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Posts Tagged ‘bateau’

Sauvetage (Elvira Sastre)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2024




    
Sauvetage

Si tu n’existais pas,
si tu étais, je ne sais pas,
un tire-bouchon tressé,
une dichotomie entre ton âme et ton corps,
des envies qui restent sur leur faim.
Si tu étais, comment dire,
quelqu’un qui s’ajuste aux limites des jours,
un soupçon,
une tentative.

Si tu n’existais pas,
si tu étais autre chose
avec les mêmes visage, voix et mains,
mais autre chose,
en ma fin de ton compte,
je te traverserais entière,
je briserais tes barrières,
j’irais de ton nord à ton sud en foulant
ta boussole
comme le naufragé qui parcourt des forêts
pour atteindre la mer
et je te peuplerais de mes bateaux,
à la proue de ton essence

j’attendrais
sans aucune hésitation ni délai
le sauvetage.

(Elvira Sastre)

Recueil: Tu es la plus belle chose que j’ai faite pour moi
Traduction: de l’espagnol par Isabelle Gugnon
Editions: NIL

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Silence retentissant (Rose Ausländer)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2024




    
Silence retentissant

Bien des gens se sont sauvés
Hors de la nuit
des mains ont rampé
rouge brique du sang
des assassinés

Ce fut un spectacle retentissant
le tableau d’un incendie
d’une musique de feu
Puis la mort se tut
Elle se tut

Ce fut un silence retentissant
Des étoiles souriaient
entre les branches

Les rescapés attendaient au port
Des bateaux échoués
Ils ressemblent à des berceaux
sans mère ni enfant

(Rose Ausländer)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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Au fond, un poème, c’est souvent ça (Carl Norac)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2024




Illustration: ArbreaPhotos
    

Au fond, un poème, c’est souvent ça,
de simples regards, des mouvements de lèvres,
la façon dont tu peux caresser une aile, une peau, une carapace,
dont tu salues encore ce bateau qui ouvre à peine les yeux,
dont tu peux tendre une main ou une banderole,
et aussi la manière dont tu diras:
« Courage! Sur le chemin que j’ai choisi, j’y vais, j’y suis! »
Un poème, à la fois, ce n’est pas grand chose
et tout l’univers.

(Carl Norac)

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LA CHANSON FATALE (Paul Fort)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2024




    
LA CHANSON FATALE

La vie est courte, la mer est grande.
Vois-tu, ma mie, on s’verra guère.
J’ suis pas un mat’lot à la manque.
Y a des calmes plats sur la mer.

Faut les subir.

La vie si courte, la mer si grande,
ça t’ fait peur, ah ! tu n’aimes que moi !
Si tu l’aimais un peu, la mer, tu dirais,
va,

faut la subir.

Il faudra bien subir la mort,
comme ton amour pour moi, ma mie.
La vie si courte, la mer si grande,
vois-tu, ma mie,

faut les subir.

Et la tempête, les calmes plats,
et le retard et la distance, et le roc noir,
la mer qui s’ouvre où mon bateau s’engloutira,

faut les subir.

Et notre amour, et ton attente,
et l’autre amour qui te viendra.

(Paul Fort)

Recueil: Ballades du beau hasard
Editions: Flammarion

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Plus lucide en se regardant (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2024



Illustration: Marc Chagall
    
Plus lucide en se regardant
et mieux éclairé par l’autre,
est-ce ainsi qu’on recommence à aimer ?
Ici et là.

Quand le miroir s’étonne au versant d’un visage
quand le visage épelle un alphabet d’images
quand la source s’épure au flux de ses secrets
quand le bateau s’émeut du poids de ses reflets
quand le fleuve protège un regret de torrent
quand l’éclair précipite un paysage lent
vers la terre où s’érige un désir prompt d’orage
quand la foudre éblouit les murailles de l’âge
quand aux limons du temps germent de jeunes rêves
quand les risques du fruit s’échangent sur des lèvres
quand les champs par les vents d’été s’océanisent..

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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La vie de château (Jean Orizet)

Posted by arbrealettres sur 27 décembre 2023




    
La vie de château

L’eau me dit: « Viens dans mon château,
tu verras que la vie est douce
on peut y faire du bateau
se plonger dans des bains de mousse »

l’eau me dit: « viens dans mon château »

J’y suis allé; c’était trop beau!
Il n’y avait, dans ce château,
que des pompes et des tuyaux.

J’ai dit à l’eau: « Tu exagères
de me prendre ainsi pour un sot!
Tu es plus brillante et plus fière
quand tu coules dans les ruisseaux,
les torrents, les grandes rivières
qu’en menant la vie de château
tout en me menant en bateau. »

(Jean Orizet)

Recueil: La peau bleue des rêves
Editions: Le Cherche Midi

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Sur la peau bleue des rêves (Jean Orizet)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2023




    
Sur la peau bleue des rêves

L’enfant dans un grenier
cherche des souvenirs
cachés au fond des malles.
Il découvre étonné
des baguettes magiques
des bottes de sept lieues
des poupées qui lui
parlent et des livres
bateaux qui l’entraînent
au loin vers une île au
trésor voyageur ébloui
sur la peau bleue des rêves

(Jean Orizet)

Recueil: La peau bleue des rêves
Editions: Le Cherche Midi

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RENDEZ-VOUS (Abdul-Aziz Jassim)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2023


 

Illustration: Leon Santiago

RENDEZ-VOUS

Hier à la première demande
après des années d’absence elle m’a à nouveau accompagné
m’a enlacé passionnément devant les gardes
a retiré ses doigts et s’est enfuie.

Je l’ai suivie. Sur un pont élevé
elle a noué ses cheveux courts et a sauté.
Ma vie s’est élancée après elle,
comme la larme d’un capitaine
qui voit disparaître son bateau
et ne fait rien, seulement fixer les yeux
sur ses jambes mutilées.

(Abdul-Aziz Jassim)

– UAE

Traduction de l’anglais de Germain Droogenbroodt y Elisabeth Gerlache

de “La lezom le” 1995

Autres langues:

Anglais: https://www.point-editions.com/en/774-tryst
Espagnol: https://www.point-editions.com/es/774-tryst
Néerlandais: https://www.point-editions.com/nl/774-tryst
Autres: https://www.point-editions.com/ww/774-tryst

Recueil: ITHACA 774
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

FRIENDS ITHACA
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LA BATELIÈRE ÉVANOUIE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023



Illustration

    

LA BATELIÈRE ÉVANOUIE

1

Sur le bord de la rivière
Un jour m’allant promener
J’aperçus une batelière
De moi elle s’est approchée,
En me disant d’un air si tendre
« Monsieur, venez me passer l’eau »
Sur ma foi (sans) plus attendre (bis)
J’ai entré dans son bateau (bis).

2

Quand nous y fûmes au large
Le vent se mit à souffler.
J’apercevais que l’orage,
Les eaux se sont abaissées.
Mon bateau fait la cadence,
Est tout prêt à renverser,
La belle perd connaissance (bis)
Sans me pouvoir plus parler (bis).

3

Je ne savais comment faire,
Me voyant en pareil cas.
J’employais mon savoir faire
Pour la tirer d’embarras.
Son corset je lui délace
Pour qu’elle puisse respirer.
Son cœur froid comme une glace (bis)
M’annonce tout le danger (bis).

4

Par bonheur que dans ma poche
J’avais un joli flacon.
Je le prends, je le débouche.
Cette odeur je lui fait sentir.
Le beau bouchon reprend lumière,
Me regarde tendrement
Me prend ma main, me la serre (bis).
Je l’embrasse tendrement (bis).

5

J’apercevais que l’orage
Les eaux s’étiont abaissées.
La belle reprend courage.
En voyant nous approcher
Elle m’embrassa cette belle.
Et en me donnant la main,
En me disant d’un air tendre (bis),
Demain vous repasserez (bis)

(Chansons du XVIIIè)

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Dit de l’amour (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 8 novembre 2023




    
Dit de l’amour

I

Notre silence fera taire la tempête
Assagira le feuillage profond

J’ai dans les mains deux mains abandonnées

II

Ce bateau s’enfonçait à jamais dans la brume

De loin en loin qui dit la haine
De proche en proche dit l’amour

III

Les yeux d’air vif souveraine innocente
Les seins légers elle riait de tout

Et la mer dispersa le sable de son trône.

(Paul Eluard)

Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey

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