Posts Tagged ‘(Zbigniew Herbert)’
Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2018

Que sera-ce
quand les mains
tomberont des poèmes
quand à d’autres montagnes
je boirai l’eau sèche
ce devrait être indifférent
mais ce n’est pas
que deviendront les vers
quand la respiration s’en ira
et la merci du destin
sera rejetée
abandonnerai-je ma table
pour descendre dans la vallée
où retentit
un nouveau rire
sous la sombre forêt
(Zbigniew Herbert)
Illustration: Alla Chakir
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Posted by arbrealettres sur 25 juin 2018

Testament
Je lègue aux quatre éléments
ce que je reçus brièvement
au feu – ma pensée
qu’il s’épanouisse
à la terre que j’ai trop aimée
mon corps graine stérile
à l’air mes mots et mes mains et
ma nostalgie toutes choses vaines
subsistera
une goutte d’eau
qu’elle flotte entre
la terre le ciel
qu’elle devienne pluie transparente
fougère de gel pétale de neige
que n’ayant jamais atteint le ciel
vers ma terre vallée de larmes
fidèle elle revienne en rosée pure
effritant patiemment la glèbe dure
je rendrai bientôt aux quatre éléments
ce que je reçus brièvement
—je ne reviendrai pas à la source du repos
(Zbigniew Herbert)
Illustration: Corrie White (extraordinaires images de gouttes)
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Posted by arbrealettres sur 6 mai 2018

Le caillou
le caillou est une créature
parfaite
égal à lui-même
protégeant ses limites
empli exactement
d’un sens de pierre
dont l’odeur ne rappelle rien
n’effraie pas ne suscite pas de désir
son ardeur et sa froideur
sont justes et pleines de dignité
je suis pétri de remords
quand je le tiens dans ma paume
et que son noble corps
est empreint d’une fausse chaleur
– Les cailloux ne se laissent pas apprivoiser
ils nous regarderont jusqu’à la fin
d’un œil calme très clair
(Zbigniew Herbert)
Illustration: ArbreaPhotos
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Posted by arbrealettres sur 27 août 2017

Tout sauf un ange
Si après la mort, ils veulent nous changer en petite flamme sèche qui suit les sentiers des vents,
il faut se révolter.
A quoi bon un repos éternel sur le sein de l’air, à l’ombre d’une jaune gloire,
au milieu des marmottements de choeurs à deux dimensions.
Il faut entrer dans la pierre, l’arbre, l’eau ,dans les fentes de la porte.
Mieux vaut être grincement de plancher que perfection effroyablement transparente.
(Zbigniew Herbert)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 27 août 2017

La blanchisserie
Les inquisiteurs sont parmi nous.
Ils vivent dans les sous-sols des grands immeubles.
Et seule l’inscription BLANCHISSERIE trahit leur présence.
Des tables aux muscles marron bandés,
de puissants rouleaux qui écrasent lentement mais précisément,
une impitoyable courroie d’entraînement nous y attendent.
Les draps qu’on emporte de la blanchisserie
sont comme les corps exsangues des sorcières et des hérétiques.
(Zbigniew Herbert)
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Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2017

La harpe
L’eau est basse. Dans l’eau, une lumière dorée et plate.
Dans les joncs argentés, les doigts du vent entourent la seule colonne sauve.
Une jeune fille brune entoure la harpe.
Son grand oeil égyptien glisse sur les cordes comme un poisson triste.
Loin derrière lui de petits doigts.
(Zbigniew Herbert)
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Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2017

le battement d’ailes
qui t’emportera
dans le jour
dans 1a nuit
par-dessus tous les arcs des abîmes
par-dessus tous les versants des cieux
(Zbigniew Herbert)
Illustration: Alberto Galvez
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Posted by arbrealettres sur 28 juin 2017

nous allons un peu boire
un peu philosopher
peut-être que tous deux
faits de sang et d’illusion
nous pourrons nous libérer
de la pesante légèreté de l’apparence
(Zbigniew Herbert)
Illustration: Jean-Claude Forez
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Posted by arbrealettres sur 28 juin 2017

Les yeux blancs
Le sang vit le plus longtemps
il coule il est avide d’air
la transparence s’épaissit
desserre le petit noeud du pouls
le soir la colonne monte
à l’aube la bouche se couvre de moisi
de plus en plus près
d’une tempe qui se creuse
de paupières qui déclinent
les yeux blancs ne retiennent pas la lumière
le triangle brisé des doigts
le souffle ôté au silence
la mère crie
elle secoue un prénom inerte
(Zbigniew Herbert)
Illustration: Pablo Picasso
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Posted by arbrealettres sur 28 juin 2017

Ballade qui dit que nous ne disparaissons pas
Ceux qui prirent la mer à l’aube
mais qui jamais ne reviendront
laissèrent une trace sur la vague —
au fond tombe alors un coquillage
beau comme lèvres pétrifiées
ceux qui suivirent la route sablonneuse
mais sans atteindre les persiennes
bien qu’on vît déjà les toits —
un tourbillon d’air leur est abri
ceux qui ne rendront orphelins
qu’une chambre glaciale quelques livres
un encrier vide une page blanche —
en vérité ils ne sont pas morts tout entiers
ils chuchotent dans les taillis de la tapisserie
une tête plate loge dans le plafond
d’air d’eau de chaux de terre
est fait leur paradis l’ange du vent
effacera leur corps entre ses paumes
ils se disperseront
par les prairies de ce monde
(Zbigniew Herbert)
Illustration
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