Posts Tagged ‘reposer’
Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023

JE SUIS VERTICALE
Mais je voudrais être horizontale.
Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre
Absorbent les minéraux et l’amour maternel
Pour qu’à chaque mars je brille de toutes mes feuilles,
Je ne suis pas non plus la beauté d’un massif
Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,
Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales.
Comparés à moi, un arbre est immortel
Et une fleur assez petite, mais plus saisissante,
Et il me manque la longévité de l’un, l’audace de l’autre.
Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles,
Les arbres et les fleurs ont répandu leur fraîche odeur.
Je marche parmi eux, mais aucun d’eux n’y prête attention.
Parfois je pense que lorsque je suis endormie
Je dois leur ressembler à la perfection —
Pensées devenues vagues..
Ce sera plus naturel pour moi, de reposer.
Alors le ciel et moi converseront à coeur ouvert,
Et je serai utile quand je reposerai définitivement:
Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher,
et les fleurs m’accorder du temps.
(Sylvia Plath)
Recueil: Quelqu’un plus tard se souviendra de nous
Traduction: Françoise Morvan et Valérie Rouzeau
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Sylvia Plath), absorber, accorder, amour, arbre, attention, audace, étoile, beauté, briller, ciel, coeur, comparer, converser, couleur, définitivement, devenir, endormi, feuille, fleur, frais, grimer, horizontal, immortel, infinitésimal, longévité, lumière, manquer, marcher, massif, maternel, minéral, naturel, odeur, ouvert, parfois, pensée, penser, perfection, petit, prêter, racine, répandre, reposer, ressembler, saisissant, se reposer, se toucher, susciter, temps, terre, toucher, utile, vague, vertical, vif, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023

ODE À L’AMOUR TERRESTRE
Amour? Jamais je ne l’ai vu briller
aussi beau que dans les marchés,
caché dans les fromages,
ou déguisé en fleurs dans les paniers rouges;
jamais je n’ai imaginé sa fraîcheur séculaire
sa force souterraine,
à cette heure avant la création du soleil
dans l’obscurité.
Le merveilleux repose sur les nappes
des vieilles tables,
prêt pour être choisi, observé, senti,
prêt pour être palpé
par notre entendement,
prêt à s’abandonner et se donner, à nous.
Qui parle d’amour ?
Qui, caché dans les jardins,
sort à sa rencontre ?
Qui l’attend dans les nuits antiques ?
Nous chercherons une cinquième saison
pour nous aimer.
Nous chercherons le nouveau monde,
les plages
où goûter enfin la peau
obscure et parfumée du bonheur
la peau opaque de la mangue.
Nos angles sont riches en possibilités,
nous avons la soif qui produit la multiplication,
la soif de l’image pour l’image,
Pour les aïes ! et les voix qui nous réduisent
à une boule de feu;
qui nous soulèvent sur les toits
des vieux quartiers des villes,
haletants, comblés enfin,
ardents de nostalgie et de sagesse.
***
ODA AL AMOR TERRESTRE
¿Amor ? Nunca lo vi brillar
tan bello como en los mercados,
oculto entre los quesos,
o disfrazado de flor en las canastas rojas ;
nunca imaginé su frescura secular,
su subterranea fuerza,
en esa hora antes de la creación del sol
en la oscuridad.
Lo maravilloso yace sobre las mantas
de las viejas mesas,
listo para ser escogido, observado, olido,
listo para ser palpado
por nuestro entendimiento,
listo para dejarse y darse a nosotros.
¿ Quién habla de amor?
¿ Quién, escondido en los jardines,
sale a su encuentro ?
¿ Quién le espera en las antiguas noches ?
Buscaremos una quinta estación
para amarnos.
Buscaremos el nuevo mundo,
las playas
donde probar al fin la piel
oscura y perfumada de la dicha,
la opaca piel del mango.
Nuestros ángulos son ricos en posibilidades,
tenemos la sed que produce la multiplicación,
la sed de la imagen por la imagen.
Por ayes! Y voces que nos reduzcan
a una bola de luz;
que nos levanten sobre los techos
de los viejos barrios de las ciudades,
jadeantes, plenos al fin,
ardiendo con nostalgia y sabiduría.
(Henrique Huaco)
Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules
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Posted in poésie | Tagué: (Henrique Huaco), aïe, aimer, amour, angle, antique, ardent, attendre, beau, bonheur, boule, briller, cacher, chercher, choisir, combler, création, déguiser, entendement, feu, fleur, force, fraîcheur, fromage, goûter, haleter, image, imaginer, jamais, jardin, mangue, marche, mérveilleux, multiplication, nappe, nostalgie, nuit, obscur, obscurité, observer, ode, opaque, palper, panier, parfumer, parler, peau, plage, possibilité, prêt, produire, quartier, réduire, rencontre, reposer, riche, rouge, s'abandonner, sagesse, saison, séculaire, se donner, sentir, soif, soleil, soulever, souterrain, table, terrestre, toit, vieux, ville, voir, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 mars 2023
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Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), arbre, bâti, cité, homme, innocent, marcher, pourquoi, reposer, savoir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 mars 2023

Le Livre des murs (Extrait)
Deux lettres
séparent LE MUR
et L’AMOUR:
elles sont l’alpha et l’oméga
de notre impuissance
— ou bien du commencement
deux lettres
suffiraient au retournement
de l’opaque en lumière
se pourrait-il que la langue sache
avant nous
que les révolutions reposent sur l’inversion des signes
(Sylviane Dupuis)
Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Sylviane Dupuis), alpha, amour, commencement, impuissance, inversion, langue, lettre, livre, lumière, mur, oméga, opaque, révolution, reposer, retournement, savoir, séparer, signe, suffire | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023

Gabriela Mistral
CHOSES
A Max Daireaux.
J’aime les choses jamais eues,
avec celles que je n’ai plus.
Je palpe une eau silencieuse,
étale sur des prés frileux,
frissonnant sans la moindre brise,
dans un clos qui fut mon enclos.
Je la vois comme la voyais,
une étrange pensée me vient
et je joue, lente, avec cette eau,
comme avec poisson ou mystère.
Je pense au lieu où j’ai laissé
des pas joyeux que je n’ai plus
et sur le seuil, vois une plaie,
pleine de mousse et de silence.
Je cherche un vers que j’ai perdu
et que m’avait dit à sept ans
une femme faisant le pain,
dont je vois la bouche bénie.
Un parfum défait en rafales
m’apporte bonheur quand il vient,
si ténu qu’il n’est pas parfum,
et c’est l’odeur des amandiers.
Il redonne enfance à mes sens,
je lui cherche un nom et ne trouve
et flaire l’air et les villages,
en quête d’amandiers absents.
J’entends tout près une rivière;
je l’entends depuis quarante ans :
c’est le murmure de mon sang,
ou quelque rythme à moi donné;
ou bien l’Elqui de mon enfance,
que je remonte et passe à gué,
jamais perdu, coeur contre coeur,
nous allons comme deux enfants.
Lorsque je rêve de mes Andes,
j’avance par des défilés
où me parvient un sifflement,
presque une conjuration.
Je vois à ras de Pacifique
mon archipel violet sombre,
avec l’île qui m’a laissé
une âcre odeur d’alcyon mort.
Un dos, un dos grave et paisible
au bout du rêve que je fais
marque la fin de mon chemin;
je m’y repose quand j’arrive.
Tronc d’arbre mort ou bien mon père
est ce vague dos couleur cendre;
je ne l’interroge ni trouble,
je me couche à côté et dors.
J’aime une pierre d’Oaxaca
ou Guatemala; j’en approche;
fixe et rouge, elle me ressemble;
la crevasse en expire un souffle.
Dans son sommeil, je la vois nue,
et ne sais pourquoi la retourne.
Je ne l’ai pas eue peut-être :
c’est mon sépulcre que je vois.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), absent, aimer, air, alcyon, aller, amandier, approcher, arbre, archipel, arriver, avancer, avoir, âcre, étaler, étrange, béni, bonheur, bouche, brise, chemin, chercher, chose, clos, coeur, conjuration, crevasse, défaire, défilé, donner, dos, eau, enclos, enfance, enfant, entendre, expirer, faire, femme, fice, fin, flairer, frileux, frissonner, grave, gué, jamais, jouer, joyeux, lent, lieu, mort, mousse, murmuré, mystère, nom, nu, odeur, pacifique, pain, paisible, palper, parfum, parvenir, pas, passer, père, pensée, penser, perdre, perdu, pierre, plaie, plein, poisson, pourquoi, pré, quête, rafale, ras, rêve, rêver, redonner, remonter, reposer, ressembler, retourner, rivière, rouge, rythme, sang, sépulcre, se coucher, sens, seuil, sifflement, silence, silencieux, sombre, sommeil, souffle, ténu, tronc, trouver, vague, venir, vers, village, violet, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 février 2023

TES YEUX…
Tes yeux n’abritent pas la forêt
Ni ton corps la patrie sauvage
Nul chandelier d’argent ne repose en ta main
Mon amour laisse-moi ma robe blanche
Les pierres se taisent
Rien ne s’élève du coeur
Trop de fois ce fut l’espoir
Avec son ventre qui crevait d’étoiles
L’aube encore décapitait le jour
Quelle main m’apaisera ?
Quel soleil me brûlera
Comme une caresse d’homme ?
Celui qui viendra
Je le reconnaîtrai
Il sera le noyau
Il sera le grain
Et son visage alors
Assumera les ruines
(Claude de Burine)
Recueil: Hanches
Editions: Saint Germain des Prés
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Posted in poésie | Tagué: (Claude de Burine), abriter, amour, apaiser, argent, assumer, aube, étoile, blanc, brûler, caresse, chandelier, coeur, corps, crever, décapiter, espoir, forêt, grain, homme, jour, laisser, main, noyau, patrie, pierre, reconnaître, reposer, rien, robe, ruine, s'élever, sauvage, se taire, soleil, trop, venir, ventre, visage, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 février 2023

L’AUBERGE DES ERRANTS
Comme il est étrange et saisissant
Que chaque nuit, sans cesse,
Coule la fontaine discrète
Dans l’ombre fraîche des érables,
Et encore et toujours, tel un parfum,
S’étale le clair de lune sur les toits,
Et par les airs, frais et sombres,
Vole l’essaim léger des nuages.
Tout cela existe, est bien réel,
Mais nous, errants, reposons une nuit,
Puis repartons par les champs,
Et nul ne pense plus à nous.
Bien plus tard, des années après peut-être,
Un rêve en nous évoque la fontaine,
La porte et le toit, et comme tout était là,
Et comme maintenant et longtemps encore tout sera là.
C’est en nous un petit jardin familier,
Et pourtant il n’y eut qu’une halte brève,
Un toit étranger pour l’hôte inconnu,
Il ignore la ville et le nom.
Comme il est étrange et saisissant
Que chaque nuit, sans cesse,
Coule la fontaine discrète
Dans l’ombre fraîche des érables…
(Hermann Hesse)
Recueil: L’Allemagne en Poésie
Traduction: Rémi Laureillard
Editions: Folio Junior
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Posted in poésie | Tagué: (Hermann Hesse), air, année, auberge, érable, étrange, étranger, évoquer, bref, champ, clair de lune, couler, discret, encore, errant, essaim, exister, familier, fontaine, frais, halte, hôte, ignorer, inconnu, jardin, léger, longtemps, maintenant, nom, nuage, nuit, ombre, parfum, penser, peut-être, réel, rêve, repartir, reposer, s'étaler, saisir, saisissant, sans cesse, sombre, tard, toit, toujours, ville, voler | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 février 2023

Un visage signé de rides
qu’une rose en s’ouvrant
lira
la poix de la suie douce aux poutres
où reposèrent un moment
les oiseleurs de sortilèges
le baiser des millénaires aux graminées
dans un tourbillon d’allégresse
la manne de ciels
qui naissent de faims pauvres
des gestes anciens fondant
l’espace nouveau des journées
et ces révélations d’étoiles
dont l’eau des fontaines frémit
pourraient changer
l’ordre du monde
(Jean-Vincent Verdonnet)
Recueil: D’ailleurs
Editions: Saint-Germain-des-Prés
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Posted in poésie | Tagué: (Jean-Vincent Verdonnet), allégresse, ancien, étoile, baiser, changer, ciel, doux, eau, espace, faim, fondre, fontaine, frémir, geste, graminée, journée, lire, manne, millénaire, moment, monde, naître, nouveau, oiseleur, ordre, pauvre, poix, poutre, pouvoir, révélation, reposer, ride, rose, s'ouvrir, signer, sortilège, suie, tourbillon, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2023

QUELQUE VIN…
Quelque vin inconnu dans mes caves repose
De gardes encerclé.
Si je le voulais boire à quoi sert que je l’ose ?
Je n’en ai pas la clé.
Jamais sur ce vin vieux nulle voix ne m’informe
Et s’il tombe au rebut
Ou si c’est longuement qu’il faut que ce vin dorme
Avant que d’être bu.
(Jean Cocteau)
Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points
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Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
En conversant avec moi-même
La Grande Voie — si simple soit-elle
Bien peu aperçoivent ses secrets.
Suis le murmure de ses souhaits,
Ils te garderont à la cime du juste.
Toujours le long du réel,
Qui pourrait être encore dans l’erreur ?
Imbroglios et liens du monde,
Mauvais tours et brumes complotantes,
Tout ce lot médiocre des cent soucis
Qu’est-ce que cela ?
Sais-tu garder l’inébranlable
Au coeur caché qui repose ?
Dépose tes malheurs dans le ciel ;
Enfouis tes tourments dans la terre.
Fais fi des Cinq Classiques, débarrasse-t’en !
Et mets un point final aux vers réglementés.
Et tous ces débats de penseurs embrouillés,
Mets-les au feu désormais.
Élève tes ambitions aux collines et à l’Ouest sauvage,
Laisse ton esprit vagabond à l’est des mers.
Chevauche le souffle comme ta seule monture,
Navigue sur le courant de la Haute Pureté,
Réponds à l’appel, élégant et allègre !
(Zhongzhang Tong)
(179-220)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted in poésie | Tagué: (Zhongzhang Tong), allègre, ambition, apercevoir, appel, élégant, élever, brume, cacher, chevaucher, ciel, cime, coeur, colline, comploter, converser, courant, débat, déposer, embrouiller, enfouir, erreur, feu, fi, garder, haut, imbroglio, inébranlable, juste, lien, long, lot, malheur, mauvais, médiocre, monde, monture, murmuré, naviguer, Ouest, penseur, point, pureté, réel, réglementé, répondre, reposer, sauvage, savoir, se débarrasser, secret, simple, souci, souffle, souhait, suivre, terre, tour, tourment, vers, voie | Leave a Comment »