Posts Tagged ‘(Yehuda Amichai)’
Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2017

C’était l’été ou alors sa fin et c’est là que j’ai entendu
tes pas lorsque pour la dernière fois
tu es allée de l’est à l’ouest. Et dans le monde foulards, livres
et êtres humains avaient été oubliés.
C’était l’été ou alors sa fin.
Il y avait les heures l’après-midi
tu étais là
et pour la première fois
tu portais tes vêtements mortuaires
tu ne le savais pas
car des fleurs sur eux étaient brodées.
(Yehuda Amichaï)
Recueil: Anthologie de la poésie en hébreu moderne
Traduction: E. Orner
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2017

Et la cloche a commencé tout doucement à nous refonder
et les espoirs étaient comme avant hier.
Nous avons tout abandonné comme si cela n’était pas à nous
comme une chambre que l’on quitte subitement.
Et le vent vient comme de l’intérieur des yeux
le paysage se creuse comme le pavillon d’une oreille
pour écouter chaque bruit entre eux
écouter et oublier la plupart des choses.
Et déjà les arbres sont en route
le long d’une avenue vidée de ses humains.
Un seul viendra. Les autres sont sur la route.
Et déjà tu es seule, comme une banque le soir,
avec son or, en toi,
et la nuit de l’oubli consumera tout.
(Yehuda Amichaï)
Recueil: Anthologie de la poésie en hébreu moderne
Traduction: E. Orner
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2017

Et la nuit notre chambre a été condamnée
Et la nuit notre chambre a été condamnée
comme la tombe d’une pyramide. Au-dessus de nous
une montagne de larmes étrangères, comme du sable amassé,
de nombreuses générations au seuil de notre couche.
Et le temps de notre corps dort très fort
sur les murs à nouveau se dessine
le chemin par lequel passent nos
âmes. Est-ce que tu les verras? Une barque passe.
Deux sont debout, les autres rament.
Et les étoiles au-dessus, celles des autres
le fleuve du temps se transporte sans trouver de réponse.
Et nous sommes momifiés dans notre grand amour.
Et comme après l’éternité vient le matin
un archéologue joyeux — à lui la lumière.
(Yehuda Amichaï)
Recueil: Anthologie de la poésie en hébreu moderne
Traduction: E. Orner
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 21 mars 2017

L’Amour de Jérusalem
Il y a une rue où l’on ne vend que viande rouge
et une rue où l’on ne vend qu’habits et parfums.
Il y a des jours où je ne vois qu’êtres jeunes et beaux,
et des jours où je ne vois qu’infirmes, aveugles,
lépreux, faces convulsées et rictus.
Ici on construit une maison et là on détruit
ici on creuse la terre
et là on creuse le ciel,
ici on s’assoit et là on marche
ici on hait et là on aime.
Mais celui qui aime Jérusalem
dans les guides touristiques ou les livres de prières
ressemble à celui qui aime une femme
selon le Kama sutra.
Parfois Jérusalem est une ville de couteaux :
même les espoirs de paix sont affûtés pour trancher dans
la difficile réalité, ils s’émoussent ou se cassent.
Les cloches des églises font tellement d’efforts de paix
qu’elles deviennent lourdes, comme un pilon qui broie
dans le mortier
des voix lourdes, graves et remuantes.
Et lorsque
le chantre et le muezzin entonnent leur chant
surgit le cri tranchant :
notre seigneur notre Dieu à tous est un Dieu
un et affûté.
(Yehuda Amichai)
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Posted by arbrealettres sur 18 mars 2017

Pose ta tête sur mon épaule
Car mon épaule
Sait des choses
Que ta tête n’ose imaginer
Et que ta bouche ne peut dire
Le destin le dit
Que l’un de nous doit être le vent
L’autre un arbre dans le vent
Ou un arbre dans un jour sans vent
Le destin le dit
Ta naissance pendant la guerre
Annonce ma fin.
Ma fin sera tienne ce jour
Combien de temps vont-ils poser
Sur nous des pactes d’angoisse,
Des traités de désespoir ?
Laisse-moi l’exprimer ainsi :
Le temps ne se suffit pas pour être
Deux ensemble deux fois
Pour une seule durée de vie.
Laisse-moi l’exprimer ainsi :
Même cette tendresse, même ce cœur limité
N’est rien qu’une épaule.
Repose-toi, repose-toi, pour cela.
(Yehuda Amichai)
Illustration: Rémy Disch
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Posted by arbrealettres sur 18 mars 2017

Jérusalem
Sur un toit de la Vieille Ville une lessive dans l’ultime lumière du jour :
le drap blanc d’une ennemie la serviette avec laquelle mon ennemi
essuie la sueur de son front.
Dans le ciel de la Vieille Ville un cerf-volant.
Et au bout du fil, un enfant que je ne peux voir à cause du mur.
Nous avons hissé beaucoup de drapeaux ,ils ont hissé beaucoup de drapeaux.
Pour nous faire croire qu’ils sont heureux.
Pour leur faire croire que nous sommes heureux.
(Yehuda Amichai)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 14 mars 2017

Yeux
Les yeux de mon fils aîné
sont comme des figues noires
car il est né à la fin de l’été.
Et les yeux de mon plus jeune fils
sont limpides comme des quartiers d’orange,
car il est né en leur saison.
Et les yeux de ma petite fille
sont ronds comme les premiers raisins.
Et tous sont doux
à mon souci.
Et les yeux de Dieu parcourent la terre
et mes yeux à moi entourent ma maison.
Dieu est dans les yeux et dans les fruits
moi dans le commerce du souci.
(Yehuda Amichai)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 14 mars 2017

Je suis un fanatique de la paix :
un meurtrier noir aux yeux bleus
massacre des cheveux bouclés
Des cheveux droits dévastés
détruisent des peaux noires
découpent bien ma chair
un autre parcellise mon sang.
Seuls ceux sans couleur,
seul le transparent sont bons :
ils me laissent dormir
sans terreur la nuit
et je regarde au travers d’eux
pour voir le ciel.
(Yehuda Amichai)
Illustration: Arunas Zilys
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Posted by arbrealettres sur 14 mars 2017

Touristes
Un jour, j’étais assis sur les marches
près d’une porte à la Tour de David
J’avais posé mes deux lourds paniers à mes côtés.
Un groupe de touristes entourait leur guide
et je devins leur point de repère.
Vous voyez cet homme avec les paniers ?
Juste à droite de sa tête,
il y a une voûte datant de l’époque romaine.
Juste à droite de sa tête.
Mais il s’en va, il s’en va !
Je me suis dit :
la délivrance ne surviendra que si leur guide leur dit :
Vous voyez cette voûte datant de l’époque romaine ?
Ce n’est pas important,
mais à côté, à gauche, un peu vers le bas,
un homme est assis
qui a acheté des fruits et légumes
pour sa famille.
(Yehuda Amichai)
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Posted by arbrealettres sur 14 mars 2017

Un berger arabe
Un berger arabe cherche sa chèvre sur le Mont Zion
Sur la colline d’en face je suis à la recherche
de mon petit garçon
Un berger arabe et un père juif
tous deux dans leur perte provisoire…
Nos deux voix se rencontrèrent au-dessus
de la Piscine du Sultan dans la vallée qui nous séparait
Aucun de nous ne veut que son garçon ou la chèvre
ne soit pris dans les rouages de la Had Gayah.
Après nous les trouvâmes au milieu des buissons
et nos voix rentrèrent en nous,
Rires et pleurs.
Chercher une chèvre ou un fils
a toujours été le commencement
d’une nouvelle religion dans ces montagnes
(Yehuda Amichai)
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