Les arbres sont des aveugles
errant dans la lumière,
bras lancés au hasard.
(Christian Bobin)
Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2022
Les arbres sont des aveugles
errant dans la lumière,
bras lancés au hasard.
(Christian Bobin)
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Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2020
La nuit. La pluie. Un ciel blafard que déchiquette
De flèches et de tours à jour la silhouette
D’une ville gothique éteinte au lointain gris.
La plaine. Un gibet plein de pendus rabougris
Secoués par le bec avide des corneilles
Et dansant dans l’air noir des gigues non-pareilles,
Tandis que leurs pieds sont la pâture des loups.
Quelques buissons d’épine épars, et quelques houx
Dressant l’horreur de leur feuillage à droite, à gauche,
Sur le fuligineux fouillis d’un fond d’ébauche.
Et puis, autour de trois livides prisonniers
Qui vont pieds nus, un gros de hauts pertuisaniers
En marche, et leurs fers droits, comme des fers de herse,
Luisent à contresens des lances de l’averse.
(Paul Verlaine)
Posted in poésie | Tagué: (Paul Verlaine), averse, épine, blafard, buisson, contresens, corneille, feuillage, flèche, gibet, herse, horreur, houx, lance, loup, nuit, pâture, pluie, prisonnier, silhouette, tour, ville | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 mars 2020
TORPILLE
Torpille
Comme une balle
Lancée dans la nuit,
Mon âme fuit.
Et sur elle le marin,
Enveloppé d’un blanc manteau,
Et sur elle le marin,
Projeté dans l’éternité.
(Srecko Kosovel)
Posted in poésie | Tagué: (Srecko Kosovel), âme, éternité, balle, fuir, lance, manteau, nuit, projeter, torpille | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2020
Âme soumise aux mystères du mouvement,
passe emportée par ton dernier regard ouvert,
passe, âme passagère dont aucune nuit n’arrêta
ni la passion, ni l’ascension, ni le sourire.
Passe : il y a la place entre les terres et les bois,
certains feux sont de ceux que nulle ombre ne peut réduire.
Où le regard s’enfonce et vibre comme un fer de lance,
l’âme pénètre et trouve obscurément sa récompense.
Prends le chemin que t’indiquera le suspens de ton coeur,
tourne avec la lumière, persévère avec les eaux,
passe avec le passage irrésistible des oiseaux,
éloigne-toi : il n’est de fin qu’en l’immobile peur.
(Philippe Jaccottet)
Posted in poésie | Tagué: (Philippe Jaccottet), arrêter, ascension, âme, bois, chemin, coeur, eau, emporté, fer, feu, fin, immobile, irrésistible, lance, lumière, mouvement, mystère, nuit, obscurément, oiseau, ombre, ouvert, passage, passer, passion, pénétrer, persévérer, peur, place, récompense, réduire, regard, s'éloigner, s'enfoncer, soumis, sourire, suspendre, terre, tourner, vibrer | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2019
SERVITEUR :
Miséricorde pour ton serviteur, ô Reine!
LA REINE :
La réunion est terminée et tous mes serviteurs sont partis.
Pourquoi viens-tu à une heure aussi tardive?
SERVITEUR :
Lorsque que tu en as terminé avec les autres,
c’est à moi de venir.
Que peut faire ton dernier serviteur ?
LA REINE :
Qu’espères-tu ? Il est trop tard.
SERVITEUR :
Je voudrais être le jardinier de ton jardin de fleurs.
LA REINE :
Quelle est cette folie ?
SERVITEUR :
Je ne ferai plus d’autre travail.
Je jetterai dans la poussière mes épées et mes lances.
Ne m’envoie pas dans des royaumes lointains,
ne me demande plus d’entreprendre de nouvelles conquêtes.
Nomme-moi jardinier de ton jardin de fleurs.
LA REINE :
Que feras-tu ?
SERVITEUR :
Mon service sera celui de tes loisirs.
Je garderai fraîche l’herbe du sentier où tu vas le matin,
où les fleurs impatientes de mourir sous tes pieds béniront ton passage.
Je t’installerai une balançoire entre les branches du saptaparna,
et la lune tôt levée essaiera de baiser ta robe à travers la feuillée.
J’emplirai d’huile odorante la lampe qui brûle à côté de ton lit,
et j’ornerai ton tabouret de merveilleuses décorations de santal et de pâte de safran.
LA REINE :
Que voudras-tu en récompense ?
SERVITEUR :
La permission de tenir tes petits poings pareils à de tendres boutons de lotus,
de glisser des guirlandes de fleurs autour de tes poignets,
de teindre la plante de tes pieds du jus rouge des pétales d’ashoka,
et d’en ôter, d’un baiser, le grain de poussière qui pourrait y être resté.
LA REINE :
J’exauce ta prière, mon serviteur.
Tu seras le jardinier de mon jardin de fleurs.
(Rabindranath Tagore)
Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), baiser, bénir, conquête, fleur, guirlande, impatiente, jardin, jardinier, lance, loisir, lotus, merveilleuse, mourir, orner, pétale, poussière, prière, récompense, reine, royaume, safran, santal, service, serviteur, travail | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2019
LE MARTYRE DE SAINTE EULALIE
PANORAMA DE MERIDA
Dans la rue court et bondit
Un cheval à la queue longue
Tandis que jouent où sommeillent
Quelques vieux soldats de Rome.
Une futaie de Minerves
Ouvre mille bras sans feuilles.
De l’eau suspendue redore
Les arêtes de rochers.
Une nuit faite de torses,
D’étoiles au nez cassé,
Attend les fentes de l’aube
Pour s’écrouler toute entière.
De temps à autre résonnent
Des jurons à crête rouge.
Les soupirs de l’enfant sainte
brisent le cristal des coupes.
La roue aiguise ses lames
et ses crochets suraigus.
Le taureau des forges brame
Et Mérida se couronne
De nards presque réveillés
et de mûres sur leurs tiges.
LE MARTYRE
Voici Flore nue qui monte
De petits escaliers d’eau. .
Le Consul veut un plateau
Pour les deux seins d’Eulalie.
De la gorge de la sainte
Sort un jet de veines vertes.
Son sexe tremble, embrouillé
Comme un oiseau dans les ronces
Sur le sol, déjà sans norme,
Sautent ses deux mains coupées
Pouvant encore se .croiser
Dans une prière ténue,
Ténue mais décapitée.
Et par les trous purpurins
Où naguère étaient ses seins
On voit des ciels tout petits
Ét des ruisseaux de lait blanc.
Mille petits arbres de sang
Opposent leurs troncs humides
Aux mille bistouris du feu.
De jaunes centurions,
Chair grise ayant mal dormi,
Vont au ciel entrechoquant
Leurs armures en argent.
Pendant que vibre confuse
Une passion de crinières
Et d’épées longues et courtes
Le Consul sur son plateau
Tient les seins fumés d’Eulalie.
ENFER ET GLOIRE
La neige ondulée repose.
Éulalie pend à son arbre.
Sa nudité de charbon
Charbonne les airs glacés.
La nuit tendre brille haut.
Eulalie morte dans l’arbre.
Tous les encriers des villes
Versent l’encre doucement.
Noirs mannequins de tailleurs
Vous couvrez la neige au loin.
Vos longues files gémissent
Un silence mutilé.
La neige vient à tomber.
Eulalie blanche dans l’arbre.
Des escadrons de nickel
Joignent à son flanc leurs lances.
On voit luire un ostensoir
Sur un fond de ciels brûlés
Entre des gorges d’eau douce,
Des bouquets de rossignols.
Sautez, vitres de couleurs !
Eulalie blanche sur neiges.
Des anges, des séraphins
Disent : Sainte, sainte, sainte.
(Federico Garcia Lorca)
Posted in poésie | Tagué: (Federico Garcia Lorca), arbre, argent, armure, épée, étoile, bistouri, bondir, bouquet, bramer, briser, cassé, centurion, cheval, cristal, crochet, encre, enfer, escadron, feu, flanc, flore, gloire, gorge, lait, lance, mannequin, martyre, morte, nard, neige, nue, prière, résonner, réveillé, redorer, reposer, rossignol, ruisseau, s'écrouler, séraphin, silence, soldat, taureau, trou, vitre | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2019
AU VENT SUR LA PIERRE
Sur le rocher nu
et dans les cheveux
un vent
de pierre et de vague.
Tout a mué au fil des heures.
Le sel a été lumière salée,
la mer a épanoui
ses nuages,
le ciel
a déversé de tout son haut l’écume verte:
comme une fleur
clouée à quelque
lance d’or
le jour flamboie :
tout
est
cloche, coupe,
vide qui monte,
coeur transparent,
pierre
et
eau.
(Pablo Neruda)
Posted in poésie | Tagué: (Pablo Neruda), écume, cloche, coeur, coupe, eau, flamboyer, fleur, lance, muer, or, pierre, rocher, sel, transparent, vague, vent, vide | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 5 novembre 2018
Au tourne-temps
Tourne-vis de mon silence
tourne-vie jusqu’à la mort
tourne-lance dans la vie
mon tourne-temps mon tourne-colle
tout le temps tourne à l’entresol
et tu le sais je t’obéis sous toi je tourne
vis sans fin qui ne se visse en rien
cherchant parfois à voir quelque part cette main
qui varie l’horizon de mes lentes saisons.
(Jean Pérol)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Pérol), chercher, colle, entresol, fin, horizon, lance, lent, main, obéir, saison, silence, temps, tourner, tournevis, varier, vie, visser, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 juin 2018
Je nageais dans la beauté
Éclatante, chair et rose…
D’un coup la réalité
M’assomme, caillou sans cause.
Mais pourquoi toujours biaiser?
Pas de caillou symbolique :
Ne pas idéaliser
Quand le sort me fait la nique.
L’instinct trahit rarement,
Cet homme apportait le drame :
«Il vient couper le courant » …
Mer et tempête en mon âme.
Prêt pour tailler mon crayon .
Mon couteau, dans la lumière :
Tuer… faire le lion,
Et qu’ils paient pour ma misère !
Déjà tout est condamné :
La bête, elle, a sa tanière,
Mais moi, je suis désarmé
Pour cette espèce de guerre.
Тu serai, pis encor :
Assommé sans élégance,
L’arme légale, c’est l’or :
On est dupe avec la lance.
Aujourd’hui le héros peut,
Bombe de nouvelle espèce,
Lancer de beaux billets bleus
Explosant en sous et pièces.
Et voilà comme, tangent,
Je tirai ma révérence…
Ce soir, lime, astres d’argent
Ме parlaient de l’espérance.
(Attila József)
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