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Rivière d’été (Seishi Yamaguchi)

Posted by arbrealettres sur 13 Mai 2024



chaîne n

Rivière d’été
Le bout d’une chaîne rouge
Pend mollement dans l’eau.

(Seishi Yamaguchi)

 

 

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Intérieur (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024




Intérieur

Pensées en guerre
veulent briser mon front

Par des chemins d’oiseaux
avance l’écriture

La main pense à voix haute
le mot en convie un autre

Sur la feuille où j’écris
vont et viennent les êtres que je vois

Le livre et le cahier
replient les ailes et reposent

On a déjà allumé les lampes
comme un lit l’heure s’ouvre et se ferme

Les bas rouges et le visage clair
vous entrez toi et la nuit

***

Interior

Pensamientos en guerra
quieren romper mi frente

Por caminos de pájaros
avanza la escritura

La mano piensa en voz alfa
una palabra llama a otra

En la hoja en que escribo
van y vienen los seres que veo

El libro y el cuaderno
repliegan las alas y reposan

Ya encendieron las lámparas
la hora se abre y cierra como un lecho

Con medias rojas y cara pálida
entran tú y la noche

(Octavio Paz)

Illustration: Giuseppe de Nittis

 

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Je désire des couleurs et c’est tout (Cesare Pavese)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024




    
Je désire des couleurs et c’est tout.
Les couleurs ne pleurent pas,
elles sont comme un éveil :
dès demain les couleurs reviendront.
Chaque femme sortira dans la rue,
chaque corps une couleur — et même les enfants.

Ce corps vêtu d’un rouge clair
après tant de pâleur retrouvera sa vie.
Je sentirai glisser les regards près de moi,
je saurai que j’existe en jetant un coup d’oeil,
je me verrai dans la foule. Chaque nouveau matin,
je sortirai dans les rues en cherchant les couleurs.

(Cesare Pavese)

Recueil: Travailler fatigue La mort viendra et aura tes yeux
Traduction: Gilles de Van
Editions: Gallimard

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Penché dans les soirs (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2024




    
Penché dans les soirs
je jette mes tristes filets
à tes yeux océaniques.

Là s’étire et flambe
dans le plus haut brasier ma solitude
qui tourne les bras comme un naufragé.

Je fais de rouges signaux sur tes yeux absents
qui palpitent comme la mer au pied d’un phare.

Tu ne retiens que ténèbres,
femme distante et mienne,

de ton regard émerge parfois
la côte de l’effroi.

Penché dans les soirs
je tends mes tristes filets
à cette mer qui bat tes yeux océaniques.

Les oiseaux nocturnes picorent
les premières étoiles
qui scintillent comme mon âme
quand je t’aime.

La nuit galope sur sa sombre jument
répandant des épis bleus sur la campagne.

***

Inclinado en las tardes tiro mis tristes redes a tus ojos oceánicos.

Allí se estira y arde en la más alta hoguera mi soledad que da vueltas los brazos como un náufrago.

Hago rojas señales sobre tus ojos ausentes que olean como el mar a la orilla de un faro.

Sólo guardas tinieblas, hembra distante y mía, de tu mirada emerge a veces la costa del espanto.

Inclinado en las tardes echo mis tristes redes a ese mar que sacude tus ojos oceánicos.

Los pájaros nocturnos picotean las primeras estrellas que centellean como mi alma cuando te amo.

Galopa la noche en su yegua sombría desparramando espigas azules sobre el campo.

(Pablo Neruda)

Recueil: Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée suivi des vers du capitaine
Traduction: Claude Couffon et Christian Rinderknecht
Editions: Gallimard

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EN ÉTÉ LE SOIR (Jean-Michel Maulpoix)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2024




    
EN ÉTÉ LE SOIR
I

Les soieries d’été sont douces au toucher
C’est un crépuscule de corsages entrouverts sur la promenade
Et de baisers volés le long des bassins du jardin public
Où se mirent longuement les filles et les étoiles

Sous la laine noire des arbres des voix tricotent
Peaux brunes la promenade est encore belle.
Poudre à vos yeux bleu de vos cernes
La lune en son halo de juillet.

II

Terrasse en surplomb d’où considérer les passants
Nappe en papier blanc serviette de papier rouge
Pizza Margarita des bulles de Valpolicella
Un soir comme celui-ci les voix sont faciles et lointaines

Le rire des convives applaudit
On grignote des morceaux de ciel
Du soleil couchant jusque dans l’assiette
Léger d’épaules et de visage

Cette vie grésille entre les doigts puis s’envole en fumée
Ce goût d’alcool et de tabac on voudrait que ça dure
Surtout ne pas bouger ne plus rien déranger.
Une mouche sur une brindille se tient en équilibre.

(Jean-Michel Maulpoix)

Recueil: Rue des fleurs
Editions: Mercure de France

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UN PAN DE MUR JAUNE (Jean-Michel Maulpoix)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2024



Illustration: Pierre Buraglio
    
UN PAN DE MUR JAUNE

I

Quand elle traverse la rue trop vite
En faisant ses courses le soir sous la pluie
Le petit lui donne des coups de pied dans le ventre
Mais elle essuie ses joues elle ne se plaint pas

Entre citernes et clapiers il y a de l’herbe
On n’oserait pas dire que c’est un jardin
À cause de ces bidons d’essence et de ces bagnoles défoncées
Où des moineaux morts et des pigeons fermentent

On voit le long de l’autoroute des carrés frisés de laitues
Hérissés de pieds de tomates et de haricots
De petits vieux cassés grattent et ratissent
On s’étonne des baraques de planches où leurs outils sont remisés.

II

On n’a pas le pouvoir de passer à travers les murs
Qui voudrait croire que chaque matin à la même heure
Le ciel secoue à la fenêtre ses draps tachés de suie ?
Un mauvais sommeil ne change rien aux lointains

On voit pourtant parfois flotter un ballon rouge
Un mètre au-dessus de la tête d’une Marjolaine
Au-delà c’est pour les fumées les antennes
Rarement pour les oiseaux ou les anges

On entend le soir des musiques aux portes
Et toutes les fenêtres sont bleues à partir de huit heures
On écoute on regarde on n’a rien à se raconter
Mais on cherche toujours un petit pan de mur jaune.

(Jean-Michel Maulpoix)

Recueil: Rue des fleurs
Editions: Mercure de France

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On appelle cette fleur pivoine blanche (Takahama Kyoshi)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2024



On appelle cette fleur pivoine blanche.
Oui, mais
Un peu de rouge.

(Takahama Kyoshi)

Illustration

 

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Vers les eaux d’automne (Nakamura Kusatao)

Posted by arbrealettres sur 8 avril 2024



Vers les eaux d’automne
Du coeur du feu si rouge
La fumée s’envole.

(Nakamura Kusatao)

 

 

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Sioux-Soldat-Vendu (Joy Harjo)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024




    
Sioux-Soldat-Vendu

Il y la loi du Créateur qui
Nous dit :
Ne prends pas ce qui ne te revient pas.
Ne prends pas davantage que tu n’en peux
utiliser.
Respecte la vie et qui donne la vie.
Redonne.
Défends ton peuple quand il a besoin
D’être défendu.
Et lorsqu’un peuple dépouille ton esprit de
Ton corps et vend tes « peaux rouges » contre
Une prime, alors c’est lui
Qui a bafoué la loi.

***

Sioux-Soldier-Sold
There is the law of the Creator which Tells us:
Do not take what is not yours to take.
Do not take more than you can use.
Respect life and the giver of life.
Give back.
Defend your people when there is need
For defense.
And when a people strips your spirit of
Your body and sells your « red skins » for
Bounty, then they are the ones
Who have broken the law.

(Joy Harjo)

Recueil: L’aube américaine
Traduction: de l’anglais (Etats Unis) par Héloïse Esquié
Editions: Globe

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Silence retentissant (Rose Ausländer)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2024




    
Silence retentissant

Bien des gens se sont sauvés
Hors de la nuit
des mains ont rampé
rouge brique du sang
des assassinés

Ce fut un spectacle retentissant
le tableau d’un incendie
d’une musique de feu
Puis la mort se tut
Elle se tut

Ce fut un silence retentissant
Des étoiles souriaient
entre les branches

Les rescapés attendaient au port
Des bateaux échoués
Ils ressemblent à des berceaux
sans mère ni enfant

(Rose Ausländer)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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