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Des yeux de ma dame s’envole (Dante)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2023



    

Des yeux de ma dame s’envole
une lumière si belle que lorsqu’elle apparaît
on voit des choses qu’on ne peut décrire
pour leur noblesse et pour leur nouveauté ;
et de ses rayons pleut sur mon coeur
une telle peur qu’elle me fait trembler
et dire : « Ici je ne veux jamais revenir » ;
mais bientôt je perds toutes mes forces :

et je reviens là où je suis vaincu,
réconfortant mes yeux épouvantés,
qui ont d’abord senti cette grande valeur.
Quand j’arrive, hélas, ils sont clos ;
le désir qui les mène ici est éteint :
qu’Amour pourvoie donc à ma survie.

***

De gli occhi de la mia donna si move
un lume si gentil che, dove appare,
si veggion cose ch’uom non pò ritrare
per loro altezza e per for esser nove :
e de’ suoi razzi sovra ‘1 meo cor piove
tanta paura che mi fa tremare
e dicer : « Qui non voglio mai tornare » ;
ma poscia perdo tutte le mie prove :

e tornomi colà dov’io son vinto,
riconfortando gli occhi päurusi,
che sentier prima questo gran valore.
Quando son giunto, lasso, ed e’ son chiusi ;
lo disio che li mena quivi è stinto :
però proveggia a lo mio stato Amore.

(Dante)

 

Recueil: Rimes
Traduction: Jacqueline Risset
Editions: Flammarion

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Tristesse au clair de lune (Muhammad al-Maghut)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2023




    
Tristesse au clair de lune

Ô printemps qui vient de ses yeux,
Ô canari voyageur au clair de lune,
mène-moi à elle,
en poème d’amour ou en coup de poignard
je suis dans l’errance et blessé,
j’aime la pluie et le gémir des vagues lointaines,
je me réveille d’un profond sommeil
pour penser aux jambes désirables d’une femme que j’ai vues un jour,
pour m’adonner au vin et composer des poèmes,
dis à Leïla ma bien-aimée
à la bouche d’ivresse et aux pieds soyeux
que je suis malade et en manque d’elle
j’entrevois des traces de pieds sur mon coeur.

***

(Muhammad al-Maghut)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Goutte d’huile (Umar Abu Rishah)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2023




    
Goutte d’huile

Tu ne trébucheras pas dans les ténèbres …
c’est la plus lumineuse des lanternes de ma maison.

Tu l’as emportée à mon insu après que ton orgueil
t’eut menée de nuit jusque chez moi.

Tu ne t’es pas retournée vers les joies et les peines
que tu as causées au cours de ma vie.

Que n’as-tu pensé à la goutte d’huile
quand tu marchais dans sa lumière !

(Umar Abu Rishah)

***

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Toute langue (Yves Rouquette)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2022



Illustration: https://wordart.com/
    
Toute langue

Toute langue est celle de la maison ou
seulement bruit sans pouvoir sur le silence.

Les mots se laissent mener
à l’abattoir comme ces boeufs
que tu voyais paître dans la combe
corne contre corne, comme s’ils étaient encore
tenus ensemble par le joug.

Ils ressemblent aussi aux morts
quand la terre les pétrit
pour en faire enfin des dieux

Pourtant tu ne peux pas tout leur demander.
Il sont ce que tu es.

***

(Yves Rouquette)

Traduction de l’Occitan par Alain Freixe

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Toutes les fleurs se ruent vers nous (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Toutes les fleurs se ruent vers nous
en nous léguant de leur vivant
leur couleur et leur innocence.
Les contempler mène à la vie parfaite

(Christian Bobin)

 

 

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La plaine de Le You (Li Shangyin)

Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2022




    
La plaine de Le You

À l’approche du soir, d’humeur mélancolique,
Menant le carrosse vers la vieille plaine,
Les rayons du soleil couchant répandent tant de beauté,
Hélas, déjà, la nuit approche.

(Li Shangyin)

Recueil: Poèmes de Chine de l’époque dynastique des Tang
Traduction: Guillaume Olive & He Zhihong
Editions: Seuil

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Faites confiance (Jean-Pierre Siméon)

Posted by arbrealettres sur 7 juin 2022




    
Faites confiance :
il y a quelque part, qui n’attend que vous,
le poème de Darwich, de Bashô, de Whitman, de Barnaud,
de Villon, de Mandelstam, d’Hikmet,
de Prigent, de Hafiz, de Chedid,
je ne sais pas …

… Mais je sais que ce poème
vous comprendra comme
on vous a rarement compris,
qu’il vous mènera vers les autres,
et désormais
vous ne pourrez plus
vous passez de poésie
qu’un myope de lunettes.

(Jean-Pierre Siméon)

 

Recueil: Aïe un poète
Traduction:
Editions: Seuil

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Un jour, il y eut un enfant (Katherine Mansfield)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022



    
Un jour, il y eut un enfant

Un jour, il y eut un enfant.
Il vint jouer dans mon jardin;
Il était tout à fait pâle et silencieux.
Seulement quand il sourit je sus tout de lui,
Je sus ce qu’il avait dans les poches,
Je connus la sensation de ses mains dans les miennes
Et les plus intimes accents de sa voix.
Je le menais vers chacun de mes sentiers secrets
Lui montrant la cachette de tous mes trésors.
Je le laissais jouer avec eux, chacun d’entre eux,
J’ai déposé mes pensées chantantes dans une petite cage d’argent
Et lui les donnais afîn qu’il les garde…
Il faisait très sombre dans le jardin
Mais jamais assez sombre pour nous. Sur la pointe des pieds
Nous marchions parmi les ombres les plus profondes;
Nous nous baignâmes dans les étangs d’ombres sous les arbres
Prétendant que nous étions sous la mer.
Une fois — près de la limite du jardin —
Nous entendîmes des pas passant le long de la route du Monde;
O combien nous fûmes effrayés!
Je murmurai: « As-tu déjà marché le long de cette route? »
Il hocha la tête et nous chassâmes les larmes de nos yeux…
Un jour, il y eut un enfant.
Il vint — tout à fait seul — pour jouer dans mon jardin;
Il était pâle et silencieux.
Quand nous nous rencontrâmes nous nous embrassâmes,
Mais quand il est parti, nous ne nous fîmes pas même un signe.

***

There was a child once

He came to play in my garden;
He was quite pale and silent.
Only when he smiled I knew everything about him,
I knew what he had in his pockets,
And I knew the feel of his hands in my hands
And the most intimate tones of his voice.
I led him down each secret path,
Showing him the hiding-place of all my treasures.
I let him play with them, every one,
I put my singing thoughts in a little silver cage
And gave them to him to keep…
It was very dark in the garden
But never dark enough for us. On tiptoe we walked
among the deepest shades;
We bathed in the shadow pools beneath the trees,
Pretending we were under the sea.
Once—near the boundary of the garden—
We heard steps passing along the World-road;
O how frightened we were!
I whispered `Haveyou ever walked along that road? »
He nodded, and we shook the tears from our eyes…
There was a child once.
He came—quite alone—to play in my garden;
He was pale and silent.
When we met we kissed each other,
But when he went away, we did not even wave

(Katherine Mansfield)

Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe

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Le Pèlerin chérubinique (extraits) (Angelus Silesius)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2022




    
Le Pèlerin chérubinique (extraits)

Homme, tu es un charbon,
Dieu est ton feu et ta lumière ;
tu es noir, obscur, froid,
si tu ne reposes pas en Lui.

La lumière est le vêtement du Seigneur ;
si même tu perds la lumière,
sache que tu n’as pas encore perdu Dieu même.

Dieu demeure dans une lumière où nulle voie ne mène :
qui ne devient pas elle,
ne le verra jamais de toute éternité.

Dieu est la vraie lumière, le reste n’est qu’éclat,
si tu ne l’as pas, Lui, la lumière des lumières.
L’esprit qui se dirige vers Dieu en tout temps
conçoit sans cesse en lui-même la lumière éternelle.

(Angelus Silesius)

Recueil: Les poètes de Dieu (Pierre Haïat)
Editions: Philippe Lebaud

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Palissade (Henri Monnier)

Posted by arbrealettres sur 28 mars 2022




    
Palissade

Le chat noir de la palissade
Promène son museau partout,
C’est un pirate en ambassade,
Le chat noir qui s’en vient chez nous.
Dans le jardin ou sur le toit,
En mille et une escapades
De tous côtés, il est le roi.

Il est le tigre du Bengale
Et le prince des maraudeurs,
Sa moquerie est sans égale:
Ce chat-là est un chapardeur.

Il faut le voir, cet escogriffe,
Ce gracile animal ingrat
Qui lacère à grands coups de griffe
Les détritus de papier gras.
Il mène sa vie à sa guise,
Ne faisant que ce qui lui plaît,
Il se complaît dans des bêtises
Qui ne valent pas un couplet.

Et cependant si ce vaurien
Ne commet que des incartades
A la maison, on l’aime bien,
Le chat noir de la palissade.

(Henri Monnier)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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