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Poésie

Posts Tagged ‘poussière’

LE TERRIBLE… (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024



 

Infinity Bunce yyl

Le terrible est venu :
t’aimer vraiment,
n’être rien que toi
ne respirer que si tu es là,
ne voir que si mes yeux
ont tes yeux où se poser.

Le terrible est venu :
quand je dis « mon amour »
il ne s’agit plus de deux mots légers
mais de deux outres
pleines de nos deux sangs mêlés.

Je t’aime
je crie que je t’aime
je me couche dans la poussière les yeux fermés
la nuit sera totale
tant que l’aube
et le grand jour de ta chair
ne passeront pas au-dessus de moi
comme un vol de soleils.

(Alain Borne)

Illustration: Infinity Bunce

 

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Rondeau lyrique (Rémy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024




    
Rondeau lyrique

Les cœurs dorment dans des coffrets
Que ferment de belles serrures ;
Sous les émaux et les dorures
La poussière des vieux secrets
Et des lointaines impostures
Se mêle aux frêles moisissures
Des plus récentes aventures :
Chère, ôtez vos doigts indiscrets,
Les cœurs dorment.

Vos doigts ravivent des blessures
Et vos regards sont des injures,
Laissez-les reposer en paix.
Comme des rois dans leurs palais
Ou des morts dans leurs sépultures,
Les cœurs dorment.

(Rémy de Gourmont)

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Parfois (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 27 avril 2024



Illustration: Ludovic Florent
    
parfois
pétrifié
par le mystère
parfois
pareil à lui
plein d’une transparente
poussière
parfois
personne

(Bernard Noël)

Recueil: Extraits du corps
Editions: Gallimard

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Ce que le regard attend toujours (Christophe Manon)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024




    
Ce que le regard attend
toujours
se dérobe
et c’est peut-être
un sommeil très ancien
qui vient
le souvenir d’une étreinte
ou d’un baiser
cette part inflammable de soi
qui relance le corps
une chose et son ombre
qui se dissolvent dans la lumière
et font basculer l’instant
comme une plume tombe
dans cette peur intime
soumise à la poussière

(Christophe Manon)

Recueil: Provisoires
Editions: NOUS

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Le silence de ce qui ne peut parler (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024




    
Le silence de ce qui ne peut parler
est différent du silence de ce qui peut parler.

La lumière et ses substitutions
ne se reflètent pas de la même manière
dans le premier silence et dans le second.
Les choses et leurs ombres
n’ont pas même mesure.
La poussière et ses échos
ne se déposent pas de la même manière.

Les mains
ne se mentent pas de la même manière.
Et les mots pour mettre dans l’un
ne peuvent servir
à mettre dans l’autre.

Mais vaut par contre pour tous les deux
le grand silence indépendant
qui les entoure et nous entoure.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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L’arbre est une leçon de présence (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024



Illustration 
    
L’arbre est une leçon de présence,
une leçon sans précédent,
où s’unissent comme en une dimension,
en un temps, un exemple différents,
les questions du souvenir
et les questions de l’oubli.

La chanson par contre
est toujours une forme de l’absence,
Un écho de la poussière qui se lève
au lieu de la parole qui n’existe pas.
Mais la présence n’est pas la seule magie :
magie est aussi l’absence.

C’est pourquoi l’arbre et la chanson
seront toujours ensemble,
bien que l’hiver abatte les paroles et les feuilles.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

 

 

 

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LE CERF (Jean Joubert)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024



 

Yuta Onoda restoring_what_is_lost-580x580 [1280x768]

LE CERF

Laissez venir le cerf le haut seigneur des branches,
et dans l’hiver il portera parmi les blanches
veines le feu sévère de sa robe.

Tendez la main qu’il y flaire l’amour,
et, pénétrés de si vaste lumière,
penchez vers lui des lèvres sans haleine.
Que rien ne bouge, hors votre coeur.

Sans doute ailleurs s’élaborent des chasses;
sur la lisière où passe la mort
le veneur rouge mène vacarme.

Oui, ce sont de telles mains cruelles qui règnent,
et les armes d’orgueil,
mais sur des songes de poussière.

Soyez patients comme le blé des tombes;
que votre main levée sépare l’ombre.

Laissez venir le cerf le haut seigneur des branches.

(Jean Joubert)

Illustration: Yuta Onoda

 

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Nous oublions (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2024



Illustration: Ludovic Florent
    
nous oublions

pour pouvoir
avancer
nous oublions

et nous errons
dans la soif

puis nous
croulons

nous traînons
encore
un instant

et nous découvrons
soudain que nul
n’en réchappe

que la poussière
reprend toujours
ce qu’elle enfanta

(Charles Juliet)

Recueil: Ce pays de silence précédé de Trop ardente et L’Inexorable
Editions: P.O.L.

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Depuis la poussière (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2024



Illustration: Yuhsin U. Chang
    
Depuis la poussière mon visage me regarde.

Moi je ne sais d’où je le regarde,
mais entre les deux monte comme un rideau en ruines
la distance nue,
celle que personne n’occupera.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Illumination (Nadia Anjuman)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2024




    
Illumination

Voici la nuit : la poésie illumine mes instants
Voici l’exaltation qui peigne mes cordes vocales
Quel est ce feu, merveille étrange, qui m’abreuve?
Voici que le parfum de l’âme embaume le corps de mes rêves

Je ne sais de quelle montagne, de quel sommet d’espoir
Voici que souffle une brise nouvelle sur la saison de ma fin
Du halo de lumière me vient une transparence, luminescence
Voici que n’ont plus d’autre désir mes larmes et mes soupirs

Les étincelles de mes plaintes font une poussière d’étoiles
Voici que la colombe de mes prières fait son nid dans l’empyrée
Mes larmes incontrôlées sur les lignes de mon livre
Voici qu’elles tombent, goutte à goutte, vois-tu ô mon Dieu

De mes paroles dans un cahier, de mes mots tumultueux
Voici que gronde une tourmente, fruit de mon silence obstiné
Aube, chère aube, ne déchire pas la soie imaginaire
Voici que je suis plus heureuse la nuit, quand la poésie illumine mes instants

(Nadia Anjuman)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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