Posts Tagged ‘homme’
Posted by arbrealettres sur 30 mai 2023

Un homme couvert de poussière
assis sur un trottoir
regarde au loin.
Sur ses genoux
un bébé d’une pâleur lumineuse
remue ses bras, ses mains,
en buvant
un biberon que l’homme porte à sa bouche.
Derrière eux
un jeune garçon
serre contre sa poitrine
un sac de pain
en regardant lui aussi au loin.
Dans un autre coin de la scène
deux silhouettes:
un enfant assis contre la porte
d’une maison détruite.
Une femme agenouillée devant lui,
essaie de calmer sa terreur.
Ce n’est pa une scène de western:
c’est une famille
en Syrie aujourd’hui.
(Maram al-Masri)
Recueil: Elle va nue la liberté
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 30 mai 2023

Une chambre d’hôpital sordide:
un blessé allongé sur un lit sale.
Un homme tenant un carnet et un stylo
s’approche du blessé
et demande: c’est l’armée des hors-la-loi
qui a tiré sur toi?
Non, dit le blessé.
L’homme poursuit:
Tu dois signer ici que ce sont les hors-la-loi
qui ont tiré sur toi.
Non, dit le blessé.
Un revolver s’approche de sa tempe:
signe ici!
Non, c’est l’armée régulière.
Le coup de feu éclate.
(Maram al-Masri)
Recueil: Elle va nue la liberté
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 25 mai 2023

Illustration: Neila Ben Ayed
PRIÈRE DU POÈTE
Mon Dieu qui donnes l’eau tous les jours à la source,
Et la source coule, et la source fuit ;
Des espaces au vent pour qu’il prenne sa course,
Et le vent galope à travers la nuit ;
Donne de quoi rêver à moi dont l’esprit erre
Du songe de l’aube au songe du soir
Et qui sans fin écoute en moi parler la terre
Avec le ciel rose, avec le ciel noir.
Donne de quoi chanter à moi pauvre poète
Pour les gens pressés qui vont, viennent, vont
Et qui n’ont pas le temps d’entendre dans leur tête
Les airs que la vie et la mort y font.
L’herbe qui croît, le son inquiet de la route,
L’oiseau, le vent m’apprennent mon métier,
Mais en vain je les suis, en vain je les écoute,
Je ne le sais pas encor tout entier.
J’ai vu quelqu’un passer, un fantôme, homme ou femme…
Mon cœur appelait sur la fin du jour…
Les rossignols des bois sont entrés dans mon âme.
Et j’ai su chanter des chansons d’amour.
J’ai vu quelqu’un passer, s’approcher, disparaître ;
Et les chiens plaintifs qui rôdent le soir
Ont hurlé dans mon cœur à la mort de leur maître.
J’ai su depuis chanter le désespoir.
J’ai vu les morts passer et s’en aller en terre,
Leur glas au cou, lamentable troupeau,
Et leurs yeux dans mes yeux ont fixé leur mystère.
J’ai su depuis la chanson du tombeau…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Mais si tu veux mon Dieu que pour d’autres je dise
La chanson du bonheur, la plus belle chanson,
Comment ferai-je moi qui ne l’ai pas apprise ?
Je n’en inventerai que la contrefaçon.
Donne-moi du bonheur, s’il faut que je le chante,
De quoi juste entrevoir ce que chacun en sait,
Juste de quoi rendre ma voix assez touchante,
Rien qu’un peu, presque rien, pour savoir ce que c’est.
Un peu — si peu — ce qui demeure d’or en poudre
Ou de fleur de farine au bout du petit doigt,
Rien, pas même de quoi remplir mon dé à coudre…
Pourtant de quoi remplir le monde par surcroît.
Car pour moi qui n’en ai jamais eu l’habitude,
[…]
(Marie Noël)
Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Marie Noël), air, aller, amour, appeler, apprendre, aube, à travers, âme, écouter, bois, bonheur, bout, chacun, chanson, chanter, chien, ciel, coeur, contrefaçon, cou, couler, course, croire, dé, désespoir, Dieu, dire, disparaître, doigt, donner, eau, en vain, entendre, entier, entrer, entrevoir, errer, espace, esprit, fantôme, farine, femme, fin, fixer, fleur, fuir, galoper, gens, glas, habitude, herbe, homme, hurler, inquiet, inventer, jamais, jour, lamentable, maître, métier, mort, mystère, noir, nuit, oiseau, or, parler, passer, pauvre, plaintif, poète, poudre, prendre, pressé, prière, quelqu'un, rêver, rôder, remplir, rendre, rien, rose, rossignol, route, s'approcher, sans fin, savoir, soir, son, songe, source, suivre, surcroît, tête, temps, terre, tombeau, touchant, troupeau, venir, vent, vie, voir, voix, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 mai 2023

Seigneur, qui tenez entre vos doigts mon âme
Comme une chandelle de pissenlit mûr
Dont le vent vous réclame Ailleurs les cent ailes;
Qui la tenez frémissante au bord du monde…
Ô Dieu! qu’allez-vous faire !…
Ah! ne me livrez pas si faible à l’espace…
Laissez-moi sans vivre, …
laissez-moi sans être !
N’ouvrez pas au jour hostile qui s’êlance
La nuit de mon somme,
Pour me jeter tremblante encore de silence
Dans le bruit des hommes.
(Marie Noël)
Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Marie Noël), aile, ailleurs, âme, être, bord, bruit, chandelle, Dieu, doigt, espace, faible, faire, frémissant, homme, hostile, jeter, jour, laisser, livrer, monde, mur, nuit, ouvrir, pissenlit, réclamer, s'élancer, seigneur, silence, somme, tenir, tremblant, vent, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 mai 2023

J’ai la fureur d’aimer
J’ai la fureur d’aimer. Mon cœur si faible est fou.
N’importe quand, n’importe quel et n’importe où,
Qu’un éclair de beauté, de vertu, de vaillance
Luise, il s’y précipite, il y vole, il s’y lance,
Et, le temps d’une étreinte, il embrasse cent fois
L’être ou l’objet qu’il a poursuivi de son choix;
Puis, quand l’illusion a replié son aile,
Il revient triste et seul bien souvent, mais fidèle,
Et laissant aux ingrats quelque chose de lui,
Sang ou chair. Mais, sans plus mourir dans son ennui,
Il embarque aussitôt pour l’île des Chimères
Et n’en apporte rien que des larmes amères
Qu’il savoure, et d’affreux désespoirs d’un instant,
Puis rembarque. – Il est brusque et volontaire tant
Qu’en ses courses dans les infinis il arrive,
Navigateur têtu, qu’il va droit à la rive,
Sans plus s’inquiéter que s’il n’existait pas
De l’écueil proche qui met son esquif à bas.
Mais lui, fait de l’écueil un tremplin et dirige
Sa nage vers le bord. L’y voilà. Le prodige
Serait qu’il n’eût pas fait avidement le tour,
Du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au jour,
Et le tour et le tour encor du promontoire,
Et rien ! Pas d’arbres ni d’herbes, pas d’eau pour boire,
La faim, la soif, et les yeux brûlés du soleil,
Et nul vestige humain, et pas un cœur pareil !
Non pas à lui, – jamais il n’aura son semblable –
Mais un cœur d’homme, un cœur vivant, un cœur palpable,
Fût-il faux, fût-il lâche, un cœur ! quoi, pas un cœur !
Il attendra, sans rien perdre de sa vigueur
Que la fièvre soutient et l’amour encourage,
Qu’un bateau montre un bout de mât dans ce parage,
Et fera des signaux qui seront aperçus,
Tel il raisonne. Et puis fiez-vous là-dessus ! –
Un jour il restera non vu, l’étrange apôtre.
Mais que lui fait la mort, sinon celle d’un autre ?
Ah, ses morts ! Ah, ses morts, mais il est plus mort qu’eux !
Quelque fibre toujours de son esprit fougueux
Vit dans leur fosse et puise une tristesse douce;
Il les aime comme un oiseau son nid de mousse;
Leur mémoire est son cher oreiller, il y dort,
Il rêve d’eux, les voit, cause avec et n’en sort
Plein d’eux que pour encor quelque effrayante affaire.
J’ai la fureur d’aimer. Qu’y faire ? Ah, laisser faire!
(Paul Verlaine)
Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette
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Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023

Chaque soir laissez la porte entrouverte,
il se pourrait qu’un souffle d’air veuille entrer
et avec lui peut-être un papillon de nuit, une feuille
tant de choses peuvent renaître
si le temps se promène à son gré
dans le noir des chambres
et s’attarde sur un miroir ou dessine
dans la tête de celui qui dort une autre pensée
le temps n’aime pas les portes
qui se referment pour se rouvrir au matin
comme si l’homme depuis toujours
disposait des heures qui tournent.
(Claude Esteban)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023

RETOUCHE À LA RUE ÉTROITE
Le bruit bourgeonne
roulé par des voitures à fines roues.
Un homme vit dans le grenier sans
connaître le reste de la maison
gardé par des chats et des cuivres.
La poussière le recouvre des longs
voyages au long des murs où de
temps en temps
paraissent des femmes
lentes et sans vêtement.
(Daniel Boulanger)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 29 avril 2023

couteau
Bâtis un mur
autour de ton cœur
pour que l’amour
ne puisse jamais entrer.
L’amour est plus cruel
que le couteau
d’un homme
qui tranche
la gorge
de quatre enfants.
***
knife
Build a wall
around your heart
so that love
can never get in.
Love is crueler than the knife of a man
who slit
the throats of four children.
(Richard Brautigan)
Recueil:Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus
Traduction: de l’anglais par Thierry Beauchamp et Romain Rabier
Editions: Points
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Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023

Patrice Lumumba
TOMBE DE LUMUMBA
Lumumba était noir
Et il ne faisait pas confiance
À ces putains toutes poudrées
De poussière d’uranium.
Lumumba était noir
Et il ne croyait pas
À ces mensonges que les voleurs agitaient
Dans leur tamis « liberté ».
Lumumba était noir.
Son sang était rouge —
Et pour avoir été un homme
Ils l’ont tué.
Ils ont enterré Lumumba
Dans une tombe sans épitaphe.
Mais il n’a pas besoin d’épitaphe —
Car l’air est sa tombe.
Le soleil est sa tombe,
La lune l’est, les étoiles le sont,
L’espace est sa tombe.
Mon coeur est sa tombe,
Et là est son épitaphe.
Demain son épitaphe sera
Partout.
***
LUMUMBA’S GRAVE
Lumumba was black
And he didn’t trust
The whores all powdered
With uranium dust.
Lumumba was black
And he didn’t believe
The lies thieves shook
Through their « freedom » sieve.
Lumumba was black.
His blood was red—
And for being a man
They killed him dead.
They buried Lumumba
In an unmarked grave.
But he needs no marker—
For air is his grave.
Sun is his grave,
Moon is, stars are,
Space is his grave.
My heart’s his grave,
And it’s marked there.
Tomorrow will mark
It everywhere.
(Langston Hughes)
Recueil: La panthère et le fouet
Traduction: Pascal Neveu
Editions: YPSILON
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Posted in poésie | Tagué: (Langston Hughes), agiter, air, étoile, besoin, coeur, confiance, croire, enterrer, espace, homme, liberté, Lumumba, lune, mensonge, noir, partout, poudrer, poussière, putain, rouge, sang, soleil, tamis, tombe, tombe;épitaphe, tuer, uranium, voleur | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023

PAIX
Nous enjambions leurs tombes:
Les hommes morts là,
Vainqueurs ou vaincus,
Ne s’en souciaient pas.
Dans l’obscurité
Ils ne pouvaient voir
Qui avait obtenu
La victoire.
***
PEACE
We passed their graves:
The dead men there,
Winners or losers,
Did not care.
In the dark
They could not see
Who had gained
The victory.
(Langston Hughes)
Recueil: La panthère et le fouet
Traduction: Pascal Neveu
Editions: YPSILON
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Posted in poésie | Tagué: (Langston Hughes), enjamber, homme, mort, obscurité, obtenir, paix, pouvoir, se soucier, tombe, vaincu, vainqueur, victoire, voir | 1 Comment »