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Demain j’aurai le temps (Cesare Pavese)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024




    
Demain j’aurai le temps
de rentrer en moi-même
et de serrer les dents.

Maintenant,
la vie tout entière,
ce sont les nuages,
les arbres et les rues,
perdues dans le ciel.

(Cesare Pavese)

Recueil: Travailler fatigue La mort viendra et aura tes yeux
Traduction: Gilles de Van
Editions: Gallimard

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THE CATS WILL KNOW (Cesare Pavese)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024



Illustration: Vladimir Dunjic

    

THE CATS WILL KNOW

La pluie tombera encore
sur tes doux pavés,
une pluie légère
comme un souffle ou un pas.

La brise et l’aube légères
fleuriront encore
comme sous ton pas,
quand tu rentreras.

Entre fleurs et balcons
les chats le sauront.

Il y aura d’autres jours,
il y aura d’autres voix.
Tu souriras toute seule.
Les chats le sauront.

Et tu entendras des mots très anciens,
des mots las et vains
comme les vieux habits
des fêtes d’hier.

Toi aussi,
tu auras des gestes.
Tu diras des mots
— visage de printemps,

(Cesare Pavese)

Recueil: Travailler fatigue La mort viendra et aura tes yeux
Traduction: Gilles de Van
Editions: Gallimard

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Les bords de l’azur (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2024




    
Les bords de l’azur brisent la pierre.

Les papillons dorment,
mais leurs couleurs ne dorment pas.
Les amants dorment,
mais leur amour ne dort pas.
Les marges de dieu sont érodées.

Comment faire rentrer les choses dans les choses ?
Comment égaler la vie à sa mémoire ?
Comment polir mes yeux dans les tiens ?

La géométrie de l’être n’a pas d’espace.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes? (Moon Chung-hee)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2024




    
Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes?

Cette fille travaillait bien à l’école
et excellait aussi dans ses activités personnelles
Sortie du lycée elle a réussi sans peine
au concours d’entrée à l’université mais où est-elle maintenant?

Fait-elle bouillir la soupe aux pommes de terre?
Après l’avoir préparée pendant trois heures avec l’os
s’exposant à la vapeur chaude devant la cuisinière à gaz
sera-t-elle heureuse le soir de regarder son mari
avaler de bon appétit cette soupe pendant quinze minutes?
Après avoir terminé la vaisselle aide-t-elle ses enfants à faire leurs devoirs?

Ou bien erre-t-elle encore dans la rue froide
à la recherche d’une embauche dans une société?
Dans un gymnase où l’on élit les candidats d’un parti politique
vêtue d’un hanbok les décore-t-elle de rubans?
Leur offre-t-elle des bouquets de fleurs?
Embauchée par bonheur, assise dans un coin d’un grand bureau
elle répondra aimablement au téléphone et servira quelquefois le thé
Est-elle devenue femme d’un médecin, femme d’un professeur ou bien infirmière?
Peut-être apprend-elle à chanter dans un centre culturel d’où elle part à la hâte avant que son mari rentre le soir

Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes?
Dans cette forêt de hauts buildings, ne devenant ni députées ni ministres ni médecins
ni professeures ni femmes d’affaires ni cadres d’une Société
rejetées de-ci de-là comme un gland tombé dans le repas du chien
errent-elles encore sans pouvoir se faire valoir?
Sans pouvoir prendre part au monde grand et large
sont-elles confinées dans la cuisine et la chambre?

Où ont-elles disparu ces si nombreuses lycéennes?

(Moon Chung-hee)
Recueil: Celle qui mangeait le riz froid

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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Pense aux autres (Mahmoud Darwich)

Posted by arbrealettres sur 18 mars 2024




    
Pense aux autres

Pense aux autres

Quand tu prépares ton petit-déjeuner,
pense aux autres.
(N’oublie pas le grain aux colombes.)

Quand tu mènes tes guerres, pense aux autres.
(N’oublie pas ceux qui réclament la paix.)

Quand tu règles la facture d’eau, pense aux autres.
(Qui tètent les nuages.)

Quand tu rentres à la maison, ta maison,
pense aux autres.
(N’oublie pas le peuple des tentes.)

Quand tu comptes les étoiles pour dormir,
pense aux autres.
(Certains n’ont pas le loisir de rêver.)

Quand tu te libères par la métonymie,
pense aux autres.
(Qui ont perdu le droit à la parole.)

Quand tu penses aux autres lointains,
pense à toi.
(Dis-toi : Que ne suis-je une bougie dans le noir ?)

(Mahmoud Darwich)

Recueil: Comme des fleurs d’amandiers ou plus loin
Editions: Actes Sud

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A MA MÈRE (Mahmoud Darwich)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024



Illustration: Oskar Kokoschka
    
A MA MÈRE

J’ai la nostalgie du pain de ma mère,
Du café de ma mère,
Des caresses de ma mère…
Et l’enfance grandit en moi,
Jour après jour,
Et je chéris ma vie, car
Si je mourais,
J’aurais honte des larmes de ma mère !

Fais de moi, si je rentre un jour,
Une ombrelle pour tes paupières.
Recouvre mes os de cette herbe
Baptisée sous tes talons innocents.
Attache-moi
Avec une mèche de tes cheveux,
Un fil qui pend à l’ourlet de ta robe…
Et je serai, peut-être, un dieu,
Peut-être un dieu,
Si j’effleurais ton coeur !

Si je rentre, enfouis-moi,
Bûche, dans ton âtre.
Et suspends-moi,
Corde à linge, sur le toit de ta maison.
Je ne tiens pas debout
Sans ta prière du jour.
J’ai vieilli. Ramène les étoiles de l’enfance
Et je partagerai avec les petits des oiseaux,
Le chemin du retour…
Au nid de ton attente !

(Mahmoud Darwich)

 

Recueil: La terre nous est étroite
Traduction: Elias Sanbar
Editions: Gallimard

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UNE VOIX VENUE DE L’OLIVERAIE (Mahmoud Darwich)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024




    
UNE VOIX VENUE DE L’OLIVERAIE

L’écho est venu de l’oliveraie.
J’étais crucifié sur le feu
Et je disais aux corbeaux : Ne me dévorez pas.
Je pourrais rentrer à la maison,
Le ciel pourrait pleuvoir,
Et il pourrait…
Éteindre ce bois carnassier!

Un jour je descendrai de ma croix.
Mais alors, comment
Rentrer chez moi, nu et nu-pieds ?

(Mahmoud Darwich)

 

Recueil: La terre nous est étroite
Traduction: Elias Sanbar
Editions: Gallimard

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Si l’olive se souvient de son planteur (Mahmoud Darwich)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024




    
Si l’olive se souvient de son planteur
Son huile se transformera en larmes
Oh ! sagesse des ancêtres, notre corps
pour vous deviendra un habit de protection.
On va éplucher les épines par nos cils
et on va couper la tristesse
et l’enlever de notre terre.
L’olivier conservera sa couleur verte à jamais
et rentrera dans la terre comme une arme

(Mahmoud Darwich)

 

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ÉTRANGER DANS UNE VILLE LOINTAINE (Mahmoud Darwich)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024




    
ÉTRANGER DANS UNE VILLE LOINTAINE

Quand j’étais petit
Et beau,
La rose était ma demeure,
Les sources étaient mes mers.
La rose est devenue blessure
Et les sources sont, désormais, soifs.
— As-tu beaucoup changé ?
— Je n’ai pas beaucoup changé.
Lorsque nous rentrerons comme le vent
A la maison,
Scrute mon front.
Tu y verras les roses, palmiers,
Les sources, sueur,
Et tu me retrouveras, tel que j’étais,
Petit
Et beau…

(Mahmoud Darwich)

 

Recueil: La terre nous est étroite
Traduction: Elias Sanbar
Editions: Gallimard

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CHANSON DE LA NOURRICE (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024



Illustration: William Blake
    
CHANSON DE LA NOURRICE

Quand les voix des enfants se font entendre sur les gazons
Et que les murmures tournent dans la vallée,
Les jours de ma jeunesse s’élèvent tout frais dans mon esprit,
Mon visage devient vert et pâle.
Rentrons mes petits, le soleil a disparu
Et voici la rosée de la nuit.
Votre printemps et votre lumière se perdent en jeux,
Et votre hiver et votre nuit en feintes.

***

Nurse’s Song (Songs of Experience) (1794)

When the voices of children are heard on the green
And whisp’rings are in the dale,
The days of my youth rise fresh in my mind,
My face turns green and pale.

Then come home, my children, the sun is gone down,
And the dews of night arise;
Your spring and your day are wasted in play,
And your winter and night in disguise.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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