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Ce sera toujours l’aurore (Georges Drano)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2023


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Tu t’avançais seule parmi les blés, les orages
étaient légers sur tes mains, et le beau temps
sortait de ses ruines.

Tu touchais les eaux du ciel avant de les donner à la terre
et j’applaudissais à la récolte

D’un trait de plume un oiseau traçait une
fleur sur un rocher, elle ressemblait à mon
espoir

mais Toi tu disais que même les fleurs sur les
rochers se fanent

Mais moi j’ai caressé l’eau des fontaines
avant d’abreuver les chevaux

et les chevaux t’ont conduit jusqu’au seuil de
ma maison

Alors j’ai congédié les lampes car ce sera
toujours l’aurore.

(Georges Drano)

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Élégie pour de vieilles tiges (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2023




    
Élégie pour de vieilles tiges

[…]

… Tant pis, si nous ne
Pouvons plus butiner,
Nous pourrons, c’est heureux
Toujours papillonner.

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte

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LE PRINTEMPS DANS UN FILET DE PÊCHEUR (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
LE PRINTEMPS DANS UN FILET DE PÊCHEUR

Dans le filet bordé par des bouchons
c’est le printemps. Des arbres pleins de fleurs
nous montrent, souriants, les dents de leurs boutons
lorsque nous regardons en arrière.

Dans le filet bordé par des bouchons
et qui plus est plié triplement
il y a de même les astres ; ils me connaissent
et l’un d’eux se souvient, toujours quand

je rentre — et il m’éclaire, alors que dans l’ombre
vers le seuil aimé j’avance de nouveau.
Qui d’autre a donc les étoiles pour amies ?
D’un petit nombre seulement c’est le lot.

Dans le filet bordé par des bouchons
le vent s’est fait prendre ; et son rire,
c’est le rire que, si elles parlent des hommes,
les femmes font à chaque fois retentir.

Dans le filet bordé par des bouchons
sont prises maintenant les griffes d’une douce peur.
Et c’est la peur que, toujours, éprouvent les hommes
quand ils évoquent les femmes, se parlant entre eux.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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CENT FOIS RIEN (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023



Illustration: Karen LaMonte
    
CENT FOIS RIEN

Peut-être une fois de plus me rendra fou
votre sourire
et sur le bord de mon lit viendront s’asseoir
mère Douleur, l’amie Amour,
comme toujours toutes les deux à la fois.

Peut-être une fois de plus me rendra fou
le son du clairon
et quand j’irai comme si j’étais tombé de la lune
mes cheveux auront l’odeur de la poudre à canon.

Peut-être une fois de plus me rendra fou un baiser :
comme la flamme d’une lanterne, hésitant dans sa cage,
je tremblerai
lorsqu’il viendra se poser sur mon visage.

Je n’aurai, pourtant, que le vent sur les lèvres
et c’est bien en vain que, cette fois,
dans la main j’essaierai de prendre
sa robe sans poids.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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CHANSON (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
CHANSON

Agite un mouchoir blanc
celui qui fait ses adieux ;
chaque jour quelque chose finit,
finit quelque chose de merveilleux.

Le pigeon voyageur frappe l’air de ses ailes,
sur le chemin de retour ;
espérant, désespérés,
nous revenons toujours.

Essuie tes larmes
et souris un peu de tes yeux ;
chaque jour quelque chose commence,
commence quelque chose de merveilleux.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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Toujours à la même place (Thierry Cazals)

Posted by arbrealettres sur 1 mars 2023




    
Toujours à la même place
L’arbre bouge ses feuilles
D’innombrables façons

(Thierry Cazals)

Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS

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ENFANT MEXICAIN (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Illustration: Marianne Clouzot
    
ENFANT MEXICAIN

Me voici où je ne suis pas,
sur l’Anahuac argenté,
à sa lumière sans pareille
peignant un enfant de mes mains.

On le dirait, sur mes genoux,
une flèche de l’arc tombée
et que j’aiguise et que j’effile
en le berçant et chantonnant.

Dans un air si vieux et si jeune,
toujours il me semble trouvaille
et je le tourne et le retourne
avec le refrain que je chante.

Ses yeux d’un noir-bleu me regardent
d’un regard de vie éternelle
et comme d’un geste éternel,
moi, je le peigne de mes mains.

Sa nuque et ses bras sont coulée
de résines de pin ocote;
il est lourd et il est léger
d’être la flèche sans son arc…

Moi, je le nourris de mon rythme,
lui me nourrit de quelque baume,
qui est le baume des mayas
dont mes yeux n’ont pas eu la joie.

Je joue avec sa chevelure
que je sépare et que je lisse
et, dans ses cheveux, je retiens
les mayas en dispersion.

Voilà douze ans que j’ai quitté
mon petit enfant mexicain;
mais, dans la veille ou le sommeil,
je le peigne encor de mes mains…

C’est là une maternité
qui ne lasse pas mes genoux,
c’est une extase libérée
à jamais par moi de la mort.

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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L’AUBERGE DES ERRANTS (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023




    
L’AUBERGE DES ERRANTS

Comme il est étrange et saisissant
Que chaque nuit, sans cesse,
Coule la fontaine discrète
Dans l’ombre fraîche des érables,

Et encore et toujours, tel un parfum,
S’étale le clair de lune sur les toits,
Et par les airs, frais et sombres,
Vole l’essaim léger des nuages.

Tout cela existe, est bien réel,
Mais nous, errants, reposons une nuit,
Puis repartons par les champs,
Et nul ne pense plus à nous.

Bien plus tard, des années après peut-être,
Un rêve en nous évoque la fontaine,
La porte et le toit, et comme tout était là,
Et comme maintenant et longtemps encore tout sera là.

C’est en nous un petit jardin familier,
Et pourtant il n’y eut qu’une halte brève,
Un toit étranger pour l’hôte inconnu,
Il ignore la ville et le nom.

Comme il est étrange et saisissant
Que chaque nuit, sans cesse,
Coule la fontaine discrète
Dans l’ombre fraîche des érables…

(Hermann Hesse)

 

Recueil: L’Allemagne en Poésie
Traduction: Rémi Laureillard
Editions: Folio Junior

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Lasse du jardin (Sappho)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2023



Illustration: William Bouguereau
    
Lasse du jardin où je me souviens d’Elle,
J’écoute mon cœur oppressé de parfum.
Pourquoi m’obséder de ton vol importun,
Divine hirondelle ?

Tu rôdes, ainsi qu’un désir obstiné,
Réveillant en moi l’éternelle amoureuse,
Douloureuse amante, épouse douloureuse,
Ô pâle Procné !

Tu fuis sans espoir vers la rive qui t’aime,
Vers la mer aux pieds d’argent, vers le soleil.
Je hais le Printemps qui vient, toujours pareil
Et jamais le même !

Ah ! me rendra-t-il les langueurs de jadis,
L’ardente douleur des trahisons apprises,
L’attente et l’espoir des caresses promises,
Les lèvres d’Atthis ?

J’évoque le pli de ses paupières closes,
La fleur de ses yeux, le sanglot de sa voix,
Et je pleure Atthis que j’aimais autrefois,
Sous l’ombre des roses.

(Sappho)

 

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Pauvreté du désir toujours recommencée (Jean-Vincent Verdonnet)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2023



Illustration: Marwan George Khoury
    
Pauvreté du désir
toujours recommencée

Attente

Caresse d’une main désincarnée
à la fontaine de l’absence

Jeux du sourire
dans le temps arrêté

La mort vit de la vie
et le coeur
de la patience des nuages

Mais où demeure
tout ce qui a été

(Jean-Vincent Verdonnet)

 

Recueil: D’ailleurs
Editions: Saint-Germain-des-Prés

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