Posts Tagged ‘poussière’
Posted by arbrealettres sur 16 mai 2022

Cycle
La vermoulure ouvre le filet, le labyrinthe
Des sombres galeries qui affaiblissent
La dureté du cerne résineux.
Tout le bois passe dans les mandibules
Des insectes rongeurs, se convertit
En déjections de poussière, remastiquées.
Tronc vivant qui fut, mort maintenant,
Il restituera la solive à l’insondable
Matrice dont un autre arbre s’alimente.
***
Ciclo
Abre o caruncho a rede, o labirinto
De escuras galerías que enfraquecem
A rijeza do cerne resinoso.
Toda a madeira passa nas mandíbulas
Dos insectos roazes, se converte
Em dejectos de pó, remastigados.
Tronco vivo que foi, agora morto,
Tornará o barrote à insondável
Matriz de que outra árvore se alimenta.
(José Saramago)
Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond
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Posted in poésie | Tagué: (José Saramago), affaiblir, arbre, bois, cerne, cycle, déjection, dureté, filet, galerie, insecte, insondable, labyrinthe, maintenant, mandibule, matrice, mort, ouvrir, passer, poussière, résineux, remastiquer, restituer, rongeur, s'alimenter, se convertir, solive, sombre, tronc, vermoulure, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 mai 2022

Illustration Arbreaphotos
Promenade
Dans les paysages du dehors je me distrais
Des parois qui au dedans se disposent
En caves, labyrinthe et ratière.
Sous le ciel libéré je suis ébloui et tombe,
De vert et de soleil les oiseaux me composent
En pierre de lumière cette poussière.
***
Passeio
Nas paisagens de fora me distraio
Dos paredões que dentro se dispõem
Em caves, labirinto e ratoeira.
Sob o liberto céu deslumbro e caio,
De verde e sol as aves me compõem
Numa pedra de luz esta poeira.
(José Saramago)
Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond
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Posted in poésie | Tagué: (José Saramago), au-dedans, ébloui, cave, ciel, composer, dehors, labyrinthe, libéré, lumière, oiseau, paroi, paysage, pierre, poussière, promenade, ratière, se disposer, se distraire, soleil, tomber, vert | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 mai 2022

Passé, présent, futur
Je fus. Mais ce que je fus je ne m’en souviens déjà plus :
Mille couches de poussière masquent, voiles,
Ces quarante visages inégaux,
Si marqués par le temps et les mascarets.
Je suis. Mais ce que je suis est si peu :
Grenouille échappée de la mare, qui a sauté,
Et lors du saut qu’elle fit, aussi haut qu’elle pouvait,
L’air d’un autre monde l’a fait éclater.
Il manque de voir, si cela manque, ce que je serai :
Un visage recomposé avant la fin,
Un chant de batracien, même rauque,
Une vie qui court comme ci comme ça.
***
Passado, presente, futuro
Eu fui. Mas o que fui já me não lembra:
Mil camadas de pó disfarçam, véus,
Estes quarenta rostos desiguais,
Tão marcados de tempo e macaréus.
Eu sou. Mas o que sou tão pouco é:
Rã fugida do charco, que saltou,
E no salto que deu, quanto podia,
O ar dum outro mundo a rebentou.
Falta ver, se é que falta, o que serei:
Um rosto recomposto antes do fim,
Um canto de batráquio, mesmo rouco,
Urna vida que corra assim-assim.
(José Saramago)
Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond
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Posted in poésie | Tagué: (José Saramago), air, échapper, éclater, être, batracien, chant, couché, court, fin, futur, grenouille, haut, inégal, manquer, maré, marquer, mascaret, masquer, monde, passé, peu, poussière, pouvoir, présent, rauque, recomposer, saut, sauter, se souvenir, temps, vie, visage, voile, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 avril 2022

La Porte
Ouvrez-nous donc la porte et nous verrons les vergers,
Nous boirons leur eau froide où la lune a mis sa trace.
La longue route brûle ennemie aux étrangers.
Nous errons sans savoir et ne trouvons nulle place.
Nous voulons voir des fleurs.
Ici la soif est sur nous.
Attendant et souffrant, nous voici devant la porte.
S’il le faut nous romprons cette porte avec nos coups.
Nous pressons et poussons, mais la barrière est trop forte.
Il faut languir, attendre et regarder vainement.
Nous regardons la porte ; elle est close, inébranlable.
Nous y fixons nos yeux ; nous pleurons sous le tourment ;
Nous la voyons toujours ; le poids du temps nous accable.
La porte est devant nous ; que nous sert-il de vouloir ?
Il vaut mieux s’en aller abandonnant l’espérance.
Nous n’entrerons jamais. Nous sommes las de la voir…
La porte en s’ouvrant laissa passer tant de silence
Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur ;
Seul l’espace immense où sont le vide et la lumière
Fut soudain présent de part en part, combla le coeur,
Et lava les yeux presque aveugles sous la poussière.
Pensées sans ordre concernant l’amour de Dieu
(Simone Weil)
Recueil: Les poètes de Dieu (Pierre Haïat)
Editions: Philippe Lebaud
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Simone Weil), abandonner, accabler, amour, attendre, aveuglé, étranger, barrière, boire, brûler, clos, coeur, combler, concerner, coupe, Dieu, eau, ennemi, entrer, errer, espace, espérance, fixer, fleur, fort, froid, immense, inébranlable, jamais, laisser, languir, las, lever, long, lumière, lune, mieux, nul, ordre, ouvrir, paraître, passer, pensée, place, pleurer, poids, porte, pousser, poussière, présent, presser, regarder, rompre, route, s'en aller, s'ouvrir, savoir, silence, soif, souffrir, temps, tourment, trace, trouver, verger, vide, voir, vouloir, vraiment, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 février 2022

Illustration
Dimanche Soir
On commence à danser, les filles rient,
les gros souliers vont battant la mesure,
et l’accordéon assis sur la table presse
et distend tour à tour ses soufflets aigres.
C’est l’heure où le soleil se couche,
la lune est ronde, l’air est bleu;
on dirait qu’une poussière d’étoiles
monte des champs avec 1a nuit.
Les cloches du dimanche ont sonné ce matin,
les cloches se sont tues,
mais il y a comme un souvenir qui reste d’elles
dans le balancement des arbres du jardin;
et les gens sur le seuil de leurs maisons regardent,
heureux de voir grandir la lune
à la cime des peupliers.
(Charles-Ferdinand Ramuz)
Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite
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Posted in poésie | Tagué: (Charles-Ferdinand Ramuz), accordéon, aigre, air, arbre, assis, étoile, balancement, battre, bleu, champ, cime, cloche, commencer, danser, dimanche, distendre, fille, grandir, heure, heureux, jardin, lune, maison, matin, mesure, monter, nuit, peuplier, poussière, presser, regarder, rester, rire, ronde, se coucher, se taire, seuil, soir, soleil, sonner, soufflet, soulier, souvenir, table, tour à tour, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2022

On la voit mal mais quand même une couleur un peu bleue
contre la vitre de la bibliothèque un vieux meuble
avec des appareils pour les leçons de choses dedans
un entonnoir en verre la poussière le temps
solitude ça continue, qu’est-ce qu’on attend
pour s’en aller je
sais pas où ?
j’attends rien çа continue.
(James Sacré)
Recueil: Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles (Comme)
Traduction:
Editions: Le Castor Astral & Le Noroît
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Posted in poésie | Tagué: (James Sacré), appareil, ça, bibliothèque, bleu, continuer, couleur, entonnoir, leçon, mal, meuble, poussière, s'en aller, solitude, temps, verre, vieux, vitre, voir | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2022

Illustration: Bernard Abadie
Des vielles bouteilles restées dans comme un fond
de caisse, fenêtre
avec des ustensiles fer blanc rouillé tout çа
rassemblé pourquoi ?
une poignée de plantes qui ne sèchent plus graine
oubliée
un jour forcément faudra nettoyer en attendant çа fait
un curieux ensemble de poussière et de couleurs
quelque chose
comme si de la solitude et du sourire,
le silence.
(James Sacré)
Recueil: Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles (Comme)
Traduction:
Editions: Le Castor Astral & Le Noroît
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