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Poésie

Posts Tagged ‘santal’

Sainte (Stéphane Mallarmé)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2020



Sainte

À la fenêtre recelant
Le santal vieux qui se dédore
De sa viole étincelant
Jadis avec flûte ou mandore,

Est la Sainte pâle, étalant
Le livre vieux qui se déplie
Du Magnificat ruisselant
Jadis selon vêpre et complie :

À ce vitrage d’ostensoir
Que frôle une harpe par l’Ange
Formée avec son vol du soir
Pour la délicate phalange

Du doigt que, sans le vieux santal
Ni le vieux livre, elle balance
Sur le plumage instrumental,
Musicienne du silence.

(Stéphane Mallarmé)


Illustration

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Je voudrais être le jardinier de ton jardin de fleurs (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2019



 

SERVITEUR :
Miséricorde pour ton serviteur, ô Reine!

LA REINE :
La réunion est terminée et tous mes serviteurs sont partis.
Pourquoi viens-tu à une heure aussi tardive?

SERVITEUR :
Lorsque que tu en as terminé avec les autres,
c’est à moi de venir.
Que peut faire ton dernier serviteur ?

LA REINE :
Qu’espères-tu ? Il est trop tard.

SERVITEUR :
Je voudrais être le jardinier de ton jardin de fleurs.

LA REINE :
Quelle est cette folie ?
SERVITEUR :

Je ne ferai plus d’autre travail.
Je jetterai dans la poussière mes épées et mes lances.
Ne m’envoie pas dans des royaumes lointains,
ne me demande plus d’entreprendre de nouvelles conquêtes.
Nomme-moi jardinier de ton jardin de fleurs.

LA REINE :
Que feras-tu ?

SERVITEUR :
Mon service sera celui de tes loisirs.
Je garderai fraîche l’herbe du sentier où tu vas le matin,
où les fleurs impatientes de mourir sous tes pieds béniront ton passage.
Je t’installerai une balançoire entre les branches du saptaparna,
et la lune tôt levée essaiera de baiser ta robe à travers la feuillée.
J’emplirai d’huile odorante la lampe qui brûle à côté de ton lit,
et j’ornerai ton tabouret de merveilleuses décorations de santal et de pâte de safran.

LA REINE :
Que voudras-tu en récompense ?

SERVITEUR :
La permission de tenir tes petits poings pareils à de tendres boutons de lotus,
de glisser des guirlandes de fleurs autour de tes poignets,
de teindre la plante de tes pieds du jus rouge des pétales d’ashoka,
et d’en ôter, d’un baiser, le grain de poussière qui pourrait y être resté.

LA REINE :
J’exauce ta prière, mon serviteur.
Tu seras le jardinier de mon jardin de fleurs.

(Rabindranath Tagore)

Illustration: Casimir Krakowiak

 

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Encore aujourd’hui (Bilhana)

Posted by arbrealettres sur 25 août 2019




Encore aujourd’hui
Il me souvient de ma bien-aimée
Sur sa couche.
Son corps exhalait le parfum du musc mêlé à l’onctueuse
Pâte de santal
Et, sur ses yeux charmants,
Le battement des cils semblait
La caresse
De deux oiseaux.

(Bilhana)


Illustration: Giorgione

 

 

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MESSAGE (La Flûte de Jade)

Posted by arbrealettres sur 9 février 2018



estampe chinoise -16

MESSAGE

Ami, je t’en conjure, ne viens pas me retrouver!
Tu meurtrirais les saules que j’ai plantés devant ma demeure.
Je ne dois plus t’aimer.

Il faut que j’obéisse à mes parents.
Je leur ai dit combien je t’aime, combien tu m’es nécessaire,
et j’ai entendu leurs violents reproches.

Ami, je t’en conjure, ne franchis pas le mur de notre cour!
Tu briserais les rameaux du jeune santal que j’arrose, chaque matin.
Il m’est impossible de te donner mon coeur.
La volonté de mon frère aîné est inébranlable, et il m’a défendu de t’aimer.

Ami, je t’en conjure, n’arrache pas la barrière où nous nous sommes accoudés, le soir de ton départ!
Tu déracinerais le rosier dont je vais respirer les fleurs, au crépuscule.

(La Flûte de Jade)

 

 

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Arbre (Imasango)

Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2017




    
Arbre

Tu es l’hommme des grandes hauteurs
Des vallées femmes au seuil des fougères
Tu dis l’écorce des racines guérisseuses
Tu donnes la vie en offrant ta sève brute

Tu sers les marcheurs qui n’ont plus de repère
Tu nourris les oiseaux qui cherchent encore le Nord
Tu vas jusqu’aux eaux troubles des langues oubliées
Tu donnes, tu façonnes et tu fondes

Tu glisses au cœur des heures qui n’ont plus de ciment
Tu creuses la courbe humble des chambranles à venir
Tu attends en vieux sage d’abriter un ancêtre
Tu donnes le murmure des pas dans la forêt

Tu envahis les flèches porteuses de force vive
Tu polis l’amertume des échecs des guerriers
Tu cadences les offrandes sur un bois de santal
Tu lies les mots aux chants scandés des talons fiers

Tu dis quand il fait froid sur les cimes des âmes
Si les hommes s’entrechoquent en aiguisant leurs lames
Si les femmes mettent au monde un essaim de détresse
Si les creeks asséchées sentent l’odeur de mort

Quand tombe la nuit et pointe l’aube
Tu attends silencieux
Tu ne dis rien
Tu es celui qui sait tendre l’oreille
Tu ne veux rien
Puisque tu n’es que don

(Imasango)

 

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Celui (Kabîr)

Posted by arbrealettres sur 25 avril 2017



Celui qui est modeste et content de son sort;
celui qui est juste, celui dont l’esprit est rempli de résignation et de paix;
Celui qui L’a vu et qui L’a touché, celui-là est libéré de la crainte et de l’angoisse.

Pour lui la pensée de Dieu est comme une pâte de santal répandue sur son corps.
Pour lui il n’y a aucune autre joie que cette pensée.
Une harmonie accompagne son travail et son repos ;
un rayonnement d’amour émane de lui.

Kabîr dit : «Touche les pieds de Celui qui est un, indivisible, immuable, paisible,
qui remplit de joie à pleins bords les vases terrestres et dont la forme est amour. »

(Kabîr)

Illustration

 

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SCHERZO (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 24 septembre 2016




SCHERZO

Sourires, fleurs, baisers, essences,
Après de si fades ennuis,
Après de si ternes absences,
Parfumez le vent de mes nuits !

Illuminez ma fantaisie,
Jonchez mon chemin idéal,
Versez-moi votre ambroisie,
Longs regards, lys, lèvres, santal !

*

Car j’ignore l’amour caduque
Et le dessillement des yeux,
Puisqu’encor sur ta blanche nuque
L’or flamboie en flocons soyeux.

Et cependant, ma fière amie,
Il y a longtemps, n’est-ce-pas ?
Qu’un matin tu t’es endormie,
Lasse d’amour, entre mes bras.

*

Ce ne sont pas choses charnelles
Qui font ton attrait non pareil,
Qui conservent à tes prunelles
Ces mêmes rayons de soleil.

Car les choses charnelles meurent,
Ou se fanent à l’air réel,
Mais toujours tes beautés demeurent
Dans leur nimbe immatériel.

*

Ce n’est plus l’heure des tendresses
Jalouses, ni des faux serments.
Ne me dis rien de mes maîtresses,
Je ne compte pas tes amants.

À toi, comète vagabonde
Souvent attardée en chemin,
Laissant ta chevelure blonde
Flotter dans l’éther surhumain,

Qu’importent quelques astres pâles
Au ciel troublé de ma raison,
Quand tu viens à longs intervalles
Envelopper mon horizon ?

*

Je ne veux pas savoir quels pôles
Ta folle orbite a dépassés,
Tends-moi tes seins et tes épaules ;
Que je les baise, c’est assez.

(Charles Cros)

Illustration: Arthur Braginsky

 

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Aum et amen (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2016



tant et si longtemps
que les corps brûlent

que les morts ont un visage
de silence tremblé

tombée d’esprit
parole effondrée

tant et si longtemps
que le fleuve roule et déroule
santal et bouse

lait caillé chair brûlée

fleurs d’os
aum et amen

(Zéno Bianu)


Illustration

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Lorsque vous m’étendrez au bûcher de santal (Gérard d’Houville)

Posted by arbrealettres sur 20 juin 2016



Lorsque vous m’étendrez au bûcher de santal,
Avant que je devienne une cendre légère
Éloignez de mes doigts l’obole de métal.

Je veux que ce qui fut ma grâce passagère
Charme encor d’un baiser le passeur infernal
Quand vous, de ces baisers, n’aurez que la poussière.

Puisque l’ennui de vivre et l’effroi, tour à tour,
De la mort, ont toujours tourmenté mes pensées
Et que triste et divin fut mon terrestre amour,

Que je rentre à jamais dans les choses passées
Et que de ma beauté l’on parle quelque jour
Quand je serai lointaine aux mémoires lassées.

Mon âme, fleur funèbre, ô nuit, t’embaumera;
Papillon ténébreux que le sort fit diurne,
Son aile d’ombre errante en l’ombre se perdra.

Et moi qui fus si grande, une très petite urne
D’argile ou de cristal transparent contiendra
Ma chair voluptueuse et mon cœur taciturne.

(Gérard d’Houville)

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A la Femme aimée (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2016



A la Femme aimée

LORSQUE tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.
Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
Le soir d’été semblait un rêve oriental
De rose et de santal.

Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.
Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts
En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.
De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour
L’agonie et l’amour.

Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes
La douceur et l’effroi de ton premier baiser.
Sous tes pas, j’entendis des lyres se briser
En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes
Parmi des flots de sons languissamment décrus,
Blonde, tu m’apparus.

Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible,
D’infini, je voulus moduler largement
Un hymne de magie et d’émerveillement.
Mais la strophe monta bégayante et pénible,
Reflet naïf, écho puéril, vol heurté,
Vers ta Divinité.

(Renée Vivien)

Illustration: Alexandru Darida

 

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