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Poésie

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Toutes les opinions sur la Nature … (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2024



Illustration: ArbreaPhotos
    
Toutes les opinions sur la Nature
N’ont jamais fait pousser une herbe ou naître une fleur.
Tout le savoir à propos des choses
N’a jamais été ce à quoi on puisse s’accrocher comme aux choses.
Si la science prétend être vraie,
Quelle science plus vraie que celle des choses sans science ?
Je ferme les yeux et la dureté de la terre sur laquelle je me couche
Prend une réalité si réelle que même mes côtes la ressentent.
Je n’ai pas besoin de raisonnement là où j’ai des épaules.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Rondeau lyrique (Rémy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024




    
Rondeau lyrique

Les cœurs dorment dans des coffrets
Que ferment de belles serrures ;
Sous les émaux et les dorures
La poussière des vieux secrets
Et des lointaines impostures
Se mêle aux frêles moisissures
Des plus récentes aventures :
Chère, ôtez vos doigts indiscrets,
Les cœurs dorment.

Vos doigts ravivent des blessures
Et vos regards sont des injures,
Laissez-les reposer en paix.
Comme des rois dans leurs palais
Ou des morts dans leurs sépultures,
Les cœurs dorment.

(Rémy de Gourmont)

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CARNET DE VOYAGE (Carlos Ramos)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024



Illustration: Annelies van der Vliet
    
CARNET DE VOYAGE

Le mur dévoré de soleil
les fleurs enfermées dans leurs petites niches
bouches ouvertes vers l’azur plein d’espoir du jour
dans les yeux de l’eau
les valeurs encore à découvrir,
gouttelettes que le matin éblouit
et qui ensuite s’évanouissent.

Je pose mes mains sur le mur
et ressens le silence intérieur
la voix des pierres
la fièvre de la mer
un mystère intérieur
je ne sais comment
le décrire à ciel ouvert
je ferme les yeux
le ramasse
de mes mains blanches
le poème.

(Carlos Ramos)

, Portugal

Traduction Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

Recueil: ITHACA 783
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

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ITHACA-FIN

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Comme quelqu’un qui s’aime en aimant ceux qui aiment (Elvira Sastre)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2024



Illustration: Clémence F. Dupuch
    
Comme quelqu’un qui s’aime en aimant ceux qui aiment

Et si tu m’avais rencontrée propre,
sans mauvaise conscience,
sans peine dans le sommeil,
sans les morsures d’autres femmes ancrées sur mes épaules.

Aurais-tu baigné mon corps au petit matin,
léché mes humeurs d’yeux,
coiffé mon insomnie,
caressé mes mains ravinées par tes dents ?

Et si j’avais endossé
des tenues semblables aux tiennes,
si je t’avais menti en ce qui me concerne,
si je t’avais confié que tu étais la seule
et non la première.

M’aurais-tu déshabillée les yeux fermés
de tes mains expertes,
embrassée quand je te racontais ma vie,
aurais-tu mis sur un piédestal
ton nom au niveau du mien
et fait du nôtre un amour égal ?

Si je m’étais vendue
comme l’amour de ta vie,
si je t’avais achetée
comme l’amour de la mienne.

Serions-nous tombées amoureuses
comme quelqu’un qui s’aime
en aimant ceux qui aiment ?

(Elvira Sastre)

Recueil: Tu es la plus belle chose que j’ai faite pour moi
Traduction: de l’espagnol par Isabelle Gugnon
Editions: NIL

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Je n’ai pas vu que je passais (Henri Meschonnic)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2024




    
je n’ai pas vu que je passais
puisque le temps c’est moi
c’est fou ce que je nuage
vois mange ce que je vois
le ciel est bleu jusque dans moi

*

je joue avec les nuages
c’est à qui sera plus nuage
plus ciel bleu
je vais plus vite qu’eux
je ne peux plus fermer les yeux
je n’ai plus de limites

(Henri Meschonnic)

Recueil: L’obscur travaille
Editions: Arfuyen

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Étayer la construction du regard (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2024



Illustration: Odilon Redon
    
Étayer la construction du regard
avec des poutres de cécité,
pour qu’il ne s’affaisse pas
comme une figure hystérique dans le vent
quand le visible se convertira naturellement en invisible.

puisque ce n’est qu’en mettant
d’autres mains derrière les mains,
d’autres pieds sous les pieds,
une autre ombre au bout de l’ombre,
que nous pourrons connaître le toucher de l’envers,
le chemin de l’envers,
la forme de l’envers
à quoi nous sommes irrémédiablement destinés.

Car l’invisible n’est pas la négation du visible,
mais seulement son inversion et son but.
L’ombre d’une fleur aussi parfume.
Un souvenir ouvre et ferme les paupières.

L’amour est le mot d’ordre du temps.

L’envers est la zone
où tout le perdu se retrouve.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Tout est un oeil ouvert (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2024



Illustration: Salvador Dali
    
Tout est un oeil ouvert.
Et je fais partie de cet oeil.
Mais quand le mien se fermera,
de quoi ferai-je partie ?
D’un oeil fermé?

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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LA PETITE FILLE PERDUE (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024



Illustration: William Blake
    
LA PETITE FILLE PERDUE

Dans l’avenir,
En vérité, je vous le dis,
La terre au-dessus du sommeil
(Gravez profondément la phrase)

Se lèvera et cherchera
Son doux créateur ;
Et le désert sauvage
Deviendra un jardin de douceur.

Dans les pays du Sud
Où l’aube de l’été
Ne se fane jamais,
La charmante Lyca est étendue.

Elle avait sept ans,
On la nommait la charmante Lyca ;
Elle avait erré longtemps,
Écoutant le chant des oiseaux sauvages.

« Doux sommeil ; viens à moi
Sous cet arbre.
Papa et maman pleurent-ils ?
Où peut dormir la petite Lyca ?

Elle est perdue dans le désert sauvage,
Votre petite enfant.
Comment Lyca dormirait-elle,
Puisque sa maman pleure ?

Si son coeur souffre
Alors que Lyca veille ;
Si sa maman sommeille
Lyca ne pleurera pas.

Menaçante, menaçante nuit,
Sur ce désert étincelant
Que ta lune s’élève
Pendant que je ferme les yeux. »

Lyca endormie était étendue
Pendant que les bêtes de proie,
Venues des cavernes profondes,
Contemplaient la petite endormie.

Le royal lion s’arrêta
Et contempla la petite fille.
Puis il tourna
Autour du lieu sacré.

Léopards, tigres jouent
Autour d’elle tandis qu’elle reposait,
Pendant que le vieux lion
Inclinait sa crinière d’or,

Et il lèche sa poitrine
Et sur son cou
De ses yeux de flamme
Tombent des larmes vermeilles,

Pendant que la lionne
Détache la robe légère
Et ils emportèrent nue
Dans leur tanière la petite fille endormie.

***

The Little Girl Lost (1794)

In futurity
I prophetic see
That the earth from sleep
(Grave the sentence deep)

Shall arise and seek
For her Maker meek;
And the desert wild
Become a garden mild.

In the southern clime,
Where the summer’s prime
Never fades away,
Lovely Lyca lay.

Seven summers old
Lovely Lyca told;
She had wander’d long
Hearing wild birds’ song.

‘Sweet sleep, come to me
Underneath this tree.
Do father, mother, weep?
Where can Lyca sleep?

‘Lost in desert wild
Is your little child.
How can Lyca sleep
If her mother weep?

‘If her heart does ache
Then let Lyca wake;
If my mother sleep,
Lyca shall not weep.

‘Frowning, frowning night,
O’er this desert bright,
Let thy moon arise
While I close my eyes.’

Sleeping Lyca lay
While the beasts of prey,
Come from caverns deep,
View’d the maid asleep.

The kingly lion stood,
And the virgin view’d,
Then he gamboll’d round
O’er the hallow’d ground.

Leopards, tigers, play
Round her as she lay,
While the lion old
Bow’d his mane of gold

And her bosom lick,
And upon her neck
From his eyes of flame
Ruby tears there came;

While the lioness
Loos’d her slender dress,
And naked they convey’d
To caves the sleeping maid.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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RIEN QUE (Ludovic Janvier)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2024



Illustration: Lucie Llong
    
RIEN QUE

Rien que le goût d’habiter nus
dans la maison légère de l’odeur

Rien que deux folies au secret
faisant crier la douceur de la greffe

Rien que ce goût de sel aux bouches
deux chairs cognées par un seul bruit de coeur

Rien que mordre à l’un mordre à l’autre
forts de l’instant qui va jusqu’à nos pieds

Rien que boire à l’un boire à l’autre
l’ombre est dedans on y ferme les yeux

Respirer rien que respirer
en voyageant par le calme du lit

(Ludovic Janvier)

Recueil: La mer à boire
Editions: Gallimard

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L’OR ET L’EAU FROIDE (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2024



Illustration: Wendy Anziska
    
L’OR ET L’EAU FROIDE

Sous les bandeaux des bras des lèvres
Reste immobile vérité
Racines sources sont amies.
Les couleurs vives des baisers
Te fermeront les yeux franchise.

*

Solitude beau miel absent
Solitude beau miel amer
Solitude trésor brûlant.

*

Soûlé lassé dépris défait
L’homme retourne au fond du puits

(Paul Eluard)

Recueil: Le livre ouvert 1938-1944
Editions: Gallimard

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