Illustration: Jérôme Royer
Pendant des années
je me perds de vue.
Quand je me retrouve
je ne me reconnais pas.
(Jean Rousselot)
Traduction:
Editions: Les Deux-Siciles
Posted by arbrealettres sur 19 février 2023
Illustration: Jérôme Royer
Pendant des années
je me perds de vue.
Quand je me retrouve
je ne me reconnais pas.
(Jean Rousselot)
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Posted by arbrealettres sur 13 février 2023
Illustration: Man Ray
FIL ET AIGUILLE
Sans fin donner naissance
A des passions sans corps
A des étoiles mortes
Qui endeuillent la vue.
(Paul Éluard)
Recueil: Les mains libres
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2022
Allah imprègne le monde entier.
Cependant, sa vérité n’a été révélée à personne.
Vous feriez mieux de le chercher en vous-même.
L’autre monde est hors de vue.
Ici sur Terre, nous devons vivre debout.
L’exil est l’agonie, la douleur et le fléau.
Personne ne revient une fois parti.
Allons, soyons amis pour une fois,
simplifions-nous la vie,
soyons amoureux et aimés,
ne laissons la terre à personne.
Pour vous, ce que dit Yunus est clair,
ce que cela signifie dans l’oreille de votre cœur:
nous devons tous vivre la belle vie ici,
car personne ne continuera à vivre ici.
(Yunus Emre)
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Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022
Illustration: Shan Sa
La cigale
La voix de la cigale a résonné du côté de la route occidentale ;
Elle jette dans une rêverie profonde l’hôte qui porte une coiffe du sud.
Comment supporterais-je patiemment la vue de ce frêle insecte,
Qui vient, tout près de ma tête blanche, répéter son chant douloureux !
La rosée, trop lourde pour ses ailes, appesantit sa marche, et l’empêche de prendre son vol
Le vent, qui souffle avec violence, emporte ses cris étouffés.
Les hommes ne veulent pas croire à ce qu’il y a de pur et d’élevé dans le secret de son existence
Puis-je espérer qu’il s’en trouve un, pour faire connaître à tous ce que renferme mon coeur
(Luo Binwang)
(milieu du VIIe-début du VIIIe siècle)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022
Illustration: Shan Sa
Assis avec ma femme au début du printemps
Toilettes et parures audacieuses,
Tu t’apprêtes toujours d’avant-garde.
L’herbe encore courte perce au travers des sandales
Les prunes en promesse détachent leur parfum d’à venir
Les arbres s’inclinent pour cueillir ton châle de brocarts
Et l’air s’élève délicat puis dégage ton col écarlate
Remplis ma coupe de vin d’orchidée !
Cette seule vue fait chanter mon esprit.
(Xu Junqian)
(540-609)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022
Je t’aime.
Je t’aime et dans cet amour
fleurit la plus grande vue de toi,
une image où tu es libre,
une image de drap blanc et ciel pur,
je n’entre pas dans cette image, mon amour,
je n’y entrerai jamais,
tu y es seule, libre d’y dormir,
d’y sourire et même d’y disparaître,
je te regarde, je t’aime
et t’aimant je te vois dans la nuée de ta vie blanche,
dans la douceur de cette vie venue à toi
et dont toi seule connaîtras jamais le goût,
je t’aime donc je te vois
et tu es libre dans cette vue.
(Christian Bobin)
Posted in poésie | Tagué: (Christian Bobin), aimer, amour, blanc, ciel, connaître, disparaître, dormir, douceur, drap, entrer, fleurir, goût, image, libre, pur, regarder, seul, sourire, vie, voir, vue | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 16 mai 2022
LA FOLLE
Elle était folle, disait-on, folle
Parce qu’elle marchait sur le même trottoir
Du matin jusqu’au soir
Sans prononcer une parole.
Elle était folle, disait-on,
Parce qu’elle s’en donnait plein la vue
Des autos qui fauchaient l’avenue
Comme pour y retrouver un nom.
Elle était folle, disait-on, folle
Parce qu’elle s’appuyait au mur
Quand à la nuit venue
Elle sentait se dérober le sol.
Elle était folle, disait-on,
Parce qu’elle ne dormait pas de hâte
De revoir dans la rade
Un soleil dont elle n’oubliait pas le nom.
Elle était folle, disait-on, folle
Parce qu’elle attendait ce bateau bleu
Qui lui avait fait signe, un jour,
Et qui pour elle faisait voile.
Elle était folle, disait-on,
Parce qu’à chaque signe
Elle s’élançait, à chaque signe
Qui s’annonçait à l’horizon.
Et parce que voyant un jour cette auto bleue
Venir à sa rencontre (elle en avait vu d’autres
De la même couleur, mais c’était celle-là
Qu’elle attendait, cette auto bleue)
Elle s’y jeta d’un élan si décidé
La face rayonnante et le coeur en fournaise
(On la dit folle, folle à lier)
Qu’elle en mourut, les gens en parlent à leur aise!
Et moi qui n’ai cherché ni le pied ni la rime
Mais autre chose qui bleuit je ne sais où,
Peu me chaut qu’on me l’impute à crime
Ou qu’on me dise fou !
(Franz Hellens)
Posted in poésie | Tagué: (Franz Hellens), aise, attendre, auto, bateau, bleuir, chercher, couleur, crime, dormir, faucher, folle, fou, horizon, marcher, oublier, parole, s'appuyer, se dérober, signe, trottoir, vue | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 avril 2022
Lorsque les champs dorés devant ma vue ondulent,
Et la forêt tressaille au souffle du zéphyr,
Que mille chants d’oiseaux dans les airs se modulent,
Et sous la feuille un fruit recommence à bouffir;
Lorsque tout imprégnés d’éclatante rosée,
A l’aube ou par un soir incendiant les cieux,
Le candide muguet, ou la vierge pensée,
Me semble saluer d’un geste gracieux;
Lorsqu’une fraîche source au fond de la vallée,
Fredonnant un doux chant qui me berce et m’endort,
Murmure à mon oreille une légende ailée
D’un pays merveilleux du temps de l’âge d’or;
— Alors, je sens enfin dans mon âme se taire
Tous les tourments secrets des pensers anxieux.
Je conçois le bonheur possible sur la terre,
Et la Divinité — visible dans les cieux.
(Michel Lermontov)
Posted in poésie | Tagué: (Michel Lermontov), aile, air, anxieux, aube, âge, âme, éclatant, berver, bonheur, bouffir, candide, champ, champs, chant, cieux, concevoir, divinité, doré, doux, endormir, feuille, fond, forêt, frais, fredonner, fruit, geste, gracieux, imprégner, incendier, légende, mérveilleux, muguet, murmurer, oiseau, onduler, or, oreille, pays, pensée, penser, possible, recommencer, rosée, saluer, se moduler, se taire, secret, sembler, sentir, soir, souffle, source, terre, tourment, tressaillir, vallée, vierge, visible, vue, zéphyr | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2021
Souffle du souffle,
et vue de la vue,
et ouïe de l’ouïe,
pensée de la pensée – ceux qui le connaissent
ont discerné la Parole antique, originelle.
Par la pensée il faut le percevoir.
Rien ici-bas n’existe séparément.
De mort en mort celui-là va
qui voit les choses comme séparées.
En unité il faut le percevoir,
cela l’immense, cela le stable,
hors de trouble, passant l’espace,
le Soi sans naissance, le grand, le stable.
Quand le sage l’a reconnu,
qu’il accomplisse son savoir, lui brâhmane.
Qu’il n’égare sa pensée en mots nombreux:
c’est l’affaiblissement de la parole.
(Brihadâranyaka-upanishad)
Posted in méditations | Tagué: (Brihadâranyaka-upanishad), naissance, ouïe, pensée, percevoir, sage, souffle, vue | 3 Comments »