, dans la queue du paon,
M’ont encadré d’un tir sec,
Aveugles de trente soleils sans levers.

Comme, entre les dents, du sable prisonnier
Seulement en rayant l’émail se défend,
Des vers je fais des tranchants contre le rien.

Et suspendu de moi-même, la voix suspendue,
Dans la cécité des soleils j’ouvre des lampes
Que ma main transporte en aube.

***

«Num repente, não ando… »

Num repente, não ando, e num repente
O gesto se estilhaça, como o vidro
Das vogais remoídas a pedradas.

Olhos vivos, na cauda do pavão,
De seca pontario me enquadraram,
Cegos de trinta sóis sem madrugadas.

Como, entre dentes, areia prisioneira
No sel riscar do esmalte se defende,
Faço de versos gumes contra o nada.

E suspenso de mim, a voz suspensa,
Na cegueira dos sóis abro candeias
Que a minha mão transporta em alvorada

(José Saramago)

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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LA PAROLE (António Ramos Rosa)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2021




    
LA PAROLE

La parole est une statue immergée, un léopard
qui frémit en des taillis obscurs, une anémone
dans une chevelure. Parfois c’est une étoile qui
projette son ombre sur un torse.
La voici errante dans la clameur de la nuit,
aveugle et nue, mais vibrante de désir
comme un magnolia mouillé. Rapide est la bouche
qui effleure juste les rayons d’une autre lumière. Je
touche ses fines chevilles, ses cheveux ardents et je
vois une eau limpide dans la nacre d’une coquille.
Et c’est toujours un corps aimant et fugace
qui chante dans une mer musicale le sang des voyelles.

(António Ramos Rosa)

 

Recueil: Le cycle du cheval
Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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Noire la page où je t’écris (Vénus Khoury-Ghata)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021




    
[…]
noire la page où je t’écris
je t’écris parce que tu ne sais plus écrire que tu
récites sans te tromper l’alphabet du néant

je t’écris sans écrire
les passants marchent sur mes mots
mes consonnes sont rêches mes
voyelles sont nues

je t’écris pour éteindre le feu qui dévore mes doigts dès qu’ils
touchent ton nom

Dieu de l’oubli
dans quelle poche gardes-tu ceux qui partent
et pourquoi permets-tu que l’on se souvienne

(Vénus Khoury-Ghata)

 

Recueil: Demande à l’obscurité
Traduction:
Editions: Mercure de France

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SUCCINCTES (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2020




    
SUCCINCTES

Branches émerveillées
avant la fin de la lumière

*

Rayon oblique
dernier captif de
la fleur rouge

Enfants qui jouent
à petits cris
dans mon oreille

Cloches qui disent
Qui sers-tu ?

*
Main
qui plante
pour les papillons du futur

Rose blanche
Feuilles charmées par la pluie

*

Sur l’herbe passe
l’ombre d’un papillon

*

Ombre fine
Chardons bleus
En soleil
Amoureux

*

Branche de roses
Indéchiffrées
Son grand visage
Emplit mes yeux

*

Soleil
à l’état sauvage

*

Avril
adolescent
demi-nu
demi-dieu

*

La terre
aux genoux éclatants

*

Voyelle
Blanche
Soleil Muet
Sous les
Nuages

*

Liberté
D’or
Tilleul

(Henry Bauchau)

 

Recueil: Poésie complète
Traduction:
Editions: Actes Sud

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Nous tournions le dos aux vitres (Jean-François Mathé)

Posted by arbrealettres sur 27 août 2020



La neige était tombée, comme une sentence,
des arbres noirs et juges de ce paysage.
Nous voyagions près d’une voix éclairée de voyelles
qui n’avait sa source en aucun de nous,
mais en elle nous déposions nos blessures,
mais elle tirait de nous des nuages.
Allègement, dans les maisons désertes, sérénité,
regards évadés en nous-mêmes.

Nous tournions le dos aux vitres,
après avoir pris dans leur buée de quoi rêver.

(Jean-François Mathé)

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Sèves écloses (Gaëtane Drouin Salmon)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2019



Sèves écloses

La beauté noie ses ailes
dans la rosée de l’aube

ouvert au mystère
mon oeil chavire
vers le soleil rouge

autour de l’arbre bleu qui doute et tremble
sur la magie de l’eau

nos bras épellent la tendresse
en des voyelles allongées

renaître aux sèves écloses

(Gaëtane Drouin Salmon)


Illustration

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L’amour est donc ceci (Jacqueline Risset)

Posted by arbrealettres sur 3 janvier 2019




    
l’amour est donc ceci :
imperceptible trait
de montée qui demande?

intonation de demande étonnée
où tout s’engouffre
mince intervalle

disant :
tout change
toutes cellules remuées

: une voyelle
dite un peu plus haut dans la voix —
un souffle —

(Jacqueline Risset)

 

Recueil: L’Amour de loin
Traduction:
Editions: Flammarion

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Le long du bord de la mer (Dylan Marlais Thomas)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2018



Le long du bord de la mer,
écoute les voyelles sombres des oiseaux.

(Dylan Marlais Thomas)


Illustration: Claude Monet

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Ce qui frémit (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2018




    
Ce qui frémit : comme un cri
chuchoté, une palpitation de voyelles
ou ce parfum de fleurs invisibles.
Et toi, hors de toi-même,

Cherchant à discerner par froide nuit,
dans le chaos silencieux des étoiles,
des ombres, solitaires sentinelles
ajustées à l’envol.

Ici commence tout vertige,
tu respires le vent et ses lointains,
l’heure vide, l’instant sans poids.

Alors la nuit grave et sans contour,
comme une source de mémoire et d’encre,
descend dans le feu et le sang.

(Lionel Ray)

 

Recueil: Syllabes de sable Poèmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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