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Poésie

Posts Tagged ‘fouler’

Sauvetage (Elvira Sastre)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2024




    
Sauvetage

Si tu n’existais pas,
si tu étais, je ne sais pas,
un tire-bouchon tressé,
une dichotomie entre ton âme et ton corps,
des envies qui restent sur leur faim.
Si tu étais, comment dire,
quelqu’un qui s’ajuste aux limites des jours,
un soupçon,
une tentative.

Si tu n’existais pas,
si tu étais autre chose
avec les mêmes visage, voix et mains,
mais autre chose,
en ma fin de ton compte,
je te traverserais entière,
je briserais tes barrières,
j’irais de ton nord à ton sud en foulant
ta boussole
comme le naufragé qui parcourt des forêts
pour atteindre la mer
et je te peuplerais de mes bateaux,
à la proue de ton essence

j’attendrais
sans aucune hésitation ni délai
le sauvetage.

(Elvira Sastre)

Recueil: Tu es la plus belle chose que j’ai faite pour moi
Traduction: de l’espagnol par Isabelle Gugnon
Editions: NIL

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Quand la neige fond, où va le blanc ? (Mélanie Leblanc)

Posted by arbrealettres sur 9 février 2024




    
Quand la neige fond, où va le blanc ?
Sur les pâquerettes, peut-être ?

Pâquerettes filles de pâques,

foulées au pied
vous êtes pourtant
parmi mes préférées

vous offrez le plus court chemin
vers l’enfance et ses trésors

de mes doigts maladroits
j’essaie toujours de faire
des colliers de pâquerettes
avec les mots

(Mélanie Leblanc)

Recueil: Soleils vivaces vibrent dans nos mains
Editions: Le Castor Astral

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Au bord de l’eau (Li Bai)(Li Po)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2024



Illustration
    
Au bord de l’eau

À même la rivière calme, les jeunes filles cueillent le lotus.
Les fleurs et les feuilles disposent les barques dans le courant clair,
Elles rient et badinent sans se voir.
Un brillant soleil reflète sur l’eau leurs coquettes parures ;
Le vent, qui se parfume dans leurs manches, en soulève le tissu léger.
Mais qui sont ces beaux jeunes hommes qui vont sur la rive ?
Le jeu des saules cache leur air et leur nombre.
Un cheval hennit soudain et foule à son départ les fleurs tombées.
Le chant des belles s’est arrêté.
L’une d’elles suit d’un regard interdit ce cavalier qui s’éloigne.
Troublée, elle laisse percer l’agitation de son coeur.

(Li Bai)(Li Po)

(701-762)

Recueil: Classiques de la poésie chinoise
Traduction: Alexis Lavis
Editions: Presses du Châtelet

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Par delà (Jeanne Dortzal)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2023




    
Par delà

Donne… Élargis tes yeux jusqu’à sentir le vide
S’engouffrer sous ta peau.
Perçois-tu le rivage où le temps se dévide ?
Cette grappe d’air chaud,

Cette odeur magnétique et ce bouclier d’ombre,
Cet antre velouté cachant dans ses replis
Les soleils que j’enfourne et ce ciel en décombre,
N’ont-ils pas, sous ta lèvre, un goût de paradis ?

Allongé comme un dieu sur la stèle qui bouge,
Tes deux bras soulevant ce calice entr’ouvert,
N’as-tu pas déployé, comme une voile rouge,
Mon désir dont l’essor a dépassé ma chair ?

Ah! que ma volupté te soit comme une amphore,
Où ton front viendra boire et buter ton cerveau;
Ce ciel qui nous enserre et que l’instant redore,
D’un bond nous a remis, ce soir, à son niveau.

Je t’ai voulu semblable à ces bêtes qui ploient,
Et dont les reins puissants maintiennent sur le sol
La lumière et l’odeur des saisons qu’on déploie,
Comme si l’univers tirait sur leur licol.

Et cependant nous serons tels que cet abîme,
Les astres flotteront un jour entre nous deux;
Chacun se dressera pour toucher l’autre cime,
Le torse balafré de larmes et d’adieux.

Viens, la nuit qui descend s’élargit comme une île
Rien de nous ne saurait mourir; ferme tes bras
Sur la chambre qui plane et dont l’orbe immobile
Concentre l’infini des cieux qu’on n’atteint pas.

En me donnant à toi de toute ma tristesse,
T’aurais-je donc courbé vers ma gorge, ô bonheur
Suis-je un rayon brisé de quelque astre en détresse
Pour sentir ruisseler ces larmes dans mon coeur ?

Comme tu m’apparais lumineux et profane,
Avec ta chevelure où ma bouche a roulé.
Golfe du souvenir où cinglent des tartanes,
Dans une odeur de miel et de raisin foulé!

Ah! dussé-je engloutir ma force et disparaître
Dans cette houle où mon baiser s’est suspendu,
J’irai, léchant la trace où s’imprime ton être,
Pour te sentir peser sur mon torse étendu.

J’aurai joui de toi jusqu’à sentir mon rêve
Éclater sous ma tempe.
À chaque battement,
Projetée au-delà des saisons qu’on soulève,

J’apercevais notre âme et son aile en suspens.
Mais plus battait le soir, plus je croyais entendre,
Dans un chaos de fleurs, de musique et d’encens,
Nos fronts briser cette ombre où nous allons descendre

Et cette plainte allait toujours s’élargissant.
Étreignons-nous! Le temps a besoin de pâture.
En lui jetant nos corps, puissions-nous contempler
Un halo formidable autour d’une ossature,
Et ciel qui sur nous semble avoir débordé.

(Jeanne Dortzal)

La croix de sable 1927

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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Depuis longtemps les fleurs sont tombées (Laoshu)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2023



Illustration: Laoshu
    
Depuis longtemps les fleurs sont tombées,
Les feuilles jaunies, au gré du vent, se sont envolées
Dans la montagne déserte, partout je les foule.
Des fruits pendent encore au bout des branches.
En les voyant, la joie m’envahit,
Aussitôt j’en oublie ma mélancolie.
On dit que pour vivre avec entrain,
Il faut toujours quelque raison d’être.

(Laoshu)

Recueil: Un monde simple et tranquille
Traduction: du chinois par Jean-Claude Pastor
Editions: Philippe Picquier

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Le désert (Maître Eckart)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2023


desert

Ce point est la montagne
à gravir sans agir
Intelligence!
Le chemin t’emmène
au merveilleux désert,
au large, au loin,
sans limite il s’étend.
Le désert n’a
ni lieu ni temps,
il a sa propre guise.

Ce désert est le Bien
par aucun pied foulé,
le sens créé
jamais n’y est allé:
Cela est; mais personne ne sait quoi.
C’est ici et c’est là,
c’est loin et c’est près,
c’est profond et c’est haut,
c’est donc ainsi
que ce n’est ça ni ci.

***

Des puntez berk
stîg âne werk,
vorstenlichkeit!
der wek dich treit
in eine wûste wunderlîch,
die breît, di wît,
unmêzik lît.
dî wûste bat
noch zît noch stat,
ir wîse dî ist sunderlîch.

Daz wûste gût
nî vûz durch wût,
geschaffen sin
quam nî dâ hin:
us ist und weis doch nimant was.
us hî, us dâ
us verre, us nâ
us tîf, us hô
us ist alsô,
daz us ist weder diz noch daz.

(Maître Eckart)

Illustration

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QUI DONC ES-TU… (Nahabed Koutchak)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2022




Illustration: J.J. Grandville    
    
QUI DONC ES-TU…

— Qui donc es-tu, qui foules ma terrasse ?
Si tu es mienne, rends les armes !
Sinon, va-t-en, fleur étrangère !
— Je ne suis pas la fleur de ton jardin
Ni celle d’un pays lointain ;
Si jusqu’à toi je suis montée,
Ce n’est ni pour ployer l’échine,
Ni pour m’en retourner bredouille :
Je suis venue pour cueillir ton amour.

(Nahabed Koutchak)

(Traduction : Vahé Godel)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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Je marche (Jean Tortel)

Posted by arbrealettres sur 12 décembre 2021


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Je marche comme si l’herbe
Etait fraîche non foulée

(Jean Tortel)

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Ce bruit de pas (Santoka)

Posted by arbrealettres sur 27 août 2021




    
ce bruit de pas
foulant les feuilles mortes
je reconnais

***

(Santoka)

 

Recueil: Santoka Zen Saké Haïku
Traduction: Cheng Wing fun & Hervé Collet
Editions: Moundarren

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Je suis à cette rive (Leonardo Sinisgalli)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2021



 

Alexey Steele 1967 - Russian-born American painter - The Novorealism Movement -   (16) [1280x768]

Je suis à cette rive et il m’appelle,
Le son du jour que je rompis
A coups de pierres. La neuve lumière est ouverte
Sur la terre que je foule
Et rien encore n’est plus jeune
Que mes os. L’été brûle
Sur les éteules. Sans bruit
Au-dedans de mon corps s’effrite
Ce feu.

***

Sono a questa riva e mi chiama
Il suono del giorno ch’io ruppi
A sassate. La luce nuova è aperta
Sulla terra che calpesto
E nulla è ancora più giovane
Delle mie ossa. L’estate arde
Sulle stoppie. Senza rumore
Si sgretola entro il mio corpo
Questo fuoco.

(Leonardo Sinisgalli)

Illustration: Alexey Steele

 

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