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Posts Tagged ‘ramper’

OÙ IRONS-NOUS… (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024



Alexey Slusar z3Stn71r7f56io1_500 [1280x768] 

Oh irons-nous m’avez-vous dit ?
Et certes je ne sais ce que vos seins à moi, et à vous mon sexe nous ajouteront.
L’amour ? tout et rien.
Et le faire n’est que peindre un ciel bleu de sommeil après l’orage.

Je ne sais s’il faut aller éteindre ce feu dans un lit ou s’il faut nous tenir l’un devant l’autre comme des cires.
Certes nous ne serons que des sexes froissés et des peaux furieuses l’une de l’autre.
Ou bien : rien que nos regards.
Choisissons entre planer et ramper.

Mon visage, mon visage : quand elles se toucheront, que décideront nos lèvres ?

(Alain Borne)

Illustration: Alexey Slusar

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Que cherches-tu (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2024



Illustration: Silvia Leveroni Calvi
    
Que cherches-tu
Tu avances erres te traînes renonces repars rebrousses chemin tournes en rond
Ton oeil empli par la nuit tu cherches le lieu
Le lieu où tu serais rassasié
Où se déploierait la réponse
Où bouillonnerait la source
Tu ne sais que marcher
La nuit et la peur te harcèlent
Et aussi la soif
Mais à chaque pas la hantise de faire fausse route
D’accroître encore la distance
Tu cherches le lieu
Le lieu et le nom
Le nom qui saurait tout dire de ce en quoi consiste l’aventure

Tu ne sais où tu vas ni ce que tu es ni même ce que tu désires mais tu ne peux t’arrêter
Et tu progresses
À moins que tu ne t’éloignes
Sans fin tu erres te traînes rampes tournes en rond
Et tu renonces
Et tu repars
Jusqu’à n’être plus qu’épuisement

Survient l’instant où tu dois faire halte
Faire ton deuil du lieu et du nom
Et à l’invitation de la voix définitivement tu renonces t’avoues vaincu
Alors que tu découvres que tu auras chance de trouver ce que tu cherches
si précisément tu ne t’obstines pas à le chercher

Tu repars
Des forces nouvelles te sont venues
Ton oeil qui s’écarquille n’est plus dévoré par la soif
Tu ne sais où tu vas mais tu connais ce que tu es

Tu avances d’un pas tranquille désormais convaincu que le lieu se porte à ta rencontre
Le lieu où mûrir l’hymne la strophe le nom
Où jouir enfin de ce qui s’est jusque-là dérobé

(Charles Juliet)

Recueil: Pour plus de lumière Anthologie personnelle 1990-2012
Editions: Gallimard

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Silence retentissant (Rose Ausländer)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2024




    
Silence retentissant

Bien des gens se sont sauvés
Hors de la nuit
des mains ont rampé
rouge brique du sang
des assassinés

Ce fut un spectacle retentissant
le tableau d’un incendie
d’une musique de feu
Puis la mort se tut
Elle se tut

Ce fut un silence retentissant
Des étoiles souriaient
entre les branches

Les rescapés attendaient au port
Des bateaux échoués
Ils ressemblent à des berceaux
sans mère ni enfant

(Rose Ausländer)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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Une chenille (Sumitaku Kenshin)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2024



Une chenille
Je voudrais survivre même
En rampant par terre.

(Sumitaku Kenshin)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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LA CHENILLE (Luba Yakymtchouk)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2024




    
LA CHENILLE

Ses doigts sont fins et gelés
Son alliance tombe et
Cogne contre le bitume
Ses doigts tremblent au vent
Telles les feuilles d’automne
Lorsque la chenille rampe à ses pieds
La chenille d’un char
Aux pieds de sa fille

Deux types s’approchent et lui ordonnent
D’ouvrir ses mains comme pour applaudir
Scrutent son passeport une fois, deux fois
Auscultent ses doigts calleux
Décèlent des brûlures, juste des brûlures
Au lieu de l’ampoule à l’index
Qui dénonce la carabine de sniper
Ils prononcent son nom de soldat
À moins que ce ne soit pas le sien
Femme Salope

Ils la déshabillent
Ils la dévisagent
Ils s’allongent
L’outragent
Enragent
Ils sont neuf
(Son chiffre préféré)
En tenue bleue
(Sa couleur préférée)
En baskets trouées
(Ses chaussures préférées)
Neuf
Pour une échevelée
Une femme et non une salope

Et la petite fille s’est roulée en boule
Elle regarde sans pleurer
Elle ramasse l’alliance de maman
La met dans sa bouche comme un chien un os
Et regarde la chenille dévorer leur verte ville

***

(Luba Yakymtchouk)

Recueil: Les Abricots du Donbas
Traduction: de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin)
Editions: des femmes

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MÉTAMORPHOSE (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 13 septembre 2023



    

MÉTAMORPHOSE

Un jour vient où la chenille
Lasse d’avoir trop rampé,
Seule, se recroqueville
Dans un cocon tout fripé

Elle abandonne sa place
Sur les feuilles du mûrier
Sa bouche, jadis vorace,
Ne songe plus à broyer

Momie encore vivante
Elle livre son destin
Aux bandelettes qu’invente
Un écheveau de satin

Dans un va-et-vient d’aiguille
Ce fil coud son corps si bien
Que de l’ancienne guenille
Il ne demeure plus rien

Qu’un ductile sarcophage
Insolite sur la mer
Voguant vers des cieux d’orage
Jusqu’à l’invisible éclair

Dont la cisaille divise
D’un rectiligne sillon
La chrysalide où s’irise
Dans la soie, un papillon

Un papillon dont les ailes
En filaments diaprés
S’enflamment aux étincelles
De pétales empourprés

Un papillon qui dispose
Pour féconder tant de fleurs
Du temps que met une rose
Pour recueillir quelques pleurs

Mais orfèvre, à l’étamine
Il puise un pollen si fin
Qu’il a, quand le soir décline,
Semé d’or tout un jardin.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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La vie a commencé de ramper (Rajvi Patel)

Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2023



Illustration
    

La vie a commencé de ramper
hors de mes yeux
comme une longue et mince colonne
de fourmis
à la recherche d’un nouveau nid

(Rajvi Patel) (1939-1968)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Un homme malade se traînait (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022




    
Un homme malade se traînait sur la berge.
Une file de chariots rampait à ses côtés.

Les Tziganes roulaient vers la ville fumante ;
Des belles filles et des gars éméchés.

Et les blagues et les cris fusaient des chariots.
Et l’homme clopinait avec son baluchon.

Il suppliait de l’emmener jusqu’au village.
Une petite Tzigane lui a tendu sa main brune.

Il a couru vers elle clopinant tant et plus,
Et jeté dans le chariot son lourd baluchon.

Mais l’écume à la bouche, son coeur a lâché.
La Tzigane a hissé un mort dans son chariot.

La Tzigane a assis le mort à ses côtés,
Et il se balançait et tombait en avant.

Chantant la liberté, elle allait au village
Pour rendre à la femme son époux trépassé.

(Alexandre Blok)

 

Recueil: L’HORIZON EST EN FEU Cinq poètes russes du XXè siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Je veux survivre (Sumitaku Kenshin)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2022



Une chenille!
même en rampant sur terre
je veux survivre

(Sumitaku Kenshin)

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À PRÉSENT tu n’as plus, mon coeur, ce vol (José Àngel Valente)

Posted by arbrealettres sur 21 juin 2022




À PRÉSENT tu n’as plus, mon coeur, ce vol
qui t’emportait vers les plus hautes cimes.

Tu bats, rampant, parmi les feuilles sèches
du jaune automne.

Et jusqu’à quand dans ta secrète larve ?

Renaîtras-tu dans le matin
pour respirer le froid de l’air
où il y a un oiseau ?
L’entends-tu ?

Il chante tout en haut, sur les cimes
comme toi, comme alors.

Tu n’es qu’un battement réfugié dans l’obscur.

À cet oiseau que tu as été tu dédies ce chant.

***

AHORA no tienes, corazôn, el vuelo
que te llevaba a las màs altas cumbres.

Lates, reptante, entre las hojas secas
del amarillo otono.

Y hasta cuàndo en la secreta larva de ti ?

Volveràs a nacer en la maniana,
a respirar la frialdad del aire
donde hay un pàjaro ?
Lo oyes ?

Canta arriba, en las cimas,
como tù, como entonces.

Tù eres solo latir cobijado en lo oscuro.

Al pàjaro que fuiste dedicas este canto.

(José Àngel Valente)

 

 

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