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Tiédeur d’automne (Mizuhara Shuoshi)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2024



crabe vert

Tiédeur d’automne
Plus verte que la marée
La cuirasse d’un crabe.

(Mizuhara Shuoshi)

 

 

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Je n’ai désiré qu’être au soleil ou sous la pluie (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 12 Mai 2024




    
Je n’ai désiré qu’être au soleil ou sous la pluie —
Au soleil quand il y avait du soleil
Et sous la pluie quand il pleuvait,
(Et jamais l’inverse)
Et ressentir la chaleur, le froid et le vent,
Sans chercher plus loin.
Une fois, j’ai aimé, j’ai cru qu’on m’aimait, Mais je n’ai pas été aimé.

Je n’ai pas été aimé pour une seule bonne raison.
Parce que je n’ai pas été aimé.
Je me suis consolé en retournant tout seul au soleil et sous la pluie,
Et en m’asseyant à nouveau sur le pas de ma porte.
Les champs, en fin de compte, ne sont pas aussi verts pour ceux qui sont aimés
Que pour ceux qui ne le sont pas.
Ressentir, c’est avoir l’esprit ailleurs.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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La voiture de fleurs (Rémy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024




    

La voiture de fleurs

I
L’ivresse des jasmins, la tendresse des roses,
Ces robes, ces figures, ces yeux, toutes les nuances,
Les violettes pâles et les pivoines roses
Où l’amour se pâme avec indolence :

Ainsi s’en va, traîné le long des rues,
Le songe de mes anciens printemps,
Cependant qu’une femme a rougi d’être nue
Dans la foule indiscrète des amants.

Pourquoi ? Tu as senti l’odeur de mon désir ?
Tu as senti la fraîcheur amoureuse des nuées
Tomber sur tes épaules, et le plaisir
Souffler du vent dans tes cheveux dénoués ?

Je ne te voyais pas. Je regardais les femmes et les fleurs
Comme on regarde des étoffes ou des images :
Je me souviens alors de toutes les couleurs
Qui enchantaient mes premiers paysages.

Ces belles fleurs m’apportent des campagnes et des jardins,
Dans leurs aisselles et parmi les plis frais de leurs feuilles,
Je reconnais le goût des filles des chemins,
Du sureau, de la sauge, du tendre chèvre-feuille ;

Je promène mon rêve autour de tes rosiers
Et de tes pavots, parc aux antiques sourires ;
Puis je me glisse à travers la houle de vos halliers,
Bois où mon cœur avec joie se déchire.

II
Je me souviens des bois et des jardins,
Des arbres et des fontaines,
Des champs, des prés et aussi des chemins
Aux figures incertaines.

Ce vieux bois qui, dans sa verte douceur,
Aimait mon adolescence,
II a toujours l’adorable fraîcheur
Et la chair de l’innocence.

Il a toujours le chant de son ruisseau,
Et les plumes de ses mésanges
Et de ses geais et de ses poules d’eau,
Et le rire de ses anges

Car on entend souvent au fond des bois
Des souffles, des voix frileuses,
Et l’on ne sait si ce sont des hautbois
Ou l’émoi des amoureuses.

Il a toujours les feuilles de ses aulnes
Dont les troncs sont des serpents ;
Il a toujours ses genêts aux yeux jaunes
Et ses houx aux fruits sanglants,

Ses coudriers aimés des écureuils,
Ses hêtres, qui sont des charmes,
Ses joncs, le cri menu de ses bouvreuils,
Ses cerisiers pleins de larmes ;

Ses grands iris, dans leur gaîne de lin,
Qu’on appelle aussi des flambes,
Ses liserons, désir rose et câlin,
Qui grimpe le long des jambes :

Liserons blancs, aussi liserons bleus,
Liserons qui sont des lèvres,
Et liserons qui nous semblent des yeux
Doux de filles ou de chèvres ;

Beaux parasols semés d’insectes verts,
Angéliques et ciguës ;
Vous qui montrez à nu vos cœurs amers
Belladones ambiguës ;

Blonds champignons tapis sous les broussailles,
Oreilles couleur de chair,
Morilles d’or, bolets couleur de paille,
Mamelles couleur de lait !

Il a toujours tout ce qui fait qu’un bois
Est un lit et un asile,
Un confident aimable à nos émois,
Une idée et une idylle.

*

Mais un désir me ramène au jardin :
Je retrouve ses allées,
Ses bancs verdis, ses bordures de thym,
Ses corbeilles dépeuplées.

Voici ses ifs, ses jasmins, ses lauriers,
Ses myrtes un peu moroses,
Et voici les rubis de ses mûriers
Et ses guirlandes de roses.

Je viens m’asseoir à l’ombre du tilleul,
Dans la rumeur des abeilles,
Et je retrouve, en méditant, l’orgueil,
O sourire, et tes merveilles.

Sur ce vieux banc, je retrouve l’espoir
Et la tendresse des aubes :
Je veux, ayant vécu de l’aube au soir,
Vivre aussi du soir à l’aube.

Le présent rit à l’abri du passé
Et lui emprunte ses songes :
Le renouveau d’octobre a des pensées
Douces comme des mensonges.

O vieux jardin, je vous referai tel
Qu’en vos nobles jours de grâce ;
J’effacerai tous les signes de gel
Qui meurtrissaient votre face.

III
Voilà toutes les fleurs, qui passaient dans les rues,
En ce matin équivoque de mai.
Viens, leurs demeures me sont connues :
Nous les retrouverons aux jardins du passé.

Viens respirer l’odeur jeune de la vieille terre,
Du bois et du grand parc abandonné aux oiseaux.
Viens, nous ferons jaillir de son cœur solitaire
Des moissons de fruits et de rêves tendres et nouveaux.

(Rémy de Gourmont)

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La dame de l’été (Rémy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024




    
La dame de l’été

Sous les yeux d’or des églantines blanches,
Les liserons grimpent autour des fougères.
La fleur des ronces met des petites croix blanches
Dans la haie d’où surgissent les fougères.

L’herbe des prés ondule en vagues blondes,
Qui vont mourir sous les pas du faucheur,
Il y a dans l’herbe des ailes bleues, des ailes blondes,
Et la grande aile noire de la faux du faucheur.

Alors j’ai vu, assise près d’une source,
Cueillant des joncs pour lier ses cheveux,
Une femme aux yeux clairs comme une source,
Qui me permit de baiser ses cheveux.

Et je fus plein d’amour pour les yeux verts
De la dame de l’été qui vient sourire
Au bord des sentiers, au fond des bois verts,
Et mirer dans les sources son beau sourire.

(Rémy de Gourmont)

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Paysages (Brigitte Baumié)

Posted by arbrealettres sur 29 avril 2024




    
Paysages

Impossible souvenir.

L’espace projeté
arrête
le temps.

Quand cette vache
a-t-elle fait trois pas?

À quelle époque
appartiennent ces haies d’arbres?

Ces deux corbeaux sur le vert lumineux du champ?

(Brigitte Baumié)

Recueil: paysages intermittents
Editions: La Boucherie littéraire

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L’amoureux (Hala Mohammad)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2024



Illustration: Edvard Munch
    
L’amoureux

L’amoureux qui pleure sur la rive
En a égaré la cause
Tant les eaux vertes du fleuve
ont scruté ses yeux.

(Hala Mohammad)

Recueil: Prête moi une fenêtre
Editions: Bruno Doucey

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La pleine lune (Kuroyanagi Shoha)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2024



La pleine lune entourée
Par ces innombrables étoiles,
Et le ciel d’un vert profond.

(Kuroyanagi Shoha)

Illustration

 

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Un petit garçon s’amuse (Joy Harjo)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024




    
Un petit garçon s’amuse avec deux chiots sur le seuil.
Une fillette, portant l’esprit d’une vieille femme apparaît
Avec des plantes vertes à la main.
Des jumeaux jouent autour du lit.

La matrice de la terre se contracte sous la nécessité de pousser.
C’est tout ce que je vois à cause du brouillard du temps.

***

A young boy wrestles with two puppies at the doorway.
A little girl, bearing an old woman spirit appears
With green plants in her hands.
Twins play around the edge of the bed.

Earth’s womb tightens with the need to push.
That is all that I see because of the fogginess of time.

(Joy Harjo)

Recueil: L’aube américaine
Traduction: de l’anglais (Etats Unis) par Héloïse Esquié
Editions: Globe

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Chaque visage est un miracle… (Tahar Ben Jelloun)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2024




    
Chaque visage est un miracle…
(Extraits)

Un enfant noir, à la peau noire, aux yeux noirs,
aux cheveux crépus ou frisés, est un enfant.

Un enfant blanc, à la peau rose, aux yeux bleus ou verts
aux cheveux blonds ou raides est un enfant

L’un et l’autre, le noir et le blanc,
ont le même sourire quand une main leur caresse le visage,
quand on les regarde avec amour et leur parle avec tendresse.
Ils verseront les mêmes larmes si on les contrarie,
si on leur fait mal.
[…]

Il n’existe pas deux visages absolument identiques.
Chaque visage est un miracle.
Parce qu’il est unique.
Deux visages peuvent se ressembler,
ils ne seront jamais tout à fait les mêmes.
La vie est justement ce miracle, ce mouvement permanent et changeant
qui ne reproduit jamais le même visage.
[…]

Vivre ensemble est une aventure où l’amour, l’amitié est une belle rencontre
avec ce qui n’est pas moi, avec ce qui est toujours différent de moi et qui m’enrichit.

(Tahar Ben Jelloun)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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LA FONTAINE (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 17 mars 2024




    
LA FONTAINE

La fontaine est à soi un pompier pyromane.
Arroseur arrosé d’essence accidentelle,
Elle carbure à l’eau (ainsi s’enflamme-t-elle),
Et trouve en son contraire une sorte de manne

Sa lance d’incendie est le fusil en fleur
Qui lui tombe dessus, la malheureuse plante
Qui de subir des coups se relève pimpante.
Le bâton qui la bat lui met du baume au coeur.

Tous les sens en alerte et tous les feux au vert,
L’eau en la submergeant, bouillonne de bon sang
Et la noyant attise un brasier indécent.

Le jet d’eau la tamponne en plein dans les ovaires.
Son haleine tenue comme on tient une traîne,
Brillamment elle agite une queue de sirène.

(Laurent Albarracin)

Recueil: Contrebande
Editions: Le corridor bleu

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