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Poésie

Posts Tagged ‘planer’

ANALOGUE (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2024




    
ANALOGUE

Oui, joins les mains et prie…
Que tu pries est dans l’air…
Je sens que l’âme est prise
A tout ce que tu penses…

Il n’y a pas de chapelle,
Mais la paix de te croire
Rien que priant : en elle,
Moi, te rêver, te voir…

Rien de tout ça n’est sûr…
Tu souris, tu souris,
Et des nuages près
Planent de leurs profils…

De tous je ne sais rien.
Et je les aime tous…
Dans les nues je m’oublie
Et alors je m’appelle…

Mais le chant a cessé
Qui m’avait fait rêver
Tout cet enchantement…
Laisse-moi ne pas te trouver…

(Fernando Pessoa)

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ALGUE (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2024




    
ALGUE

Plane sur la nuit calme
Le silence des brises…
Il arrive â mon âme
Une chose imprécise…

Une porte entrouverte…
Sourire en discrédit…
Appétence qui manque
L’objet de ses pensées.

Ombre, doute, vers qui
Je me crois je l’élève,
Alors sa voix de brume
Vient effleurer mon rêve…

Rien ne nous fasse mal,
Rien n’abîme nos yeux,
Vivons dans la torpeur
D’observer, d’ignorer.

Avec la pensée vague
D’aller dans le courant
Vivons donc le moment
Irresponsablement.

(Fernando Pessoa)

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OÙ IRONS-NOUS… (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024



Alexey Slusar z3Stn71r7f56io1_500 [1280x768] 

Oh irons-nous m’avez-vous dit ?
Et certes je ne sais ce que vos seins à moi, et à vous mon sexe nous ajouteront.
L’amour ? tout et rien.
Et le faire n’est que peindre un ciel bleu de sommeil après l’orage.

Je ne sais s’il faut aller éteindre ce feu dans un lit ou s’il faut nous tenir l’un devant l’autre comme des cires.
Certes nous ne serons que des sexes froissés et des peaux furieuses l’une de l’autre.
Ou bien : rien que nos regards.
Choisissons entre planer et ramper.

Mon visage, mon visage : quand elles se toucheront, que décideront nos lèvres ?

(Alain Borne)

Illustration: Alexey Slusar

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LA MATIÈRE (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2024




    
LA MATIÈRE

Sur la matière
plane un rêve
mais esclave
chez un maître infâme
le vase de verre
porte une rose sombre l’or rutile
et le fer rouge
fait hurler la beauté
fragile et nue
dans la nuit de l’être.
Réduites aux choses
des fourrures mortes
pendent au mur blême.

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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La vie passe à la vitesse d’un cri d’oiseau (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2024




    

La vie passe à la vitesse d’un cri d’oiseau.
Et puis il y a cette lenteur hypnotique des nuages.
Cette poitrine ouverte dans le bleu et ce coeur enneigé
qui s’offre à notre coeur.

J’ai le coeur lourd, je danse comme un ours.
Ma tête est entre celle du boxeur et du bébé.
Mon coeur est un nuage.
Il va, il va, il va.
Il connaît chaque silence des lacs de poèmes
au-dessus desquels il plane.

(Christian Bobin)

Recueil: Un bruit de balançoire
Editions: L’Iconoclaste

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L’oiseau qui planait sur la mer (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024



Illustration
    
L’oiseau qui planait sur la mer, en peinant,
me disait que nous étions déjà pareils,
l’un près de l’autre, à notre avenir disjoint.
Bois de Cize.

Le temps perdu l’est à jamais
le temps gagné jamais ne l’est
le pas se perd en se trouvant
Qui se croit fidèle au coup d’aile
éternise le coup de vent.

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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Fais ta monture du feu (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024




    
Fais ta monture du feu plutôt que des nuages,
si tu veux voyager loin.
Sceautres.

Avec le feu je pars, je reste, je voyage
tout entier libre entre cendre et fumée
D’un coup de vent, je monte en croupe des nuages
mais une part de moi demeure enracinée
dans la terre où l’image a germé

Je m’envole et je plane aux lisières des flammes
chevauchant les flocons soyeux des cheminées
La bise a dissipé les vives caravanes
qui peuplaient les déserts de rêves sans foyer
dans un ciel où se fanaient les blés

et ce sont les tisons que je glane
sur les pailles grises du brasier.

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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L’éclair me tient (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2023



Illustration:Ana Cruz 
    
L’éclair me tient

Je me déchiffre dans les marées
le va-et-vient des ombres

Je me nomme du
nom des noyés
Tout s’écarte
Les sables rongent

Puis d’un signe
Je me délie

Je suis lauriers et certitude

Le chant plane
L’éclair me tient.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Par delà (Jeanne Dortzal)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2023




    
Par delà

Donne… Élargis tes yeux jusqu’à sentir le vide
S’engouffrer sous ta peau.
Perçois-tu le rivage où le temps se dévide ?
Cette grappe d’air chaud,

Cette odeur magnétique et ce bouclier d’ombre,
Cet antre velouté cachant dans ses replis
Les soleils que j’enfourne et ce ciel en décombre,
N’ont-ils pas, sous ta lèvre, un goût de paradis ?

Allongé comme un dieu sur la stèle qui bouge,
Tes deux bras soulevant ce calice entr’ouvert,
N’as-tu pas déployé, comme une voile rouge,
Mon désir dont l’essor a dépassé ma chair ?

Ah! que ma volupté te soit comme une amphore,
Où ton front viendra boire et buter ton cerveau;
Ce ciel qui nous enserre et que l’instant redore,
D’un bond nous a remis, ce soir, à son niveau.

Je t’ai voulu semblable à ces bêtes qui ploient,
Et dont les reins puissants maintiennent sur le sol
La lumière et l’odeur des saisons qu’on déploie,
Comme si l’univers tirait sur leur licol.

Et cependant nous serons tels que cet abîme,
Les astres flotteront un jour entre nous deux;
Chacun se dressera pour toucher l’autre cime,
Le torse balafré de larmes et d’adieux.

Viens, la nuit qui descend s’élargit comme une île
Rien de nous ne saurait mourir; ferme tes bras
Sur la chambre qui plane et dont l’orbe immobile
Concentre l’infini des cieux qu’on n’atteint pas.

En me donnant à toi de toute ma tristesse,
T’aurais-je donc courbé vers ma gorge, ô bonheur
Suis-je un rayon brisé de quelque astre en détresse
Pour sentir ruisseler ces larmes dans mon coeur ?

Comme tu m’apparais lumineux et profane,
Avec ta chevelure où ma bouche a roulé.
Golfe du souvenir où cinglent des tartanes,
Dans une odeur de miel et de raisin foulé!

Ah! dussé-je engloutir ma force et disparaître
Dans cette houle où mon baiser s’est suspendu,
J’irai, léchant la trace où s’imprime ton être,
Pour te sentir peser sur mon torse étendu.

J’aurai joui de toi jusqu’à sentir mon rêve
Éclater sous ma tempe.
À chaque battement,
Projetée au-delà des saisons qu’on soulève,

J’apercevais notre âme et son aile en suspens.
Mais plus battait le soir, plus je croyais entendre,
Dans un chaos de fleurs, de musique et d’encens,
Nos fronts briser cette ombre où nous allons descendre

Et cette plainte allait toujours s’élargissant.
Étreignons-nous! Le temps a besoin de pâture.
En lui jetant nos corps, puissions-nous contempler
Un halo formidable autour d’une ossature,
Et ciel qui sur nous semble avoir débordé.

(Jeanne Dortzal)

La croix de sable 1927

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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Je suis chez moi (Richard Wright)

Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2023



Richard Wright
    
Je suis chez moi

au plus profond du roc,
dans les profondeurs
silencieuses et froides du sable de la mer,
sur les feuilles tremblantes des arbres secoués.
Dans les étendues glacées d’espace stellaire,
sur l’étamine des fleurs qui se penchent
dans les colonnes descendantes de lumière
qui emprisonnent pailles et poussières,
dans l’obscurité et le silence des marais.

J’étais, je suis, je serai.

Partout et nulle part,
visible et invisible,
senti et non senti,
là et ailleurs,
dans tout et dans rien,

je plane,
cherchant à pénétrer

(Richard Wright)

Recueil: Richard Wright, poète
Traduction: Michel Fabre
Editions: Présence Africaine

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