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Poésie

Le Hérisson (Maurice Carême)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2018




Le Hérisson

Bien que je sois très pacifique
Ce que je pique et pique et pique,
Se lamentait le hérisson.
Je n’ai pas un seul compagnon.
Je suis pareil à un buisson,
Un tout petit buisson d’épines
Qui marcherait sur des chaussons.
J’envie la taupe, ma cousine,
Douce comme un gant de velours
Emergeant soudain des labours.
Il faut toujours que tu te plaignes,
Me reproche la musaraigne.
Certes, je sais me mettre en boule
Ainsi qu’une grosse châtaigne,
Mais c’est surtout lorsque je roule
Plein de piquants, sous un buisson,
Que je pique, et pique et repique,
Moi qui suis si, si pacifique,
Se lamentait le hérisson.

(Maurice Carême)

2 Réponses to “Le Hérisson (Maurice Carême)”

  1. A reblogué ceci sur Maître Renard.

  2. Extase du hérisson
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    Petit être amoureux d’une déesse vierge,
    Il se trouve auprès d’elle un humble vermisseau ;
    Il lui offre un poisson qu’il tira du ruisseau,
    Lequel imprudemment passa près de la berge.

    La déesse préfère un gigot de l’auberge,
    Elle qui se nourrit surtout de fins morceaux ;
    Pour un astral Poisson, pour son voisin Verseau,
    Elle n’exige point qu’on allume des cierges.

    L’âme du Hérisson jamais ne devient sombre,
    Lui qui n’est pas surpris de se trouver dans l’ombre ;
    Tu ne le verras point courir en aboyant.

    Il sait se contenter des insectes qu’il ronge,
    Puisque, finalement, son amour n’est qu’un songe ;
    Il en garde pourtant le reflet flamboyant.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?