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UN ARBRE EMPOISONNÉ (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2022




UN ARBRE EMPOISONNÉ

Contre mon ami j’étais en colère,
Je dis ma colère, et elle prit fin.
L’étant aussi contre mon ennemi,
Je n’en dis rien, ma colère poussa.

Et je l’arrosai, elle et ses alarmes,
Matin et soir la baignai de mes larmes,
Je l’exposai au soleil de sourires,
La réchauffai de simagrées douceâtres.

Et elle poussa, poussa jour et nuit,
Jusqu’à porter une pomme splendide —
Et mon ennemi la vit qui brillait.
Et il savait qu’elle m’appartenait,

Et donc, quand la nuit eut voilé le pôle,
Il se faufila dedans mon jardin.
Et j’ai la joie de trouver, au matin,
Mon ennemi dessous l’arbre gisant.

***

A POISON TREE

I was angry with my friend:
I told my wrath, my wrath did end.
I was angry with my foe;
I told it not, my wrath did grow.

And I watered it in fears,
Night and morning with my tears;
And I sunned it with smiles,
And with soft deceitful wiles.

And it grew both day and night
Till it bore an apple bright—
And my foe beheld it shine.
And he knew that it was mine,

And into my garden stole,
When the night had veiled the pole.
In the morning glad I see
My foe outstretched beneath the tree.

(William Blake)

Illustration: Sophie Ainardi

 

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LA ROSE MALADE (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2020




LA ROSE MALADE

Ô rose, tu es malade :
L’invisible ver
Qui vole de nuit
Dans la tempête hurlante,

A trouvé où est ton lit
De joie cramoisie ;
C’est son noir amour secret
Qui détruit ta vie.

***

THE SICK ROSE

O rose, thou art sick:
The invisible worm
That flies in the night,
In the howling storm,

Has found out thy bed
Of crimson joy;
And his dark secret love
Does thy life destroy.

(William Blake)

Illustration: William Blake

 

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LE PETIT NEGRE (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 5 juin 2020




LE PETIT NEGRE

Ma mère m’a mis au monde en un coin du Sud cruel
Et je suis noir. Mais mon âme, elle est blanche, vous savez !
Le petit Anglais est blanc. Blanc comme un ange du ciel.
Moi, je suis noir. Comme si la lumière avait manqué.

Au pied d’un arbre accroupie, ma mère m’a enseigné
En guettant à l’horizon la chaleureuse clarté.
Elle m’ouvrait ses genoux, me serrait et m’embrassait
Puis, le doigt vers l’orient, soudain elle me disait:

Vois s’élever le soleil! Dieu est la-bas. Et c’est lui
Qui sur le monde répand la chaleur et la lumière.
Et les arbres et les fleurs, et les hommes et les bêtes
Reçoivent l’espoir de l’aube et la joie du plein midi.

Si nous avons, ici-bas, pour quelque temps vu le jour,
C’est pour apprendre â subir les chauds rayons de l’Amour.
Nous ne sommes rien de plus, corps bronzés, visages sombres
Que nuages dans le ciel ou, dans les bois, un peu d’ombre.

Lorsque nos âmes sauront supporter cette chaleur,
Les nuages auront fui et nous entendrons Sa voix:
« Mon bien aimé, sors du bois des ombres ; réjouis-toi
Près de ma tente dorée, comme les agneaux sans peur ».

Oui, voila ce que ma mère en m’embrassant me disait
Et je me disais ceci, en pensant au jeune Anglais :
Moi noir, lui blanc, le nuage est le même pour nous deux,
Et tous deux jouerons de même autour des tentes de Dieu.

Moi je l’ombragerai, pour que la chaleur ne l’accable
Jusqu’à ce qu’en Notre Père il prenne un repos joyeux.
Debout, je caresserai l’argent fin de ses cheveux
Et i1 voudra bien m’aimer car je serai son semblable.

(William Blake)

 

 

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Proverbes de l’Enfer (3) (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 7 octobre 2018




    
Proverbes de l’Enfer (3)

Les Prisons sont bâties avec les pierres de la Loi,
les Bordels, avec les briques de la Religion.

L’orgueil du paon est la gloire de Dieu.

La lubricité du bouc est la munificence de Dieu.

La colère du lion est la sagesse de Dieu.

La nudité de la femme est le travail de Dieu.

L’excès de douleur rit, l’excès de joie pleure.

Le rugissement des lions, le hurlement des loups,
les fureurs de la mer démontée sont des morceaux d’éternité
trop grands pour l’oeil de l’homme.

Le renard accuse la trappe et non lui-même.

Les joies fécondent. Les douleurs enfantent.

Que l’homme revête la peau du lion, la femme,
la toison de la brebis.

Le nid à l’oiseau, la toile à l’araignée, à l’homme l’amitié.

Le sot égoïste et souriant et le sot sombre et soucieux
seront l’un et l’autre tenus pour sages,
afin qu’ils puissent servir à notre punition.

Ce qui est maintenant prouvé, ne fut autrefois qu’imaginé.

Le rat, la souris, le renard, le lapin regardent les racines ;
le lion, le tigre, le cheval, l’éléphant regardent les fruits.

La citerne contient ; la fontaine déborde.

Une seule pensée emplit l’immensité.

Sois toujours prêt à dire ta pensée, l’homme servile t’évitera.

Tout ce qu’il est possible de croire est l’image de la vérité.

L’aigle jamais ne perdit plus de temps
qu’à suivre les leçons de la corneille.

***

Prisons are built with stones of Law, Brothels with bricks of Religion.
The pride of the peacock is the glory of God.
The lust of the goat is the bounty of God.
The wrath of the lion is the wisdom of God.
The nakedness of woman is the work of God.
Excess of sorrow laughs. Excess of joy weeps.
The roaring of lions, the howling of wolves, the raging of the stormy sea, and the destructive sword, are portions of eternity too great for the eye of man.
The fox condemns the trap, not himself.
Joys impregnate. Sorrows bring forth.
Let man wear the fell of the lion. woman the fleece of the sheep.
The bird a nest, the spider a web, man friendship.
The selfish smiling fool, & the sullen frowning fool shall be both thought wise, that they may be a rod.
What is now proved was once only imagin’d.
The rat, the mouse, the fox, the rabbet; watch the roots; the lion, the tyger, the horse, the elephant, watch the fruits.
The cistern contains: the fountain overflows.
One thought fills immensity.
Always be ready to speak your mind, and a base man will avoid you.
Every thing possible to be believ’d is an image of truth.
The eagle never lost so much time, as when he submitted to learn of the crow.

(William Blake)

 

Recueil: William Blake
Traduction: Georges Bataille
Editions: Fata Morgana

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Proverbes de l’Enfer (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 7 octobre 2018




    
Proverbes de l’Enfer

Dans le temps des semailles, apprends ;
dans le temps des moissons, enseigne ;
en hiver, jouis.

Conduis ton char et ta charrue
par-dessus les ossements des morts.

Le Chemin de l’excès
mène au palais de la Sagesse.

La Prudence est une riche et laide vieille fille
à qui l’incapacité fait la cour.

Le Désir non suivi d’action
engendre la pestilence.

Le ver que coupe la charrue,
lui pardonne.

Celui qui aime l’eau,
qu’on le plonge dans la rivière.

Un sage ne voit pas le même arbre
qu’un fou.

Celui dont le visage est sans rayons
ne deviendra jamais une étoile.

Des ouvrages du temps
l’Éternité reste amoureuse.

La diligente abeille
n’a pas de temps pour la tristesse.

Les heures de la folie sont mesurées par l’horloge,
mais celles de la sagesse, aucune horloge ne les peut mesurer.

Les seules nourritures salubres
sont celles que ne prend ni nasse ni trébuchet.

Livre de comptes, toise et balance ;
garde cela pour une année de disette.

L’oiseau ne vole jamais trop haut,
qui vole de ses propres ailes.

Un corps mort
ne venge pas d’une injure.

L’acte le plus sublime,
c’est de placer un autre avant soi.

Si le fou persévérait dans sa folie,
il rencontrerait la Sagesse.

Insanité,
masque du fourbe.

Pudeur,
masque de l’orgueil.

Les prisons sont bâties avec les pierres de la Loi,
et avec les briques de la religion, les bordels.

Orgueil du paon, gloire de Dieu ;
Lubricité du bouc, munificence de Dieu ;
Colère du lion, sapience de Dieu ;
Nudité de la femme, travail de Dieu.

L’excès de chagrin rit ;
l’excès de plaisir, pleure.

Le rugissement des lions, le hurlement des loups,
le soulèvement de la mer en furie et le glaive destructeur,
sont des morceaux d’éternité trop énormes pour l’œil des hommes.

Renard pris n’accuse que le piège.

La joie féconde, la douleur accouche.

Que l’homme vête la dépouille du lion ;
la femme, la toison de la brebis.

A l’oiseau le nid ;
à l’araignée la toile ;
à l’homme l’amitié.
Le fou égoïste et souriant, et le fou morne et renfrogné,
seront tenus tous deux pour sages, et serviront de verge et de fléau.

Évidence d’aujourd’hui,
imagination d’hier.

Le rat, la souris, le renard, le lapin, regardent vers les racines ;
le lion, le tigre, le cheval, l’éléphant regardent vers les fruits.

Citerne contient,
fontaine déborde.

Une pensée,
et l’immensité est emplie.

Sois toujours prêt à dire ton opinion,
et le lâche t’évitera.

Tout ce qu’il est possible de croire,
est un miroir de vérité.

L’aigle jamais n’a perdu plus de temps,
qu’en écoutant les leçons du corbeau.

Le renard se pourvoit,
Dieu pourvoit au lion.

Le matin, pense ;
à midi, agis ;
le soir mange ;
la nuit, dors.

Qui s’en est laissé imposer par toi,
te connaît.

La charrue ne suit pas plus les paroles
que la récompense de Dieu les prières

Les tigres de la colère sont plus sages
que les chevaux du savoir.

N’attends que du poison
des eaux stagnantes.

Celui-là seul connaît la suffisance,
qui d’abord a connu l’excès.

Souffrir les remontrances du fou :
privilège royal.

Yeux, de feu ;
narines, d’air ;
bouche, d’eau ;
barbe, de terre.

Pauvre en courage
est riche en ruse.

Le pommier pour pousser, ne prend point conseil du hêtre ;
ni le lion, ni le cheval pour se nourrir.

Aux reconnaissants,
les mains pleines.

C’est parce que d’autres ont été fous,
que nous, nous pouvons ne pas l’être.

L’âme du doux plaisir
ne peut être souillée.

Si plane un aigle, lève la tête ;
contemple une parcelle de génie.

De même que la chenille choisit,
pour y poser ses œufs,

Les feuilles les plus belles ;
ainsi le prêtre pose ses malédictions
sur nos plus belles joies.

Pour créer une petite fleur,
des siècles ont travaillé.

Adversité, raidit ;
félicité, relâche.

Le meilleur vin, c’est le plus vieux ;
la meilleure eau, c’est la plus neuve.

Prières, ne labourez pas !
Louanges, ne moissonnez pas !

Joies, ne riez pas !
Chagrins, ne pleurez pas !

Tête, le Sublime;
Cœur, le Pathos;
génitoires, la Beauté;
pieds et mains, la Proportion.

Tel l’air à l’oiseau,
ou la mer au poisson,
le mépris à qui le mérite.

Le corbeau voudrait que tout soit noir,
et le hibou que tout soit blanc.

Exubérance :
c’est Beauté.

Le lion serait rusé,
si conseillé par le renard.

La culture trace des chemins droits ;
mais les chemins tortueux sans profit
sont ceux là mêmes du génie.

Plutôt étouffer un enfant au berceau,
que de bercer d’insatisfaits désirs.

L’homme absent,
la nature est stérile.

La vérité, jamais ne peut être dite
de telle manière qu’elle soit comprise
et ne soit pas crue.

Même loi pour le lion et pour le bœuf,
c’est oppression.

En voilà assez!
en voilà trop.

(William Blake)

 

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Chagrin d’enfant (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2018



Illustration: William Blake
    
Chagrin d’enfant

Ma mère gémit, mon père pleura ;
Je sautai dans ce monde dangereux,
Désarmé, nu, pépiant à tue-tête
Comme un démon caché dans un nuage.

Me débattant dans les mains de mon père
Me démenant dans mes langes
Ficelé et las, je préférais
Bouder sur le sein de ma mère.

Quand je vis que la rage était vaine
Que bouder ne servirait de rien
Après bien des espiègleries et des ruses
Je commençai à m’apaiser et à sourire.

Je m’apaisai de jour en jour.
Le moment vint où je tins debout sur le sol
Et je souris nuit par nuit
N’ayant de but que le plaisir.

Et je vis devant moi briller
Des grappes de la vigne sauvage
Et nombreux, des arbres et des fleurs charmants
Étendirent sur moi leur floraison printanière.

Mon père alors, avec les yeux d’un saint,
Un livre saint dans les mains
Prononça des malédictions sur ma tête
Et me lia à l’ombre d’un myrte.

***

INFANT SORROW

My mother groand! my father wept.
Into the dangerous world I leapt:
Helpless, naked, piping loud;
Like a fiend hid in a cloud.

Struggling in my fathers hands:
Striving against my swadling bands:
Bound and weary I thought best
To sulk upon my mothers breast.

(William Blake)

 

Recueil: William Blake
Traduction: Georges Bataille
Editions: Fata Morgana

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AH, TOURNESOL (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2018




AH, TOURNESOL

Ah, tournesol, lassé du temps,
Qui du soleil comptes les pas,
Tâchant d’atteindre au doux pays doré
Où le trajet du voyageur prend fin ;

Où le jouvenceau de désir consumé
Et la pâle vierge au linceul de neige
Se lèvent de leurs tombeaux et aspirent
À ce lieu où mon tournesol souhaite aller.

***

AH, SUNFLOWER

Ah, sunflower, weary of time,
Who countest the steps of the sun,
Seeking after that sweet golden clime
Where the traveller’s journey is done;

Where the youth pined away with desire
And the pale virgin shrouded in snow
Arise from their graves and aspire
Where my sunflower wishes to go.

(William Blake)

Illustration

 

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LE RAMONEUR (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 29 mai 2018




LE RAMONEUR

Une petite chose noire sur la neige
Crie d’une voix plaintive: « amoneur ! amoneur ! »
– Oû est ton père ? Oû est ta mère ? demandé-je.
– A l’église tous deux, pour prier le Seigneur.

Parce qu’ils me voyaient heureux sur cette lande,
Parce que dans la neige et l’hiver je souris,
Ils m’ont fait mettre en deuil, et puis ils m’ont appris
A chanter d’une voix geignarde et qui quémande.

Puisque joyeux je chante et danse dans le froid,
Ils pensent qu’ils n’ont fait nul tort à leur petit
Et s’en vont louer Dieu, et le prêtre et son roi
Qui ont construit, sur la misère, un paradis.

(William Blake)

 

 

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Proverbes de l’Enfer (5) (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2017



Illustration: William Blake
    
Proverbes de l’Enfer (5)

La tête le Sublime ; le coeur le Pathétique ;
le sexe, la Beauté ; les mains et les pieds, la Proportion.

Ce que l’air est à l’oiseau, la mer au poisson,
le mépris l’est au méprisable.

La corneille voudrait que tout soit noir,
le hibou que tout soit blanc.

L’exubérance est Beauté.

Si le lion prenait conseil du renard, il serait rusé.

On rend la route droite en l’améliorant ; mais les routes
tortueuses que nul travail n’améliore, sont celles du Génie.

***

The head Sublime, the heart Pathos, the genitals Beauty, the hands & feet Proportion.
As the air to a bird or the sea to a fish, so is contempt to the contemptible.
The crow wish’d every thing was black, the owl, that every thing was white.
Exuberance is Beauty.
If the lion was advised by the fox. he would be cunning.
Improvement makes strait roads, but the crooked roads without Improvement, are roads of Genius.
Sooner murder an infant in its cradle than nurse unacted desires.
Where man is not, nature is barren.
Truth can never be told so as to be understood, and not be believ’d.
Enough! or Too much.

(William Blake)

 

Recueil: William Blake
Traduction: Georges Bataille
Editions: Fata Morgana

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Proverbes de l’Enfer (4) (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2017



 

Illustration
    
Proverbes de l’Enfer (4)

Le renard pourvoit à ses besoins,
mais Dieu pourvoit aux besoins du lion.

Pense le matin. Agis à midi. Mange le soir. Dors la nuit.

Celui-là te connaît bien qui te laissa lui en imposer.

De même que la charrue obéit à la parole,
Dieu récompense les prières.

Les tigres de la colère sont plus sages
que les chevaux de l’instruction.

Attends de l’eau qui dort du poison.

Tu ne sauras jamais ce qui suffit
si tu ignores ce qui est plus que suffisant.

Prête l’oreille au blâme du sot : c’est un privilège royal !

Les yeux des flammes, les narines de l’air,
la bouche des eaux, la barbe de la terre.

Celui dont le courage est faible trouve la force dans la ruse.

Jamais le pommier ne demande au hêtre comment croître,
ni le lion au cheval comment saisir sa proie.

Qui reçoit avec gratitude, porte une abondante moisson.

Si d’autres n’avaient été stupides, il nous faudrait l’être.

L’âme de la joie délicieuse ne peut être souillée.

Lorsque tu vois un Aigle, tu vois un morceau de Génie :
lève la tête !

De même que la chenille choisit les plus belles feuilles
pour y déposer ses oeufs, le prêtre dépose ses malédictions
sur nos plus belles joies.

Créer une petite fleur est le travail des âges.

Maudire excite. Bénir détend.

Le meilleur vin est le plus vieux,
l’eau la meilleure est la plus fraîche.

Les prières ne labourent pas !
Les louanges ne moissonnent pas !

Les joies ne rient pas ! les chagrins ne pleurent pas !

***

The fox provides for himself. but God provides for the lion.
Think in the morning. Act in the noon. Eat in the evening. Sleep in the night.
He who has suffer’d you to impose on him knows you.
As the plow follows words, so God rewards prayers.
The tygers of wrath are wiser than the horses of instruction.
Expect poison from the standing water.
You never know what is enough unless you know what is more than enough.
Listen to the fools reproach! it is a kingly title!
The eyes of fire, the nostrils of air, the mouth of water, the beard of earth.
The weak in courage is strong in cunning.
The apple tree never asks the beech how he shall grow; nor the lion, the horse, how he shall take his prey.
The thankful reciever bears a plentiful harvest.
If others bad not been foolish, we should be so.
The soul of sweet delight can never be defil’d.
When thou seest an Eagle, thou seest a portion of Genius. lift up thy head!
As the catterpiller chooses the fairest leaves to lay her eggs, so the priest lays his curse on the fairest joys.
To create a little flower is the labour of ages.
Damn braces: Bless relaxes.
The best wine is the oldest, the best water the newest.
Prayers plow not! Praises reap not!
Joys laugh not! Sorrows weep not!

(William Blake)

 

Recueil: William Blake
Traduction: Georges Bataille
Editions: Fata Morgana

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