Après avoir contemplé la lune
Mon ombre avec moi
Revint à la maison.
(Yamaguchi Sodo)
Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024
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Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024
Quand il m’arrive d’oublier que vous êtes morts,
je vous entends venir,
comme du vent plein d’arbres,
rendre toutes ses feuilles à ma mémoire.
Tout ce temps que vous rapportez,
ma maison si petite aujourd’hui
le contient à peine,
seule s’agrandit la page,
mieux éclairée par vos ombres que par des lampes,
où j’écris ce que vous me murmurez.
(Jean-François Mathé)
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Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024
J’ai fait en arrivant dans l’île connaissance
Avec un frais vallon plein d’ombre et d’innocence,
Qui, comme moi, se plaît au bord des flots profonds.
Au même rayon d’or tous deux nous nous chauffons ;
J’ai tout de suite avec cette humble solitude
Pris une familière et charmante habitude.
Là deux arbres, un frêne, un orme à l’air vivant,
Se querellent et font des gestes dans le vent
Comme deux avocats qui parlent pour et contre ;
J’y vais causer un peu tous les jours, j’y rencontre
Mon ami le lézard, mon ami le moineau ;
Le roc m’offre sa chaise et la source son eau ;
J’entends, quand je suis seul avec cette nature,
Mon âme qui lui dit tout bas son aventure ;
Ces champs sont bonnes gens, et j’aime, en vérité,
Leur douceur, et je crois qu’ils aiment ma fierté.
(Victor Hugo)
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Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2024
Illustration: Edvard Munch
Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage
Quien no ama, no vive.
Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage,
Si jamais vous n’avez épié le passage,
Le soir, d’un pas léger, d’un pas mélodieux,
D’un voile blanc qui glisse et fuit dans les ténèbres,
Et, comme un météore au sein des nuits funèbres,
Vous laisse dans le coeur un sillon radieux ;
Si vous ne connaissez que pour l’entendre dire
Au poète amoureux qui chante et qui soupire,
Ce suprême bonheur qui fait nos jours dorés,
De posséder un coeur sans réserve et sans voiles,
De n’avoir pour flambeaux, de n’avoir pour étoiles,
De n’avoir pour soleils que deux yeux adorés ;
Si vous n’avez jamais attendu, morne et sombre,
Sous les vitres d’un bal qui rayonne dans l’ombre,
L’heure où pour le départ les portes s’ouvriront,
Pour voir votre beauté, comme un éclair qui brille,
Rose avec des yeux bleus et toute jeune fille,
Passer dans la lumière avec des fleurs au front ;
Si vous n’avez jamais senti la frénésie
De voir la main qu’on veut par d’autres mains choisie,
De voir le coeur aimé battre sur d’autres coeurs ;
Si vous n’avez jamais vu d’un oeil de colère
La valse impure, au vol lascif et circulaire,
Effeuiller en courant les femmes et les fleurs ;
Si jamais vous n’avez descendu les collines,
Le coeur tout débordant d’émotions divines ;
Si jamais vous n’avez le soir, sous les tilleuls,
Tandis qu’au ciel luisaient des étoiles sans nombre,
Aspiré, couple heureux, la volupté de l’ombre,
Cachés, et vous parlant tout bas, quoique tout seuls ;
Si jamais une main n’a fait trembler la vôtre ;
Si jamais ce seul mot qu’on dit l’un après l’autre,
JE T’AIME ! n’a rempli votre âme tout un jour ;
Si jamais vous n’avez pris en pitié les trônes
En songeant qu’on cherchait les sceptres, les couronnes,
Et la gloire, et l’empire, et qu’on avait l’amour !
La nuit, quand la veilleuse agonise dans l’urne,
Quand Paris, enfoui sous la brume nocturne
Avec la tour saxonne et l’église des Goths,
Laisse sans les compter passer les heures noires
Qui, douze fois, semant les rêves illusoires,
S’envolent des clochers par groupes inégaux ;
Si jamais vous n’avez, à l’heure où tout sommeille,
Tandis qu’elle dormait, oublieuse et vermeille,
Pleuré comme un enfant à force de souffrir,
Crié cent fois son nom du soir jusqu’à l’aurore,
Et cru qu’elle viendrait en l’appelant encore,
Et maudit votre mère, et désiré mourir ;
Si jamais vous n’avez senti que d’une femme
Le regard dans votre âme allumait une autre âme,
Que vous étiez charmé, qu’un ciel s’était ouvert,
Et que pour cette enfant, qui de vos pleurs se joue,
Il vous serait bien doux d’expirer sur la roue ; …
Vous n’avez point aimé, vous n’avez point souffert !
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), adorer, agoniser, aimer, allumer, amour, amoureux, appeler, aspirer, attendre, aurore, automne, âme, éclair, église, émotion, épier, étoile, bas, battre, beauté, bleu, bonheur, briller, brume, cacher, chanter, charmer, chercher, choisir, ciel, circulaire, clocher, coeur, colère, colline, compter, connaître, couple, courir, couronné, crier, croire, déborder, départ, désirer, descendre, dire, divin, doré, dormir, doux, effeuiller, empire, enfant, enfouir, entendre, expirer, femme, flambeau, fleur, frénésie, front, fuir, funèbre, glisser, gloire, groupe, heure, heureux, illusoire, impur, inégal, jamais, jeune, jeune fille, jour, laisser, lascif, léger, luire, lumière, main, maudire, mère, météore, morne, mourir, noir, nuit, oeil, ombre, oublieux, ouvert, parler, pas, passage, passer, pitié, pleurer, poète, porte, posséder, radieux, ragard, réserve, rêve, remplir, riche, rose, roue, s'envoler, s'ouvrir, sage, sceptre, se jouer, sein, semer, sentir, seul, sillon, soir, soleil, sombre, songer, souffrir, soupirer, suprême, ténèbres, tilleul, tour, trône, trembler, urne, valse, veilleuse, venir, vermeil, vieux, voile, voir, vol, volupté, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2024
Illustration: Salvador Dali
OÙ DONC EST LE BONHEUR ?
Sed satis est jam posse mori.
LUCAIN.
Où donc est le bonheur ? disais-je. – Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l’avez donné.
Naître, et ne pas savoir que l’enfance éphémère,
Ruisseau de lait qui fuit sans une goutte amère,
Est l’âge du bonheur, et le plus beau moment
Que l’homme, ombre qui passe, ait sous le firmament !
Plus tard, aimer, – garder dans son coeur de jeune homme
Un nom mystérieux que jamais on ne nomme,
Glisser un mot furtif dans une tendre main,
Aspirer aux douceurs d’un ineffable hymen,
Envier l’eau qui fuit, le nuage qui vole,
Sentir son coeur se fondre au son d’une parole,
Connaître un pas qu’on aime et que jaloux on suit,
Rêver le jour, brûler et se tordre la nuit,
Pleurer surtout cet âge où sommeillent les âmes,
Toujours souffrir ; parmi tous les regards de femmes,
Tous les buissons d’avril, les feux du ciel vermeil,
Ne chercher qu’un regard, qu’une fleur, qu’un soleil !
Puis effeuiller en hâte et d’une main jalouse
Les boutons d’orangers sur le front de l’épouse ;
Tout sentir, être heureux, et pourtant, insensé
Se tourner presque en pleurs vers le malheur passé ;
Voir aux feux de midi, sans espoir qu’il renaisse,
Se faner son printemps, son matin, sa jeunesse,
Perdre l’illusion, l’espérance, et sentir
Qu’on vieillit au fardeau croissant du repentir,
Effacer de son front des taches et des rides ;
S’éprendre d’art, de vers, de voyages arides,
De cieux lointains, de mers où s’égarent nos pas ;
Redemander cet âge où l’on ne dormait pas ;
Se dire qu’on était bien malheureux, bien triste,
Bien fou, que maintenant on respire, on existe,
Et, plus vieux de dix ans, s’enfermer tout un jour
Pour relire avec pleurs quelques lettres d’amour !
Vieillir enfin, vieillir ! comme des fleurs fanées
Voir blanchir nos cheveux et tomber nos années,
Rappeler notre enfance et nos beaux jours flétris,
Boire le reste amer de ces parfums aigris,
Être sage, et railler l’amant et le poète,
Et, lorsque nous touchons à la tombe muette,
Suivre en les rappelant d’un oeil mouillé de pleurs
Nos enfants qui déjà sont tournés vers les leurs !
Ainsi l’homme, ô mon Dieu ! marche toujours plus sombre
Du berceau qui rayonne au sépulcre plein d’ombre.
C’est donc avoir vécu ! c’est donc avoir été !
Dans la joie et l’amour et la félicité
C’est avoir eu sa part ! et se plaindre est folie.
Voilà de quel nectar la coupe était remplie !
Hélas ! naître pour vivre en désirant la mort !
Grandir en regrettant l’enfance où le coeur dort,
Vieillir en regrettant la jeunesse ravie,
Mourir en regrettant la vieillesse et la vie !
Où donc est le bonheur, disais-je ? – Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l’avez donné !
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), aigri, aimer, amant, amer, amour, aride, art, aspirer, avril, âge, âme, éphémère, époux, beau, berceau, boire, bonheur, bouton, brûler, buisson, chercher, ciel, coeur, connaître, coupe, croissant, désirer, Dieu, donner, dormir, douceur, eau, effacer, effeuiller, enfance, enfant, envier, espérance, espoir, exister, fané, fardeau, félicité, femme, feu, firmament, flétrir, fleur, folie, fou, front, fuir, furtif, garder, glisser, goutte, grandir, hâte, heureux, homme, hymen, illusion, ineffable, infortune, insensé, jaloux, jamais, jeune homme, jeunesse, joie, jour, lait, lettre, lointain, main, maintenant, malheur, malheureux, marcger, matin, mer, midi, moment, mot, mouillé, muet, mystérieux, naître, nectar, nom, nommer, nuage, nuit, oeil, ombre, oranger, parfum, parole, part, pas, passé, passer, perdre, pleur, pleurer, poète, printemps, railler, rappeler, ravir, rêver, redemander, regard, regretter, relire, rempli, renaître, repentir, respirer, reste, ride, ruisseau, s'égarer, s'éprendre, s'enfermer, sage, savoir, sépulcre, se faner, se fondre, se plaindre, se rappeler, se tordre, se tourner, sentir, soleil, sombre, sommeiller, son, souffrir, suivre, surtout, tache, tendre, tombe, toucher, toujours, tourner, triste, vermeil, vers, vieillir, vieux, vivre, voir, voler, voyage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2024
EN FRAPPANT À UNE PORTE
J’ai perdu mon père et ma mère,
Mon premier né, bien jeune, hélas !
Et pour moi la nature entière
Sonne le glas.
Je dormais entre mes deux frères ;
Enfants, nous étions trois oiseaux ;
Hélas ! le sort change en deux bières
Leurs deux berceaux.
Je t’ai perdue, ô fille chère,
Toi qui remplis, ô mon orgueil,
Tout mon destin de la lumière
De ton cercueil !
J’ai su monter, j’ai su descendre.
J’ai vu l’aube et l’ombre en mes cieux.
J’ai connu la pourpre, et la cendre
Qui me va mieux.
J’ai connu les ardeurs profondes,
J’ai connu les sombres amours ;
J’ai vu fuir les ailes, les ondes,
Les vents, les jours.
J’ai sur ma tête des orfraies ;
J’ai sur tous mes travaux l’affront,
Aux pieds la poudre, au cœur des plaies,
L’épine au front.
J’ai des pleurs à mon œil qui pense,
Des trous à ma robe en lambeau ;
Je n’ai rien à la conscience :
Ouvre, tombeau.
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), affront, aile, aller, amour, ardeur, aube, épine, berceau, bière, cendre, cercueil, cher, cieux, coeur, connaître, conscience, descendre, destin, dormir, enfant, entier, fille, frapper, frère, front, fuir, glas, hélas, jeune, jour, lambeau, lumière, mère, mieux, monter, naître, nature, oeil, oiseau, ombre, onde, orfraie, orgueil, ouvrir, père, penser, perdre, pied, pine, plaie, pleur, porte, poudre, pourpre, premier, profond, remplir, robe, savoir, sombre, sonner, tête, tombeau, travail, trou, vent, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2024
Illustration: ArbreaPhotos
Je lisais. Que lisais-je ? Oh ! le vieux livre austère,
Le poème éternel ! — La Bible ? — Non, la terre.
Platon, tous les matins, quand revit le ciel bleu,
Lisait les vers d’Homère, et moi les fleurs de Dieu.
J’épelle les buissons, les brins d’herbe, les sources ;
Et je n’ai pas besoin d’emporter dans mes courses
Mon livre sous mon bras, car je l’ai sous mes pieds.
Je m’en vais devant moi dans les lieux non frayés,
Et j’étudie à fond le texte, et je me penche,
Cherchant à déchiffrer la corolle et la branche.
Donc, courbé, — c’est ainsi qu’en marchant je traduis
La lumière en idée, en syllabes les bruits, —
J’étais en train de lire un champ, page fleurie.
Je fus interrompu dans cette rêverie ;
Un doux martinet noir avec un ventre blanc
Me parlait ; il disait : « Ô pauvre homme, tremblant
Entre le doute morne et la foi qui délivre,
Je t’approuve. Il est bon de lire dans ce livre.
Lis toujours, lis sans cesse, ô penseur agité,
Et que les champs profonds t’emplissent de clarté !
Il est sain de toujours feuilleter la nature,
Car c’est la grande lettre et la grande écriture ;
Car la terre, cantique où nous nous abîmons,
A pour versets les bois et pour strophes les monts !
Lis. Il n’est rien dans tout ce que peut sonder l’homme
Qui, bien questionné par l’âme, ne se nomme.
Médite. Tout est plein de jour, même la nuit ;
Et tout ce qui travaille, éclaire, aime ou détruit,
A des rayons : la roue au dur moyeu, l’étoile,
La fleur, et l’araignée au centre de sa toile.
Rends-toi compte de Dieu. Comprendre, c’est aimer.
Les plaines où le ciel aide l’herbe à germer,
L’eau, les prés, sont autant de phrases où le sage
Voit serpenter des sens qu’il saisit au passage.
Marche au vrai. Le réel, c’est le juste, vois-tu ;
Et voir la vérité, c’est trouver la vertu.
Bien lire l’univers, c’est bien lire la vie.
Le monde est l’oeuvre où rien ne ment et ne dévie,
Et dont les mots sacrés répandent de l’encens.
L’homme injuste est celui qui fait des contre-sens.
Oui, la création tout entière, les choses,
Les êtres, les rapports, les éléments, les causes,
Rameaux dont le ciel clair perce le réseau noir,
L’arabesque des bois sur les cuivres du soir,
La bête, le rocher, l’épi d’or, l’aile peinte,
Tout cet ensemble obscur, végétation sainte,
Compose en se croisant ce chiffre énorme : DIEU.
L’éternel est écrit dans ce qui dure peu ;
Toute l’immensité, sombre, bleue, étoilée,
Traverse l’humble fleur, du penseur contemplée ;
On voit les champs, mais c’est de Dieu qu’on s’éblouit.
Le lys que tu comprends en toi s’épanouit ;
Les roses que tu lis s’ajoutent à ton âme.
Les fleurs chastes, d’où sort une invisible flamme,
Sont les conseils que Dieu sème sur le chemin ;
C’est l’âme qui les doit cueillir, et non la main.
Ainsi tu fais ; aussi l’aube est sur ton front sombre ;
Aussi tu deviens bon, juste et sage; et dans l’ombre
Tu reprends la candeur sublime du berceau. »
Je répondis : « Hélas ! tu te trompes, oiseau.
Ma chair, faite de cendre, à chaque instant succombe ;
Mon âme ne sera blanche que dans la tombe ;
Car l’homme, quoi qu’il fasse, est aveugle ou méchant. »
Et je continuai la lecture du champ.
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), abîmer, agité, aider, aile, aimer, approuver, arabesque, aube, austère, aveuglé, à fond, âme, éclairer, écrire, écriture, élément, épeler, épi, éternel, étoile, étudier, être, bête, berceau, besoin, bible, blanc, bleu, bois, bon, branche, bras, brin, bruit, buisson, candeur, cantique, cause, cendre, chair, champ, chaste, chemin, chercher, ciel, clarté, comprendre, conseil, contempler, continuer, contre-sens, corolle, courbe, course, création, cueillir, cuivre, déchiffrer, délivrer, détruire, dévier, devenir, Dieu, doute, dur, durer, eau, emplir, emporter, encens, ensemble, feuilleter, flamme, fleur, fleuri, foi, frayer, front, germer, hélas, herbe, homme, humble, idée, immensité, injuste, instant, interrompre, invisible, jour, juste, lecture, lettre, lieu, lire, livre, lumière, lys, main, marcher, martinet, matin, méchant, méditer, mentir, monde, mont, morne, mot, moyeu, nature, noir, nuit, oeuvre, ombre, or, parler, passage, pauvre, peindre, penseur, percer, peu, phrase, pied, plaine, poème, pré, profond, questionner, rameau, rapport, rayon, réel, répandre, réseau, rêverie, reprendre, revivre, rocher, rose, roue, s'ajouter, s'éblouir, s'épanouir, sacré, sage, sain, saint, saisir, sans cesse, se nommer, se pencher, se tromper, semer, sens, serpenter, sombre, sonder, source, strophe, sublime, succomber, syllabe, texte, tombe, traduire, travailler, traverser, trembler, trouver, univers, végétation, vérité, ventre, vers, verset, vertu, vieux, voir, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024
Les matins passent clairs et déserts.
C’est ainsi que tes yeux naguère s’ouvraient.
Le matin s’écoulait lentement,
gouffre de lumière immobile.
En silence. Tu vivais en silence;
les choses vivaient sous tes yeux
(sans peine sans fièvre sans ombre)
comme une mer au matin, claire.
Le matin est partout où, lumière, tu es.
Tu étais les choses et la vie.
En toi éveillés nous respirions
sous le ciel qui encore est en nous.
Sans peine sans fièvre en ce temps,
sans cette ambre pesante du jour foisonnant et étrange.
O lumière, ô lointaine clarté, haleine angoissée,
tourne vers nous tes yeux immobiles et clairs.
Sombre est le matin qui passe
sans la lumière de tes yeux.
(Cesare Pavese)
Posted in poésie | Tagué: (Cesare Pavese), ambre, angoisser, étrange, éveillé, chose, ciel, clair, clarté, désert, fièvre, foisonner, gouffre, haleine, immobile, lent, lointain, lumière, matin, mer, naguère, ombre, partout, passer, peine, pesant, respirer, s'écouler, s'ouvrir, silence, sombre, temps, tourner, vie, vivre, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 avril 2024
Illustration
Blanche abeille tu bourdonnes — ivre de miel — dans mon âme
et tu te tords en lentes spirales de fumée.
Je suis le désespéré, la parole sans échos,
celui qui perdit tout, et celui qui posséda tout.
Ultime amarre, en toi craque mon anxiété ultime.
En ma terre déserte tu es l’ultime rose.
Ah silencieuse !
Clos tes yeux profonds. Là bat des ailes la nuit.
Ah dénude ton corps de statue craintive.
Tu as des yeux profonds où la nuit bat des ailes.
De frais bras de fleur et giron de rose.
Tes seins ressemblent aux escargots blancs.
Un papillon d’ombre est venu s’endormir sur ton ventre.
Ah silencieuse !
Voici la solitude d’où tu es absente.
Il pleut. Le vent marin chasse d’errantes mouettes.
L’eau marche pieds nus dans les rues trempées.
De cet arbre geignent, comme des malades, les feuilles.
Blanche abeille, absente, encore tu bourdonnes dans mon âme.
Tu revis dans le temps, fine et silencieuse.
Ah silencieuse !
***
Abeja blanca zumbas — ebria de miel — en mi alma
y te tuerces en lentas espirales de humo.
Soy el desesperado, la palabra sin ecos,
el que lo perdió todo, y el que todo lo tuvo.
Última amarra, cruje en ti mi ansiedad última.
En mi tierra desierta eres la última rosa.
Ah silenciosa !
Cierra tus ojos profundos. Allí aletea la noche.
Ah desnuda tu cuerpo de estatua temerosa.
Tienes ojos profundos donde la noche alea.
Frescos brazos de flor y regazo de rosa.
Se parecen tus senos a los caracoles blancos.
Ha venido a dormirse en tu vientre una mariposa de sombra.
Ah silenciosa !
He aquí la soledad de donde estás ausente.
Llueve. El viento del mar caza errantes gaviotas.
El agua anda descalza por las calles mojadas.
De aquel árbol se quejan, como enfermos, las hojas.
Abeja blanca, ausente, aún zumbas en mi alma.
Revives en el tiempo, delgada y silenciosa.
Ah silenciosa !
(Pablo Neruda)
Posted in poésie | Tagué: (Pablo Neruda), abeille, absent, aile, amarre, anxiété, arbre, âme, écho, battre, blanc, bourdonner, bras, chasser, craintif, craquer, désert, désespérer, eau, errer, escargot, feuille, fin, fleur, frais, fumée, geindre, giron, ivre, lent, malade, marcher, marin, miel, mouette, nuit, ombre, papillon, parole, perdre, pieds nus, pleuvoir, posséder, profond, ressembler, revivre, rose, rue, s'endormir, se tordre, sein, silencieux, solitude, spirale, statue, temps, terre, tout, tremper, ultime, venir, vent, ventre, yeux | Leave a Comment »